Jean de France (1398-1417)
Jean de France[1], duc de Touraine (appelé Jean de Touraine), né le et mort le à Compiègne, puis dauphin de Viennois après la mort de son frère Louis en décembre 1415, est le quatrième fils et neuvième enfant du roi Charles VI de France et d'Isabeau de Bavière.
Titres
–
(1 an, 3 mois et 17 jours)
Prédécesseur | Louis de France |
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Successeur | Charles VII de France |
1407 –
(environ 10 ans)
Prédécesseur | Louis de France |
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Successeur | Charles de France |
Dynastie | Maison de Valois |
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Naissance | |
Décès |
Compiègne (France) |
SĂ©pulture | NĂ©cropole de Saint-Denis |
Père | Charles VI de France |
Mère | Isabeau de Bavière |
Conjoint | Jacqueline de Hainaut |
Religion | Catholicisme |
Biographie
Mariage
Il est marié dès 1406 à Jacqueline de Hainaut, héritière des comtés de Hainaut, de Hollande, Zélande et de la seigneurie de Frise. Elle est la fille de Guillaume II de Bavière et de Marguerite de Bourgogne, et par sa mère, la petite-fille de Philippe le Hardi. Par ses aïeux, Jacqueline descend des comtes de Hainaut, de Flandre, des rois de France, des ducs de Bourgogne et d'un empereur romain germanique, Louis IV de Wittelsbach.
Jacqueline passe avec sa mère Marguerite de Bourgogne sa jeunesse au château royal du Quesnoy en Hainaut, près de la forêt de Mormal. Son père, souvent en déplacement, préfère le château de Bouchain en Hainaut et fréquente la cour du roi de France Charles VI.
C'est lors de l'un de ses déplacements, que le duc Guillaume II de Bavière alias Guillaume IV de Hainaut conclut avec le roi, le mariage de sa fille Jacqueline, avec Jean de Touraine, futur dauphin de France, quatrième fils de Charles VI. Ces épousailles sont célébrées en grande pompe, à Compiègne, le . Cependant, Guillaume IV, ne participe pas aux festivités. Il s'agit plutôt de fiançailles ou de promesses de mariage, car Jacqueline n'a que 5 ans et son promis, 8 ans.
Après les festivités, Jacqueline et Jean, sous la protection de Marguerite de Bourgogne regagnent Valenciennes puis Mons. Revenus au Quesnoy, les jeunes « époux » passent alors une vie agréable, loin des troubles de la guerre de Cent Ans et de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons[2] - [3].
Jean, duc de Touraine, comte de Poitiers , duc de Berry, demeure, en accord entre Charles VI et son beau-père, Guillaume IV de Hainaut, au château du Quesnoy. C'était à la fois une manière d'assurer sa protection loin des tumultes de la cour de France et un atout dans les mains de la famille de Bavière voire de Bourgogne. Le jeune couple, sur le point d'atteindre l'âge nubile, le pape leur confirme, le , les dispenses de mariage que nécessite leur consanguinité[4].
Faisant suite à cela, en 1412 et en 1413, Charles VI de France, voyant cette alliance aboutir selon ses souhaits, et se souciant du bien-être de son fils, règle alors certains arriérés et fait augmenter l'état des finances de son fils[5].
En à Paris, Charles VI donne des lettres pour l'accomplissement du traité de mariage dressé en 1406, entre Jean, son fils et Jacqueline de Bavière, « … et icelluy mariage estre parfaict et consommé » : son fils ayant 14 ans, il lui est délivré en apanage le comté de Ponthieu, fief de la Couronne de France. Il semble que le mariage ait eu lieu lors du traité de paix de Senlis en 1414. Ce traité de paix réunissant divers belligérants : le comte Guillaume IV de Hainaut ayant eu à se plaindre des dévastations en Hainaut causées par le duc de Bourbon, reçut en indemnité une promesse de 100 000 écus de 18 sols parisis la pièce[6].
Jean et Jacqueline, ayant l'âge nubile, actèrent à La Haye, le , certaines conventions matrimoniales entre eux deux [7] :
« Certaines conventions matrimoniales ont été faites entre nous deux [Jean et Jacqueline], à la demande du comte Guillaume [IV] de Hainaut [alias, Guillaume II duc de Bavière-Straubing] leur père […]
Nous, Jean de France duc de Touraine et comte de Ponthieu, si le duc Guillaume [II] de Bavière, (après trépas), n’avait pas de fils mâle, ses pays et sa seigneurie (Hainaut, Zélande, Hollande et, la Frise) appartiendraient à Jean de France, duc de Touraine comme mari et tuteur de Jacqueline, sa fille.
La succession du couple se fera par notre fils aîné ou à notre fille aînée si nous n’avons point d’enfant mâle (succession aux trois pays de Hainaut, de Zélande, de Hollande et, à la seigneurie de Frise, avec toutes leurs dépendances).
Autre promesse, également, des époux de maintenir les droits et privilèges ainsi que de respecter les coutumes des trois pays indissociables (Hainaut, Zélande, Hollande) et de leurs dépendances, lors des réceptions d’hommage dans les villes et bourgs de ces pays par de “Joyeuses entrées” : ces points devant être également confirmés en public.
Et comme nous, Jean de France duc de Touraine et Jacqueline de Bavière sommes présentement parvenus en âge en état de connoissance.
Faisons la promesse légitime, pour nous, et un chacun de nous.
En témoin de quoy, nous avons fait mettre nos sceaux à ces présentes.
Donné à La Haye, le 6 août 1415 »
Mort
En janvier 1417, il revient à Paris sous la protection de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Le à Compiègne, il meurt subitement, empoisonné par les Armagnacs selon les uns ou d'un abcès à la tête et au cou selon les autres[8].
Il est inhumé à l’abbaye Saint-Corneille. C'est son frère puîné, le cinquième fils de Charles VI, Charles, comte de Ponthieu, qui devient dauphin et finit, après bien des péripéties, souvent sanglantes, par régner sous le nom de Charles VII.
Ascendance
Notes et références
- Jean de France sur le site de la Fondation pour la généalogie médiévale
- Geoffroy G. Sury, Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavière en Hainaut, XIVe - XVe s., éd. Geoffroy G. Sury, (2e éd.) Bruxelles, © 2010, p. 183 : - A Paris, le 9 juillet 1406, Charles (VI) roi de France, ordonne à ses comptables et trésoriers de Paris, de faire payer à son fils Jean, duc de Touraine, sur la pension annuelle de 16 000 écus prévue dans son contrat de mariage avec Jacqueline de Bavière, héritière des comtés de Hainaut, Zélande, Hollande et de la seigneurie de Frise, une somme de 4 000 livres tournois par an, à prélever sur le domaine du comté de Ponthieu, le solde devant être imputé sur les aides dudit comté.
- G. Wymans, Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut, aux A.E. Mons, n° d’ordre (cote) 1265, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 266 : - A Paris, le 9 juillet 1406, Charles (VI) roi de France, ordonne aux conseillers généraux sur le fait des aides de faire payer au même, sur la pension prévue dans l’acte ci-dessus, une somme de 14 000 francs par an, dont 13 000 francs pour le receveur des aides et 1 000 francs par le grainetier du Ponthieu.
- Geoffroy G. Sury, Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavière en Hainaut, XIVe - XVe s., it., Geoffroy G. Sury, (2e éd.) Bruxelles, © 2010, p. 180 : - Le 22 avril 1411, le pape Jean XXIII, accorde à Jean, duc de Touraine, fils du roi Charles (VI) de France, et à Jacqueline, fille du duc Guillaume (II) de Bavière, comte (IV) de Hainaut, les dispenses de mariage que nécessite leur consanguinité aux 3e et 4e degrés. In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, n° d’ordre (cote) 1318, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 278. (Or. sur pch. ; 1 sc.)
- Geoffroy G. Sury, Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavière en Hainaut, XIVe - XVe s., éd. Geoffroy G. Sury, (2e éd.) Bruxelles, © 2010, p. 180 : - A Paris, le 27 novembre 1412, le roi Charles (VI) de France, ordonne au bailli de Tournai de faire payer à son fils le duc Jean de Touraine, et à son cousin, le comte de Hainaut, en apurement de certaines dettes, la somme de 18 000 francs par tranches annuelles de 6 000 francs, à prendre sur la composition annuelle de la ville de Tournai. Ces dispositions annulent celles prises antérieurement. In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, n° d’ordre (cote) 1338, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 282 (Or. sur pch. ; traces de sc. (Paris, 27/11/1412.)
- A Paris, le 23 janvier 1413, (date nouv. st.), le roi Charles (VI) de France assigne sur la recette des aides de Noyon le paiement de : 1) 6 000 livres tournois pour l’augmentation de l’état de son fils, le duc de Touraine et de son « épouse » (Jacqueline de Bavière) ; 2) 18 000 livres tournois d’arrérages dus au comte de Hainaut (Guillaume II duc de Bavière). In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, n° d’ordre (cote) 1338, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 282 (Or. sur pch. ; traces de sc. (Paris, 23/01/1413.)
- Geoffroy G. Sury, Bayern Straubing Hennegau : la Maison de Bavière en Hainaut, XIVe - XVe s., éd. Geoffroy G. Sury, (2e éd.) Bruxelles, © 2010, p. 183 : - Baron de Reiffenberg et J.E. Vandervin, Histoire du comté de Hainaut, livre V, p. 134 (mariage de Jacqueline de Bavière et de Jean de Touraine), A. Jamar, éditeur, Bruxelles (sans date.) Le dit baron signalant que le mariage eut lieu après le traité de Senlis de l’année 1414. ; - A Paris, le 20 janvier 1415 (date nouv. st.), le roi Charles (VI) de France accorde au comte Guillaume (IV) de Hainaut, en indemnisation de dommages causés en Hainaut par ses troupes (par celles du duc de Bourbon), une somme de 100 000 écus à prendre sur la recette des aides d’Amiens. In, G. Wymans, « Inventaire analytique du chartrier de la Trésorerie des comtes de Hainaut », aux A.E. Mons, n° d’ordre (cote) 1347, Éditions A.G.R., Bruxelles, 1985, p. 286. (Or. sur pch. ; sc. disp. (Paris, 20/01/1415.)
- J. du Mont, baron de Carels-Croon, Corps universel diplomatique du droit des gens, t. 2, partie I, chez P. Brunel, Amsterdam, et chez P. Husson, La Haye (Den Haag), MDCCXXVI. (1726), p. 45-47. (Contrat de mariage, à l’âge nubile, entre Jean de France et Jacqueline de Bavière, La Haye, 6 août 1415.)
- Ernest van Bruyssel, Histoire du commerce et de la marine en Belgique, 1863, p. 66.
Voir aussi
Bibliographie
- Françoise Autrand, Charles VI : la folie du roi, Paris, Fayard, , 647 p. (ISBN 978-2-213-01703-7, présentation en ligne), [compte rendu critique].
- (en) Richard C. Famiglietti, Royal Intrigue : Crisis at the Court of Charles VI, 1392–1420, New York, AMS Press, coll. « AMS Studies in the Middle Ages » (no 9), , XIX-363 p. (ISBN 0-404-61439-6, présentation en ligne), [présentation en ligne].
- Yann Grandeau, « Le dauphin Jean, duc de Touraine, fils de Charles VI (1398-1417) », dans Bulletin philologique et historique jusqu'à 1610 du Comité des travaux historiques et scientifiques : actes du 93e Congrès national des Sociétés savantes tenus à Tours, 1968, vol. II, Paris, Bibliothèque nationale, (lire en ligne), p. 665-728.