Jupiter et les Tonnerres
Jupiter et les Tonnerres est la vingtième fable du livre VIII de Jean de La Fontaine situé dans le second recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1678.
Jupiter et les Tonnerres | |
Gravure de Pieter Franciscus Martenisie d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759 | |
Auteur | Jean de La Fontaine |
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Pays | France |
Genre | Fable |
Éditeur | Claude Barbin |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1678 |
Chronologie | |
Texte de la fable
Jupiter voyant nos fautes,
Dit un jour du haut des airs :
Remplissons de nouveaux hĂ´tes
Les cantons de l’Univers
Habités par cette race
Qui m’importune et me lasse.
Va-t’en, Mercure, aux Enfers :
Amène-moi la Furie
La plus cruelle des trois.
Race que j’ai trop chérie,
Tu périras cette fois.
Jupiter ne tarda guère
À modérer son transport.
Ô vous, Rois, qu’il voulut faire
Arbitres de notre sort,
Laissez entre la colère
Et l’orage qui la suit
L’intervalle d’une nuit.
Le Dieu dont l’aile est légère,
Et la langue a des douceurs,
Alla voir les noires SĹ“urs.
À Tisiphone et Mégère
Il préféra, ce dit-on,
L’impitoyable Alecton.
Ce choix la rendit si fière,
Qu’elle jura par Pluton
Que toute l’engeance humaine
Serait bientĂ´t du domaine
Des Déités de la bas.
Jupiter n’approuva pas
Le serment de l’Euménide.
Il la renvoie, et pourtant
Il lance un foudre à l’instant
Sur certain peuple perfide.
Le tonnerre, ayant pour guide
Le père même de ceux
Qu’il menaçait de ses feux,
Se contenta de leur crainte ;
Il n’embrasa que l’enceinte
D’un désert inhabité.
Tout père frape à côté.
Qu’arriva-t-il ? notre engeance
Prit pied sur cette indulgence.
Tout l’Olympe s’en plaignit :
Et l’assembleur de nuages
Jura le Styx, et promit
De former d’autres orages ;
Ils seraient sûrs. On sourit :
On lui dit qu’il était père,
Et qu’il laissât pour le mieux
À quelqu’un des autres Dieux
D’autres tonnerres à faire.
Vulcan[N 1] entreprit l’affaire.
Ce Dieu remplit ses fourneaux
De deux sortes de carreaux.
L’un jamais ne se fourvoie,
Et c’est celui que toujours
L’Olympe en corps nous envoie.
L’autre s’écarte en son cours ;
Ce n’est qu’aux monts qu’il en coûte :
Bien souvent mĂŞme il se perd,
Et ce dernier en sa route
Nous vient du seul Jupiter.
— Jean de La Fontaine, Fables de La Fontaine, Jupiter et les Tonnerres, texte établi par Jean-Pierre Collinet, Fables, contes et nouvelles, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 1991, p. 328
Notes
- Vulcan est la forme adoptée par La Fontaine pour désigner Vulcain