Jean Marquet
Jean Marquet est un écrivain français né le à La Seyne-sur-Mer et mort le à Nice. Il a travaillé et habité pendant de nombreuses années en Indochine française, a appris les dialectes locaux à son arrivée, et s'est réellement intégré par imprégnation ce qui lui a permis de produire une œuvre riche sur la vie et les mœurs locales. La grande particularité de son œuvre est que le romancier ne se met pas à la place de l'Européen étranger mais à celle du paysan indochinois. « Jean Marquet, qui a pénétré l'âme des paysans anamites, qui s'est lui-même fait nhaqué »[1]. Jean Marquet a également rédigé des œuvres de mœurs provençales.
Nom de naissance | Jean Eugène Frédéric Marquet |
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Naissance |
La Seyne-sur-Mer (France) |
Décès |
Nice (France) |
Activité principale | |
Distinctions |
Grand Prix de Littérature Coloniale - Chevalier de la Légion d'honneur - Prix Corrard de la Société des gens de lettres - Médaille Honoré de Balzac de la Société des gens de lettres. |
Langue d’écriture | Français |
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Genres |
Littérature française du XXe siècle, Littérature coloniale, Littérature provençale |
Jean Marquet est un écrivain important dans la littérature française coloniale de son époque récompensé à plusieurs reprises pour ses œuvres. Sa précision, son objectivité et son attachement à l'Indochine où il a vécu de nombreuses années, en font une référence d'un grand intérêt historique et sociologique. Grâce à la curiosité, aux connaissances et à la grande précision de Jean Marquet ses romans sont une immersion totale qui livre d'une façon touchante une réalité sans parti pris. Ces mêmes qualités se retrouvent dans ses œuvres pédagogiques ou historiques.
Jean Marquet fait partie des auteurs qui « témoignent d'une conscience réelle de la situation coloniale »[2].
Biographie
Jean Marquet est le fils d'Eugène, Hippolyte Marquet, capitaine d'armes de la marine, né à Monnetier-Mornex (Haute-Savoie) et de Caroline, Victoire, Antoinette Wiffling, originaire de La Seyne. Jean Marquet épousa, le , Julienne, Cécile Audibert avec laquelle il eut deux enfants ; Odette Marquet née en 1911 à Hanoï et décédée en 1980, et Georges Marquet né en 1913 et mort pour la France à 27 ans en juin 1940 dans les derniers combats de la Somme face à l'envahisseur[3].
Arrivé au protectorat du Tonkin (Indochine française) en 1902, Jean Marquet fera carrière dans l'administration des Douanes de l'Indochine dans laquelle il entra en 1902. Il y exercera notamment les fonctions d'Inspecteur de première classe, de Sous-Directeur au protectorat du Cambodge, et de Chef de la troisième circonscription (Province de Nam Định) avant de prendre sa retraite en tant qu'Inspecteur en chef des douanes en 1938.
C'est pendant qu'il exerçait ses fonctions en Indochine qu'il se mit à écrire. Les œuvres publiées alors en ont fait un écrivain renommé, incontournable dans son genre.
Le , il est mobilisé par la France au 3e d'artillerie coloniale. Alors au front, le , à la fin de la guerre, il sera grièvement blessé par une bombe larguée par l'aviation allemande et même donné pour mort par les médecins. Polytraumatisé, il sera réformé en juin 1919. Pour ses services, il fut fait chevalier de la Légion d'honneur.
Très atteint physiquement des suites de ses blessures de guerre et affectivement par la mort prématurée de son fils, Jean Marquet est décédé à Nice le . Entouré de nombreux amis et de sa famille qui avait pris soin de lui les dernières années de sa vie, il fut inhumé à la Seyne-sur-Mer (Var), son pays natal.
On mentionnera, en épilogue de sa vie, la préface qu'il consacra à sa femme Julienne in "La Jaune et le Blanc" :
À celle qui, d'un cœur égal partagea les heures de douleur et de joie, à celle qui me donna deux beaux enfants, à ma femme.
Œuvre
Ses romans sur l'Indochine en plus d'être poétiques et vivants ont la précision, l'intérêt historique et sociologique de véritables études sur les mœurs indochinoises de l'Annam et du Tonkin. De la même manière, les événements sont narrés avec précision, les paysages sont dépeints parfaitement et constituent la toile de fond d'un tableau très réaliste. La grande particularité de son œuvre est que le romancier ne se met pas à la place de l'européen étranger mais à celle du paysan indochinois.
Jean Marquet écrivit également des œuvres relatives aux mœurs provençales qu'il connaissait et d'autres œuvres de genres divers. Ainsi, c'est logiquement qu'en 1926 Jean Marquet fit pour les "Amis du Vieux Toulon" un discours sur l' "Indochine et les Provençaux".
Jean Marquet fut titulaire colonial de l'Académie de Province, à Paris, et de l'Association des écrivains combattants qui était alors présidé par Claude Farrère, et Roland Dorgelès.
Jean Marquet côtoya de nombreux éminents écrivains comme Claude Farrère, Roland Dorgelès, Henri Pourrat, Jean Ajalbert...
Bibliographie (incomplète)
- De la rizière à la montagne (1920) Grand Prix de Littérature Coloniale et Prix Corrard de la Société des gens de lettres en 1921. (Editions Delalain).
- Du village à la cité : mœurs Annamites (1930). (Editions Delalain).
- La jaune et le blanc (1926). (Monde moderne, Paris; Nouvelles éditions Delalain).
- Lettres d'Annamites - Lettres de Guerre, Lettres de Paix (1929) (Editions du Fleuve Rouge, Hanoï, Libr. Delalain).
- Lettres de guerre d'un Annamite (1924). Traduites en annamite, par Ngō-Vi-Liên. (Éditeur impr. de Kim-Dive-Giang).
- Les cinq fleurs (l'Indochine expliquée) (1928), couronné par l'académie française, publié par la direction de l'instruction publique en Indochine, Collection des livres classiques à l'usage des écoles élémentaires indigènes. (Hanoï).
- Avenir du pays d'Annam (1926). (Impr. E. Quinbon (Quinbon Annam)).
- La France mondiale au XXe siècle - L'union Indochinoise (1931). Bibliothèque éducative de vulgarisation coloniale. (Delalain éditeur)
- L'occupation du Tonkin par la France 1873-1874 d'après des documents inédits (coauteur Jean Norel)(1936). (Saïgon).
- Le drame Tonkinois 1873-1874 deuxième étude d'après des documents inédits (coauteur Jean Norel) (1938). (Saïgon).
- Lettres de l'enseigne de Vaisseau Edouaurd Balézeau, sur l'expédition de la Cochinchine 1860-1861 (1936). (Saïgon).
- Marie 1er roi des Sédangs 1888-1890 (1927). Médaille Honoré de Balzac de la Société des gens de lettres. (Editions du bulletin des amis du vieux Hué).
- Chant du coq ou les aventures d'un musicien aveugle et d'un enfant d'Annam (1938). (Delalain éditeur).
- Mon vieil ami annamite in Mercure de France, 1938.
- En écoutant bruire les feuilles (1913) in Revue Indochinoise, juillet.
- Sur la banc de Biên-son (1923). Le Moniteur d'Indochine, n°221, .
- Le parler jaune, nouvelle (1933) in Mercure de France numéro 844, 15 aout 1933.
- Du sang dans la nuit 1923. (Le Moniteur d'Indochine n°227, ).
- Les plaintes du vieux Thaï (1923). (Les Pages Indochinoises, n°1, ).
- L'arbre qui tue 1924. (Les Pages Indochinoises, n°11, ).
- Un touriste annamite en Yunnan (étude des mœurs) (1926) in l'Illustration N°4354.
- Le livre d'Or des Agents des Douanes et Régies d'Indochine mort au champ d'honneur (1913). (Hanoï-Haïphong, Imprimerie d'Extrême-Orient).
- La femme aux dix vaisseaux d'opium (1941). (En feuilleton simultanément dans "France-Indo-Chine", Hanoï, et dans "L'opinion", Saïgon).
- Le merveilleux voyage du brick "Le Suffren" suivi de Ce qu'il advint du Père Alcide, publié en partie dans le "Moniteur d'Indochine", le reste inédit.
- Master Lou Po To, capitaine marchand (1941). (Éditeur E. Aubanel, Les grands contemporains).
- Nestor, patron pêcheur (mœurs de pêcheurs provençaux)) (1923). (Editions de la Nouvelle Revue française - NRF)
Annexes
Articles connexes
Notes et références
- Jacques Weber, Littérature et histoire coloniale: actes du colloque de Nantes, 6 décembre 2003 page 55
- Contrairement à la tendance de la littérature coloniale d'être " Le miroir de la colonie en même temps que la porteuse de l'idéologie coloniale" ou "les Indochinois ne sont que les faire-valoir des colonisateurs", Pierre Brocheux, Daniel Hémery, Indochine, La colonisation ambiguë 1858-1954, Paris, La découverte, 1995, p. 244.
- Le lieutenant George Marquet appartenait au 22e régiment d'infanterie coloniale affecté à la 5e division d'infanterie coloniale et mourut à la tête de la 7e compagnie où il remplaçait le capitaine Morandy grièvement blessé