Jules Charlet
Jules Charlet, né à Londres en 1823, il fut guillotiné à Belley (Ain), le 29 juin 1852.
Biographie
Comme son père, il était ouvrier ébéniste, établi à Londres, jusqu’en 1848, puis au faubourg Saint-Antoine à Paris, et enfin à Genève. Il était d'une famille protestante réfugiée à Genève après la révocation de l’Édit de Nantes, revenue en France, et qui s’était de nouveau exilée en Angleterre en 1815.
Jules Charlet, à l'âge de 16 ans, s'installe à Genève ; il parcourt la Suisse et l'Italie jusqu'à Turin. En 1843, il se fixe à Lyon. En 1848, il est armé et incorporé dans la défense républicaine de Lyon. Il fut séduit par les discours de Louis-Napoléon Bonaparte et avait ardemment soutenu, au 10 décembre 1848, la candidature de celui-ci ; il avait même distribué des bulletins, appuyé, propagé, colporté ; l’élection fut pour lui un triomphe.
En 1849, accusé de détenir des armes chez lui, il est condamné à deux années de prison ; il s'en évade après quatre mois et se réfugie à Genève où il milita parmi les Français victimes des Journées de Juin ou opposés au prince-président.
Pour défendre la République contre le coup d'État bonapartiste du 2 décembre 1851, des réfugiés français en Suisse passèrent la frontière en armes, traversèrent le Rhône près d’Anglefort (Ain) et entrèrent dans le département de l’Ain. Charlet se joignit à eux. Le 5 décembre, à Seyssel (Ain), la petite troupe rencontra les douaniers qui voulurent s’opposer à leur passage. Un engagement eut lieu, le douanier Guichard fut mortellement blessé. Charlet fut arrêté, le 6 décembre ; Guichard, qui mourut durant l'instruction, désigna Charlet comme son assassin.
Un premier jugement du conseil de guerre de Lyon le condamne, avec deux de ses compagnons, Pothier et Champin, aux travaux forcés. Ce premier jugement fut cassé et le deuxième conseil les condamna à mort ; Charlet seul fut exécuté, à Belley, le 29 juin 1852.
Hommages
- Louis-Auguste Rogeard, dédicace son recueil de poèmes Pauvre France!, Paris & Bruxelles : chez tous les libraires, 1870 (Consultable en ligne) :
« À la mémoire du citoyen Charlet, guillotiné à Bourg (Ain) l'an 59 de la République pour avoir défendu l'ordre et les lois. »
Références
- Gazette des tribunaux : journal de jurisprudence et des débats judiciaires, du 29 janvier 1852, p.101 & du 30 janvier 1852, pp.103-104
- Victor Hugo, Suite des crimes, livre 4, chap. 2, de Napoléon le Petit, 1852
- Joseph Cahaigne, La couronne impériale : satire, à Louis Napoléon Werhuel dit Bonaparte avec notes historiques, Jersey : Imprimerie universelle, 1853, pp. 73-75 (consultable en ligne)
- Eugène Ténot, La province en décembre 1851 : Étude historique sur le coup d'état, Paris : chez Armand Le Chevalier, 1869, pp. 22-24 (consultable en ligne)
- Histoire des conseils de guerre de 1852 ou Précis des événements survenus dans les départements à la suite du Coup d’État de décembre 1851, Paris : chez Décembre-Alonnier, 1869, pp. 2-5 (consultable en ligne)
- Paul Perceveaux, « La très véridique histoire de Jules Charlet, opposant au coup d'État de 1851 », dans Le Bugey, octobre 1954, pp. 69-82
- Jean-Paul Bertaud, Histoire de la France contemporaine 1789-1980, tome 3, Éditions sociales, 1978, p. 176
- « CHARLET Jules », dans le Maitron
Pour assassiner doublement Charlet, des récits de conversion religieuse sur l'échafaud.
- Les vingt dernières Heures d'un condamné, ou Conversion et mort de Jules Charlet, le 29 juin 1852, par l'abbé D***, curé du diocèse de Lyon, Lyon & Paris : chez Périsse frères, 1853 (consultable sur Gallica)
- Les Derniers moments d'un condamné ou la vie la conversion la mort édifiante de Jules Charlet, républicain socialiste et protestant, exécuté à Belley le 29 juin 1852, d'après le récit du prêtre qui l'assistait à son supplice, par l'abbé P.-M.-N. Plique, Paris : chez A. Vaton, 1857