Jacques Retouret
Jacques Retouret est nĂ© Ă Limoges le . Il fait ses Ă©tudes chez les jĂ©suites, qui cherchent Ă le garder. Il entre au Carmel le , poursuit ses Ă©tudes, et il est ordonnĂ© prĂȘtre Ă Limoges. Il est appelĂ© Ă prĂȘcher dans diffĂ©rentes villes (Limoges, Albi, Toulouse), mais il garde une santĂ© fragile. Lors de la rĂ©volution française il est arrĂȘtĂ©, prĂȘte serment « LibertĂ©-ĂgalitĂ© » puis se rĂ©tracte. Il est alors condamnĂ© Ă ĂȘtre dĂ©portĂ© au-delĂ des mers. EmprisonnĂ© dans des « bateaux-prison », mal nourri et trop faiblement vĂȘtu, malade, il meurt dans l'Ăźle Madame (Rochefort), dans la nuit du 25 au . Il est bĂ©atifiĂ© par Jean-Paul II le , avec 63 autres prĂȘtres et religieux, martyrs de la foi.
Jacques Retouret | |
Bienheureux | |
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Naissance | Limoges |
DĂ©cĂšs | pontons de Rochefort |
Nationalité | Français |
Ordre religieux | Grands carmes |
BĂ©atification | par Jean-Paul II |
VĂ©nĂ©rĂ© par | Ăglise catholique romaine, Ordre du Carmel |
FĂȘte | 26 aoĂ»t |
Biographie
Enfance
Jacques Retouret est nĂ© Ă Limoges le (Ă 11 h), son pĂšre, Ătienne Retouret, Ă©tait marchand, sa mĂšre se nommait Marie Theulier. Il est baptisĂ©, Ă Saint-Pierre le jour mĂȘme de sa naissance. Enfant, Jacques Ă©tait sĂ©rieux, doux, modeste et prudent, trĂšs docile, extrĂȘmement studieux[1].
Ătudes et entrĂ©e au Carmel
Il fait ses Ă©tudes au collĂšge de Limoges chez les pĂšres jĂ©suites, qui essaient de le garder et le faire entrer dans leur congrĂ©gation. Son oncle maternel abbĂ© cherche, pour sa part, Ă le faire entrer dans son ordre, l'ordre de Saint-BenoĂźt. Mais Jacques prĂ©fĂšre se tourner vers l'ordre du Carmel. Le , il prononce ses vĆux au couvent des ArĂšnes (Carmel de Limoges). Jacques Retouret est envoyĂ© suivre des cours de rhĂ©torique Ă La Rochefoucauld. Il Ă©tudie ensuite, durant cinq ans, la philosophie et la thĂ©ologie. Il est ordonnĂ© prĂȘtre par l'Ă©vĂȘque de Limoges, Mgr d'ArgentrĂ©, qui gardera toute sa vie une estime particuliĂšre pour lui. Bien que le couvent des Carmes soit trĂšs Ă©loignĂ© de son palais, l'Ă©vĂȘque allait voir le PĂšre Retouret dans son couvent, et lui parler dans sa cellule. Jacques Retouret sera longtemps le sous-prieur dans sa communautĂ© religieuse.
Sur ordre de ses supĂ©rieurs, Jacques part trĂšs vite prĂȘcher dans les Ă©glises et cathĂ©drales (Limoges, Albi, Toulouse, etc.). Sa santĂ© devient mĂȘme mauvaise et il est rĂ©guliĂšrement malade (au foie, maux de tĂȘte, rhumatismes). MalgrĂ© tout cela, il travaille beaucoup[1].
Sous la RĂ©volution
Lorsqu'arrive la RĂ©volution française, dans un premier temps, il refuse de prĂȘter serment Ă la RĂ©publique. Ce refus lui attire la haine des rĂ©volutionnaires. Un peu plus tard[2], il prĂȘte le serment qu'on demandait aux prĂȘtres. Une loi est votĂ©e exigeant des religieux un certificat de civisme. Jacques en demande un, mais il lui est refusĂ©. Il est alors emprisonnĂ© comme suspect. Il se rĂ©tracte de son serment, d'abord auprĂšs d'un prĂȘtre autorisĂ© (Ă recevoir cette rĂ©tractation), puis publiquement, le devant Guillaume Imbert, commissaire de la municipalitĂ© de Limoges[1].
Pour cet acte de rĂ©tractation, il se voit condamnĂ© Ă ĂȘtre dĂ©portĂ© en Guyane[3].
Le , il reçoit dans sa prison la visite du mĂ©decin, qui le dĂ©clare « atteint d'une obstruction au foie, qui n'empĂȘche pas la dĂ©portation ». Aussi, le surlendemain, le l794, il fait partie des quarante prĂȘtres qui sont envoyĂ©s Ă Rochefort.
Ă Rochefort, il est installĂ© sur le navire les Deux AssociĂ©s. En plus des trĂšs nombreux maux que les dĂ©portĂ©s avaient Ă souffrir dans l'entrepont de ce navire (en , une Ă©pidĂ©mie de typhus se dĂ©clare parmi les prisonniers[4]), il en subit d'autres, comme le froid (dont il souffre terriblement) et une sciatique douloureuse[5]. Il meurt dans la nuit du 25 au et il est enterrĂ© dans l'Ăźle Madame, Ă quelques lieues de Rochefort[1]. Ă cette date, la marine anglaise faisait le blocus de la France, empĂȘchant le dĂ©part des bateaux prisons[3]. De la sorte, beaucoup de prisonniers pĂ©rirent dans les cales des navires, sans jamais partir pour leur destination de bannissement.
BĂ©atification
Il est bĂ©atifiĂ© avec 63 autres prĂȘtres et religieux[6], comme martyrs de la foi[7], le , par le pape Jean-Paul II[3].
Depuis 1910, chaque deuxiĂšme quinzaine d'aoĂ»t, a lieu un pĂšlerinage en souvenir des prĂȘtres dĂ©portĂ©s[4].
FĂȘte liturgique
La fĂȘte liturgique dans l'Ăglise catholique est fixĂ©e le 26 aoĂ»t, jour de son dĂ©cĂšs[3]. Dans l'ordre des Carmes dĂ©chaux le 26 aoĂ»t est occupĂ© par une autre fĂȘte : la TransverbĂ©ration de sainte ThĂ©rĂšse d'Avila[8], c'est pourquoi, il est parfois cĂ©lĂ©brĂ© avec ses 3 confrĂšres[6] le 18 aoĂ»t.
Notes et références
- « Bienheureux Jacques Retouret (1746-1794) », sur carm-fr.org, Les Grands Carmes en France (consulté le ).
- Peut-ĂȘtre Jacques a-t-il Ă©tĂ© induit en erreur par les conseils d'un homme en place, l'amenant Ă prĂȘter serment.
- (en) « Bl. Jacques Retouret, Priest and Martyr », sur ocarm.org, Ordine dei Carmelitani (Italie) (consulté le ).
- « Ăle Madame », sur catholique-larochelle.cef.fr, diocĂšse de La Rochelle (consultĂ© le ).
- M. La Biche de Reignefort, qui partageait sa captivitĂ©, rapporte qu'il souffrit beaucoup du froid : « n'ayant jamais pu obtenir du capitaine du navire oĂč nous Ă©tions entassĂ©s comme des moutons que l'ont fait parquer dans les champs, quelques vĂȘtements de nos confrĂšres morts, pour les joindre au frĂȘle habit de camelot qui le couvrait Ă peine, et qui le dĂ©fendait mal, durant la fraĂźcheur des nuits ». Le tĂ©moin rapporte Ă©galement qu'il souffrit « d'une sciatique douloureuse qui exerça longtemps sa patience sans jamais lasser son courage. Ce digne religieux, qui passait gĂ©nĂ©ralement pour un saint dans sa patrie, mourut dans l'Ăźle Madame, Ă quelques lieues de Rochefort, dans la nuit du 25 au ».
- Voir aussi, toujours dans l'ordre du Carmel : Michel-Louis Brulard, Jean-Baptiste Duverneuil, Jacques Gagnot.
- « Bienheureux Jacques Retouret », sur nominis.cef.fr, Nominis (consulté le ).
- Les heures du Carmel, Ăditions du Carmel, 2005, Page 179.