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Jean-Marie Barbe

Jean-Marie Barbe, né en 1955 à Lussas, est un réalisateur français, producteur et porteur de projet dans le milieu du cinéma documentaire.

Jean-Marie Barbe
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Naissance
Lussas, Ardèche
Nationalité Drapeau de la France Française
Profession réalisateur, producteur

Il a contribuĂ© Ă  dĂ©velopper cette activitĂ© dans le village de Lussas, devenu une pĂ©pinière du documentaire en France, concentrant des activitĂ©s de production, diffusion et de formations Ă  la rĂ©alisation documentaire. Il tient une place importante dans la pĂ©rennisation du documentaire dit « d'auteur Â» : il travaille Ă  en appuyer la lĂ©gitimitĂ©, la visibilitĂ© et la transmission. Selon lui, ce cinĂ©ma permet de s'ouvrir sur le monde et les autres, permet de se documenter et oblige Ă  penser en dehors des sentiers battus[1].

Biographie

Jeunesse

Jean-Marie Barbe est né à Lussas, en Ardèche, en 1955. Il grandit dans la maison familiale, au milieu de ses parents, grands parents et son oncle. Ses parents détiennent un petit commerce de village, une épicerie. Ils sont une famille de libres penseurs, socialistes depuis plusieurs générations. N’ayant aucun livre sous la main, Jean Marie Barbe apprend à connaître les autres et se nourrit d’abord par le biais de l’école puis par les projections cinématographiques organisées par l’amicale laïque du village. Les premiers films qu’il a vus sont des films tels que Crin-Blanc, Josélito ou encore L'Aiglon. À son arrivée au collège, il participe à l’organisation du ciné club de son internat. Après cette expérience, il monte avec quelques amis un nouveau ciné club au sein du foyer des jeunes de Lussas. Il en sera de même avec le ciné club du lycée. C’est donc tôt que se développe chez lui un grand amour pour le cinéma, qui l’instruit, l'ouvre sur le monde et nourrit son imaginaire, au-delà de ce que peut lui apporter l’école. Il en va de même pour la radio qui sera jusqu’au collège un substitut à l’absence de livre et deviendra ensuite une habitude culturelle[2].

Pour ses études supérieures, Jean-Marie Barbe choisi de suivre une formation universitaire en sociologie et en sciences techniques de la communication. Il n’ira que peu de temps en cours, rattrapé par ses convictions sociales, libertaires et écologiques, ainsi que par le désir de « passer à l’acte » : il prend part aux manifestations et actions anarcho-syndicalistes des années 1970 qui concernent le Larzac, le nucléaire, la Lip, le tiers-monde, l’écologie et le régionalisme ou encore le planning familial. C’est à ce moment qu’il fait la connaissance du cinéma documentaire « politique », qui entre en forte corrélation avec ces événements, leur offrant une visibilité. Ces différents épisodes forgent une idée et une conviction chez Jean-Marie Barbe : rester en milieu rural afin de le transformer par le cinéma, convaincu de pouvoir changer les choses[2].

Pérennisation du cinéma documentaire

En 1978-1979, il réalise un premier film sur des paysans ardéchois et la tradition orale Benleù Ben. Il tourne ensuite deux courts métrages avec un collectif de réalisateurs et techniciens du cinéma : La source de Pramaillé et Voyageurs de l’embellie[2].

Il voit la défense du cinéma documentaire comme un acte politique, et fonde donc, en 1978, avec trois amis, l’association Le Blayou, dans le but de mettre en place le festival Pays et Région contre le centralisme parisien du cinéma. Ce festival met donc en avant des films tournés en région par des indépendants et qui abordent différents thèmes tels que l’autogestion, l’écologie, le combat des femmes ou encore les minorités régionales. L’année d’après, en 1979, l’association devient Ardèche Images, toujours opérationnelle à l’heure actuelle.

En 1981, avec l’arrivĂ©e de la gauche au pouvoir, la loi de dĂ©centralisation et la politique culturelle de l’équipe de Jack Lang, l’esprit du festival change. En 1983, Jean-Marie Barbe crĂ©e avec Marion MĂ©jean la SARL Ardèche Image Production pour produire des films « ici, lĂ  et maintenant ». Avec Ardèche Images, ils montent des rĂ©seaux de cinĂ©mas itinĂ©rants 16 mm pour diffuser des films en milieu rural.

En 1984 la législation demande à la télévision publique de s'ouvrir : elle doit désormais travailler avec des producteurs de cinéma et d’audiovisuel indépendants. En 1985 Jean-Marie Barbe propose des projets à Antenne 2 (Carnet de l’aventure, émission animalière). Il part avec une équipe tourner dans le Sahara, mais tombe gravement malade et doit arrêter de travailler pendant plusieurs mois. À la reprise de ses activités, il constate avec l’équipe d’Ardèche Images un essoufflement : le festival semble avoir perdu une partie de son sens. Il termine dans le même temps un projet de film sur les chevaux et le projette à Lussas. Plusieurs professionnels du monde équestre viennent à la projection. Devant l’intérêt suscité par le film, Jean-Marie Barbe propose d’organiser un festival, Films et Cheval, dont la première édition se tiendra en 1986. Durant le festival est organisé un « marathon du scénario » : il s’agit de sélectionner seize scénaristes et leur donner l’occasion d’écrire la version brute d’un futur scénario de film en un temps limité quatre jours et trois nuits avec seulement quatre heures de sommeil autorisées par nuit). Ce marathon aura trois éditions. Le festival Films et Cheval sera un succès populaire mais prendra fin en 1989, faute de subvention. Toujours au cours de cette année, Jean-Marie Barbe participe à Paris à la création de la Bande à lumière dans l'optique de soutenir le documentaire, qui reçoit peu d'aides. C'est sous l’impulsion de la Bande à lumière et d’Ardèche Image que vont s'organiser les premiers États généraux du film documentaire en 1989. L’objectif est d’organiser une manifestation non compétitive autour du film documentaire[3] - [4].

Au dĂ©but des annĂ©es 1990, il met en place TĂ©lĂ©commune, une opĂ©ration de tĂ©lĂ©vision HD dans une dizaine de villages, dans le but de crĂ©er une nouvelle forme de convivialitĂ©. Il devient dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral des États gĂ©nĂ©raux. En 1994, il fonde la Maison du documentaire, une bibliothèque et vidĂ©othèque rĂ©unissant aujourd’hui 18 000 films. De 1995 Ă  1998 il participe Ă  la formation « produire en rĂ©gion » en tant que formateur. Au milieu des annĂ©es 1990, il met en place une rĂ©sidence d’écriture documentaire Ă  Lussas, puis, avec Marie-Pierre Duhamel-MĂĽller, il crĂ©e le DESS rĂ©alisation documentaire de crĂ©ation, qui deviendra Master RDC de Grenoble / Lussas.

Les annĂ©es 2000 marquent le dĂ©but d’une sĂ©paration entre la tĂ©lĂ©vision et le documentaire de crĂ©ation. Parallèlement, l’activitĂ© Ă  Lussas se prolonge et s’étend. Tout d’abord, Jean-Marie Barbe fonde le premier programme de rĂ©sidence d’écriture et rencontres de coproductions « Africadoc Â» Ă  GorĂ©e au SĂ©nĂ©gal. En 2004, il cède son rĂ´le de dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral des États gĂ©nĂ©raux du film documentaire Ă  Pascale Paulat. Il met en place Docnet avec Arnaud de MĂ©zamat, projet visant Ă  Ă©diter des films documentaires en DVD. D’autre part, il dĂ©veloppe les formations d’écriture, les Masters et les rencontres professionnelles Ă  l’étranger : Afrique, DOM-TOM, OcĂ©an Indien… Ces projets sont confiĂ©s ensuite Ă  la structure Docmonde, crĂ©Ă©e expressĂ©ment en 2012. En 2015, il travaille sur l'idĂ©e d’une plateforme de diffusion de documentaires d’auteur sur internet. Ce projet, TĂ«nk, se concrĂ©tise et voit le jour en , officialisĂ© lors de l’ouverture des États gĂ©nĂ©raux du film documentaire[5] - [6].

Lussas et le cinéma documentaire

Jean-Marie Barbe se place comme pionnier dans la pérennisation du documentaire d’auteur en France, par le biais de la dynamique insufflée dans le village de Lussas. Cette section décrit différentes structures lussassoises qui participent à l’affirmation de la place du documentaire dans le milieu cinématographique et pour lesquelles Jean Marie Barbe a eu un rôle important[7].

Ardèche Images

Ă€ l’origine nommĂ©e Le Blayou, l’association Ardèche Images, basĂ©e Ă  Lussas, en Ardèche, est crĂ©Ă©e en 1979. Elle est l’épicentre de l'activitĂ© documentaire Ă  Lussas, regroupant une grande partie des structures qui s’y trouvent. Ces structures se divisent en quatre secteurs participant au dĂ©veloppement du cinĂ©ma documentaire :

  • Un festival, les Ă‰tats gĂ©nĂ©raux du film documentaire, crĂ©Ă© en 1989. C’est une manifestation non compĂ©titive rĂ©unissant un large public autour des enjeux du documentaire : l’esthĂ©tique, l’éthique et son Ă©conomie.
  • Un centre de ressources : la Maison du doc, crĂ©Ă©e en 1994, spĂ©cialisĂ©e dans le film documentaire. On y trouve près de 57 000 documents, qu’il s’agisse de films en DVD et numĂ©riques, ou d’ouvrages et revues autour du cinĂ©ma documentaire.
  • Des formations avec l'École Documentaire. Ses enseignements concernent l'Ă©criture, la rĂ©alisation et la production de films documentaires de crĂ©ation. Des rencontres professionnelles y sont organisĂ©es afin de faciliter la mise en production de premières Ĺ“uvres.
  • Une branche diffusion avec les Toiles du doc, projet lancĂ© en 2015. Cette structure aide la diffusion de films documentaires en rĂ©gion RhĂ´ne-Alpes et met en place de projections suivies de rencontres dans la rĂ©gion.

Docmonde

L’association Docmonde, née en 2012, est un organisme de formation qui initie et développe des programmes de formation de réalisateurs et de producteurs, ainsi que des rencontres de coproductions en Afrique, en Eurasie, en Amazonie-Caraïbes, en Asie, dans les Andes, dans l’Océan Indien et dans l’Océan Pacifique. Son objectif est d’accompagner la création documentaire à l’échelle internationale. Les formations sont toujours prolongées par des rencontres de coproduction. La formation y est envisagée comme un premier pas dans le monde professionnel[8] - [9].

TĂ«nk

TĂ«nk est le dernier projet nĂ© Ă  Lussas. Le projet Ă©tait en construction depuis 2015, annĂ©e durant laquelle a Ă©tĂ© lancĂ©e une campagne Ulule pour financer le projet. Elle a Ă©tĂ© officiellement lancĂ©e lors de l’ouverture du festival des États GĂ©nĂ©raux du documentaire en . Il s’agit de la première plateforme de diffusion en ligne dĂ©diĂ©e au documentaire d’auteur. Son but est de donner accès au public le plus large possible, Ă  des films non formatĂ©s, souvent visibles uniquement en festival. Une vingtaine de programmateurs, passionnĂ©s du documentaire, Ă©laborent cette sĂ©lection de films rĂ©partis sur 13 plages thĂ©matiques : Écologie, Grands entretiens, Arts, Écoute, Fragment d'une Ĺ’uvre, Coup de cĹ“ur, etc. Le site est accessible en France (MĂ©tropole et DOM-TOM), Belgique, Suisse et Luxembourg. Il a pour vocation de s’étendre dans les pays francophones Ă  l’international[10] - [11].

Filmographie (cinéma et télévision)

  • 1979 : BenleĂą Ben, la tradition orale en CĂ©vennes, 52 min (co-rĂ©alisation avec Jean Jacques Ravaux et Marie Odile MĂ©jean)
  • 1980 : Le voyageur de l’embellie, 50 min – fiction (auteur rĂ©alisateur)
  • 1985 : Cerro TorrĂ©, 26 min – documentaire de dĂ©couverte (auteur – rĂ©alisateur)
  • 1985 : Trois chevaux MĂ©rens en voyage, 52 min documentaire de dĂ©couverte (auteur – rĂ©alisateur)
  • 1986 : Beyrouth, l'argent de la guerre, 52 min, magazine d'information – (auteur rĂ©alisateur)
  • 1987 : Le Grillon du mĂ©tro, 26 min - (auteur rĂ©alisateur)
  • 1989 : Une affaire mouche, la mouche dans l'enquĂŞte policière, 26 min – (Arte) (auteur rĂ©alisateur)
  • 1992 : L'Epicerie de ma mère, immersion dans une petite Ă©picerie de village, 30 min – (Arte) (auteur rĂ©alisateur)
  • 1994 : Les Moissons de l'utopie, 52 min – (Arte) (co-rĂ©alisation avec Yann Lardeau et Yves Billon) (auteur rĂ©alisateur)
  • 1995 : La Classe de philosophie, suivi d'une classe de terminale en cours de philo sur une annĂ©e scolaire – (Planète) (co-rĂ©alisation avec Bernard Cauvin)

Triptyque sur les professionnels de la politique à l’échelle de la mairie du département de la région :

  • 1997 : La RĂ©publique des maires, 52 min – (FR3) (auteur rĂ©alisateur)
  • 1999 : Changement de direction, 52 min – (FR3) (auteur rĂ©alisateur)
  • 1998 : Le juste Non ! 70 min - (France 2, FR3) (coauteur avec Caroline Bufard)
  • 2001 : Les Ouvriers de la terre, 52 et 63 min – (Arte) (auteur rĂ©alisateur)
  • 2006 : Je prends ta douleur, 46 min – (TLSP) (co-rĂ©alisation avec JoĂ«lle Janssen)
  • 2008 : Oncle Rithy, 90 min – (CinĂ© CinĂ©ma)
  • 2012–2020 : MĂ©moires commune, (co-rĂ©alisation avec le Groupe des documentaristes de Lussas)
  • 2015 : Lumière d’octobre, 70 min (Lyon Capitale) co-rĂ©alisation avec le collectif des documentaristes BurkinabĂ©s
  • Histoires communes, 4 Ă— 50 min auteur rĂ©alisateur
  • 2015 : Chris Marker Never explain never complain, 148 min (CinĂ© +) co-rĂ©alisation avec Arnaud Lambert [12]

Notes et références

  1. « Audio: Etat des lieux du documentaire (3/5) », sur Play RTS (consulté le ).
  2. « Lussas, un lieu où le réel a du talent / E-dossier : Le documentaire, un genre multiforme / E-dossiers de l'audiovisuel / Publications / INA Expert - Accueil - Ina », sur www.ina-expert.com, INA (consulté le ).
  3. Elisabeth Bouvet, « RFI - Lussas ou le documentaire dans tous ses états », sur www1.rfi.fr, (consulté le ).
  4. Ciné Archives, « Etats généraux du film documentaire de Lussas - Critique et avis par Les Inrocks », Les Inrocks,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Clarisse Fabre, « Dans un paysage hostile, Lussas se réinvente », sur lemonde.fr, 19 aoüt 2015.
  6. Anne-Sophie Jacques, « Lussas : comment un village d'Ardèche est devenu capitale du documentaire », Arrêt sur images,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. Séverine Mizera, « Un autre regard sur le monde », Le Dauphiné libéré,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « http://www.docmonde.org/ », sur www.docmonde.org (consulté le ).
  9. Imène Amokrane, « Mariem Hamidat : “Porter des films d’auteur avec un regard singulier sur notre société” », liberte-algerie.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Tënk, le documentaire d'auteur sur abonnement - Tënk », sur www.tenk.fr (consulté le ).
  11. « Tënk : Un Netflix du documentaire à la française », France Inter,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Ardèche Images, « Ardèche images : Réalisateurs - Jean-Marie Barbe », sur www.lussasdoc.org (consulté le ).

Liens externes

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