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Jean-Pierre Durand (sociologue)

Jean-Pierre Durand, né le [1], est un sociologue français. Professeur de sociologie à l'université d’Évry, il y dirige le centre Pierre-Naville. Spécialiste du travail et de l’entreprise, ses travaux portent aussi sur la sociologie générale.

Jean-Pierre Durand
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Il a d’abord travaillé sur le développement des pays du Sud, à l’île Maurice (1971-1972) et en Algérie (1973-1979), pays qui lui ont fourni les terrains d’analyse pour sa thèse de Doctorat de Sociologie (1973) et pour sa thèse d’État (1979) toutes deux préparées sous la direction de Louis-Vincent Thomas à l’Université de Paris V-Sorbonne. Lesquelles ont donné lieu à la publication de plusieurs ouvrages. Ceux sur l’Ile Maurice[2] - [3] - [4], publiés avec Joyce Sebag, ont servi très longtemps de textes de références aux étudiants et aux lycéens de Maurice ; celui écrit avec Habib Tengour, L’Algérie et ses populations[5] traitait des questions économiques, politiques et culturelles sans aucun tabou : il a été épuisé en quelques semaines.

Depuis le début des années 1980, les recherches de J.-P. Durand portent sur le travail dans différents secteurs d’activité. Il s’est intéressé très tôt aux transformations sociales liées à la généralisation des TIC (technologies de l’information et de la communication) dans l’espace domestique et dans l’espace de travail. D’où la création du Groupe de Recherche sur l’Informatisation de la Société (GRIS) à l’Université de Rouen où il a été maître de conférences puis professeur de sociologie de 1980 à 1991.

Il s’est ensuite intéressé durablement à l’industrie automobile, des phases de conception (avec les TIC) jusqu’au travail d’atelier, en étroite collaboration avec le GERPISA (Groupe de Recherche Permanent sur l’Industrie et les Salariés de l’Automobile)[6]. À partir du début des années 1990, il a multiplié les séjours au Japon, aux États-Unis, en Corée, en Malaisie et dans la plupart des pays européens pour y comparer les ateliers de fabrication. La jeune Université d’Évry (Sud parisien) l’appelle en 1991 pour créer, en coopération avec les entreprises environnantes, l’un des premiers diplômes professionnalisés en Sociologie, le DESS Sciences de la Production et des Organisations. Il ouvre le cursus de Sociologie de la première année au Doctorat et crée le Centre Pierre Naville, du nom de ce sociologue qui sut être savant autant qu’artiste en conservant une approche indépendante et critique de la société.

Les coopérations étrangères sont l’occasion d’observer finement les difficultés du modèle suédois (La fin du modèle suédois, 1994[7]), les tentatives de dépassement des crises du syndicalisme dans les pays industrialisés (Le syndicalisme au futur, 1995) tout en théorisant l’émergence d’un modèle productif (L’Après-fordisme, 1993, avec Robert Boyer). Cette période d’intenses échanges internationaux donne lieu à un ouvrage collectif immédiatement traduit en anglais, comparant 27 ateliers de montage automobile à travers le monde (L’avenir du travail à la chaîne, 1998 ; Teamwork in the Automobile industry : Radical Change or Passing Fashion ?, 1998). L’affinement du travail de terrain, en collaboration avec Nicolas Hatzfeld, à travers une approche quasi ethnographique montre comment le travail d’OS de l’automobile est à la fois plus dur mais est rendu acceptable par tout un entrelacs de jeux sociaux (La chaîne et le réseau. , 2002, Traduit en anglais).

Ces travaux le conduisent à devenir Professeur invité à l’Université de Cardiff (Pays de Galles), puis de Bristol (Angleterre) et de Stirling (Écosse). Il a ensuite publié une synthèse de toutes ces recherches appliquées à différents secteurs dont les services (La chaîne invisible. Le travail aujourd’hui : du flux tendu à la servitude volontaire, 2004, réédité en 2012, traduit et publié à Londres puis à Mexico et Madrid). Ces recherches de terrain sur le travail ne l’ont pas empêché d’actualiser Sociologie contemporaine, un manuel publié avec Robert Weil pour la première fois en 1989 et devenu l’ouvrage de référence dans les universités françaises (traduit en chinois et en arabe à Alger). La dernière version (2006) inclut une table ronde rassemblant les principaux sociologues de l’hexagone qui interrogent le statut de la Sociologie française par rapport au pouvoir, par rapport à sa professionnalisation et par rapport à la domination anglo-saxonne dans l’arène internationale.

Jean-Pierre Durand
Jean-Pierre Durand

La sociologie étant une science d’observation, elle mobilise un regard assez proche de celui du photographe. J.-P. Durand a longtemps hésité entre les deux métiers et a conservé la photographie comme seconde activité professionnelle. Il a travaillé longtemps pour des magazines publiés par Larousse, les Éditions Atlas (La Bible aujourd’hui), etc., pour les éditeurs scolaires ou universitaires. Il a rapporté de ses nombreux séjours et voyages à l’étranger de longues séries de photos pour l’agence Atlas Photo, puis pour l’agence Diaf avant son rachat par Photononstop pour laquelle il travaille aujourd’hui.

Jean-Pierre Durand a lancé à la fin de 2012, avec un groupe de sociologues, La Nouvelle Revue du Travail, disponible gratuitement en ligne.

Bibliographie sélective

  • La sociologie filmique. ThĂ©ories et pratiques, Paris, CNRS, coll. « Sciences politiques et sociologie », 2020 (avec Joyce Sebag)[8].
  • Innovation dans le travail et travail d'innovation, Toulouse, Octarès, 2013 (direction avec FrĂ©dĂ©ric Moatty et Guillaume Tiffon)
  • La chaĂ®ne invisible. Travailler aujourd'hui : du flux tendu Ă  la servitude volontaire, Le Seuil, 2004, rĂ©Ă©dition en 2012. Traduit en anglais (The invisible Chain, London, Palgrave, 2008) et en espagnol (La cadena invisible. Flujo tenso y servidumbre voluntaria, Mexico et Madrid, Casia abierta al tiempo/Fondo de Cultura Economica, 2011).
  • La Violence au travail, Toulouse, Octarès, (direction avec Marnix Dressen)
  • MĂ©tiers du graphisme, Paris, La Documentation française, 2011 (avec Joyce Sebag).
  • Les identitĂ©s au travail. Analyses et controverses, Toulouse, Octarès, (direction avec Jean-Yves Causer et William Gasparini)
  • Sociologie contemporaine, Ed. Vigot, 1989, 3e Ă©dition 2006 (direction avec Robert Weil, traduit en chinois et en arabe).
  • Les ressorts de la mobilisation au travail, Octarès, 2005 (direction avec Danièle Linhart)
  • La question du consentement au travail. De la servitude volontaire Ă  l’implication contrainte, Paris, L'Harmattan, 2006 (direction avec Marie-Christine Le Floch).
  • La chaĂ®ne et le rĂ©seau. Peugeot-Sochaux, ambiances d'intĂ©rieur, Lausanne, Page 2, 2002 (avec Nicolas Hatzfeld), traduit en anglais : Living Labour. Life on the line at Peugeot France, London, Palgrave-MacMillan, 2003.
  • L’avenir du travail Ă  la chaĂ®ne. Une comparaison internationale dans l’industrie automobile, La DĂ©couverte, 1998 (direction avec Paul Stewart et Juan JosĂ© Castillo), traduit en anglais : Teamwork in Automobile Industry : Radical Change or Passing Fashion ?, London, MacMillan, 1998.
  • L'Après Fordisme, Éditions Syros, 1993 et 1998 (avec Robert Boyer, traduit en japonais et en anglais : After Fordism, MacMillan, 1996).
  • The Hidden Face of the Japanese Model, Monash Asia Institute, Clayton, Australia, 1996 (avec Joyce Sebag).
  • Le syndicalisme au futur, Éditions Syros, 1996.
  • Sociologie de Marx, La DĂ©couverte, 1995 (traduit en turc)
  • La fin du modèle suĂ©dois, Éditions Syros, 1994.
  • Vers un nouveau modèle productif ? Éditions Syros, 1993 (dir.)
  • Sortie de Siècle. La France en mutation, Ed. Vigot, 1991 (direction avec François-Xavier Merrien).

Films vidéo

  • RĂŞves de chaĂ®ne, Production Centre Pierre Naville, 2002 (film de 26' rĂ©alisĂ© Ă  NUMMI, coentreprise GM/Toyota, près de San Francisco). Version anglaise : Dream on line, 2003 (avec J. Sebag)
  • Nissan, une histoire de management, Production Centre Pierre Naville, 2004 (film rĂ©alisĂ© Ă  Tokyo dans les usines Nissan, avec des entretiens de la direction, des managers et d’ouvriers), avec J. Sebag

Notes et références

  1. Durand, Jean-Pierre (1948-.... ; sociologue), « BnF Catalogue général », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
  2. Jean-Pierre Durand et Joyce Durand, L'Île Maurice, quelle indépendance ? : la reproduction des rapports de production capitalistes dans une formation sociale dominée, Éditions Anthropos, (lire en ligne)
  3. Jean-Pierre Durand et Joyce Durand, L'Île Maurice et ses populations, Éditions Complexe diffusion Presses universitaires de France, coll. « Pays et populations », (ISBN 978-2-87027-024-0, lire en ligne)
  4. Jean-Pierre Durand, L'Île Maurice aujourd'hui, Éditions "Jeune Afrique", coll. « Aujourd'hui », (ISBN 978-2-85258-292-7, lire en ligne)
  5. Jean-Pierre Durand et Habib Tengour, L'Algérie et ses populations, Éditions Complexe [diffusion PUF], coll. « Pays et populations », (ISBN 978-2-87027-095-0, lire en ligne)
  6. « Home | GERPISA », sur gerpisa.org (consulté le )
  7. Jean-Pierre Durand, La fin du modèle suédois, Syros, coll. « Alternatives économiques », (ISBN 978-2-84146-072-4, lire en ligne)
  8. Anaïs Clerc-Bedouet, « Joyce Sebag et Jean-Pierre Durand, La sociologie filmique. Théories et pratiques », Lectures,‎ (ISSN 2116-5289, DOI 10.4000/lectures.47271, lire en ligne, consulté le )

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