Jacques Loiseau
Jacques Loiseau, né le à Cérilly et mort le à Aix-en-Provence, est un peintre français, renommé pour ses marines, ses natures mortes mais surtout ses paysages provençaux. Ingénieur puis dirigeant d'entreprise, il peint épisodiquement pendant sa période d'activité professionnelle. Il prend sa retraite en 1986 à Aix-en-Provence où il s'installe avec son épouse Claudie. En 1989, celle-ci tombe gravement malade et il consacre tout son temps à s'occuper d'elle. Très contraint par les soins permanents qu'exige son état, il trouve le temps d'écrire un livre pour partager cet engagement[1], puis reprend son activité de peintre comme une évasion salutaire mais aussi un geste d'amour supplémentaire pour son épouse. Inspiré par la Provence, il se trouve un style qui lui est propre, vigoureux et éclatant. Il peindra plus de mille tableaux entre 1992 et 2008.
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Nationalité | |
Activités | |
Autres activités | |
Formation |
Biographie
Il est le fils d'un couple d'instituteurs du Bourbonnais. Son enfance est campagnarde et plutôt heureuse dans une fratrie de 6, dont les naissances s'étalent sur 22 ans. Très jeune, il adore dessiner et croquer les amis comme les membres de la famille.
Il fait maths sup, maths spé, au Lycée du Parc à Lyon puis rentre à l' École des Mines de St-Étienne.
Il rencontre Claudie Ravachol, institutrice, en avril 1944 à St-Étienne, puis l'épouse en août.
Il commence sa carrière comme ingénieur dans les mines de charbon, puis emmène sa famille en Sarre (Allemagne) pour prendre successivement plusieurs postes de Directeur de mines à Reden, Sulzbach.
La transformation de la Zone d'Occupation Française en Sarre en un État sous protectorat français (Constitution du 15 décembre 1947) n'est pas sans soulever de profonds désaccords avec les autorités de la République Fédérale d'Allemagne. Bien conscient du risque d'avoir à quitter rapidement la Sarre, et attiré par le Midi, le couple décide l'achat d'un terrain et la construction d'une maison sur les hauteurs de Golfe-Juan (Alpes-Maritimes). Celle-ci servira à la fois de lieu de vacances (Claudie a 4 enfants et ne travaille plus dans l'enseignement) mais surtout de maison de repli face aux aléas d'une carrière d'expatrié. Elle devient en fait un refuge et un point d'ancrage qui jouera un rôle majeur dans l'attirance du futur peintre pour le Midi et plus largement La Méditerranée.
Avec le référendum du 23 octobre 1955, les Sarrois rejettent le Statut Européen et en conséquence Jacques Loiseau et sa famille quittent en 1957 la Sarre pour la Région Parisienne.
En 1959, il prend un poste de Secrétaire Général à la CFPA (Compagnie Française des Pétroles d'Algérie) à Alger. Il l'occupera jusqu'en mars 1962 où le couple et leurs enfants rentrent en métropole d'abord à Golfe-Juan pour finir l'année scolaire puis à Paris.
Il est successivement cadre dirigeant de la Société Soletanche (maintenant Soletanche-Bachy) puis PDG de la Compagnie des Métaux Précieux, une société industrielle fournissant la bijouterie et l'industrie en produits semi-transformés, à base d'or, argent, paladium etc, puis consultant chez Total.
Il est président du Conseil National des Ingénieurs Français en 1992 et fréquente les allées du Pouvoir. Jean D. Lebel lui succède et écrira la préface du livre 'De jour comme de nuit'[2].
À sa retraite, il quitte la Région Parisienne et s'installe à Aix-en-Provence avec son épouse Claudie. La maison est située Avenue Paul Cézanne à quelques mètres d'un terrain où Paul Cézanne venait régulièrement poser son chevalet pour peindre la Sainte Victoire (Vue des Lauves).
En 1989, Claudie subit un accident vasculaire cérébral avec de lourdes séquelles. Dès lors commence une période de plusieurs années où il est dévoué à s'occuper des besoins de son épouse, période qui ne cessera qu'avec son décès en 1994. Jacques Loiseau a déjà peint environ 400 tableaux.
En 1996, il publie 'Naissance d'une culture / Essai sur la Culture industrielle' où il tente de partager son expérience de décideur et sa vision des mutations de la Société[3].
En 1999, il publie 'Scherzo pour l'emploi' où sous l'apparence d'un roman, il critique profondément les politiques publiques de relance de l'Emploi[4].
De 1997 à 2009, il produit successivement trois ouvrages de contes parodiques et de poèmes, illustrés de ses tableaux : Contes en Provence (1997), Poèmes en Provence (2006), puis Jardins en Provence (2009).
En septembre 1998 puis septembre 1999, il se déplace par 2 fois à Okayama, entre Kyoto et Hiroshima où est organisé une exposition de ses tableaux.
En octobre 2009, il est hospitalisé et sa santé se dégrade rapidement. Ses quatre enfants se relaient pour s'occuper de lui jusqu'à son décès qui survient le 23 janvier 2010[5].
Il est inhumé avec son épouse au Cimetière du Grand Saint Jean sur les hauteurs d'Aix-en-Provence.
Expositions
- Galerie Montgrand, Marseille , 1993[6]
- Galerie Julien, Le Castellet, 1996
- Musée du Taurentum, St-Cyr-sur-Mer, 1997
- Galerie Marie-Louise, Grenoble, mai 1997
- Palais des Congrès, Okayama, Japon, septembre 1998
- Galerie Accord, Marseille, 1999
- Palais des Congrès, Okayama, Japon, septembre 1999
- Galerie 4, Aix-en-Provence, 2003
- Institut Universitaire Américain, Aix-en-Provence, 2007
Influences
Picasso
Venir vivre à Golfe-Juan, petit port où débarqua Napoléon au retour de l'Ile d'Elbe, c'est aussi vivre dans la commune de Vallauris, à une époque où Picasso y travaillait. C'est admirer la liberté de son style mais aussi sa simplicité.
Donnons la parole Ă Jacques Loiseau[7]:
« A cette époque-là , Golfe-Juan était calme.
La foule des étés, et le triste amalgame
Entre les gens du cru et tous les vacanciers,
N'avait pas envahi, et nous laissait souffler.
Et si on Ă©vitait la route nationale
On atteignait sans peine aux plages familiales.
Du village voisin qu'alors il habitait,
De son cher Vallauris, Picasso descendait
Pour venir se baigner sur la plage publique,
Il travaillait alors aux belles céramiques.
Dans le Musée d'Antibes on peut les voir encore,
Vieux château des remparts qui de maître s'honore.
Assis tout bonnement sur un simple pliant
On voyait aisément son regard perçant
Posé sur les baigneurs sans le moindre ostracisme.
Il en ferait plus tard ses grands et beaux graphismes
De nymphes et de faunes que l'on y voit aussi,
Évocation osée de la mythologie. »
CĂ©zanne
Acheter une bastide au 49, Avenue Paul Cézanne, à moins d'un kilomètre de l'Atelier des Lauves, et à quelques mètres d'une vigne où Cézanne venait poser le chevalet pour peindre, c'est bien-sûr vouloir marcher modestement sur ses traces.
En 2004, Le terrain est aménagé en promenade pédagogique sous le nom : Le Terrain des Peintres.
LĂ aussi, donnons la parole Ă Jacques Loiseau[8]
« Paul Cézanne
Grimpant la colline, le vieil homme soufflait
En Ă©pongeant son front de son grand mouchoir blanc.
Dès l'heure du matin, la chaleur accablait
Mais le temps le pressait, il Ă©tait impatient.
Il avait quitté tôt le nouvel atelier
Qu'il avait projeté dans le chemin des Lauves,
Et dont la construction venait de s'achever,
Havre, refuge qui de son tourment le sauve
.. Peignant sur le motif, il lui fallait rejoindre
Le lieu privilégié tout en haut de la route,
Qu'il avait adopté, car il aimait y peindre
Cette Montagne aimée dont la beauté envoûte.
En ce lieu bien choisi, situé au milieu des vignes,
Il voulait la revoir, admirer sa splendeur,
Profil impressionnant, majestueuse insigne,
Changeant pour le combler sans cesse de couleur. »
En dehors de ces deux géants, Jacques Loiseau ne semble pas se reconnaître de maîtres.
Au fil des nombreuses peintures, il laisse cohabiter la thématique méditerranéenne avec des essais dans des styles très divers, et en cultivant un certain goût de la caricature et la dérision qui ressortent dans les portraits. Peu à peu, de nombreux marchés provençaux, terrasses de café, jeux de boules mettent en scène une humanité qu'il juge jacassante et dérisoire. Ces compositions évoluent vers un modèle où la plupart des personnages sont privés de visage, développent un schématisme qui n'est pas sans faire penser aux compositions de Baigneurs et Baigneuses de Cézanne.
Composition
Comme Cézanne, il juxtapose les couleurs et évite autant que possible de les 'fondre' ou d'en casser la tonalité avec du noir. À partir de 1991, il travaille sur une toile préalablement peinte en noir. Ceci permet d'obtenir 2 effets qui structurent toute son œuvre pendant des années :
- Éviter de juxtaposer 2 couleurs franches et donc limiter les effets perceptifs décrits par Michel-Eugène Chevreul
- Permettre d'ajouter des nuances en laissant ressortir la trame noire du fond tout en gardant des couleurs très vives.
La découverte de cette technique est le fruit d'un hasard : En 1988, il réalise un tableau abstrait plein de coulures bleues et rouges très vives puis veut le donner à un de ses enfants. Mais celui-ci n'est pas enthousiasmé et Jacques rapporte le tableau chez lui. Quelque temps plus tard, il repeint par dessus une Sainte-Victoire (voir photo), où le bleu et le rouge du fond sont mis à profit.
Jacques Loiseau ne se préoccupe pas de mettre en place une perspective réaliste. Il peint plutôt une série de plans qui se juxtaposent. Éventuellement la taille des objets et des personnages permet à l’œil du spectateur de reconstituer la perspective.
Jusqu'en 1998, il peint principalement à l'acrylique, car il ne veut pas être contraint par le temps de séchage du médium. À partir de 1999, il trouve une peinture à l'huile qui sèche vite et bascule progressivement pour ne peindre ensuite qu'à l'huile.
Ĺ’uvres : La PĂ©riode de recherche
De 1954 à 1962, Jacques Loiseau peint épisodiquement, principalement à Golfe-Juan et s'essaye à plusieurs styles très différents. Peu à peu, il s'affirme comme coloriste plutôt que comme dessinateur, bien que ses toiles, qu'elles fussent abstraites ou figuratives, soient solidement architecturées. De cette période, une douzaine d’œuvres sont connues, soit données à des amis, soit conservées dans la famille.
Œuvres : La période d'Aix-en-Provence
Sainte-Victoire
Il peint la Sainte-Victoire au moins 25 fois, depuis la terrasse de sa maison mais aussi sous des angles plus insolites, et en toutes saisons.
La Provence vue par elle-mĂŞme
Il adore mettre en scène ce qui représente pour lui l'essence même du bien-vivre méditerranéen : Le jardin foisonnant de fleurs, la Bastide et ses terrasses où on peut boire l'apéritif, manger au frais[9].
Natures mortes
En continuité de la thématique précédente, ce sont tous les objets de la cuisine, les fruits et légumes, les poissons justes pêchés, qui sont représentés[9] - [10] - [11].
Paysages
L'abondance de paysages, de collines, de falaises, de champs de lavande, de golfes clairs ne se démentit pas tout au long de ses années de peinture[9] - [10].
Marines
Depuis Golfe-Juan, il est toujours amoureux des ports surtout de Martigues, Cassis, Saint-Tropez ou Port-Cros. Il peint des marines pendant toute sa carrière[9].
Compositions urbaines
Lorsqu'il peint des scènes de marché, il s'agit aussi de mettre en scène les gens qui travaillent et les activités indispensables. À l'inverse, les scènes de terrasses de café peuvent représenter une humanité un peu criarde et jacassante. Plus tardivement, dans ces scènes de vie sociale, les personnages s'épurent et montrent des corps schématisés. La scène n'est plus qu'un prétexte à tenter des compositions géométriques.
Théâtre et Sculpture
Sous le prétexte de représenter des objets d'arts, comme des sculptures, il essaye de percer le mur entre le réel et l'imaginaire.
Abstraits
De 1992 à 1994, il produit environ 20 grands tableaux abstraits, où le geste jaillit sans idée préconçue.
Scènes de genre
Tout au long de sa période aixoise, il tente de nombreuses scènes de genre où il illustre les thématiques variées dont les gens au travail, le repos bien gagné, les forains, les comédiens, les manadiers et les commerçants, les enfants en train de s'amuser ou de lire et les animaux.
Portraits
Le thème du portrait est très présent au début de sa période aixoise de 1992 à 2000. Le trait n'est pas toujours tendre car il se contraint rarement à la simple ressemblance. En 2002, il ne manquera pas de réaliser son autoportrait , sans concession là -aussi.
Références
- Jacques Loiseau, De jour comme de nuit / Chronique de soins, d'assistance et d'amour après un accident vasculaire cérébral, Paris, Editions Josette Lyon (Groupe Guy Trédaniel), , 207 p. (ISBN 2-906757-56-X), p. 15
- Jacques Loiseau, De Jour comme de nuit, Paris, Editions Josette Lyon, , 207 p., p. 14
- Jacques Loiseau, Naissance d'une culture / Essai sur la Culture industrielle, Paris, L'Harmattan, , 335 p. (ISBN 2-7384-4031-2)
- Jacques Loiseau, Scherzo pour l'emploi, Aix-en-Provence, Editions Torrespondance, , 155 p., p. 25
- Aurèlie Le Caignec, « Le dernier coup de pinceau de Jacques Loiseau », La Provence,‎ , p. 6
- P M (Photo Antoine Galasso), « Loiseau : la technique avant tout », Le Méridional,‎ , p. 8
- Jacques Loiseau, Contes en Provence, Lyon, Editions ArtPrint, , 324 p. (ISBN 2-9513424-9-7), p. 118
- Jacques Loiseau, Jardins de Provence, Marseille, Galerie4, , 61 p., p. 27
- W. Pralong, « ESPACE PRALONG »,
- Artnet, « Oeuvres Jacques Loiseau (1920) », sur Artnet.com, (consulté le )
- Arcadja, « Résultats d'enchères / Jacques Loiseau », sur arcadja.com, (consulté le )