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Joaquin Ferrer

Joaquín Ferrer, né le à Manzanillo (Cuba) et mort le [1] dans le 14e arrondissement de Paris[2], est un artiste peintre, dessinateur et graveur lié au mouvement de l'abstraction lyrique.

Joaquin Ferrer
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom de naissance
Joaquin Ramon Ferrer
Nationalité
Française
Activité
Formation
Ecole des Beaux-Arts, La Havane, Cuba
Mouvement
Site web
ƒuvres principales
Le vide et la prĂ©sence (1959), Le prĂ©destinĂ© est visible (1969), Mirage (1972), Intervalle blanc (1987), Éclipse (1992), Le 1er cri de l'aube (1999), L'aube inespĂ©rĂ©e (2003), La jungle de la mĂ©moire (2007), CrĂ©puscule (2013)

AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© Ă  l’École des Beaux‐Arts de La Havane, il fait l’objet chaque annĂ©e, entre 1954 Ă  1958, d’une exposition personnelle au salon annuel du MusĂ©e d’Art moderne de la capitale cubaine. En 1960, le MinistĂšre de l’Éducation lui accorde une bourse pour aller Ă©tudier l’art Ă  Paris. Son voyage prend un caractĂšre dĂ©cisif, car l’artiste dĂ©cide de s’y installer et y rĂ©side toujours. En 1968, sa premiĂšre exposition parisienne prĂ©facĂ©e par Max Ernst a lieu Ă  la galerie Le Point Cardinal qui va dĂ©sormais prĂ©senter rĂ©guliĂšrement son travail.

« [
] Quant aux jeunes, je les plains. Comment n’ont-ils pas l’impression que tout a Ă©tĂ© fait avant eux ? On a tort d’en faire des dieux avant mĂȘme qu’ils aient eu le temps de s’exprimer. L’un d’eux, Ferrer, est un peu ma dĂ©couverte. Loin du Pop Art, du Mec’Art et de leurs succĂ©danĂ©s, il me paraĂźt profondĂ©ment authentique [
] »

— Max Ernst[3]

Il est exposĂ© en France Ă  la Fondation Maeght, au MusĂ©e d’Art moderne de la Ville de Paris et en Europe (Belgique, Suisse
). En complĂ©ment de son travail de peintre, Joaquin Ferrer a aussi dĂ©veloppĂ© un Ɠuvre important de graveur en illustrant de nombreux ouvrages de poĂštes et d’écrivains. Le style de Joaquin Ferrer tend vers l'abstraction lyrique, avec des figures construites comme des casse‐tĂȘtes qui ne sont pas sans rappeler les arts premiers[4].

Biographie

Naissance (1928)

JoaquĂ­n Ferrer Marquines est nĂ© le 4 octobre 1928 Ă  Manzanillo, petit port de pĂȘche de la pointe orientale de Cuba. Par suite d’une erreur administrative, cette date de naissance est parfois donnĂ©e comme le 4 juillet 1929. Son pĂšre, JoaquĂ­n Ferrer Herrera, exerce, comme ses ancĂȘtres, le mĂ©tier de tailleur. Sa mĂšre, AltagracĂ­a Marquinez LĂłpez, Ă©lĂšve une famille de quatre enfants, deux garçons et deux filles[5].

Jeunesse (années 1930-1940)

Le jeune JoaquĂ­n va Ă  l’école primaire puis Ă  l’école supĂ©rieure de Manzanillo. TrĂšs jeune, il se plaĂźt Ă  dessiner et Ă  copier des tableaux. La prĂ©sence amĂ©ricaine Ă  Cuba se traduit par un clivage avec le reste de la population plus pauvre, mais les enfants n’en souffrent guĂšre. Son pĂšre souhaite que l’adolescent reprenne la tradition familiale mais celui-ci est de plus en plus attirĂ© par les arts. En 1948, il travaille Ă  la Compagnie des chemins de fer. FascinĂ© par l’aviation, il prend des cours de pilotage mais il y renonce dĂšs ses premiĂšres expĂ©riences pratiques[5].

La Havane (années 1950)

Avec l’appui de son oncle, contre le grĂ© de ses parents, il s’inscrit Ă  l’École des beaux-arts de San Alejandro Ă  La Havane. Il se lie Ă  un autre Ă©tudiant, AgustĂ­n CĂĄrdenas. Avec quelques autres Ă©lĂšves, il est hĂ©bergĂ© et nourri Ă  la prison du Castillo del PrĂ­ncipe, prĂšs de l’école, commoditĂ© rĂ©servĂ©e aux Ă©tudiants impĂ©cunieux. À cette Ă©poque, il frĂ©quente dĂ©jĂ , Ă  l’extĂ©rieur de l’école, un autre futur peintre, Jorge Camacho. Leur aĂźnĂ©, Wifredo Lam, lui conseille de renoncer aux cours de l’École des beaux-arts, selon lui peu utiles. JoaquĂ­n Ferrer suit cet avis. En 1954, il montre ses Ɠuvres pour la premiĂšre fois au Salon de peinture du MusĂ©e d’art moderne de La Havane, et dans d’autres capitales latinoamĂ©ricaines. Il Ă©pouse Gina PellĂłn Blanco dont il se sĂ©parera et divorcera officiellement en 1971. PremiĂšre exposition personnelle en 1955 Ă  la galerie La Rampa, Ă  La Havane puis en 1956 Ă  la galerie Lyceum et en 1957 Ă  la galerie Color Luz. Il travaille au MusĂ©e d’art moderne avec CĂĄrdenas et Estopeñan et dans une petite galerie, Centro de Arte Cubano, en face de la cathĂ©drale. Il rĂ©alise des gravures et, au MusĂ©e d’art moderne, une mosaĂŻque dont une coquille dĂ©pare la signature en Ferret. La rĂ©volution de 1958-1959 Ă  Cuba fait grand bruit dans le monde. En 1959, il reçoit une bourse du ministĂšre de l’Éducation pour lui permettre d’étudier Ă  l’étranger. EmbarquĂ© sur la « Reina del Mar », il arrive Ă  La Rochelle le 8 dĂ©cembre et se rend Ă  Paris[5].

Paris (années 1960)

À Paris, le monde intellectuel est en pleine effervescence pro-cubaine. Il loge Ă  la CitĂ© universitaire ; Lam et CĂĄrdenas l’accueillent et le conseillent. La bourse mensuelle de 100 dollars est irrĂ©guliĂšre mais la Maison de Cuba est tolĂ©rante. Il visite avidement les musĂ©es et les galeries de Paris et prend des cours de français Ă  l’Alliance française. En 1961, il expose parmi les « Artistes cubains contemporains » Ă  la galerie du Dragon puis Ă  la galerie Epona. La Maison des jeunes de Clichy expose « Cuba et Cubains » et en 1962 dans l'exposition collective « Art latino-amĂ©ricain » au MusĂ©e d’art moderne, Ă  Paris. En 1963, il participe Ă  la IIIe Biennale de Paris au MusĂ©e d’art moderne. Lors d’une exposition collective au cinĂ©ma-galerie Le Ranelagh, premiers contacts avec le surrĂ©alisme. Il s’installe dans un atelier Ă  Pigalle. Pendant prĂšs de deux ans, un groupe d’amateurs lui verse individuellement de quoi survivre. PremiĂšre exposition Ă  la galerie Maya Ă  Bruxelles, et aux Pays-Bas. Il expose dorĂ©navant rĂ©guliĂšrement Ă  la galerie du Dragon et dans de nombreuses expositions collectives et des salons : RĂ©alitĂ©s nouvelles, Grands et jeunes d’aujourd’hui, Comparaisons, etc. Il revoit frĂ©quemment d’autres Cubains de Paris dont Alejo Carpentier. Il rencontre AndrĂ© Breton, Jean BenoĂźt et Édouard Jaguer Ă  la galerie L’ƒil lors de l’exposition « L’Écart absolu ». Il rencontre Alain Bosquet par l’intermĂ©diaire duquel Max Ernst demande Ă  le connaĂźtre. En 1967, participant Ă  l’exposition « Artistes solidaires d’IsraĂ«l », il entre en contact avec les membres du ComitĂ© d’honneur, Max Ernst, Joan MirĂł, AndrĂ© Masson et Marc Chagall. Ernst visite son atelier et achĂšte trois peintures puis invite chez lui Jean Hugues, Alexandre Iolas et Bertie Urvater. Hugues lui demande rendez-vous le lendemain et lui propose une exposition dans sa galerie, Le Point cardinal. L’exposition du Point cardinal est prĂ©facĂ©e par un dessin-collage lĂ©gendĂ© de Max Ernst. Les rĂ©voltes Ă©tudiantes de ce mois de mai n’entravent pas le succĂšs commercial de l’exposition. C’est le dĂ©but d’une fructueuse collaboration. Il sera mensualisĂ© et rĂ©guliĂšrement exposĂ© pendant dix ans. Sa fille Monia naĂźt en dĂ©cembre 1968[5].

Années 1970 - 1980

L’existence du peintre est dĂ©sormais Ă©gale. InstallĂ© boulevard Brune depuis 1977, il Ă©pouse Anne JĂ©zĂ©quel (dĂ©cĂ©dĂ©e en 1993), la mĂšre de sa fille, en 1978. En 1979, il est naturalisĂ© français. Il se passionne pour l’art extra-europĂ©en. Son quotidien se passe dans son atelier ou en contact avec ses amis : Lam, Ernst, Camacho, CĂĄrdenas, Matta, MirĂł, Luca, Bosquet toujours fidĂšle, et beaucoup d’autres. Il voyage (Mexique, Italie, Belgique, Espagne, Pays-Bas) et passe frĂ©quemment les vacances d’étĂ© chez Urvater Ă  Palma de Majorque. Les expositions personnelles se succĂšdent : au Point cardinal, mais aussi Ă  GenĂšve (Engelberts), Bruxelles (Epsilon), Lima (Camino Brent)[5]


Années 1990 - 2000

Sa fille Aïa naßt en 1992. Il se marie avec Christiane Créteur en 1996, mÚre de sa fille[5].

La monographie JoaquĂ­n Ferrer, l’imaginaire absolu dont le texte est dĂ» Ă  Lionel Ray paraĂźt en 2001 aux Ă©ditions Palantines. L’organisation d’une exposition rĂ©trospective de l’Ɠuvre de JoaquĂ­n Ferrer est dĂ©cidĂ©e Ă  l’initiative de la Maison de l’AmĂ©rique latine en 2016[5].

Expositions notables

  • 1974 - Phases, MusĂ©e d'Ixelles, Bruxelles (acquisitions d'Ɠuvres par le musĂ©e en 72)
  • 1991 - 20 ans d'activitĂ© 71-91, Galerie Editart, GenĂšve
  • 1993 - International Art Exposition, Miami, Floride
  • 2017 - RĂ©trospective Ă  La Maison de l'AmĂ©rique Latine, Paris, France

Citations

« J. Ferrer est, Ă  35 ans, de ces peintres venus s’installer Ă  Paris qui se montrent peu, s’habituent Ă  la vie française dont bientĂŽt ils ne peuvent plus se passer et qui, avec probitĂ© et en silence, construisent une grande oeuvre. MĂ©connus, isolĂ©s dans la foule, plus soucieux d’indĂ©pendance spirituelle que de gloire rapide, ils sont fidĂšles Ă  eux-mĂȘmes, sans se prĂ©occuper du reste. Il arrive alors que Paris les dĂ©couvre soudain, avec un rien de honte, car ils lui font honneur. Il faut souhaiter que tel sera le cas de J. Ferrer, qui garde, dans son studio du boulevard de Clichy, depuis les quatre ans qu’il a dĂ©barquĂ© de Cuba, certaines des toiles les plus riches, les plus fines et les plus originales de sa gĂ©nĂ©ration. Il les montre Ă  quelques rares amis ; le moment est mĂ»r, toutefois, pour une dĂ©couverte de J. Ferrer qui, il ne faut pas en douter, fera sensation. Elle aura lieu aussi Ă  une Ă©poque propice, Ă  la fois du point de vue de l’évolution de la peinture et du point de vue de l’évolution intĂ©rieure de Ferrer »

— Alain Bosquet[6]

« ForĂȘts mentales aussi, oĂč le cheminement s’est fait mental, dĂ©liĂ© du savoir des sens et de leurs pulsions immĂ©diates. Ferrer, je veux le croire, a connu, accueilli d’abord sans trop de rĂ©ticences, les sollicitations tumultueuses de l’en-bas. Mais l’onirisme dĂ©libĂ©rĂ© oĂč certains prĂ©tendaient s’établir lui est vite apparu dans sa prĂ©caritĂ©, et, plus encore, dans sa nature rĂ©solument rĂ©pĂ©titive, Ă  mesure que le rĂŽle de l’artiste se bornait Ă  enregistrer les messages – quitte Ă  les ressasser demain, quand l’écoute devenait moins sĂ»re
 AndrĂ© Breton s’est insurgĂ©, Ă  juste titre, contre les poncifs qui adultĂšrent si souvent l’entreprise figurative. Mais la figuration du modĂšle intĂ©rieur – pour employer les propres termes du Censeur – ne risque-t-elle pas, Ă  son tour, de sacrifier aux mĂȘmes dĂ©mons discursifs ? On nous propose, ici et lĂ , tant de prolixes relations des Limbes
 Ferrer n’est pas de ces ingĂ©nus qui se racontent et croient Ă©merveiller en images toujours fulgurantes. S’il a soumis son art Ă  une matiĂšre d’économie crispĂ©e, cruelle par moments pour lui et pour les autres, c’est moins pour juguler le rĂȘve que pour le faire s’aviver au fort des contraintes les plus Ă©trangĂšres, les plus excentriques, dirait-on, Ă  son essence Ă©vasive. Comme si, au lieu mĂȘme de l’ariditĂ©, parmi les diagrammes et les Ă©pures, l’imaginaire pouvait mieux fleurir. Un ascĂ©tisme, si l’on veut, une macĂ©ration de l’oeil et de la main, mais surtout une investigation passionnĂ©e des ressources inhĂ©rentes aux figures. Le graphisme, toujours prĂ©sent dans les oeuvres de Ferrer, bien qu’offusquĂ© naguĂšre encore par de grandes plages chromatiques, gouverne en maĂźtre dĂ©sormais l’étendue frĂ©missante de la toile »

— Claude Esteban[7]

Notes et références

  1. Mort de l'artiste JoaquĂ­n Ferrer
  2. État civil sur le fichier des personnes dĂ©cĂ©dĂ©es en France depuis 1970
  3. Max Ernst, Paris-Presse, Paris,
  4. Jean-Pierre Thiollet, « Le chantre de l'abstraction lyrique saluĂ© par Max Ernst », in 88 notes pour piano solo, Neva Editions, 2015, p. 248 (ISBN 978 2 3505 5192 0).
  5. Fauchereau 2017.
  6. Alain Bosquet, Combat, Paris,
  7. Claude Esteban, Préface de l'exposition "L'espace assiégé", Le Point Cardinal, Paris,

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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