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L'Annonciation Friedsam

L'Annonciation Friedsam est un tableau attribuĂ© successivement aux peintres flamands Hubert van Eyck puis Petrus Christus. Huile sur panneau de 77,5 Ă— 64,1 cm, le tableau est rĂ©alisĂ© vers 1450. Il tire son nom de son avant-dernier propriĂ©taire Michael Friedsam qui le lègue au Metropolitan Museum of Art de New York (États-Unis), oĂą il est actuellement exposĂ©.

L'Annonciation Friedsam
Artiste
Date
v. 1450
Type
Technique
Dimensions (H Ă— L)
77,5 Ă— 64,1 cm
Mouvement
Propriétaire
Michael Friedsam (en)
No d’inventaire
32.100.35
Localisation

L’œuvre

Selon Kleinberger, une « inscription au dos de l’œuvre », indique qu'il Ă©tait dans la collection du prince de Charleroi/duc de Bourgogne [non identifiĂ©]. Cette inscription ne figure plus sur le dos de la peinture et n'a pas Ă©tĂ© retrouvĂ©. Dans le reçu rĂ©digĂ© en 1926 par la Galerie Kleinberger pour Michael Friedsam il est indiquĂ© que le tableau a Ă©tĂ© « peint pour le prince de Charleroi, duc de Bourgogne. Â»

John Brealey, qui a examiné cette peinture en 1979, a noté que le montant droit du cadre est original, mais qu'il est impossible de déterminer si les autres le sont. Le panneau a été marouflé.

Le thème

Il s'agit de l'une des scènes les plus reprĂ©sentĂ©es de l'iconographie chrĂ©tienne, celle de l'annonce faite Ă  Marie de Nazareth (par l'Archange Gabriel), scène dite « de l'Annonciation Â».

Description et analyse de l’œuvre

La Vierge Marie est reprĂ©sentĂ©e debout sur le seuil d'une Ă©glise ; ce qui, pour les hommes du XVe siècle, n'a rien de surprenant, tant est forte l'idĂ©e que celle qu'on appela longtemps « la Haute Dame Â» n'est chez elle qu'au sein d'une architecture sacrĂ©e. Le point de vue moderne qui voudrait, faire paraĂ®tre anachronique le fait que la Mère de JĂ©sus, probablement illettrĂ©e, ait pu avoir un livre de prières en main et le lire. Mais, au Moyen Ă‚ge, il Ă©tait impossible de concevoir que la Vierge, parfaite en toutes choses, soit incapable, de s'adonner Ă  des lectures spirituelles.

Reine du Ciel (c'est ainsi que la dĂ©finit l'inscription « REGINA C[O]ELI L[A]ET[ARE][1] Â», peinte sur la seconde marche de l’édifice), Marie, dont la robe rouge bordĂ©e d'hermine et le manteau bleu dĂ©layĂ© ont l'Ă©lĂ©gance des habits aristocratiques, n'est pas l'humble Palestinienne dĂ©signĂ©e par Dieu, mais une Vierge aristocrate.

C'est donc à un personnage d'une grande prestance que s'adresse l'archange Gabriel, vêtu, lui aussi, de luxueux atours. Son manteau de brocart rouge sang, fermé par une broche du même bleu que le manteau de Marie est du plus bel effet. Pour symboliser l'absolue noblesse des personnages, Petrus Christus aura sans doute puisé dans le protocole des cérémonies auxquelles il assistait à la Cour des ducs de Bourgogne. En vêtements de cour, l'archange Gabriel est représenté en vassal venu faire allégeance auprès de sa Dame, la Reine du Ciel. Dans sa main gauche, il tient son attribut de messager : un bâton ou sceptre terminé en forme de croix. La colombe qui descend du ciel est le symbole de l'Esprit de Dieu, le Saint Esprit.

Mais, fermement postĂ©e Ă  l'entrĂ©e du Temple, telle une « vestale chrĂ©tienne Â» la Vierge symbolise aussi l’Église : elle est la Mater Ecclesiae[2], le porche Ă©tant son cadre d'Ă©lection.

Derrière la Vierge on aperçoit l'intĂ©rieur de l'Ă©glise peu Ă©clairĂ©. Ă€ sa droite, Ă  moitiĂ© cachĂ© par l'archivolte de la porte, est posĂ© un vase de lys blancs, symbole de la puretĂ© de Marie. On aperçoit Ă©galement, en partie, le sol Ă  l'intĂ©rieur de l'Ă©glise, dĂ©corĂ© avec des carreaux polychromes. Ă€ droite de la Vierge, en dessous du vase de lys, une tuile comporte la lettre « A » et l'autre extrĂ©mitĂ© une autre tuile, la lettre « M Â» qui sont les initiales de l'Ave Maria.

Au-delĂ  du jeu hiĂ©ratique des personnages, le dĂ©cor, aussi bien architectural que paysager, n'est pas sans retenir l'attention. Le mur d'enceinte est en ruine et le jardin en friche alors que la scène Ă  proprement parler montre, au contraire, tous les signes de l'apprĂŞt. Le mur d'enceinte qui sĂ©pare l'Ă©glise de la nature ferait partie de ces Ă©lĂ©ments au « symbolisme dĂ©guisĂ© Â» dont parle Erwin Panofsky dans un texte consacrĂ© Ă  ce tableau[3]. II serait la marque d'une première sĂ©paration des hommes d'avec le monde des simples forces naturelles vouĂ©es Ă  la croissance et au dĂ©pĂ©rissement sans fin.

Quant à l’édifice sous le porche duquel Marie reçoit le salut de l'ange, il convient également d'en comprendre le sens, ce dernier présentant un ensemble dissymétrique : la partie gauche de la façade (à droite de Marie) est manifestement de style gothique, alors que la partie droite (à gauche de la Vierge) comporte des éléments plus anciens : les colonnes géminées (en référence au Temple de Salomon), la figure grotesque d'un singe sculpté, etc. Deux époques seraient ainsi représentés : d'une part, l'âge chrétien, assimilé au style gothique ; d'autre part, l'âge pré-chrétien, c'est-à-dire l'âge vétérotestamentaire. La présence des deux styles architecturaux, chronologiquement contigus, fait référence à l'antithèse entre le judaïsme et le christianisme, entre l'Ancien et le Nouveau Testament. À la jonction de ces deux âges et ces deux styles, Marie, elle-même, symbolise le passage entre les deux ères, sub lege et sub gratia : l'ère de la Loi et celle de la Grâce.

Au-dessus de la Vierge une niche vide : celle qui est destinĂ©e Ă  accueillir l'image du Christ, dont la venue est ici annoncĂ©e aux hommes. Il s'agit ici d'une allusion claire Ă  JĂ©sus, qui est appelĂ© « la pierre angulaire » dans le Psaume 118:22 : « La pierre rejetĂ©e par ceux qui bâtissaient est devenue la pierre angulaire. Â»

Autres versions

L'Annonciation Friesdam s'est inspiré des représentations de l'Annonciation existantes et a inspiré les représentations sur le même thème produites par la suite.

Notes et références

  1. LittĂ©ralement, « Reine des cieux, rĂ©jouissez-vous Â», premiers mots de l'antienne mariale Regina CĹ“li.
  2. LittĂ©ralement « la Mère de l’Église Â», l'expression est tirĂ©e de la prière latine Mater Ecclesiae, Regina mundi, da nobis pacem, da nobis pacem (Mère de l’Église, Reine du monde, donnez-nous la paix, donnez-nous la paix.)
  3. Erwin Panofsky, Fabienne Pasquet (trad.), « L'Annonciation Friedsam », « Une fois encore l'Annonciation Friedsam » in Peinture et dévotion en Europe du nord, Paris, Flammarion, 1997.

Sources et bibliographie

  • Erik Larsen, Les primitifs flamands au MusĂ©e mĂ©tropolitain de New York, Spectrum, 1960, 135 pages, p. 109 et suiv.
  • Erwin Panofsky, Fabienne Pasquet (trad.), « L'Annonciation Friedsam », « Une fois encore l'Annonciation Friedsam » in Peinture et dĂ©votion en Europe du nord, Paris, Flammarion, 1997.
en anglais
  • John Malcolm Russell, « The Iconography of the Friedsam Annunciation », in The Art Bulletin, vol. 60, no 1, , pp. 24-27
  • John L. Ward, « A New Look at the Friedsam Annunciation Â» in The Art Bulletin, vol. 50, no 2, ), pp. 184-187

Liens externes

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