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Kitano Tenjin engi emaki

Le Kitano Tenjin engi emaki (ćŒ—é‡Žć€©ç„žçžè”·), traduit en « rouleau sur la fondation du temple Kitano et la vie de Sugawara no Michizane » ou plus simplement « rouleau enluminĂ© sur l’histoire du dieu de Kitano », est un emaki japonais du XIIIe siĂšcle. ComposĂ© de huit rouleaux calligraphiĂ©s et peints, il raconte la vie de Sugawara no Michizane et la construction du sanctuaire Kitano Tenman-gĆ« en son honneur aprĂšs sa mort. Par la suite, cette histoire a Ă©tĂ© peinte Ă  de nombreuses reprises au format de l’emaki.

Kitano Tenji engi emaki
Sugawara no Michizane en exil aprĂšs son injuste condamnation. L'attitude des personnes dans cette scĂšne colorĂ©e transmet une profonde mĂ©lancolie. Version JƍkyĆ«, 1219.
Artiste
Inconnu
Date
1219 (environ)
Type
Technique
Peinture et encre sur rouleau de papier
Hauteur
52 cm
Localisation
Protection

Contexte

Arts des emaki

Peinture de genre.

Apparu au Japon vers le VIe siĂšcle grĂące aux Ă©changes avec l'Empire chinois, l'art de l’emaki se diffusa largement auprĂšs de l’aristocratie Ă  l’époque de Heian. Un emaki se compose d’un ou plusieurs longs rouleaux de papier narrant une histoire au moyen de textes et de peintures de style yamato-e. Le lecteur dĂ©couvre le rĂ©cit en dĂ©roulant progressivement les rouleaux avec une main tout en le rĂ©-enroulant avec l’autre main, de droite Ă  gauche (selon le sens d’écriture du japonais), de sorte que seule une portion de texte ou d’image d’une soixantaine de centimĂštres est visible. La narration suppose un enchaĂźnement de scĂšnes dont le rythme, la composition et les transitions relĂšvent entiĂšrement de la sensibilitĂ© et de la technique de l’artiste. Les thĂšmes des rĂ©cits Ă©taient trĂšs variĂ©s : illustrations de romans, de chroniques historiques, de textes religieux, de biographies de personnages cĂ©lĂšbres, d’anecdotes humoristiques ou fantastiques[1]


L'Ă©poque de Kamakura (1185–1333), dont l’avĂšnement suivit une pĂ©riode de troubles politiques et de guerres civiles, fut marquĂ©e par l’arrivĂ©e au pouvoir de la classe des guerriers (les samouraĂŻs). La production artistique y Ă©tait trĂšs soutenue, explorant des thĂšmes et techniques plus variĂ©s encore qu’auparavant[2], signalant l'« Ăąge d’or » de l’emaki (XIIe et XIIIe siĂšcles)[3]. Sous l’impulsion de la nouvelle classe guerriĂšre au pouvoir, les peintures Ă©voluĂšrent vers un style pictural plus rĂ©aliste et composite[4].

Sugawara no Michizane et le Kitano Tenman-gƫ

L’emaki narre la vie et la mort de Sugawara no Michizane, ainsi que sa dĂ©ification sous le nom de Tenjin et la fondation en son honneur du temple Kitano Tenman-gĆ« Ă  Kyƍto, un important sanctuaire shinto.

Description des rouleaux

L'esprit vengeur de Sugawara no Michizane aprĂšs sa mort, peint comme un dieu du tonnerre.

L’emaki se compose de huit rouleaux de 0,52 m de haut et de 8,45 Ă  12,05 m de long[5], bien que la fin soit inachevĂ©e[6]. Il a Ă©tĂ© peint approximativement en 1219 selon une mention dans la premiĂšre portion de texte ; ce premier emaki est communĂ©ment nommĂ© version JƍkyĆ« ou version ShƍkyĆ«, 1219 correspondant Ă  la premiĂšre annĂ©e de l’ùre JƍkyĆ«. En effet, plus d’une trentaine d’autres versions basĂ©es sur le Kitano Tenji engi ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par la suite jusqu’au XIXe siĂšcle, bien que la majoritĂ© des Ă©tudes portent sur la version historique JƍkyĆ«[7], reconnue trĂ©sor national du Japon.

La narration se divise en quatre parties inĂ©gales[8]. La premiĂšre partie rapporte la vie de Sugawara no Michizane (845-903), Ă©rudit et homme d’État trĂšs influent Ă  la cour de Heian-kyƍ malgrĂ© son origine modeste, et qui est devenu une figure littĂ©raire populaire[5]. En effet, victime d’une conspiration orchestrĂ©e par Fujiwara no Tokihira, il est condamnĂ© Ă  tort et meurt en exil. DĂšs le dĂ©but, une origine divine lui est donnĂ©e, car il « apparaĂźt » enfant dans le jardin de son pĂšre ; l’enfant divin reste un mythe populaire du bouddhisme, renvoyant de fait au Bouddha historique[7]. Par la suite, ses capacitĂ©s tant intellectuelles que physiques sont soulignĂ©es, par exemple Ă  travers la composition de poĂšmes ou le concours de tir Ă  l’arc. Il meurt en 903.

Dans la seconde partie, il est racontĂ© que l’esprit vengeur de Sugawara Michizane revient sur terre aprĂšs sa mort pour tourmenter les acteurs de la conspiration, sous la forme d’un dieu du tonnerre. En effet, plusieurs incidents surviennent dans les annĂ©es suivant sa mort, notamment des incendies Ă  la capitale (Kyƍto) et la mort de ses opposants ; on ne tarde pas Ă  attribuer ces mĂ©faits Ă  l’esprit de Michizane[7]. Plus prĂ©cisĂ©ment, c’est un prĂȘtre nommĂ© Nichizƍ qui raconte avoir discutĂ© avec lui alors qu’il traversait les six voies de l’existence (rokudo), notamment les enfers, avant de revenir de l’au-delĂ . Contrairement Ă  l’histoire originelle, le pĂ©riple de Nichizƍ est relatĂ© en dĂ©tail, de façon fantastique, dantesque mĂȘme[9]. La cour prend finalement la dĂ©cision de bĂątir en 947 le temple shinto Kitano Ă  Kyƍto en son honneur afin de calmer son esprit, passage relatĂ© dans le troisiĂšme mouvement de l’emaki ; Sugawara Michizane y est vĂ©nĂ©rĂ© sous le nom de Tenjin, un dieu protecteur des arts et des lettres. Enfin, la derniĂšre partie relate divers miracles en rapport avec le temple.

RĂ©alisation et historique

L’histoire se base sur un texte (un engi, oĂč rĂ©cit de la fondation d’un temple) rĂ©digĂ© a priori peu avant 1194. Kujƍ Michiie, le commanditaire, en fait don au temple, probablement pour renforcer la position politique de la famille Kujƍ au dĂ©but du XIIIe (une pĂ©riode instable)[10].

Hormis une thĂ©orie abandonnĂ©e ayant attribuĂ© l’emaki Ă  Fujiwara no Nobuzane, aucun indice sur l’auteur n’a subsistĂ©[5]. Les textes, prĂ©sents seulement dans les six premiers rouleaux, pourraient en revanche ĂȘtre attribuĂ©s en partie Ă  Kujƍ Michiie, selon Minamoto Toyomune[11].

La narration et le contexte de l’époque laissent supposer que l’emaki a Ă©tĂ© crĂ©Ă© Ă  des fins spirituelles. L’école bouddhiste Tendai y est particuliĂšrement mise en valeur, si bien que les peintures ont probablement eu une valeur didactique, servant de support Ă  l’enseignement ou Ă  la rĂ©citation des lĂ©gendes bouddhiques[7]. Des sĂ©ances d’explication des peintures religieuses (etoki) Ă©taient du reste courantes Ă  l’époque de Kamakura. De plus, cet aspect didactique explique Ă©galement la hauteur inhabituellement importante du rouleau et le grand nombre de versions. Les croyances Ă©sotĂ©riques d’alors peuvent aussi laisser penser que sa fonction Ă©tait d’apaiser les esprits tourmentĂ©s[7].

Composition et style

CélÚbre scÚne montrant Sugawara no Michizane invectiver les dieux aprÚs son exil. Les couleurs sont riches et le héros est représenté de façon disproportionnée.

Le style yamato-e des peintures se caractĂ©rise par des couleurs vives et la libertĂ© des traits[8] ; parfois mĂȘme, les contours sont omis, selon la technique de la peinture dĂ©sossĂ©e (mokkotsu)[5]. La composition joue Ă©galement sur les diffĂ©rences d’échelle, comme l’illustre souvent la scĂšne de la priĂšre de Sugawara no Michizane au sommet d’une montagne[12] : ce dernier est exagĂ©rĂ©ment grand pour reprĂ©senter sa force de caractĂšre, malgrĂ© une posture humble qui en fait une « figure allĂ©gorique de l’homme »[13]. L’art rĂ©aliste caractĂ©ristique de l’ùre de Kamakura se ressent Ă©galement dans la recherche du mouvement, comme les bousculades ou la fuite d’un personnage[14].

Bien que le bouddhisme inspire grandement l’art japonais d’alors, le style du Kitano Tenji engi emaki se rattache Ă©galement au shinto, d’oĂč une libertĂ© et une humanitĂ© plus marquĂ©e. Cet aspect se ressent notamment dans les paysages, insistant sur les dĂ©tails et l’esprit animiste, selon T. LĂ©soulc’h[13]. Ce dernier y note Ă©galement par endroits la nervositĂ© des traits, similaire au lavis Song caractĂ©ristique du bouddhisme zen. Toutefois, l’iconographie bouddhique reste fortement utilisĂ©e, que ce soit Ă  travers la narration de la vie de Sugawara Michizane, calquĂ©e sur la vie du Bouddha historique, la prĂ©sence de crĂ©atures bouddhistes ou l’illustration des six voies de l’existence[7]. La reprĂ©sentation du dieu du tonnerre apparaĂźt ainsi fort proche des statues de Raijin et FĆ«jin au SanjĆ«sangen-dƍ[15].

Aspects historiographiques

Un bateau médiéval propulsé par rame. Ce modÚle a été reproduit grandeur réelle au musée d'histoire de Fukuyama.

Outre sa teneur historique et religieuse, le Kitano Tenji engi offre un aperçu sur la vie quotidienne, non Ă  l’époque de Sugawara Michizane, mais Ă  celle de l’artiste quelque 300 ans plus tard[11]. Ce dernier y peint par exemple divers rites et cĂ©rĂ©monies de naissance[16] ou les tenues des jeunes moines dans les temples[17]. Une scĂšne de la premiĂšre partie montre un bateau propulsĂ© par six rameurs, tĂ©moignage des navires mĂ©diĂ©vaux japonais dont il ne subsiste aucun exemplaire[18]. Plus gĂ©nĂ©ralement, l’architecture des habitats, leur agencement interne, les vĂȘtements, les festivitĂ©s, les ponts en bois, des tombes, les animaux domestiques, les enfants qui apparaissent trĂšs frĂ©quemment, finalement une multitude de dĂ©tails sont relevĂ©s par une Ă©tude de l’universitĂ© de Kanagawa[11].

Liste des sections de l'emaki

Le tableau ci-dessous indique la composition des rouleaux, chaque section illustrée étant séparée de la suivante par une portion calligraphiée sur papier. Par convention, SNEZ fait référence à la collection Shinshƫ Nihon emakimono zenshu et ZNE à la collection Zoku Nihon no emaki.

Contenu des rouleaux
Rouleau Section Description Références
Rouleau 1 Section 1 Le rĂ©cit ouvre sur une scĂšne citadine. Puis Michizane apparaĂźt sous la forme d’un garçon Ă  Sugawara no Koreyohi et lui annonce qu’il va ĂȘtre son pĂšre. Dans la lĂ©gende, le protagoniste ne naĂźt en effet pas de façon naturelle, mais apparaĂźt garçon. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 2-4
Rouleau 1 Section 2 Michizane enfant compose un poĂšme sous des abricotiers du Japon dans un jardin. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 4-5
Rouleau 1 Section 3 Michizane jeune Ă©crit une prĂ©face pour le Ken-yƍ Daikkai-ron, un livre sur les Ă©crits bouddhiques d’un prĂȘtre du Enryaku-ji. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 6-7
Rouleau 2 Section 1 Michizane fait montre de son talent à l’arc sur le champ d’archerie de la maison de Miyako no Yoshika. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 6-8
Rouleau 2 Section 2 Un service religieux est tenu au Kichijƍ-in pour les 15 ans de Michizane, auquel assistent de nombreux moines et nobles. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 8-9
Rouleau 2 Section 3 Michizane se rend au palais impĂ©rial remercier l’empereur Daigo de sa nomination Ă  une position Ă©levĂ©e. Il apparaĂźt dans la cour du palais aprĂšs avoir passĂ© la grande porte. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 9-11
Rouleau 2 Section 4 Michizane montre ses poùmes à l’empereur. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 10
Rouleau 3 Section 1 L’empereur visite le Suzaku-in. Sur un trĂŽne portĂ© par des serviteurs, il est accompagnĂ© d’une large procession de courtisans. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 12-15
Rouleau 3 Section 2 L’empereur retirĂ© Uda visite le palais impĂ©rial. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 14-15
Rouleau 3 Section 3 Adieu au KĂŽbai-den, la maison de Michizane dont est montrĂ©e l’intĂ©rieur muni de paravents et la cour extĂ©rieure. Michizane, condamnĂ© Ă  l’exil Ă  la suite d'une machination politique de Fujiwara no Tokihira, s’apprĂȘte Ă  quitter Kyoto. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 16-17
Rouleau 4 Section 1 Michizane part en exil Ă  Tsukushi sur l’üle de KyĆ«shĆ«. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 18-19
Rouleau 4 Section 2 Le bateau Ă  rames emportant Michizane en exil quitte le port. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 18-21
Rouleau 4 Section 3 Michizane, nostalgique, se remĂ©more la gloire passĂ©e aprĂšs avoir sortie une robe que lui avait offert l’empereur en remerciement d’un poĂšme.

(fameuse scÚne dépit)

SNEZ, p. 13, ZNE, p. 21
Rouleau 4 Section 4 Michizane admire la collection de poÚmes de Chƫnagon Haseo. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 20-21
Rouleau 5 Section 1 Michizane proteste envers le ciel durant sept jours au sommet du mont Tempai (ć€©æ‹ć±±) pour son injuste condamnation. Selon la lĂ©gende, il s’y transforme en un dieu du tonnerre. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 22-23
Rouleau 5 Section 2 Le cercueil de Michizane est emportĂ© au Anraku-ji, oĂč des hommes creusent une tombe. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 22-23
Rouleau 5 Section 3 Michizane, transformĂ© en esprit vengeur, visite l’habitat du prĂȘtre Son-i au mont Hiei. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 24-25
Rouleau 5 Section 4 Michizane attaque le Seiryƍ-den du palais sous la forme d’un dieu du tonnerre, faisant fuir ou tomber sous la foudre les courtisans. Seul Fujiwara no Tokihira lui fait face, sabre en main. L’artiste montre un duel dramatique entre les deux ennemis. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 24-25
Rouleau 5 Section 5 La scĂšne illustre la riviĂšre Kamo dĂ©bordant de son lit. La composition est centrĂ©e sur l’attelage du prĂȘtre Tendai Son-i fendant les flots Ă  toute allure pour se rendre au palais dans le but de pacifier l’esprit de Michizane. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 25-27
Rouleau 6 Section 1 Mort de Fujiwara no Tokihira. En accord avec la lĂ©gende, Michizane sort de son oreille sous la forme d’un serpent pour perturber les priĂšres de guĂ©risons du moine. Dans la cour, des hommes semblent figĂ©s. SNEZ, p. 13, ZNE, p. 26-28
Rouleau 6 Section 2 Le courtisan Udaiben Kintada ressuscite et fait un rapport à l’empereur à propos de l’esprit de Michizane. SNEZ, p. 14, ZNE, p. 28-29
Rouleau 6 Section 3 L’esprit de Michi attaque le Seiryƍ-den, de nouveau sous la forme d’un dieu du tonnerre. SNEZ, p. 14, ZNE, p. 28-30
Rouleau 6 Section 4 L’empereur Daigo entre en religion. Des courtisans et soldats vaquent dans la cour ou le palais, puis la scùne montre l’empereur se faisant raser. SNEZ, p. 14, ZNE, p. 30-31
Rouleau 7 Section 1 Le prĂȘtre Nichizƍ s’isole dans la grotte Shƍ-no-iwaya, s’apprĂȘtant Ă  faire un voyage en esprit dans les Six Mondes de la rĂ©incarnation. Une scĂšne de transition le peint sur un nuage avec un petit esprit, puis sont dĂ©crits huit des seize purgatoires des enfers bouddhiques. La longue scĂšne frappe par ses images de tortures, de cruautĂ©, de feu et de sang. Il en ressort un aspect presque comique. SNEZ, p. 14, ZNE, p. 30-36
Rouleau 8 Section 1 Ce rouleau prĂ©sente sans interruption de texte les Six DestinĂ©es de la rĂ©incarnation bouddhique (rokudƍ), oĂč les ĂȘtres sensibles renaissent en fonction de leur vie prĂ©cĂ©dente (du karma). L’ordre des Six DestinĂ©es dans le rouleau est le suivant :
  1. monde des enfers (naraka), représentés à la maniÚre du rouleau 7
  2. monde des ĂȘtres affamĂ©s (prĂ©ta), oĂč les damnĂ©s condamnĂ©s Ă  une fin Ă©ternelle sont reprĂ©sentĂ©s comme des crĂ©atures malingres au ventre exagĂ©rĂ©ment ballonnĂ©
  3. monde des animaux (jantu), cible des prédateurs et de la chasse
  4. monde des demi-dieux belliqueux (asura), présentant une vaste bataille confuse
  5. monde des humains (puruáčŁa), reprĂ©sentant divertissements, travaux, religions... Les quatre souffrances (vie, vieillesse, maladie, mort) sont toutes Ă©voquĂ©es
  6. monde des ĂȘtres cĂ©lestes (deva), prĂ©sentĂ©s se divertissant. Dans le bouddhisme, le salut rĂ©side dans l’éveil, c’est-Ă -dire l’atteinte du titre de bouddha. Ici, les dieux, encore soumis au cycle de la rĂ©surrection, sont donc reprĂ©sentĂ©s sĂ©niles, laids, les corps lourds affalĂ©s sur l’herbe.
SNEZ, p. 14, ZNE, p. 36-43

Influences

Une scĂšne de la version Kƍan (1278), oĂč la couleur est bien plus lĂ©gĂšre.

Plus d’une trentaine de versions ultĂ©rieures du Kitano Tenji engi emaki peuvent ĂȘtre recensĂ©es, rĂ©alisĂ©es surtout aux XIV et XVes siĂšcles, tant par des amateurs que par des peintres fameux comme Tosa Mitsunobu en raison de la popularitĂ© croissante du culte de Tenjin[19] - [14]. Parmi les plus connues figurent la version Kƍan de Tosa Yukimitsu (1278) dont le style Ă  la couleur lĂ©gĂšre influencera plusieurs rouleaux ultĂ©rieurs[20], ainsi que la version Matsuzaki de Dƍchƍ et RyĆ«shin (1311), trĂšs Ă©lĂ©gante et dĂ©corative, qui prĂ©sente plusieurs diffĂ©rences avec la version originale[21] - [14].

Du point de vue de la narration, les versions sont en général divisées en trois branches selon la phrase introductive des rouleaux[19] :

  • dans la premiĂšre branche, on y trouve la premiĂšre version (JƍkyĆ«), ainsi que les rouleaux du Sugitani Jinja et de l’Egara Tenjinsha (1319) ;
  • puis viennent notamment les rouleaux des temples Tsuda Tenman jinnja (1298) et Kitano Tenman-gĆ« (1503) ;
  • enfin, la derniĂšre branche recoupe une autre version du Kitano Tenman-gĆ« ainsi que le Matsuzaki Tenjin (1311).

La premiĂšre version du rouleau a Ă©galement influencĂ© d’autres types de peintures, comme les cĂ©lĂšbres Paravents des dieux du tonnerre et du vent de Tawaraya Sƍtatsu[22], ainsi que probablement d’autres peintures reprĂ©sentant les voies de l’existence (rokudo-e et jikkai-zu), comme un kakemono du Eikan-dƍ Zenrin-ji de Kyƍto[11].

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Elise Grilli (trad. Marcel Requien), Rouleaux peints japonais, Arthaud, , 56 p.
  • (ja) Shigemi Komatsu (dir.), ćŒ—é‡Žć€©ç„žçžè”·, vol. 15, ChĆ«Ć Kƍronsha, coll. « Zoku Nihon no emaki »,‎ (ISBN 978-4-12-402895-9)
  • (ja) Toyomune Minamoto, Tsugio Miya (dir.) et Ichimatsu Tanaka, ćŒ—é‡Žć€©ç„žçžè”·, vol. 9, Kadokawa Shoten, coll. « ShinshĆ« Nihon emakimono zenshĆ« »,‎
  • (en) Miyeko Murase, The Tenjin Engi Scrolls : a study of their genealogical relationship, universitĂ© Columbia, (thĂšse, dĂ©partement Art History and Architecture)
  • (en) Hideo Okudaira (trad. Elizabeth Ten Grotenhuis), Narrative picture scrolls, vol. 5, Weatherhill, coll. « Arts of Japan », , 151 p. (ISBN 978-0-8348-2710-3)
  • (en) Sara L. Sumpter, « The ShĂŽkyĂ» version of the Kitano Tenjin engi emaki: A brief introduction to its content and function », Eras Journal, vol. 11,‎ (ISSN 1445-5218, lire en ligne)

Notes et références

  1. (en) Kƍzƍ Sasaki, « (iii) Yamato-e (d) Picture scrolls and books », Oxford Art Online, Oxford University Press (consultĂ© le )
  2. Okudaira 1973, p. 32
  3. Shimizu 2001, p. 193-6
  4. SNEZ, p. 1
  5. Grilli 1962, p. 15
  6. Les esquisses d’un neuviĂšme rouleau ont notamment Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©es par Miho Suga dans A Study of the Underdrawings Found in the Ninth Scroll of the Jokyu Version of the Kitano Tenjin Engi Emaki, Journal of art history 135, 33-49,2-3, 1994
  7. (en) Sara L. Sumpter, « The ShĂŽkyĂ» version of the Kitano Tenjin engi emaki: A brief introduction to its content and function », Eras Journal, vol. 11,‎ (ISSN 1445-5218, lire en ligne)
  8. Okudaira 1973, p. 123
  9. (en) « The Kitano Tenjin Engi Emaki », Metropolitan Museum of Art (consulté le )
  10. (en) Herbert Plutschow, « Tragic Victims in Japanese Religion, Politics, and the Arts », Anthropoetics, universitĂ© de Californie Ă  Los Angeles, vol. 6, no 2,‎ 2000/2001 (ISSN 1083-7264, lire en ligne)
  11. (en) Keizo Shibusawa et al., « Pictopedia of Everyday Life in Medieval Japan compiled from picture scrolls », Report of "Systematization of Nonwritten Cultural Materials for the Study of Human Societies", universitĂ© de Kanagawa,‎ (lire en ligne)
  12. Okudaira 1973, p. 63
  13. ThĂ©o LĂ©soualc’h, La Peinture japonaise, vol. 25, Lausanne, Éditions Rencontre, coll. « Histoire gĂ©nĂ©rale de la peinture », , p. 41-42
  14. Christine Shimizu, L’art japonais, Flammarion, coll. « Tout l’art », , 448 p. (ISBN 978-2-08-013701-2), p. 195
  15. (en) Penelope E. Mason et Donald Dinwiddie, History of Japanese art, Pearson Prentice Hall, , 432 p. (ISBN 978-0-13-117601-0), p. 233
  16. (en) Janet R. Goodwin, Selling Songs and Smiles : The Sex Trade in Heian and Kamakura Japan, University of Hawaii Press, , 208 p. (ISBN 978-0-8248-3097-7, lire en ligne), p. 105
  17. (en) Mikael S. Adolphson, The teeth and claws of the Buddha : Monastic warriors and sƍhei in Japanese history, University of Hawaii Press, , 212 p. (ISBN 978-0-8248-3123-3, lire en ligne), p. 122
  18. (en) Stephen Turnbull, Pirate of the Far East : 811-1639, Oxford, Osprey Publishing, , 64 p. (ISBN 978-1-84603-174-8, lire en ligne), p. 32
  19. (en) « Kitano tenjin engi », JAANUS (Japanese Architecture and Art Net Users System) (consulté le )
  20. Seiichi Iwao et Hervé Benhamou, Dictionnaire historique du Japon, vol. 2, Maisonneuve & Larose, (ISBN 2-7068-1632-5), p. 1556
  21. Okudaira 1973, p. 127-131
  22. Mason et Dinwiddie 2005, p. 270
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