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Jacques Hervé de Kerohant

Jacques Hervé de Kerohant, né à Saint-Denis (La Réunion) le et mort à Santenay (Côte-d'Or) le , est un haut fonctionnaire et journaliste royaliste français. Il est le frère cadet de l'académicien Édouard Hervé.

Jacques Hervé de Kerohant
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  84 ans)
Santenay
Nom de naissance
Jean Jacques Kérohant Hervé
Nationalité
Activités
Fratrie

Biographie

Fils de Jacques-François-Mathias HervĂ©, professeur de mathĂ©matiques au collège royal de Saint-Denis, Jean-Jacques-ęť‚ohant HervĂ© est nĂ© au domicile parental de la rue du Conseil, le . Sur son acte de naissance, le « Ker Â» breton de son troisième prĂ©nom, qui se transcrit sans accent, s'Ă©crit par un « ęť‚ Â»[1]. Jacques se servira plus tard de ce troisième prĂ©nom pour se distinguer de son frère aĂ®nĂ©, en l'ajoutant, prĂ©cĂ©dĂ© d'une particule d'apparence nobiliaire, Ă  son patronyme.

Sous la présidence du maréchal de Mac Mahon, Hervé de Kerohant occupe les fonctions de sous-préfet dans les arrondissements de Parthenay (1873-1875), de Mayenne (1875-1877), de Saint-Nazaire (1877) et d'Argentan (1877-1879). Maintenu en raison de ses opinions royalistes lors de la crise du 16 mai 1877, il quitte par conséquent la carrière administrative après avoir demandé sa mise en disponibilité[2] au lendemain du remplacement de Mac Mahon par le républicain Jules Grévy.

Il peut dès lors se consacrer au journalisme, en collaborant au quotidien royaliste dirigé par son frère, Le Soleil. Il y rédige surtout des articles consacrés aux relations internationales et apparaît comme l'un des gérants dès 1882. Rédacteur en chef du supplément dominical du journal, le Soleil du dimanche (1889), puis du quotidien lui-même (vers 1894), il en devient le directeur politique après la mort de son frère (). Il collabore également au Correspondant et dirige le Messager de Paris[3].

Antidreyfusard Ă  l'instar de la plupart des royalistes, HervĂ© de Kerohant change d'opinion Ă  la fin de l'Ă©tĂ© 1898, lorsque la vĂ©ritĂ© Ă©clate au sujet du faux document forgĂ© par le colonel Henry[4]. Le rĂ©dacteur en chef du Soleil prend notamment la dĂ©fense du colonel Picquart, rejetĂ© par l'armĂ©e depuis sa dĂ©couverte de l'innocence de Dreyfus. Le ou le 1er dĂ©cembre, il Ă©crit ainsi Ă  son confrère du Rappel, Lucien Victor-Meunier, une lettre dans laquelle il s'associe aux protestations contre les poursuites Ă  l'encontre de Picquart[5]. Cependant, en tant que catholique, il rĂ©prouve l'anticlĂ©ricalisme latent au sein d'organisations dreyfusardes telles que la Ligue des droits de l'homme. TentĂ© par les mots d'ordre d'apaisement et de conciliation initialement exprimĂ©s par la Ligue de la patrie française[6] (bien avant que celle-ci ne devienne un vĂ©ritable parti antidreyfusard), il voit son adhĂ©sion refusĂ©e au prĂ©texte que le Soleil a dĂ©voilĂ© trop tĂ´t le manifeste de cette nouvelle formation[7]. Il rejoint par consĂ©quent le « ComitĂ© catholique pour la dĂ©fense du droit Â» prĂ©sidĂ© par Paul Viollet, qui milite pour la justice et la vĂ©ritĂ© sans cĂ©der aux intolĂ©rances religieuses et aux excès de langage manifestĂ©s au sein de chaque camp[8].

Bien que modĂ©rĂ©es, les prises de position dreyfusardes d'HervĂ© de Kerohant sont dĂ©savouĂ©es par le duc d'OrlĂ©ans par l'intermĂ©diaire d'AndrĂ© Buffet[9]. Elles choquent Ă©galement une partie du lectorat du Soleil : le journal perd en effet 2000 abonnĂ©s et doit rĂ©duire son tirage, passant de 40 000 Ă  25 000 exemplaires[10]. Finalement, en [11], HervĂ© de Kerohant quitte le quotidien, qui est dès lors repris en main par des antidreyfusards. Ambroise Rendu le remplace Ă  la direction du journal.

Retiré à Santenay-les-Bains, Jacques Hervé de Kerohant y meurt à la veille de son 84e anniversaire, le [3].

Références

  1. ANOM, registre des naissances de l'Ă©tat-civil de Saint-Denis, p. 30, acte du 8 avril 1847.
  2. Le Gaulois, 28 mars 1879, p. 2.
  3. Revue des lectures, 15 juin 1932, p. 643.
  4. Le Soleil, 10 septembre 1898, p. 1.
  5. Le Soleil, 4 décembre 1898, p. 1.
  6. Le Soleil, 2 janvier 1899, p. 1.
  7. L'Univers, 4 janvier 1899, p. 2.
  8. L'Univers, 11 avril 1899, p. 3.
  9. Journal des débats, 4 décembre 1898, p. 2.
  10. Bertrand Joly, « Les royalistes et l'affaire Dreyfus », Revue historique, avril-juin 1983, p. 334.
  11. Le Soleil, 19 novembre 1899, p. 1.

Voir aussi

Liens externes

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