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Keüked-ün dalalga

Le keüked-ün dalalga (mongol : ᠬᠡᠦᠬᠡᠳ ᠦᠨ
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, VPMC : qeüqed-ün dalalɣa, cyrillique : хүүхдийн далалга, MNS : khüükhdiin dalalga, littéralement : incantation [au] bébé), parfois abrégé en dalalga ou par erreur dalalya est un rituel mongol, pratiqué peu après la naissance, afin de garantir la bonne fortune du nouveau-né[1]. Il ne relève pas de la religion, mais d'un folklore pouvant prendre différentes formes en fonction de la tribu et de la région concernées[2]. Il est notamment pratiqué par les Myangad.

Étymologie

Le terme keüked-ün / khüükhdiin signifie bébé ou infantile[3].

Le mongol dalalga signifie « faire signe / attirer », dans le sens d’attirer la bonne fortune[2]. Ce nom provient des gestes effectués par les officiants[2]. Il s'agit d'une catégorie de rite propitiatoire, soit saisonniers, au printemps et en automne, soit conclusif ; chasse, départ de la fille donnée en mariage, soit enfin, sacrificiel, à une divinité du feu ou aux mânes de Gengis Khan[4]. Les Ordos lors de la chasse pratiquent des dalalga (prière incantatoire)[5].

D'après Kovalevski, le verbe dalalgakh (mongol : ᠳᠠᠯᠠᠯᠭᠠᠬᠣ, VPMC : dalalɣah, cyrillique : далалгах, MNS : dalalgakh), signifie « faire agiter, faire brandiller; faire faire signe de la main, faire appeler »[6].

Description

D'après Krystyna Chabros, il existe trois points communs à toutes les tribus mongoles dans la façon dont le rituel se déroule, permettant de définir le dalalga : des gestes circulaires, le cri « qurui, qurui ! », et la finalité recherchée, qui est d'offrir une protection au nouveau-né[2]. Elisabetta Chiodo précise qu'il s'agit « d'une des plus profondes expressions de la culture rituelle des Mongols »[7].

Chez les Myangad

Selon l'une des descriptions orales du dalalga chez les Myangad, le bébé est soigneusement lavé trois jours après sa naissance, afin que le rituel puisse être pratiqué[1]. Un mouton est abattu pour l'occasion[1]. C'est généralement la sage-femme qui a assisté la naissance du bébé qui pratique ensuite ce rituel[1]. La partie la plus valorisée du mouton, la croupe, généralement réservée aux hommes guerriers, est offerte en offrande[1]. D'autres parties du mouton (base de la queue, tibia, et saucisse fabriquée à partir du gros intestin de la bête) sont placées dans un seau, puis la sage-femme les répartis autour de la jeune mère en s'exclamant qurui ![1]. La jeune mère prend trois bouchées de l'intestin avant de le faire passer aux autres convives afin qu'ils y goûtent, puis toutes les parties du mouton sont découpées en tranches et mangées[1]. La sage-femme donne un nom au nouveau-né à ce moment-là[1]. La viande est disponible pour tous les convives pendant trois jours, puis elle est offerte aux parents du nouveau-né[1]. Le père de l'enfant nettoie soigneusement le tibia du mouton et le garde dans un coffre : à l'avenir, la moelle pourra être utilisée en tant que goutte dans les oreilles pour guérir l'enfant d'éventuelles maladies des oreilles[1].

Une variante précise que le nombril du nouveau-né est immédiatement bandé après sa naissance, et qu'il est fait usage d'un sac spécifique, nommé šingee sav, encerclé et ouvert sur le dessus[1].

Notes et références

  1. Chabros 1992, p. 65-66.
  2. Chabros 1992, p. 1.
  3. (mn + en) « хүүхдийн », sur bolor-toli.com
  4. Aubin 1995, p. 79.
  5. Kler 1941, p. 47.
  6. (Kovalevski 1844, p. 1634)
  7. Chiodo 2000, p. 189.

Annexes

  • [Chabros 1992] (en) Krystyna Chabros, Beckoning Fortune : A Study of the Mongol Dalalga Ritual, Wiesbaden, Otto Harrassowitz Verlag, coll. « Asiatische Forschungen », , 316 p. (ISBN 3-447-03262-6 et 9783447032629, lire en ligne)
Compte rendu Françoise Aubin, « Chabros (Krystyna). Beckoning Fortune. A study of the Mongol dalalga ritual [compte-rendu] », Archives de Sciences Sociales des Religions, no 90, , p. 78-79 (lire en ligne).
  • [Chiodo 2000] Elisabetta Chiodo, « The dadalya for the sacrifice of the Heart-Fire », dans The Mongolian Manuscripts on Birch Bark from Xarbuxyn Balgas in the Collection of the Mongolian Academy of Sciences, Otto Harrassowitz Verlag, (ISBN 344704246X et 9783447042468)
  • (ru) Г. Р. Галданова, « КУЛЬТ ОГНЯ У МОНГОЛОЯЗЫЧНЫХ НАРОДОВИ ЕГО ОТРАЖЕНИЕ В ЛАМАИЗМЕ », Журнал Этнографическое обозрение, no 3, (ISSN 0869-5415, lire en ligne)
  • J. É. Kowalewski, Dictionnaire mongol-russe-français (édition française), (lire en ligne)
  • (en) Joseph Kler, « Hunting Customs of the Ordos Mongols », Primitive Man, The George Washington University Institute for Ethnographic Research, vol. 14, no 3, , p. 38-48 (DOI 10.2307/3316448)
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