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LĂ©o Nardus

Fils de l’antiquaire Manus Salomon et Catharina Alida BerlĂżn, Leonardus Salomon (nĂ© Ă  Utrecht le et mort le Ă  la Marsa en Tunisie) est un peintre impressionniste nĂ©erlandais, marchand d'art, collectionneur et financier d'origine juive, sportif accompli et passionnĂ© d’opĂ©ra. Par arrĂȘtĂ© royal du , n ° 91, il a obtenu pour lui et sa famille l’autorisation de changer son nom.

LĂ©o Nardus
Naissance
DĂ©cĂšs

La Marsa, Tunisie
Nom de naissance
Leonardus Salomon
Nationalité
Activité
Formation
Mouvement

Il est sĂ©lectionnĂ© en 1912 aux Jeux olympiques de Stockholm pour l'Ă©quipe des Pays-Bas d’épĂ©e et dĂ©croche avec cette derniĂšre la mĂ©daille de bronze de la discipline. Il Ă©tait aussi un amateur avisĂ© d’échecs et grand mĂ©cĂšne de cette discipline[1].

Une fausse idée selon laquelle il serait décédé en 1930, est due au fait qu'il passa les 25 derniÚres années de sa vie dans sa somptueuse villa tunisienne de La Marsa sans revenir en Europe.

Biographie

Nardus a étudié à l'Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam sous la direction de Sylbran Altmann (1822- 1890). Son travail porte essentiellement sur des portraits et des scÚnes de genre.

AprĂšs ses Ă©tudes, il est envoyĂ© par son pĂšre Ă  Paris et travaille chez un marchand d’art StĂ©phane Bourgeois qui deviendra par la suite son beau-pĂšre. En 1889, accompagnĂ© de son ami Michel Van Gelder il entreprit une brĂšve expĂ©dition en Argentine dans la rĂ©gion du Chaco afin d’y trouver de l'or, mais cette expĂ©dition sera un Ă©chec et les deux amis rentreront dans l’urgence.

De retour Ă  Paris, il rĂ©intĂ©grera la maison de vente de Bourgeois qui l'enverra aux États-Unis afin de satisfaire la demande toujours plus excessive des millionnaires amĂ©ricains. De ce sĂ©jour outre-Atlantique, Nardus, sans doute poussĂ© par cette soif de dĂ©couvertes des peintres nĂ©erlandais du siĂšcle d’or par les millionnaires de l’époque, sera amenĂ© Ă  commettre des irrĂ©gularitĂ©s qui feront dire de lui plus tard qu’il Ă©tait un faussaire, ce qui ne fut jamais dĂ©montrĂ©.

NĂ©anmoins une grande dispute apparut entre 1904 et 1909 au sujet de la collection de PAB Widener (en) un des magnats de l’industrie amĂ©ricaine; sur les 93 Ɠuvres vendues Ă  ce dernier par Nardus, 11 furent sujettes Ă  critique par l’expert Hofstede de Groot qui dans un courrier datĂ© de 1908 demanda Ă  Nardus de rĂ©parer. Parmi les Ɠuvres dont l’attribution s’avĂ©ra fausse on trouve un tableau de Albert Cuyp et un Jacob van Ruisdael. Nardus continua Ă  nier mais sous la mĂ©diation de Michel Van Gelder accepta de reprendre les piĂšces douteuses et de les remplacer par d’autres, expertisĂ©es cette fois.

Un autre amateur d’art M. Borden se sentant flouĂ© demanda une expertise des Ɠuvres vendues par Nardus et lĂ  aussi de mauvaises attributions furent trouvĂ©es. Nardus proposa donc de reprendre l’intĂ©gralitĂ© des Ɠuvres vendues. Mais dans un courrier adressĂ© Ă  Michel Van Gelder, M. Borden ne souhaita pas accepter la transaction puisque dans les Ɠuvres vendues par Nardus figurait un portrait de LucrĂšce de Rembrandt dont la plus-value rĂ©alisĂ©e couvrait plus que largement la perte sur les autres Ɠuvres de qualitĂ© douteuse. Contrairement Ă  ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit ou insinuĂ© dans un article sur Apollo magazine par le journaliste amĂ©ricain Jonathan Lopez, il n a jamais Ă©tĂ© prouvĂ© que Nardus fut un faussaire. Il utilisa les services de ThĂ©o van Vindjgarden (qui deviendra par la suite le professeur de Hans van Megeren) comme il l’indiqua Ă  son petit-fils Serge Nardus, afin de camoufler les toiles anciennes pour leur faire passer la douane amĂ©ricaine, oĂč une taxation des Ɠuvres d’art de 30 % avait Ă©tĂ© mise en place au dĂ©but du siĂšcle.

Dans divers courriers on retrouve le prix rĂ©ellement dĂ©clarĂ© pour la douane et le prix rĂ©el des Ɠuvres. Quant Ă  des insinuations au sujet d’une collaboration Nardus-Van Megeren elle est purement spĂ©culative. Nardus ne rencontra jamais van Megeren et l’arrivĂ©e de ce dernier sur le marchĂ© de l’art intervint alors que Nardus n’était plus actif. Enfin dans un courrier en date du , Widener menaçait Nardus de poursuites ce qu’il ne fit jamais au risque de voir son image ternie par un procĂšs.

Nardus ne fut jamais condamnĂ© puisqu’il rĂ©para et plus, Widener lui acheta plus tard une nouvelle Ɠuvre; de cet Ă©pisode amĂ©ricain, il conservera des amitiĂ©s solides avec J.P. Morgan ainsi qu’avec M. Van Horne prĂ©sident de la Canadian Pacific.

En juin 1904, il Ă©pousa Ă  Londres (Kensington) la fille de StĂ©phane Bourgeois dont il eut deux filles LĂ©a et Flory. Il portait alors le surnom de « l'homme aux Cinquante millions ». Pendant cette pĂ©riode, il vĂ©cut au chĂąteau d'Arnouville oĂč naquit LĂ©a, jusqu’en 1907, oĂč il habita un petit chĂąteau aujourd’hui disparu dominant Paris Ă  Suresnes.

Sa premiÚre exposition personnelle eut lieu à la galerie de Paul Rosenberg à Paris en mai 1907. On y découvre un magnifique portrait du violoniste espagnol Costa. Comme son ami le peintre Isaac Israels, et comme le fit Vincent van Gogh avant lui, Nardus passa du temps sur les plages et dunes de Scheveningue (Hollande) et en peignit abondamment les paysages, ainsi que les habitants de cette cité balnéaire.

En 1911, Nardus divorce d’avec HĂ©lĂšne Bourgeois et la procĂ©dure durera une dizaine d’annĂ©es; il engage alors une jeune gouvernante charentaise nĂ©e Ă  Brillac (16) qui deviendra rapidement le personnage central de sa vie sans que personne puisse affirmer avec certitude ce que fut la teneur de cette relation.

À partir de cette pĂ©riode Nardus va se remettre Ă  peindre de maniĂšre effrĂ©nĂ©e il voyagera en Égypte (1900-1904), Italie (1912), AlgĂ©rie (1913-1914-1915), il vĂ©cut aussi Ă  Londres (1904) (oĂč il noua des liens d amitiĂ© trĂšs forts avec le cĂ©lĂšbre Eugen Sandow, pĂšre du bodybuilding), Barcelone (1913,1915). Mais sans aucun doute sa destination prĂ©fĂ©rĂ©e fut la Tunisie qu’il visita en 1899-1900-1912-1913[2].

S’il faut bien admettre que Nardus se soit enrichi sans trop de scrupules aux États-Unis, il est important de parler aussi de la gĂ©nĂ©rositĂ© qui caractĂ©rise aussi sa vie. Le , Nardus accompagnĂ© dans son geste par le cĂ©lĂšbre peintre Breitner, vendit aux enchĂšres au profit de la Croix-Rouge française et belge un grand nombre d’Ɠuvres produites par lui. Le catalogue de la vente Frederik Muller mentionne des portraits de gitanes et de toreros espagnols, de picadors mais aussi de joueurs d’échecs comme le cĂ©lĂšbre Franck Marshall, ou le champion Emanuel Lasker. Au total ce seront 57 Ɠuvres qui seront ainsi vendues. Le produit de la vente permettra d’acheter un vĂ©hicule-ambulance qui montera au Front rĂ©cupĂ©rer les blessĂ©s de la Grande Guerre et qui portera le nom de LĂ©o Nardus.

Ayant constituĂ© une importante collection privĂ©e de peintures anciennes (italienne, espagnole et hollandaise), il fit don d’Ɠuvres au musĂ©e de Leyde (Rembrandt), Louvre, MusĂ©es royaux des beaux-arts de Belgique Ă  Bruxelles, Prado. La gĂ©nĂ©rositĂ© de Nardus ne s’exerça pas uniquement dans le monde de l’art, il fut aussi un grand mĂ©cĂšne reconnu des Ă©checs. Ami de Franck Marshall tout au long de sa vie il fut aussi le sponsor d’un joueur français d’origine polonaise David Janowski. Il n’hĂ©sita pas Ă  organiser des parties d’échecs fortement dotĂ©es Ă  Paris. Dans cette mĂȘme ville Nardus lui-mĂȘme battit Franck Marshall. Lors d’un tournoi, Nardus voulut proposer une alternative Ă  une parade proposĂ©e par Janowski et ce dernier lui rĂ©pliqua « vous ĂȘtes un idiot » ce qui mit fin Ă  la collaboration Nardus/Janowski et qui donna ensuite le titre de la chanson the idiot par Iggy Pop.

Son divorce terminĂ© Nardus dĂ©cidera en 1921 de quitter la France avec sa famille pour rejoindre la Tunisie et c’est dans la citĂ© balnĂ©aire de la Marsa qu’il fit construire un palais en marbre rose disparu depuis 1991. Avant de quitter l’Europe Nardus dĂ©cida de confier sa collection d’Ɠuvres d’art, comportant selon Patrick Neslias 150 tableaux de maĂźtres, Ă  son ami Arnold van Buuren[3] afin de la protĂ©ger du climat d'Afrique du Nord. Pendant son sĂ©jour tunisien, Nardus vivra en autarcie, ne participant que peu Ă  la vie tunisienne. Il produisit alors un grand nombre de toiles qu’il offrait sans jamais se soucier de la valeur marchande de son Ɠuvre[4].

En 1940, la collection de Nardus sera saisie en Hollande chez Van Buuren, qui sera dĂ©portĂ© avec son Ă©pouse et dĂ©cĂ©dera en 1943 au camp de concentration de Sobibor; DĂšs lors Nardus ne disposera plus de la mĂȘme aisance financiĂšre et la vie commencera Ă  ĂȘtre difficile, le poussant mĂȘme Ă  vendre sa propriĂ©tĂ© en viager.

Flory sa fille entreprendra d’obtenir aprĂšs la guerre des restitutions mais de mauvaises associations conduiront Ă  l’oubli des Ɠuvres de la collection LĂ©o Nardus.

AprĂšs avoir Ă©chouĂ© c’est en 1984 que Patrick Neslias, un banquier ami du petit-fils de Nardus et mandatĂ© par ses descendants, et chercheur indĂ©pendant, commencera Ă  reprendre le dossier de la collection disparue et obtiendra des restitutions en 2009 – 2010[5]; le magazine "Reportages" de la chaĂźne TF1 lui a consacrĂ© un documentaire sous le titre Trafic d'art, la longue traque qui a Ă©tĂ© diffusĂ© le ; on l'y voit trouver par hasard des documents et photographies relatifs Ă  cette famille dans un grenier parisien, puis localiser aux Pays-Bas par l'intermĂ©diaire d'un antiquaire, un portrait de Nardus dont le cadre porte un numĂ©ro de l'inventaire rĂ©digĂ© par les nazis lors de la saisie de la collection.

Liens externes

Notes et références

  1. « Léonardus Nardus by Edward Winter », sur chesshistory.com (consulté le ).
  2. (ja) « ăƒăƒƒăƒˆă‚«ă‚žăƒŽăźèłȘć•çź± », sur ăƒăƒƒăƒˆă‚«ă‚žăƒŽăźèłȘć•çź± - (consultĂ© le ).
  3. (en) « Nardus », sur Restitutiecommissie (consulté le ).
  4. « Les peintres voyageurs III », sur monsite.com (consulté le ).
  5. « Esse : il traque les oeuvres spoliées par les nazis », sur charentelibre.fr, (consulté le ).
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