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Jean Forton

Jean Forton, est un écrivain français né le à Bordeaux. Il n'a jamais quitté cette ville « exagérément belle », où il est mort le .

Jean Forton
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  51 ans)
Bordeaux
Nom de naissance
Jean Albert Joseph Forton
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction
Numéro 1 de la revue créée par le jeune Forton et Michel Parisot. Notez l'absence d'accent circonflexe selon le désir de l'auteur.

Biographie

Fils d’un père chirurgien, il perd celui-ci à l’âge de huit ans. Sa mère reprend des études de pharmacie pour finir d’élever son jeune fils et ses deux filles cadettes, Anne-Marie et Marie-Claire. À seize ans, Jean Forton, qui a contracté une pleurésie, interrompt ses études pour aller se soigner dans le Valais et prend conscience de sa vocation littéraire.

Revenu à Bordeaux, il envisage des études de cinéma, puis de libraire. En 1950, avec son ami Michel Parisot, il fonde une revue culturelle patronnée par François Mauriac et Jean Cocteau, La Boite à clous (écrit sans accent circonflexe, ainsi que le voulait Forton qui désirait garder le secret sur les raisons personnelles de ce choix) [1]. Il y écrit aussi bien des articles sur la littérature que sur le cinéma et la musique, ses deux autres passions. La revue accueille, aux côtés de jeunes auteurs inconnus, des noms célèbres comme Max Jacob, Marcel Béalu, Louis Émié, Armand Lanoux, Roland Laudenbach (Michel Braspart), Chris Marker, René de Obaldia, Pierre Seghers, André de Richaud, Claude-Henri Rocquet, Robert Sabatier, Maurice Toesca et le grand aîné bordelais : Raymond Guérin. De ce dernier, Forton publie, en 1950, un texte inédit, Du côté de chez Malaparte, qui raconte la visite de Guérin au célèbre auteur italien dans sa villa de Capri. Les pertes financières occasionnées par cette publication sonnent le glas de la revue au bout de 12 numéros.

L’année suivante, Seghers édite une longue nouvelle de Forton, Le Terrain vague. Sur le plan privé, l’année 1951 marque aussi un tournant pour le jeune romancier, puisqu’il épouse Janine Franza, avec qui il aura deux enfants, et ouvre la librairie Montaigne, qui se spécialisera assez vite dans les ouvrages techniques de droit.

En 1954, Jean Forton propose un premier roman, Charmoz, à Jean Cayrol, son compatriote bordelais, lecteur aux éditions du Seuil, qui le refuse tout en encourageant le jeune auteur à poursuivre dans la voie de l'écriture. Sous le titre La Ville fermée, Forton envoie ensuite son manuscrit à Jacques Lemarchand, lecteur aux éditions Gallimard, qui lui conseille de le réécrire. Ce roman ne sera finalement jamais publié[2]. Entre-temps, en mai 1954, Jacques Lemarchand accepte le manuscrit de La Fuite, dont l’action se situe à Bayonne. Ce sera le premier roman de Forton publié par les Éditions Gallimard.

Six autres romans suivent au rythme d’un par an en moyenne, tous publiés chez Gallimard :

  • L'Herbe haute, en 1955, roman paysan qui prend pour cadre la campagne pyrĂ©nĂ©enne ;
  • L'Oncle LĂ©on, en 1956, qui met en scène un vaincu de la vie dont le seul don est de prĂ©dire l’issue des matches de boxe ;
  • La Cendre aux yeux, en 1957, considĂ©rĂ© comme son chef-d’œuvre, oĂą l'on voit un Don Juan sans envergure sĂ©duire une toute jeune fille, et qui obtiendra le prix FĂ©nĂ©on en 1959. C'est le premier roman de Forton Ă  concourir pour le Goncourt. Tous les romans qui suivront feront Ă©galement partie des favoris pour ce grand prix littĂ©raire ;
  • Cantemerle, roman pour enfants, Ă©galement en 1957 ;
  • Le Grand Mal en 1959, qui traite l’un des sujets de prĂ©dilection de Forton : l’ambiguĂŻtĂ© de l’enfance et de l’adolescence. Ce roman obtint le Grand Prix de la Ville de Bordeaux en 1970 ;
  • L'Épingle du jeu, en 1960, qui marque l’apogĂ©e de sa carrière et le dĂ©but de sa chute. Car ce roman, qui dĂ©nonce les mĂ©thodes sadiques d’un collège jĂ©suite sous l’Occupation Ă  Bordeaux, dĂ©chaĂ®ne une violente polĂ©mique dans le milieu littĂ©raire. Victime d’une vĂ©ritable cabale de dĂ©vots, Forton voit le Goncourt lui Ă©chapper de très peu.

Six ans de silence prĂ©cèdent la parution, toujours chez Gallimard, du dernier roman publiĂ© du vivant de l’auteur : Les Sables mouvants, en 1966. Forton se verra ensuite refuser le manuscrit de L’Enfant roi par son Ă©diteur de toujours. Il meurt en 1982 d’un cancer du poumon, sans avoir publiĂ© d’autres Ĺ“uvres que des nouvelles dans la presse locale. Il faut attendre 1995 pour que Le Dilettante fasse redĂ©couvrir Jean Forton au public avec la publication de L’Enfant roi, restĂ© inĂ©dit, et la rĂ©Ă©dition de Les Sables mouvants en 1997.

En 2002 et en 2003, l’éditeur bordelais Finitude a publié deux recueils de nouvelles inédites de Forton : Pour passer le temps et Jours de chaleur. L’art de Forton a été salué unanimement par la critique dans ces nouvelles qui sont des bijoux d’humour et de sensibilité.

Cet auteur reste toujours d'actualité puisque, en octobre 2009, Le Dilettante a réédité La Cendre aux yeux, son œuvre la plus sulfureuse, tandis que Finitude a publié l'un de ses inédits, Le Salut et la Grâce, sous le titre de Sainte Famille.

Enfin, en novembre 2012, son dernier roman inédit, La vraie vie est ailleurs, est paru chez Le Dilettante.

Ĺ’uvres

  • Le Terrain vague (nouvelle), Pierre Seghers, Ă©diteur, Paris, 1951, rĂ©Ă©dit. dans Jean Forton, un Ă©crivain dans la ville, ouvrage collectif, Le Festin, Bordeaux, 2000.
  • La Fuite (roman), Gallimard, Paris, 1954 (rĂ©Ă©dit. 1983).
  • L'Herbe haute (roman), Gallimard, Paris, 1955.
  • L'Oncle LĂ©on (roman), Gallimard, Paris, 1956.
  • La Cendre aux yeux (roman), Gallimard, Paris, 1957 (rĂ©Ă©dit. 1983) ; Ă©dition italienne : La Cenere negli occhi, Aldo Garzanti, 1958 ; Ă©dition amĂ©ricaine : Isabelle, Criterion Books (New-York), 1959 ; Ă©dition anglaise : A wolf adventuring, Jonathan Cape Limited (Londres), Ă©dition de poche par Penguin books. RĂ©Ă©dition par Le Dilettante (postface de Catherine Rabier-Darnaudet), Paris, 2009. Édition allemande par Graf Verlag, Munich, 2011. Édition espagnole par Blackie Books, Barcelone, 2012.
  • Cantemerle (roman), « La Bibliothèque blanche », Gallimard, Paris, 1957.
  • Le Grand Mal (roman), Gallimard, Paris, 1959 ; Ă©dition anglaise : The Harm is done, Jonathan Cape Limited (Londres), 1961, Ă©dition de poche chez Editions Panther Book ; Ă©dition amĂ©ricaine, Criterion Books (New-York), 1961. Roman en course pour le prix Goncourt. RĂ©Ă©dition par L'Éveilleur (postface de Catherine Rabier-Darnaudet), Bordeaux, 2018.
  • L'Épingle du jeu (roman), Gallimard, Paris, 1960 (rĂ©Ă©dit. 1997) ; rĂ©Ă©dit. « L'Imaginaire », Gallimard, Paris, 2001 ; Ă©dition anglaise : The better part of valour, Jonathan Cape Limited, 1963. Roman en course pour le prix Goncourt.
  • Les Sables mouvants (roman), Gallimard, Paris, 1966 ; rĂ©Ă©dit. (postface de Dominique Gaultier), Le Dilettante, Paris, 1997.
  • L'Enfant roi (roman), (prĂ©face de Pierre Veilletet), Le Dilettante, Paris, 1995.
  • Pour passer le temps (nouvelles), (avant-propos de David Vincent), Ă©ditions Finitude, Bordeaux, 2002.
  • Jours de chaleur (nouvelles), Finitude, Bordeaux, 2003.
  • Sainte famille (titre original : Le Salut et la Grâce) (roman), Finitude, Bordeaux, 2009.
  • La vraie vie est ailleurs (roman), Le Dilettante, Paris, .
  • Toutes les nouvelles (nouvelles), Finitude, Bordeaux, 2013 (toutes les nouvelles publiĂ©es par Finitude dans les deux premiers recueils avec trois nouvelles inĂ©dites).

Études sur Jean Forton

  • Jean Forton, un Ă©crivain dans la ville, ouvrage collectif, Le Festin, Bordeaux, 2000
  • Catherine Rabier-Darnaudet, Les mĂ©canismes de la revie littĂ©raire. Jean Forton, revie ou survie ?, Roman 20-50, no 44, .
  • Catherine Rabier-Darnaudet, Deux inĂ©dits de Jean Forton : pièces archĂ©ologiques ou chefs-d'Ĺ“uvre ignorĂ©s ? (article sur La Ville fermĂ©e et Le Salut et la Grâce), Roman 20-50, no 48, .

Notes et références

  1. « Où l'on ne révérait que l'insolence » (Pierre Veilletet, Magazine littéraire, n° 270, octobre 1989, p. 72)
  2. Le manuscrit fut aussi refusé à La Table ronde, en 1955. Mais en 1959, Jean d’Halluin, directeur des éditions du Scorpion, qui en avait entendu parler par un de ses lecteurs, proposa à Forton de le publier. Sur les conseils de Gallimard, l'auteur ne donna pas suite à cette proposition.

Voir aussi

Sources

  • Catherine Rabier-Darnaudet, Étude de la rĂ©ception d'une Ĺ“uvre littĂ©raire : Jean Forton, Ă©crivain oubliĂ© ? , Thèse de littĂ©rature française, dir. Jean-Pierre Goldenstein et JoĂ«lle RĂ©thorĂ©, UniversitĂ© du Maine, Le Mans, 2006.
  • Mensuel Le Spectacle du Monde, , article Jean Forton, romancier de l'inquiète adolescence par Philippe d'Hugues, pages 68 Ă  70.

Liens externes

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