Joseph Le Gall
Joseph Le Gall (Sainte-Sève, - Douarnenez, ), dit « Job l’imagier de Locronan », est un sculpteur français. Il s’installe au village de Locronan en 1929 où il travaille jusqu’à ses derniers jours.
Biographie
Un article de la revue régionale bretonne ADSAO[1] - [2] - [3] raconte ses débuts méconnus. Job aurait poussé son instruction jusqu’au certificat d’étude puis commencé sa carrière de sculpteur comme apprenti ébéniste à l’atelier de M. Kerautret de Morlaix où il serait resté entre trois et quatre ans. Il a travaillé ensuite à l’atelier Tréanton à Morlaix, galerie d’antiquité, atelier de restauration et sculpture. Son passage à l’atelier est illustré par une photo datée de 1927 montrant Job aux côtés de ses compagnons[4]. Chez Treanton, il commence sa carrière dans la sculpture de saints bretons. Ensuite, Il part faire son service militaire en Afrique aux tirailleurs algériens. À son retour, il se serait rendu à Paris où il n’aurait travaillé qu’une brève période dans un atelier d'ébénisterie.
En 1929, il se fixe à Locronan où il restera jusqu’à ses derniers jours. À ses débuts, il vit dans un grenier loué au milieu d'instruments agricoles et y travaille de la restauration de mobilier breton mais surtout de la sculpture. On se rappelle surtout de lui à l’établi en plein air sur la place de l’église.
Influences
Tout au long de sa carrière de sculpteur, Joseph Le Gall s’inspire des images exposées dans les édifices religieux. Saint Christophe, Saint Michel et Saint Roch de l’église de Locronan, Saint Côme et Saint Damien de la chapelle de Saint Nic, le groupe de Sainte Apolline, Saint Alar, l’Ankou de Ploumilliau, ou bien encore Sainte Anne Trinitaire, dévotion particulière du culte breton, sont quelques exemples de son univers de référence. Son œuvre comprend également des thèmes iconographiques de l’art chrétien comme des épisodes de la Nativité, la fuite en Égypte, le massacre des Innocents inspirés de calvaires monumentaux bretons.
Il se fait également une renommée dans la région à travers ses bustes réalisés en bois, représentant personnalités locales, pêcheurs, ou bien encore célébrités et personnalités politiques. Usant sa mémoire, aidée uniquement de deux photos, face et profil, il a le don de sculpter des bustes d’une frappante ressemblance[5] - [6].
Job accède à un cercle de personnalités de renommée locale et nationale, peintres, artistes, politiques, par l’intermédiaire de Charles Daniélou, maire de Locronan à l’époque. Les bustes, notamment, suscitaient une grande admiration dans ce milieu. Il fréquente le docteur Augustin Tuset, Jean Moulin et René Quilivic[7].
Entre les années 1930 et 1950, Il collabore avec la faïencerie Henriot Quimper pour qui ses modèles de sculptures ont servi à la production d’une édition limitée de Faïences[8].
Ĺ’uvre
Joseph Le Gall produit principalement des sculptures en bois, en support brut ou peintes polychromes, moulages en ciment, mais aussi quelques pièces taillées sur pierre. Plus tard, Éliane Boussard, son épouse, participe au travail final de peinture polychrome et de vieillissement artificiel. Cette technique consistait à jeter de l’essence de térébenthine sur les sculptures puis à les passer brièvement aux flammes. En sa compagnie, elle au volant, ils ont l’habitude de parcourir la région pour trouver ses modèles d’inspiration dans les chapelles et les églises bretonnes.
Tout au long de sa carrière de sculpteur, Job perfectionne ses techniques de production. Dans la région, il fut un précurseur dans l’usage d’outils de reproduction, notamment les machines mécaniques et pantographes. Il a fait évoluer sa technique en ayant recours aux moulages en plâtre, ainsi qu’à la fabrication personnelle de moules en caoutchouc et l’élaboration de compositions à base de ciment.
Beaucoup se souviennent de lui comme silhouettiste. Il aurait appris l’art du découpage en s'entraînant avec du papier journal. On raconte qu’il était capable de croquer plus d’une centaine de silhouettes quotidiennement lors d’une saison estivale.
En plus de l’art de la sculpture, Job se montre habile dans la communication. Dès ses premiers jours à Locronan, il sculpte en plein air, à la vue du public, tirant avantage de sa situation de sculpteur pauvre et nouvel arrivant à Locronan. Rapidement, il devient à son tour le modèle des photographes, touristes, reporters et journalistes. On le retrouve sur de nombreuses cartes postales, devenant petit à petit indissociable du village de Locronan[9] - [10] - [11] - [12] - [13] - [14]. Il se montre, comme jouant une performance de rue, en habit traditionnel breton, vêtu d’une peau de bête, et même en bagnard. Son œuvre est exposée et visible de tous depuis la rue, afin que chacun puisse se l’approprier. Les enfants du village sont souvent sollicités comme assistants ponceurs. Les anciens et touristes posent au milieu des sculptures. Certains passent la journée en sa compagnie, coude posé sur l’établi.
Références
- Job de Locronan - collection Question de mémoire, éditions C.M.D, Patrick Denieul
- Job Le Gall, L’imagier de Locronan - L’ADSAO, revue mensuelle, édition été 1934, pages 8-9 ; La dépêche, édition du 28 août 1934, page 4, René Villard.
- Nos Artisans bretons - Quimper et la Cornouaille, édition du mois d’octobre 1933, N°12, page 6-7.
- « Page Web du magasin Antiquités Tréanton », sur espci.org (consulté le ).
- « Bretonne - Femme de l'Ile de Sein », sur finistere.fr (consulté le ).
- « Femme du Pays Bigouden - Buste », sur finistere.fr (consulté le ).
- Jean Tuset, Les amis d'Augustin Tuset: Max Jacob, Jean Moulin, Louis-Ferdinand CĂ©line, du LĂ©rot Editeur, , 93 p.
- Antoine Maigné, Terres Sacrées, Vierges et Saints en Faïence de Quimper, Editions de la Reinettes, , 263 p. (ISBN 978-2-913566-38-5), p. 31, 200-232
- Job de Locronan - Cinémathèque de Bretagne, vidéo, https://vimeo.com/347265557
- TOURNÉE ÉCONOMIQUE BRETONNE [9626], 1957, Film amateur | Bretagne - Cinémathèque de Bretagne, (Séquence Time Code de 12:03:29 à 12:04:44)
- Locronan la grande troménie, 1971, Vidéo (extrait 1:50 à 2:11) - INA, https://m.ina.fr/video/RXF01025496/locronan-29-la-grande-tromenie-video.html
- Documentaire vidéo, 1936, André de la Varre, Bits of France: Brittany, http://travelfilmarchive.com/item.php?id=8709, (extrait 18 à 21 ; 02:09:44:03 - 02:10:48:29)
- https://recherche.archives.finistere.fr/viewer/series/medias/collections/FI/0026FI?img=FRAD029_26FI_00054_01.jpg
- « Détail de la notice AA00048109 », sur cartolis.org (consulté le ).
Liens externes
- Ressource relative à la littérature :