Joint Polarization Experiment
Le Joint Polarization Experiment (JPOLE) est un test d'Ă©valuation des performances du radar mĂ©tĂ©orologique WSR-88D modifiĂ© pour inclure la double polarisation du faisceau. Ce programme fut un projet conjoint du National Weather Service (NWS), de la Federal Aviation Administration (FAA) et de lâagence mĂ©tĂ©orologique de l'US Air Force (AFWA) qui s'est dĂ©roulĂ© en 2000-2004. Il a abouti Ă la mise Ă niveau de tout le rĂ©seau de radars mĂ©tĂ©orologiques aux Ătats-Unis en y ajoutant la double polarisation qui permet de mieux dĂ©terminer le type de prĂ©cipitations et les quantitĂ©s tombĂ©es.
Pays d'origine | Ătats-Unis |
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Mise en opération | 2002 |
Quantité produite | 1 |
Type | Radar météorologique Doppler |
Transmetteur | Klystron |
Fréquence | 2700 à 3 000 MHz (Bande S) |
FRI | Selon le VCP de 320 Ă 1 300 Hz |
Largeur de faisceau |
0,96° à 2,7 GHz |
Polarisation | Horizontale verticale et verticale |
Longueur d'impulsion | Selon le VCP de 1,57 à 4,57 ”s |
RPM | 3 tours par minute |
Portée |
460 km en réflectivité 230 km en vitesse Doppler |
Tour | 30 m |
DiamĂštre | 8,54 m |
Azimut | 0 Ă 360Âș |
ĂlĂ©vation | -1° Ă +20° (opĂ©rations), jusquâĂ +60° (mĂ©caniquement) |
Puissance crĂȘte | 750 kW[1] |
Autres noms | NEXRAD KOUN |
Histoire
NCAR aux Ătats-Unis, a Ă©tĂ© un des centres pionniers dans le domaine de la double polarisation pour un radar mĂ©tĂ©orologique avec Dusan S. Zrnic et Alexandre V. Ryzhkov. En , la premiĂšre rencontre de planification de JPOLE s'est tenu au NSSL et il a Ă©tĂ© dĂ©terminĂ© que le projet se ferait en deux phases[2] :
- la collection de données à double polarisation sur plusieurs saisons utilisant un radar NEXRAD spécialement modifié à partir du printemps 2002 ;
- une campagne d'observation intense débutant au printemps 2003 avec plusieurs instruments (autres radars, stations météorologiques, observateurs et vols in situ dans les nuages comparer avec les données du radar JPOLE.
Toutes ces données furent ensuite analysées pour déterminer la faisabilité du concept de double polarisation opérationnellement et pour démontrer le coût/bénéfice de la modification du réseau NEXRAD. De plus, la seconde phase a permis de faire des avancées scientifiques dans le domaine. Finalement, les données recueillies étaient disponibles aux météorologues du centre de prévisions de l'Oklahoma qui avaient déjà pu se familiariser avec ces données et leur interprétation à partir des données du radar Cimarron.
De 2010 à , les radars du réseau NEXRAD furent mis à niveau en installant la double polarisation[3] - [4].
Description
JPOLE utilisait un radar météorologique de la série NEXRAD monté à Norman (Oklahoma) sur les terrains du National Severe Storms Laboratory (NSSL). Le signal de son transmetteur était divisé en deux pour obtenir un signal à polarisation horizontal conventionnel et un autre de polarisation verticale. Les signaux étaient envoyée à l'antenne par deux guides d'ondes et pouvait émettre simulanément les deux signaux puis recevoir les échos retournées par les précipitations dans les plans émis ou orthogonaux[5].
Principe de la double polarisation
En gĂ©nĂ©ral, la plupart des hydromĂ©tĂ©ores ont un axe plus grand selon lâhorizontale (ex. les gouttes de pluie deviennent oblates en tombant Ă cause de la rĂ©sistance de lâair). Lâaxe dipolaire des molĂ©cules dâeau a donc tendance Ă sâaligner dans cette direction et le faisceau radar sera gĂ©nĂ©ralement polarisĂ© horizontalement pour tirer profit dâun retour maximal. Si on envoie en mĂȘme temps une impulsion avec polarisation verticale et une autre avec polarisation horizontale, on pourra noter une diffĂ©rence de plusieurs caractĂ©ristiques entre ces retours[6] :
- Si les cibles ont une forme aplatie comme dans l'image ci-contre, en sondant avec deux ondes dont l'une est de polarisation verticale (V) et l'autre horizontale (H), on obtient des intensités plus fortes revenant de celle ayant l'axe horizontal. Par contre si les retours orthogonaux sont égaux cela indique une cible ronde. Cela s'appelle la différence de réflectivité ou la réflectivité différentielle () ;
- Le faisceau radar sonde un volume plus ou moins grand selon les caractĂ©ristiques de l'antenne Ă©mettrice. Ce qui revient est l'addition des ondes rĂ©flĂ©chies par les cibles individuelles dans le volume. Comme les cibles peuvent changer de position dans le temps les unes par rapport aux autres, l'intensitĂ© des ondes V et H ne demeure constante que si les cibles ont toute la mĂȘme forme. Le rapport d'intensitĂ© entre les canaux H et V revenant de sondages successifs s'appelle le coefficient de corrĂ©lation () et donne donc une idĂ©e de l'homogĂ©nĂ©itĂ© ou non des cibles dans le volume sondĂ© ;
- La phase de l'onde change lorsqu'elle traverse un milieu de densité différente. En comparant le taux de changement de phase de l'onde de retour avec la distance, la phase différentielle spécifique ou , on peut évaluer la quantité de matiÚre traversée ;
- On peut également comparer le déphasage entre les retours H et V (différentiel de phase ou ).
Les radars, dits Ă double polarisation, qui utilisent ce type de sondage peuvent donc obtenir des indications sur la forme des cibles ainsi que sur le mĂ©lange de formes. Ceci peut ĂȘtre utilisĂ©, en plus de lâintensitĂ© du retour, pour une identification directe du type de prĂ©cipitations (pluie, neige, grĂȘle, etc.) grĂące Ă un algorithme[7] - [8]. Cela permet mĂȘme de dĂ©celer les dĂ©bris soulevĂ©s par une tornade grĂące Ă l'identification de la collerette de dĂ©bris, aussi appelĂ©e « buisson[9] ».
Défis opérationnels
En tant que test d'utilisation opĂ©rationnel, JPOLE a permis d'essayer une configuration bien diffĂ©rente de celle des radars de recherche prĂ©cĂ©dents. PremiĂšrement, la vitesse de rotation de ces derniers Ă©taient relativement lente (~1 tour par minute) alors que le NEXRAD tourne de 3 ou 6 tours par minute (selon le schĂšme de sondage). Ceci introduit des erreurs statiques dans les rĂ©sultats dues Ă un plus faible nombre d'Ă©chantillons par angle sondĂ©e. Ces erreurs devaient ĂȘtre dĂ©terminĂ©es et minimisĂ©es. Les algorithmes permettant de dĂ©terminer le type de prĂ©cipitations devaient ĂȘtre ajustĂ©s par la suite[10].
Ensuite, le test de validation devait démontrer que la prise de données de double polarisation ne nuisait pas aux autres informations tirées des radars NEXRAD, soit la réflectivité et les vitesses radiales. Ceci nécessitait la comparaison des résultats avec un autre radar opérationnel, le radar KTLX non double polarisé situé à environ 20 km au nord-est de KOUN[10].
Notes et références
- (en) Paul Sirvatka, « WSR - Weather Surveillance Radar », Radar Notes, weather.cod.edu (consulté le )
- (en) Terry J. Schuur, Robert C. Elvander, John G. Simensky et Richard A. Fulton, « Joint Polarization Experiment (JPOLE) for the WSR-88D Radar: Progress and Plans », 18th International Conference on Interactive Information Processing Systems, Orlando Convention Center, Orlando Floride, AMS,â .
- (en) Radar Operations Center, « WSR-88D Dual Polarization Installation Schedule » [PDF], National Weather Service, (consulté le )
- (en) National Weather Service, « Dual-polarization radar: Stepping stones to building a Weather-Ready Nation », NOAA, (consulté le ).
- (en) Terry J. Schuur, P. Heinselman et K. Scharfenberg, Overview of the Joint Polarization Experiment (JPOLE), Cooperative Institute for Mesoscale Meteorological Studies, (lire en ligne [PDF])
- (en) Terry Schuur, « What does a polarimetric radar measure? », sur CIMMS, National Severe Storms Laboratory (consulté le )
- (en) Larry Carey, « Polarimetric Radar Meteorology (Radar polarimétrique) » [PDF], Université Texas A&M (consulté le ).
- (en) Terry Schuur, « How can polarimetric radar measurements lead to better weather predictions? », sur CIMMS, National Severe Storms Laboratory (consulté le )
- Organisation météorologique mondiale, « Buisson », Glossaire météorologique, Eumetcal (consulté le ).
- (en) Alexander V. Ryzhkov, Terry J. Schuur, Donald W. Burgess, Pamela L. Heinselman, Scott E. Giangrande et Dusan S. Zrnic, « The Joint Polarization ExpĂ©riment : Rainfall Measurements and Hydrometeor Classification », Bulletin of the American Meteorological Society, AMS, vol. 86, no 6,â (ISSN 1520-0477, DOI 10.1175/BAMS-86-6-809, lire en ligne [PDF])
Liens externes
- (en) Terry Schuur, « Joint Polarization Experiment reports », CIMMS, (consulté le )