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Jacques Tillier

Jacques Tillier est un journaliste français et un patron de presse, né le près d'Alger[1]. Il est grièvement blessé en 1979 par Jacques Mesrine alors qu'il travaillait pour Minute. Il fut notamment directeur du Journal de l'île de La Réunion et du pôle Champagne-Ardennes-Picardie (CAP) du groupe Hersant.

Jacques Tillier
Naissance
Alger
Nationalité Française
Profession Journaliste
MĂ©dias actuels
Pays Drapeau de la France France
Historique
Presse Ă©crite Minute
Journal de l'île de La Réunion

Biographie

Né dans une famille pied-noir, son père est officier dans l'infanterie de marine et sa mère est institutrice. Il intègre à l'âge de 16 ans l'école des mousses et fait partie pendant cinq ans des commandos de marine et suit une préparation de parachutiste[2]. Il entre ensuite à la Direction de la surveillance du territoire (DST)[3] de Tours, dont il démissionne début 1973. Il est ensuite, quelques mois, employé d'une agence immobilière de Tours[4], avant d'être engagé à Paris à Minute, l'hebdomadaire alors d'une extrême-droite xénophobe et anti-gaullienne.

Avec la complicité du commissaire Lucien Aimé-Blanc, alors grand ami de Jacques Tillier, Il rédige en 1979 un article diffamatoire dans le but d'obtenir de l'ennemi public numéro un de l'époque, Jacques Mesrine, une interview exclusive et surtout de laisser à Aimé-Blanc le soin, une fois l’interview terminée, de capturer Mesrine. Ce dernier accepte et le rendez-vous est fixé dans la grotte de Mont-la-Ville, à Verneuil-en-Halatte. Aimé-Blanc laisse cependant partir Mesrine (car il aurait fallu « tendre un dispositif » et en informer sa hiérarchie — c'est ce qu'il déclara plus tard lors d'une interview[5]) avec son complice et Tillier, que Mesrine torture et blesse gravement de trois balles le .

Jacques Mesrine affirmera que c'est lui qui a sorti Tillier de la grotte pour le déposer près de la route pour qu'il soit secouru par des automobilistes, ce qui fut le cas, tandis que Tillier, de son côté, déclare avoir rampé sur près de six kilomètres pour parvenir à la route[6]. Il est longuement entendu par la juge en charge de l'affaire, Marie Brossy-Patin[7].

Après cette affaire qui l'aura marqué à vie, Jacques Tillier quitte Minute pour travailler de 1980 à 1990 au Journal du dimanche avec lequel il collaborait depuis 1974 sous le pseudonyme de « Jacques Langeais » participant à certains scoops[8].

Il quitte la France métropolitaine pour jouer le rôle de conseiller auprès de plusieurs chefs d'État africains, notamment Paul Biya au Cameroun et Lansana Conté en Guinée. Cette période s'achève quand, selon ses dires, un journaliste « inspiré par Maître Spizner, à la demande du RPR », place sa photo à la une de L'Événement du jeudi avec pour titre : « L’espion blanc pour présidents africains. »[8]

Il est alors recrutĂ© par Henri Morny, un des dirigeants du groupe Hersant, qui lui demande de s'installer sur l'Ă®le de La RĂ©union oĂą il est nommĂ©, au dĂ©but des annĂ©es 1990, rĂ©dacteur en chef du Journal de l'Ă®le de La RĂ©union (JIR), qui vient d'ĂŞtre rachetĂ© par le groupe France Antilles, une filiale du groupe Hersant. Il en devient par la suite le directeur, puis le prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral. Le tirage du journal passe en quelques annĂ©es de 6 000 Ă  32 000 exemplaires[8].

Réputé pour sa plume aisée, mais assassine, il choisit comme sujet de prédilection de son éditorial la découverte des abus de biens sociaux et des scandales politiques locaux. Celui-ci entraîne une augmentation d'un tiers des ventes du journal chaque samedi d'après le concurrent communiste Témoignages, mais est également la cause de coûteuses condamnations pour diffamation.

Dans son éditorial du , intitulé « On s'en tamponne mister Président », il annonce qu'il quitte le Journal de l'île de La Réunion. Il deviendra, avant la fin du premier semestre 2008, le nouveau président directeur général du quotidien L'Union de Reims.

Jusqu'en , il dirige le pôle Champagne-Ardennes-Picardie (CAP) du groupe Hersant (L'Union, L'Ardennais, L'Est-Éclair, Libération-Champagne et L'Aisne nouvelle) dont la plupart des titres ont été revendus en au groupe belge Rossel sous la pression des banques. Concernant le déclin des ventes de ces quotidiens régionaux, il avance : « Vous ne pouvez pas faire un journal digne de ce nom avec une quarantaine de journalistes qui travaillent sur 138 »[9].

Ses éditoriaux dans le Journal de l'île de La Réunion font l'objet de polémiques récurrentes pour leur violence et leur misogynie. Dans une lettre ouverte publiée par des femmes politiques de gauche comme de droite en 2023, Huguette Bello (Nupes), critique « ces machos d'un autre âge qui voient l'émancipation des femmes comme un cauchemar ». En 2017 , Nassimah Dindar (UDI), alors présidente du conseil général, dénonçait « le niveau, entre le caniveau et la porcherie » des écrits de Jacques Tillier. En octobre, Yves Montrouge, ancien rédacteur en chef du Journal de l'île, déniait encore à son ancien collègue « le droit d'insulter, de jeter en pâture et de traîner dans la boue des êtres humains »[10].

Ĺ’uvres

  • Jacques Tillier, En première ligne... Jacques Grancher Ă©diteur, 1980, 266 p.
  • Jacques Tillier, Une plume libre, Paris, Ă©d. Pygmalion, , 417 p., 22 cm (ISBN 978-2-7564-0733-3, BNF 43553679)
    La mention « De Mesrine à Sarkozy, souvenirs d'un journaliste pas comme les autres », qui apparaît en couverture de l'ouvrage, n'est pas un sous-titre au sens bibliographique, étant absente de la page de titre.

Références

  1. « TILLIER Jacques », sur Réunionnais du Monde (consulté le ).
  2. Jacques Tillier, En première ligne... Jacques Grancher, éditeur, 1980, p.46
  3. Régis Soubrouillard, « Comment Xavier Bertrand a fait main basse sur l'Aisne Nouvelle », Marianne,‎ (lire en ligne [archive du ])
  4. Jacques Tillier, En première ligne... Jacques Grancher, éditeur, 1980, p.66
  5. Radio France (Émission Dossier X en cavale, interview par Éric Yung), « L'affaire Tillier/Mesrine », sur ina.fr, (consulté le ).
  6. « Il laisse le journaliste à demi mort dans la grotte », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. J. M. Deroy, « « Le règlement de comptes de la forêt d’Halatte » », Le Courrier – Faits divers,‎ 14 septembre 1979.
  8. Jacques Tillier (entretien), « Quand Mesrine voulait me tuer », sur revue-medias.com, no 26
  9. Tony Verbicaro, « Un journaliste pas comme les autres », L'Hebdo du vendredi,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. Laurent Decloitre, « A la Réunion, le machisme en roue libre d’un directeur de journal », sur Libération,
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