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Kenshin Sumitaku

Kenshin Sumitaku[NB 1] (住宅 顕信, Sumitaku Kenshin[NB 2], 1961-1987) était un poète japonais de la seconde moitié du XXe siècle (fin de l'Ère Shōwa). Né Harumi[3] Sumitaku, il est plus connu sous son seul prénom de plume Kenshin (顕信, signifiant « Dévotion[NB 3] »).

Kenshin
顕信
Description de cette image, également commentée ci-après
Rocher commémoratif dédié en 1993[1] à Kenshin, portant un de ses haïkus et son prénom :

Les gouttes d'eau
ont chacune
un sourire
aux lèvres


Kenshin[2]
Nom de naissance Harumi[3] Sumitaku
Alias
Kenshin Sumitaku
Naissance
Okayama, Drapeau du Japon Japon
Décès (à 25 ans)
Okayama, Drapeau du Japon Japon
Activité principale
poète, prêtre bouddhiste
Auteur
Langue d’écriture japonais
Genres
haïku libre (1984-1987)

Prêtre bouddhiste diagnostiqué avec une leucémie aiguë à 23 ans, il a consacré au poème court les vingt[4] derniers mois de sa vie. Météore du haïku, au destin littéraire plus bref encore que ceux des mélancoliques tuberculeux Takuboku (1886-1912) et Kajii (1901-1932), Kenshin a laissé 281 haïkus[4] - [5] qui ont marqué une génération. Les Japonais l'appellent « le poète du haïku de l'âme[5] ».

« Sous un soleil maigre
se chauffent ensemble
hommes et moineaux »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

Biographie

Enfance (1961-1976) Le printemps de Harumi

Kenshin est né Harumi Sumitaku (住宅 春美, Sumitaku Harumi) le , à Okayama, une ville de taille moyenne du sud-ouest du Japon (environ 150 km à l'ouest d'Ōsaka). Bien que le prénom Harumi (« beauté de printemps ») soit habituellement donné aux filles, c'est le sien[3] ; il vient probablement[4] du fait que c'était l'équinoxe de printemps. Premier enfant de la famille, il a une sœur l'année suivante, Keiko. C'est une famille de quatre unie, qui le soutiendra sans faille à chaque tournant de sa vie.

« Moment sans douleur / Une lune pâle / en plein jour »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

Kenshin lit beaucoup de mangas, en particulier Osamu Tezuka, et pendant longtemps souhaite devenir dessinateur. Il suit des études normales jusqu'à la fin du collège, en . À l'âge de 15 ans, il décide alors de ne pas aller au lycée (ce qui n'était pas obligatoire, bien que 92 % de ses condisciples le fassent à l'époque) mais d'entrer dans la vie active ; il souhaite devenir cuisinier[4].

Travail (1976-1983) Un été précoce

À la mi-1976 (âgé de 15 ans), Kenshin trouve une place de serveur par le centre social d'Okayama ; en parallèle, il suit des cours du soir à l'école hôtelière Shimoda. Il a rapidement une petite amie de cinq ans son aînée, une serveuse de café de 20 ans. Quand elle tombe enceinte, il souhaite garder l'enfant mais elle préfère avorter[4]. Les parents de Kenshin autorisent la jeune femme à venir vivre avec lui chez eux. Le jeune couple y reste en ménage huit mois avant qu'elle ne décide de s'en aller[4], Kenshin étant absent la journée et les relations étant mauvaises avec sa mère et sa sœur ; leur relation durera encore quelques mois avant qu'elle ne rompe.

« Matin froid / Rien que des dos / de gens qui s'en vont »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

En (âgé de 17 ans), il obtient son diplôme de cuisinier. Il travaille dans quelques restaurants, mais ses embauches ne durent pas[7]. En 1980, il obtient par son père un travail dans l'équipe municipale d'entretien des véhicules ; il commence aussi à se passionner pour le bouddhisme[8].

En , Kenshin entame un cours de bouddhisme par correspondance[4] dont il est diplômé en , et en juillet (âgé de 22 ans) il est ordonné prêtre[NB 4] de la branche Hongan-ji de l'école Jōdo shinshū (bouddhisme Shin) du bouddhisme de la Terre pure[4] alias amidisme[NB 5]. C'est lors d'une cérémonie tenue au temple Nishi-Honganji de Kyōto (alias Hompa-Honganji) qu'il reçoit le prénom Kenshin (顕信, signifiant « Dévotion[NB 3] » et écrit littéralement avec les kanjis « foi révélée »). Avec un prêt de ses parents, il monte un ermitage.

Trois mois plus tard en , Kenshin se marie avec une femme d'un an sa cadette, Emiko (恵美子) ; elle est enceinte d'un mois.

Maladie (1984-1987) Un automne en haïku

En (âgé de presque 23 ans), Kenshin est diagnostiqué avec une leucémie aiguë (de type myéloblastique[4]) et doit être hospitalisé à l'hôpital de la ville ; sa sœur Keiko, qui y est infirmière, veillera sur lui. Ses beaux-parents exigent et obtiennent un divorce, bien que sa femme soit enceinte de lui[4].

« À l'annonce / du typhon / la radio se brouille »

— (trad. Atlan et Bianu)[9]

Son ex-femme accouche en juin d'un fils, Haruki (春樹, « arbre de printemps ») ; le prénom fait écho au sien, et est un hommage à la poésie de Haruki Kadokawa(en anglais)[7] (plus connu comme producteur et réalisateur de films). L'enfant est pris en charge par les parents de Kenshin mais passera la plupart de son temps dans la chambre de son père à l'hôpital[4].

Kenshin se met au haïku, la forme poétique la plus courte du monde[10]. Au lieu de sa forme traditionnelle, dont les codes impliquent un plus long apprentissage, il en adopte la forme libre (détails en section Poésie) : elle est alors minoritaire et peu considérée au Japon[4], mais offre plus d'expressivité pour qui est dans l'urgence. Il étudie plusieurs représentants notables de ce courant (Seisensui Ogiwara, Shurindō Nomura, Hōko Kaidō, Santōka Taneda qu'il avait lu plus jeune) et tout particulièrement Hōsai Ozaki (1885-1926, en anglais)[11] - [12], dont il laissera un volume fatigué et annoté des Œuvres complètes[4] - [7]. En , il devient membre du groupe de la revue Sōun[4] (層雲, « Stratus », fondée en 1911 par Seisensui), alors la seule à accueillir le haïku libre.

Début 1985, son état s'est assez amélioré pour qu'il puisse sortir, et pendant quelques mois Kenshin se consacre à la promotion du haïku libre. La revue Sōun n'a accepté que deux de ses poèmes, parus en février[7], mais en août[11] il participe à la fondation de Kaishi (海市, « Cité marine »), la nouvelle revue de haïku libre voulue par Kazuyuki Fujimoto (藤本 一幸, Fujimoto Kazuyuki), ancien rédacteur de Sōun ; ils deviennent amis. À la fin de l'été, Kenshin doit définitivement retourner à l'hôpital, mais reste en contact avec Fujimoto par cartes postales et téléphone[11]. En décembre, Kenshin fait publier à compte d'auteur un recueil de ses haïkus[4], Shisaku[13] (litt. « Ébauche[NB 6] »).

« La peau sur les os / mais ce corps mon seul bien / je l'essuie avec soin »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

En 1986, Kaishi va publier 96 de ses haïkus[4], douze par numéro pendant huit mois[11]. En été, Kenshin se lie d'amitié avec Shūichi Ikehata (池畑 秀一, Ikehata Shuichi), un professeur de mathématiques de l'université d'Okayama qui a remplacé son alcoolisme[7] par une passion pour le haïku (et deviendra son éditeur posthume) ; Ikehata le visite deux fois par mois à l'hôpital. En octobre, Fujimoto le voit pour la dernière fois : Kenshin a le visage déformé par les antibiotiques mais est calme devant la mort grâce au bouddhisme[11] et travaille au manuscrit d'un recueil. En novembre, son état se détériore gravement et les visites sont interrompues. Ikehata lui rend malgré tout visite la veille de Noël : Kenshin est déterminé mais si affaibli qu'il ne peut plus écrire et doit dicter ses notes à une femme qui semble avoir été une admiratrice[7].

Kenshin consacre ainsi les vingt[4] derniers mois de sa vie à son fils, aux visites de ses proches, et aux haïkus.

Décès (07/02/1987) Un hiver précoce

Début 1987, la chimiothérapie cesse d'agir en phase terminale : Kenshin souffre de douleurs extrêmes constantes, vertiges, nausées et vomissements de sang. Il garde à la main son manuscrit qu'il a intitulé Inachevé[7].

« Bonne Année ! / seule la télévision / me la souhaite »

— (trad. Atlan et Bianu)[14]

Kenshin meurt de sa leucémie aiguë myéloblastique[4] le en fin de soirée à l'hôpital d'Okayama, veillé par sa sœur[11]. Il avait 25 ans et dix mois. Comme la plupart des Japonais, il est incinéré. Sa tombe se trouve au cimetière de sa ville.

Il laisse un orphelin et 281 haïkus[4] - [5]. Avec l'aide de ses amis, sa réputation va grandir lentement mais sûrement et Harumi Sumitaku, devenu Kenshin Sumitaku, deviendra simplement Kenshin – les Japonais désignant traditionnellement par leur seul prénom leurs poètes préférés[15].

Postérité (1987-2001) Un nouvel an

En , son ami Ikehata contacte les éditions Yayoi shobō car ils publient déjà les Œuvres complètes de Hōsai dont Kenshin se sentait si proche[7]. En juillet, ils acceptent le projet de publier le recueil posthume des 281 haïkus de Kenshin, Mikansei[16] (trad. Inachevé).

« Si seulement venait / le printemps Dans mon cœur déjà / fleurit le cerisier »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

Le pour l'anniversaire de sa mort, l'ouvrage sort. Les médias locaux en parlent, c'est un succès à l'échelle de la ville et son modeste tirage de 1 000 exemplaires est vite épuisé et réimprimé en mai[7].

En 1989, la revue Haiku to essay (俳句とエッセイ, haiku to essei, « Haïku et essai ») lui consacre une partie de son numéro d'octobre sous le titre « Le monde de Kenshin Sumitaku » (住宅顕信の世界, Sumitaku Kenshin no sekai)[8].

En 1993, à la date anniversaire des six ans de sa mort[1], la municipalité de sa ville natale inaugure un monument à sa mémoire, financé sur des fonds collectés par un comité ad hoc des Amis de Kenshin : une grande pierre commémorative à la manière japonaise, près de laquelle on plante un cerisier pour l'abriter[7]. Elle est située près du pont de Kyobashi[5], sur la rive du fleuve[12] Asahigawa. Le rocher porte simplement un de ses haïkus et son prénom (voir photo et légende en tête d'article).

Vers 2000, la psychiatre Rika Kayama (professeure d'université) tombe par hasard sur les haïkus de Kenshin. Ignorant tout de sa vie, elle juge d'abord sévèrement ce qu'elle prend pour des « lamentations[12] » d'adolescent, mais intriguée et cherchant à en savoir plus, elle deviendra quelques années plus tard l'auteure de la première biographie publiée sur Kenshin[12].

Célébrité (2002-…) Le printemps de Kenshin

Lancée en , une vague commémorative pour les 15 ans de sa mort le fait connaître du grand public : cinq livres sur Kenshin sortent en 2002-2003, dont deux biographies, un livre d'estampes de l'artiste Makoto Matsubayashi et un recueil de textes type Cahier de l'Herne où Kenshin est évoqué par une douzaine de personnalités qu'il a marqué, allant de divers auteurs (comme le poète Ban'ya Natsuishi, l'écrivain Yū Nagashima, le romancier-réalisateur Hitonari Tsuji, le publicitaire Jun Maki) à des célébrités (comme le chanteur Kazuki Tomokawa, l'acteur Shirō Sano, le réalisateur Sōgo Ishii, le catcheur Jinsei Shinzaki)[1]. Ce même chanteur Tomokawa lui consacre son vingtième album de folk-rock, Kenshin no ichigeki[17] (« Un coup de Kenshin », 2002).

« La pluie commence à tomber – / c'est le battement / du cœur de la nuit »

— (trad. Atlan et Bianu)[18]

Lui qui n'était jamais allé au lycée y entre au programme de littérature des livres scolaires. En 2007, pour les vingt ans de sa mort, sort une troisième biographie. En , la télévision publique japonaise NHK lui consacre un documentaire : « La jeunesse n'est-elle que ce printemps solitaire ? – Un message de Kenshin Sumitaku » (若さとはこんな淋しい春なのか ~ 住宅顕信のメッセージ, wakasa to wa konna sabishii haru na no ka ~ Sumitaku Kenshin no messeeji) ; multidiffusé à des heures de grande écoute (un mardi de 20 h 0 à 21 h 30, et un dimanche de 16 h 0 à 17 h 30), il achève de le faire connaître nationalement.

Ses biographes l'ont surnommé « le poète qui ne faisait que passer[19] » (jinsei o kakenuketa shijin, litt. « le poète qui est passé en courant à travers la vie », en 2002) et « le poète qui n'avait pas le temps[20] » (ikiisogi no haijin, litt. « le haïkiste à la vie pressée », en 2007) ; les Japonais l'appellent tamashii no haijin (魂の俳人, litt. « le haïkiste de l'âme »), c'est-à-dire « le poète du haïku de l'âme[5] ».

Poésie

Quelques mois avant sa mort d'une longue maladie, l'écrivain chilien Roberto Bolaño notait : « Écrire sur la maladie, surtout si l'on est soi-même gravement malade, peut être une torture. [...] Mais cela peut être un acte libérateur. » (Littérature + maladie = maladie, 2003)[21]. La poésie de Kenshin gravite essentiellement autour de son expérience de la maladie et de la souffrance, en utilisant principalement la forme libre du haïku (selon le jiyū-ritsu, rythme libre, et le muki, hors-saison) : elle suit rarement les règles traditionnelles comme les 17 syllabes japonaises segmentées en 5-7-5 ou le mot de saison, et peut s'autoriser métaphore ou subjectivité selon ses propres nécessités.

Des haïkus relativement traditionnels sur la nature ou les saisons font certes partie de son répertoire :

« De plus en plus froid – / le téléphone noir / de la nuit »

— (trad. Atlan et Bianu)[22]

« Début de l'été / Bondit une sauterelle / haut et loin »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

Mais déjà le premier esquisse une métaphore, et le second mis en contexte évoque ce dont le malade n'est plus capable ; de fait, le thème de la maladie les contamine le plus souvent :

« Libellule d'été / aux ailes diaphanes / Es-tu malade aussi ? »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

« Une poussée / de fièvre déforme / la lune »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

Écrits par un mourant affaibli à la peau diaphane, on y devine que Kenshin envie sauterelle et libellule, insectes mais libres ; il le confesse d'ailleurs en exposant ses faiblesses :

« Trop faible pour / le soulever je m'assieds / à hauteur de mon fils »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

« Une chenille / Je voudrais survivre même / En rampant par terre »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

Et de même que la période des fêtes du Nouvel An est souvent une cinquième saison à part dans les almanachs du haïku, le thème de l'hôpital tend à devenir chez Kenshin une saison en soi :

« À la fenêtre / de l'ennuyeuse chambre d'hôpital / je remercie la pluie »

— (trad. d'après Sato)[23]

« Mon cœur solitaire / traqué / par les rayons X »

— (trad. Atlan et Bianu)[24]

Des constats personnels ou subjectifs rappellent Hōsai (1885-1926) ou le poète tanka Takuboku (1886-1912, mort au même âge de la tuberculose) dans leur pathétique :

« Le corps cassé / toujours vivant / je traverse l'été »

— (trad. Atlan et Bianu)[25]

« Cette limonade / sans bulles – / voilà ma vie »

— (trad. Atlan et Bianu)[26]

Aux extrêmes du haïku libre, Kenshin a proposé quelques poèmes comme un haïku de 12 syllabes japonaises en 5-7, et un de 9 syllabes en 5-4 :

« Au clair de lune, / bleue est ma toux »

— (trad. d'après le Mainichi)[27]

« Trempé jusqu'aux os / Un petit chien »

— (trad. d'après[NB 7] Kemmoku et Blanche)[6]

Ce dernier est un haïku emblématique qui tient en deux mots[NB 8] japonais (« Zubunurete inukoro ») pour y condenser une icône bouddhiste de la compassion de celui qui va mourir pour celui qui souffre ; il est devenu le titre d'un des livres posthumes consacrés à Kenshin. Kenshin est nommé « le poète du haïku de l'âme[5] » car ses haïkus ne s'appuient ni sur une longue pratique ni sur le formalisme du haïku traditionnel ; le cœur de Kenshin était son seul viatique en poésie :

« Il n'y a rien / dans mes poches / rien que mes mains »

— (trad. Kemmoku et Blanche)[6]

Bibliographie

Éditions originales

Recueils personnels

  • 1985. Shisaku (litt. « Ébauche »)[13] — Pub. à compte d'auteur.
  • 1988. Mikansei (trad. Inachevé)[16] — Pub. posthume. Rééd. en 2003[28].

Autres recueils

  • 1996. Gendai haiku shūsei (« Anthologie du haïku contemporain[NB 9] »)[29] — Dir. Yasumasa Sōda, dont 152 haïkus de Kenshin.
  • 2002. Zubunurete inukoro (« Trempé jusqu'aux os, un petit chien »)[30] — 51 haïkus illustrés par Makoto Matsubayashi.
  • 2003. Sumitaku Kenshin zenhaikushū zenjitsuzō (« Tout Kenshin Sumitaku, sa vie, son œuvre »)[31] — Dir. Shūichi Ikehata, recueil et biographie.

Sur Kenshin

  • 2002. Sumitaku Kenshin tokuhon (« Cahier Sumitaku Kenshin »)[32] — Collectif dir. Kyōji Kobayashi, recueil d'essais sur Kenshin, citant environ 130 haïkus.
  • 2002. Itsuka mata aeru (« On se reverra un jour »)[19] — Biographie par Rika Kayama.
  • 2007. Sumitaku Kenshin, ikiisogi no haijin (« Kenshin Sumitaku, le poète qui n'avait pas le temps »)[20] — Biographie par Ken'ichi Yokota.

Éditions en français

Monographies

  • 1999. Inachevé (trad. Makoto Kemmoku et Patrick Blanche de Mikansei, 1988), éd. Kemmoku[33], 28 pages (18 × 25,5 cm), pas d'ISBN (ni d'OCLC) — Les 281 haïkus de Kenshin. Opuscule difficile à trouver. (Texte également publié dans Bulletin de recherche de l'École supérieure de Kōbe, no 6, 1999.)

Anthologies

  • 2002. Haiku : anthologie du poème court japonais (trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu ; texte français seulement), éd. Gallimard, coll. « Poésie » no 369, 239 pages, (ISBN 2-07-041306-3) = 978-2-07-041306-5 — 133 auteurs, 504 haïkus (dont 9 de Kenshin)
  • 2007. Haiku du XXe siècle : le poème court japonais d'aujourd'hui (trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu ; texte français seulement), éd. Gallimard, coll. « Poésie » no 438, 219 pages, (ISBN 2-07-034240-9) = 978-2-07-034240-2 — 136 auteurs, 456 haïkus (dont 14 de Kenshin)

Liens externes

Images

Haïkus

Documents

Ressources

Annexes

Sources

Sources consultées et citées en références :

Notes

  1. Prononciation API : [keŋ.ɕiɴ su.mi.ta.ku] (approximativement « kenn-shine sou-mi-ta-kou »).
  2. Prononciation hiragana : すみたく けんしん (Sumitaku Kenshin, [su.mi.ta.ku keŋ.ɕiɴ]).
  3. Son prénom de prêtre (et de plume) est composé avec deux idéogrammes exprimant « la foi révélée » (顕信, litt. « révélée foi »), mais il est homophone de l'écriture plus courante kenshin (献身, « dévotion ») qui en est le sens : ce type de jeu homophonique habituel en japonais donne à entendre que pour le prêtre bouddhiste, la dévotion est ce qui révèle la foi.
  4. Prêtre et non pas moine comme on le voit parfois à tort (Kenshin n'étant pas célibataire dans un monastère, mais marié vivant dans la cité) ; quant au terme bonze, il désigne tous les religieux bouddhistes en général, prêtres ou moines.
  5. Le bouddhisme amidiste est le principal courant du bouddhisme au Japon, devant le bouddhisme zen. Le poète Issa, son illustre prédécesseur du XIXe, était également amidiste.
  6. Comme la langue japonaise le permet souvent, le titre shisaku (試作, « ébauche ») joue sur les mots : il est homophone de plusieurs termes dont shisaku (詩作, « composition de poème », qui s'écrit presque pareil) et shisaku (思索, « pensée(s) »).
  7. La traduction d'origine est « Trempé jusqu'aux os / Un chiot », mais inukoro (犬ころ) signifiant « petit chien » et non « chiot », nous avons suivi la traduction anglaise (« Soaking wet a doggie », Sato 2004) pour donner ici une légère adaptation de celle de Kemmoku et Blanche. Et ce d'autant plus que l'original ne rimait pas, que l'adaptation a le bonus de reconstituer la structure 5-4 originelle, et que l'ensemble évoque une image de Dostoïevski dans le chapitre 5 de son roman de 1846 Le Double : « Un petit chien égaré trempé jusqu'aux os, frissonnant de froid, s'attacha au pas de notre héros. » (trad. Georges Arout, 1950 ; rééd. Rencontres, 1959, p. 292).
  8. En 1977, le poète français Guillevic propose déjà un poème de deux mots (« L'étang. »), mais qui fait lui partie du contexte d'une suite de poèmes liés, Du domaine (éd. Gallimard, coll. « Poésie », p. 9).
  9. La norme de traduction est de rendre gendai (現代) par « contemporain » et kindai (近代) par « moderne », en renvoyant aux titres originaux les polémiques entre ces deux termes.

Références

  1. Okayama 2002.
  2. Trad. d'après le Mainichi et Akura, adapté en français en suivant « Each and every drop of water has a smile on its face » dans Kayama 2009 et « Drops of water / one by one / are smiling / faces » dans Akura 2005 (水滴の / ひとつひとつが / 笑っている / 顔か / 顕信, suiteki no / hitotsu hitotsu ga / waratte iru / kao ka / Kenshin, litt. « Les gouttes d'eau / une à une / sont de souriants / visages »).
  3. Le prénom japonais Harumi (春美, litt. « beauté du printemps ») est généralement donné aux filles, le prénom Haruo (春男, litt. « homme du printemps ») aux garçons, et le prénom Haru (, litt. « printemps ») est unisexe. Or, toutes les sources en japonais concordent pour attribuer à Kenshin le prénom de naissance Harumi : dans la notice de sa ville natale Okayama sur le monument Kenshin ; dans la « page de souvenirs consacrée à Kenshin par la revue Kaishi »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (dont le fondateur plaisante même que Kenshin, étant né « Harumi », fut ainsi la « mère » de sa revue) ; la page Kenshin de l'ancienne version de leur site indiquait également Harumi comme nom de naissance. De manière moins fiable mais informative, on retrouve « Harumi » dans une page consacrée aux personnes mortes à 25 ans, une page décrivant la tombe de Kenshin, ainsi que dans les kanjis confirmés par prononciation hiragana de l'article sur Kenshin de Wikipedia en japonais (depuis sa première version en 2004 et de nombreuses modifications depuis). À l'inverse, aucune recherche sur Haruo Sumitaku (住宅春男, Sumitaku Haruo) ne donne de résultat. La seule indication discordante est un article biographique en anglais publié aux États-Unis (source Sato 2004), qui indique le prénom « Haruo » mais sans fournir de kanji ni de note explicative à ce sujet (l'auteur ayant pu croire à une erreur et corriger d'office Harumi en Haruo) et qui contient par ailleurs deux erreurs de transcription des kanjis (le poète-anthologiste « 宗田安正 » lu « Muneta Yasumasa » au lieu de « Sōda Yasumasa », l'éditeur « 立風書房 » lu « Tachikaze Shobō » au lieu de « Rippū Shobō »). En l'état des sources consultées, on se base sur le kanji « Harumi » des sources japonaises.
  4. Sato 2004.
  5. Akura 2005.
  6. Voir Bibliographie en français, monographie 1999, Inachevé, cité en ligne sur Haiku Spirit (via Archive.org).
  7. Ikehata 2007.
  8. Chūōkōron 2002.
  9. Voir Bibliographie en français, anthologie 2007, Haiku du XXe siècle, p. 106.
  10. Voir Bibliographie en français, anthologie 2002, Haiku, p. 207.
  11. Fujimoto 2008.
  12. Kayama 2009.
  13. Sumitaku, Kenshin (1985), Shisaku (試作, litt. « Ébauche »), éd. à compte d'auteur via Maruzen Publishing Service en 300 exemplaires, pas d'ISBN (ni d'OCLC) — Recueil de haïkus. On le voit aussi référencé sous le titre Shisaku-chō (試作帳, Shisakucho, litt. « ébauche de livre »).
  14. Voir Bibliographie en français, anthologie 2007, Haiku du XXe siècle, p. 131.
  15. Voir Bibliographie en français, anthologie 2002, Haiku, p. 227.
  16. Sumitaku, Kenshin, avec le concours et une postface de Shūichi Ikehata (池畑 秀一, Ikehata Shuichi) (1988), Mikansei (未完成, trad. Inachevé), Tōkyō, éd. Yayoi shobō (弥生書房), février 1988, 109 pages, (ISBN 4-8415-0622-5 et 978-4-8415-0622-8) (pas d'OCLC) — Rééd. en 2003.
  17. (en) P.S.F. Records, Catalogue des albums PSFD-8001 à PSFD-8020, <www.psfrecords.com> : « Kazuki Tomokawa / Kenshin no Ichigeki : Screaming folk-poet Tomokawa's twentieth album was inspired by and is dedicated to the memory of Kenshin Sumitaku, a young free-meter haiku poet who died from leukaemia at the age of twenty-five. » — Voir aussi la Fiche album de Kenshin no ichigeki (顕信の一撃, en anglais « A Blow by Kenshin ») sur Discogs.
  18. Voir Bibliographie en français, anthologie 2007, Haiku du XXe siècle, p. 165.
  19. Kayama, Rika (香山 リカ) (2002), Itsuka mata aeru : Kenshin jinsei o kakenuketa shijin (いつかまた会える : 顕信人生を駆け抜けた詩人, « On se reverra un jour : Kenshin, le poète qui ne faisait que passer » ou litt. « le poète qui est passé en courant à travers la vie »), Tōkyō, éd. Chūōkōron ou Chūō kōron shinsha (中央公論新社), 171 pages, (ISBN 4-12-003288-4 et 978-4-12-003288-2) (OCLC 166691927) — (OCLC transcrit Kenshin jinsei o kakenuketa shibito mais shibito (死人) est la lecture de « cadavre » au lieu de shijin (詩人) pour « poète ».)
  20. Yokota, Ken'ichi (横田 賢一) (2007), Sumitaku Kenshin, ikiisogi no haijin : 25-sai no shushifu (住宅顕信, 生きいそぎの俳人 : 25歳の終止符, « Kenshin Sumitaku, le poète qui n'avait pas le temps : mort à 25 ans » ou litt. « le haïkiste à la vie pressée »), Tōkyō, éd. Nanatsumori Shokan (七つ森書館), 255 pages, (ISBN 4-8228-0636-7 et 978-4-8228-0636-1) (OCLC 192095186)
  21. Bolaño, Roberto (2004), Littérature + maladie = maladie (Literatura + enfermedad = enfermedad, 2003), dans Le Gaucho insupportable (trad. Robert Amutio du recueil El gaucho insufrible, 2003), Paris, éd. Christian Bourgois, 2004 ; rééd. 2008, coll. « Titres » no 73, (ISBN 978-2-267-01976-6), p. 142.
  22. Voir Bibliographie en français, anthologie 2002, Haiku, p. 162.
  23. Sato 2004, adapté en français en suivant « In the boring hospital ward window I thank the rain » (退屈な病室の窓に雨をいただく, Taikutsuna byōshitsu no mado ni ame wo itadaku, litt. « ennuyeuse chambre d'hôpital, à sa fenêtre, la pluie est remerciée [humblement reçue avec gratitude] »).
  24. Voir Bibliographie en français, anthologie 2007, Haiku du XXe siècle, p. 175.
  25. Voir Bibliographie en français, anthologie 2002, Haiku, p. 83.
  26. Voir Bibliographie en français, anthologie 2002, Haiku, p. 199.
  27. Kayama 2009, adapté en français en suivant « In the moonlight, I cough blue. » (月明り、青い咳する, tsuki akari, aoi seki suru, litt. « lunaire lumière, bleue toux produire »).
  28. Kenshin, Sumitaku (2003 [1988]), Mikansei : Sumitaku Kenshin kushū (未完成 : 住宅顕信句集, « Inachevé : recueil de haïkus de Kenshin Sumitaku »), Tōkyō, éd. Shun Yōdōshoten (春陽堂書店), 255 pages, (ISBN 4-394-70053-1 et 978-4-394-70053-1) (OCLC 167528347) — Rééd. de 1988.
  29. Sōda, Yasumasa (宗田 安正, dir.) (1996), Gendaihaikushusei ou Gendai haiku shusei : zen 1-kan (現代俳句集成 : 全 1卷, « Anthologie du haïku contemporain : intégrale en 1 volume »), Tōkyō, éd. Rippū Shobō (立風書房), 520 pages, (ISBN 4-651-60063-8 et 978-4-651-60063-5) (OCLC 35582232) — C'est en fait la même anthologie que celle évoquée dans la biographie en anglais (Sato 2004), qui avait une transcription erronée des kanji (le poète-anthologiste « 宗田安正 » lu « Muneta Yasumasa » au lieu de « Sōda Yasumasa », l'éditeur « 立風書房 » lu « Tachikaze Shobō » au lieu de « Rippū Shobō »).
  30. Sumitaku, Kenshin, et Matsubayashi, Makoto (松林 誠, ill., dir.) (2002), Zubunurete inukoro (ずぶぬれて犬ころ, « Trempé jusqu'aux os, un petit chien »), Tōkyō, éd. Chūōkōron ou Chūō kōron shinsha (中央公論新社), 64 pages, (ISBN 4-12-003272-8 et 978-4-12-003272-1) (OCLC 166683927) — Recueil d'estampes en trois couleurs (noir, rose, bleu).
  31. Kenshin, Sumitaku, avec Shūichi Ikehata (池畑 秀一, Ikehata Shuichi) (2003), Sumitaku Kenshin zenhaikushu zenjitsuzo : yoru ga sabishikute dareka ga warai hajimeta (住宅顕信全俳句集全実像 : 夜が淋しくて誰かが笑いはじめた, « Tout Kenshin Sumitaku, sa vie, son œuvre : Dans la nuit triste quelqu'un s'est mis à rire »), Tōkyō, éd. Shōgakukan (小学館), 253 pages, (ISBN 4-09-387418-2 et 978-4-09-387418-2) (OCLC 167511937)
  32. Kobayashi, Kyōji (小林 恭二, dir.) et al. (2002), Sumitaku Kenshin tokuhon : wakasa to wa konna sabishii haru na no ka ou Sumitaku Kenshin dokuhon : wakasa towa konna sabishii haru nanoka (住宅顕信読本 : 若さとはこんな淋しい春なのか, « Cahier Kenshin Sumitaku : La jeunesse n'est-elle que ce printemps solitaire ? »), Tōkyō, éd. Chūōkōron ou Chūō kōron shinsha (中央公論新社), 135 pages, (ISBN 4-12-003271-X et 978-4-12-003271-4) (OCLC 166683926) — Collectif, recueil d'essais et de témoignages sur Kenshin (sorte de Cahier de l'Herne) dont les textes citent environ 130 haikus (selon source Sato 2004).
  33. Bien que publié à compte d'auteur, ce recueil ne peut être écarté d'une bibliographie : Makoto Kemmoku, également romanisé Makoto Kenmoku (見目 誠, Kenmoku Makoto), est un poète (membre du groupe Ashibi/Azalée) et traducteur japonais reconnu (cf. le numéro spécial que lui a consacré en 2008 l'Association pour la promotion du haïku : Ploc ! no 13 (format PDF), ISSN 2101-8103). En plus de ses ouvrages chez des éditeurs classiques, il a fait paraître des traductions d'auteurs méconnus en langue française (comme Santōka ou Kenshin). Cette traduction fait partie des bibliographies de Haïku (voir Bibliographie, anthologie 2002, p. 217), Haïku du XXe siècle (voir Bibliographie, anthologie 2007, p. 189-190), et de la « Bibliographie francophone du haïku » de l'Association française de haïku.
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