Accueil🇫🇷Chercher

Jean Izoulet

Jean Bernard Joachim Izoulet, né le à Miramont-de-Quercy et mort le à Paris, est un normalien (1874), agrégé de philosophie, élu en 1897 à la chaire de philosophie sociale du Collège de France créée pour lui « contre » Émile Durkheim.

Jean Izoulet
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  74 ans)
Paris
Nom de naissance
Jean Bernard Joachim Izoulet
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Distinction

Biographie

Jean Izoulet, fils de Jean Bertrand Izoulet, instituteur public, et d'Anne Loubatières, son épouse, naît le à Miramont (Tarn-et-Garonne)[1]. Après ses études secondaires au collège de Moissac, il prépare le concours d'entrée à l’École normale supérieure (ENS) au lycée Ingres de Montauban puis au lycée Louis-le-Grand à Paris[2].

Élève à l’ENS de 1874 à 1877 puis chargé de cours au lycée de Bourg-en-Bresse, il est reçu 7e à l'agrégation de philosophie en 1880[3]. Il prend un congé d'inactivité de 1880 à 1884 d'abord pour servir de secrétaire particulier à Paul Bert (ministre de l'Instruction publique et des cultes dans le gouvernement Léon Gambetta), puis pour s'initier, pendant quatre ans, aux sciences naturelles et médicales, en suivant en particulier l'enseignement de Charles Robin[2]. Jules Ferry le charge d'une série de cours de psychologie et de morale aux instituteurs du département de la Seine[2]. Il est ensuite successivement professeur aux lycées de Douai, Henri-IV et Condorcet (de 1884 à 1897) puis, à partir de 1897, professeur au Collège de France[1].

Les ouvrages qu'il publie se rapportent tous à un même thème de redressement socio-politique, d’ordre intellectuel, moral et explicitement religieux. Ils sont animés par l'idée centrale du primat absolu de la société, dont le nerf devrait être une religion syncrétique où le christianisme serait complètement transformé[2]. Sa thèse La Cité moderne ... suscite en 1895 une réaction catégorique de La Croix : « Thèse violente, exaltée et chimérique (...) matérialisme sectaire et jacobin, menaçant de vengeance tout ce qui ne pense pas comme lui »[4] et ne tarde pas à être mise à l'Index[5]. En 1924, à nouveau, La Croix se fera l'écho d'un avertissement (donné par la Semaine de Tours) : « ... un livre dont le titre est de nature à les induire gravement en erreur : la Rentrée de Dieu aux écoles et dans l’État, par M. Jean Izoulet. Il ne s’agit nullement du vrai Dieu »[6].

La leçon inaugurale d'Izoulet au Collège de France, le , et les suivantes lui valent un hommage appuyé de Maurice Barrès

« C’est d’une importance immense, ce qu’a fait Izoulet ; cela marque une date considérable dans l’histoire des idées (...) : il a socialisé l’idée du « Moi ». (...) Cette doctrine puissante effarouche par sa nouveauté des socialistes chez qui subsiste le vieil esprit libéral. Un sentiment égalitaire qui pourrait bien être mêlé d’envie se préoccupe moins encore de protéger les faibles que de diminuer les forts. (...) « L’individu comme principe et comme fin, et, comme moyen, une association là où il y a division du travail », déclare Izoulet. Il faut entendre par là, et c’est assez clair, que tout part de l’individu et que tout revient à l’individu, mais qu’à lui seul il est impuissant et qu’il vaut seulement par une association où chacun s’étage selon les services qu’il peut rendre[7]. »

et d'être chahuté à répétition, en particulier pendant le cours du , par les « étudiants socialistes », comme le rapporte La Lanterne :

« « Êtes-vous, oui ou non, socialiste », lui ont-ils demandé à plusieurs reprises. Mais M. Izoulet n’a pas voulu répondre à leur question. Il en est résulté un violent tumulte. (...) C’est aux cris de « Vive la Sociale ! A bas la Réaction » que les étudiants socialistes ont protesté[8]. »

Le , à Paris, il épouse Marie Marmottan, fille du médecin et ancien député Henri Marmottan[9].

Victime de soucis de santé, il se fait remplacer, dans ses fonctions de professeur au Collège de France, par Georges Blondel, de 1917 à 1922 puis de 1927 à 1929[10].

Il décède à Paris le , en son domicile 1 boulevard de Beauséjour, après une maladie de quatre mois[11].

Ĺ’uvres

  • « Le suicide des dĂ©mocraties », Revue de Paris, t. 3,‎ , p. 147-161 (lire en ligne)
  • L'âme française et les universitĂ©s nouvelles selon l'esprit de la RĂ©volution, Armand Colin, 1892
  • (la) De J.-J. Russeo (J.-J. Rousseau) : utrum misopolis fuerit an philopolis, ex genavensi codice cum ceteris Russei operibus collato quaeritur, FĂ©lix Alcan, (lire en ligne)
  • La citĂ© moderne et la mĂ©taphysique de la sociologie : le suicide des dĂ©mocraties, thèse pour le doctorat, prĂ©sentĂ©e Ă  la FacultĂ© des lettres de Paris, Paris, FĂ©lix Alcan, coll. «Bibliothèque de philosophie contemporaine», 1894.
  • Les vingt-quatre armures de la Pangermanie, ou Qu'appelez-vous donc dĂ©sarmer l'Allemagne ?, Paris, H. Floury, (lire en ligne)
  • Renan et l'Angleterre, ou l'École de Manchester et la perdition de l'Occident, H.Floury, 1920
  • Sans Russie, pas de France !, H.Floury, 1920
  • La rentrĂ©e de Dieu dans l'Ă©cole et dans l'État, Paris, Bernard Grasset, (lire en ligne)
  • Paris : Capitale des religions ou la mission d'IsraĂ«l, Albin Michel, 1926
  • La MĂ©tamorphose de l'Église ou la Sociologie, fille du DĂ©calogue au Collège de France. Les quatre bases scientifiques de l'idĂ©e laĂŻque MoĂŻse et Aristote, pères du laĂŻcisme Copernic et Claude Bernard, pères du panthĂ©isme, ce super-laĂŻcisme, 1928
  • Le PanthĂ©isme d'Occident ou le super-laĂŻcisme , Albin Michel, 1928.

Distinctions et hommages

Chevalier de la LĂ©gion d'honneur Chevalier de la LĂ©gion d'honneur (1897)[1]

  • Un square Ă  Moissac, oĂą se trouve son buste, porte son nom[12].

Notes et références

  1. « Cote 19800035/256/34112 », base Léonore, ministère français de la Culture
  2. Alain Guy, « Les philosophes du Quercy blanc Numa Boudet, Jean Izoulet, Jean Delvolvé », Mémoires de l'académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, vol. 148, t. VII,‎ (lire en ligne)
  3. André Chervel, « Les agrégés de l'enseignement secondaire : répertoire 1809-1960 » (consulté le )
  4. « Gazette du jour : encore un ! », La Croix, no 3595,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  5. « Rome : décret de l'Index », La Croix, no 3872,‎ (lire en ligne)
  6. « Au sujet d'un livre », La Croix, no 12670,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  7. Maurice Barrès, « Izoulet au Collège de France », Le Journal, no 1922,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  8. « Au Collège de France », La Lanterne, no 7573,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  9. « Informations diverses », Le Temps,‎ , p. 3 (lire en ligne)
  10. Salamandre
  11. « Nécrologie », Le Temps,‎ , p. 5 (lire en ligne)
  12. « Jean Izoulet », sur memopatrimoissac (consulté le )

Bibliographie

  • Terral HervĂ©. Jean Izoulet (1854-1929) : un penseur quercynois Ă  redĂ©couvrir, Bulletin de la SociĂ©tĂ© archĂ©ologique de Tarn-et-Garonne, 2006, vol. 131, p. 125-133 [9 page(s) (article)]

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.