Jeune homme à la fenêtre
Jeune homme à la fenêtre est un tableau de Gustave Caillebotte réalisé en 1876. Il est conservé au J. Paul Getty Museum à Los Angeles. Il mesure 117 cm de hauteur sur 82 cm de largeur.
Artiste | |
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Date | |
Type |
Huile sur toile |
Dimensions (H × L) |
117 × 82 cm |
Localisation |
J. Paul Getty Museum, Los Angeles |
Description
Ce tableau représente de dos René Caillebotte[1] - [2], l'un des frères de l'artiste (il mourut à peine quelques mois plus tard), debout à la fenêtre devant un balcon de l'hôtel particulier familial, 77 rue de Miromesnil, donnant au loin sur le boulevard Malesherbes en oblique[3]. C'est une œuvre de jeunesse qui témoigne de l'intérêt de l'artiste pour le réalisme urbain et de ses recherches sur la perspective.
Ce thème d'un personnage représenté de dos à la fenêtre est fréquent dans la peinture, notamment dans la peinture romantique allemande[4]. Pourtant ce tableau de Caillebotte diffère des romantiques : l'homme ne regarde pas la nature, mais jette un regard sur une scène urbaine située en bas.
Histoire
Ce tableau a été présenté à l'exposition des impressionnistes de avec sept[5] autres travaux de Caillebotte dont le fameux tableau aujourd'hui conservé au musée d'Orsay, Les Raboteurs de parquet, refusé au Salon de 1875.
Émile Zola est favorablement impressionné par la technique que cette œuvre révèle, mais n'est pas du tout enthousiaste à propos de son style. Pourtant apôtre du naturalisme et chantre des réalités sociales[6], Zola traite ce tableau d'« anti-artistique »: « c'est une peinture anti-artistique, une peinture proprette comme du verre, une peinture bourgeoise, en raison de la précision de la copie. La photographie de la réalité n'est pas marquée du sceau original du talent du peintre - c'est une piètre chose. »[7]. Zola en fait n'a pas su voir la recherche des lignes fuyantes et la réflexion de l'artiste sur les limites et la thématique du seuil et de la contemplation en dehors du temps. Zola n'en fait qu'une lecture politique superficielle. La prédilection de Caillebotte à regarder « par procuration » le spectacle de la ville en fait « un étranger parmi les siens, à la fois proche et séparé de tous, de plain-pied au bord d’un vide »[8], comme si le temps était suspendu[5].
En novembre 2021, Jeune homme à la fenêtre devient l’œuvre de Gustave Caillebotte la plus chère jamais vendue aux enchères, s'adjugeant pour 53 millions de dollars (le précédent record était de 22 millions pour Chemin montant, en 2019). Le tableau est qualifié par l'acquéreur, le musée Getty de Los Angeles, de « chef-d’œuvre du réalisme urbain moderne du XIXe siècle »[9].
Notes et références
- (en) Varnedoe, op. cit., p. 60
- Gustave Caillebotte le représente dans un autre tableau exposé également à la deuxième exposition impressionniste de mars 1876, Le Déjeuner.
- (en) Varnedoe, op. cit., p. 21
- Par exemple: Femme à la fenêtre de Caspar David Friedrich (1822), Goethe à la fenêtre de sa chambre à Rome (1787) de Johann Heinrich Tischbein ou encore L'Heure matinale (1857–1860) de Moritz von Schwind
- Anatole Daalderop, Gustave et Martial Caillebotte, La mystérieuse impression du temps suspendu dans la peinture et la musique
- (en) Varnedoe, op. cit., p. 187
- Émile Zola, « Deux expositions d'art en mai », in Le Messager de l'Europe, juin 1876
- « On ne s’étonnera pas de l’importance que prend dans son œuvre la thématique du seuil et du bord : appuis de fenêtre, pas-de-portes, grilles de balcons, bordures de massif, accotements, débarcadères, marquent la place du peintre ou des personnages qu’il délègue à la contemplation des paysages ou des intérieurs », in Danielle Chaperon, « Caillebotte, peintre du plain pied, Point de vue naturalistes », Au cœur de l’impressionnisme, Lausanne, Fondation l’Hermitage, 2005, p. 64
- « Enchère record pour une œuvre de Gustave Caillebotte vendue 53 millions de dollars », sur Franceinfo Culture,
Bibliographie
- Marie Berhaut, Gustave Caillebotte. Catalogue raisonné des peintures et des pastels, Paris, éd. Bibliothèque des arts, 1994
- (en) Kirk Varnedoe, Gustave Caillebotte, New Haven, Yale University Press, 1987, p. 220, (ISBN 0300082797)
Voir aussi
- L'Homme au balcon (1880), coll. part.