Isabel Zendal GĂłmez
Isabel Zendal GĂłmez (Agrela, Parada, Ordes, 1773 â Mexique, ?) Ă©tait une infirmiĂšre espagnole dâorigine galicienne.
Nom de naissance | Isabel Zendal GĂłmez |
---|---|
Alias |
Isabel LĂłpez Gandalia |
Naissance |
Ordes, Galice, Espagne |
DĂ©cĂšs | Mexique (Puebla ?) |
Nationalité | espagnole |
Profession | |
Activité principale |
participation à l'expédition Balmis (1803-1806) |
Distinctions |
reconnue par l'OMS premiĂšre infirmiĂšre en mission internationale |
Dâextraction modeste, elle se fit infirmiĂšre, puis devint intendante de lâhospice de la CharitĂ© de la Corogne. Elle quitta son poste pour participer Ă la Royale ExpĂ©dition philanthropique de Vaccination, dite communĂ©ment expĂ©dition Balmis (du nom de son directeur, Francisco Javier Balmis), qui avait Ă©tĂ© chargĂ©e par la couronne espagnole de mener une campagne de vaccination anti-variolique dans les territoires dâoutremer de lâEmpire espagnol. Le rĂŽle dâIsabel Zendal GĂłmez consistait Ă prendre soin des enfants emmenĂ©s par lâexpĂ©dition pour servir, tout au long des deux annĂ©es que dura la campagne de Balmis, dâenfants vaccinifĂšres, câest-Ă -dire de rĂ©servoirs vivants de vaccine : dâabord 22 petits pensionnaires de lâorphelinat de la Corogne et de Saint-Jacques-de-Compostelle, ĂągĂ©s de 3 Ă 9 ans, appelĂ©s Ă faire le trajet de la Corogne Ă lâAmĂ©rique, et ensuite 26 enfants, que lâexpĂ©dition prit avec elle pour se rendre du Mexique aux Philippines. De lâavis gĂ©nĂ©ral, Isabel Zendal GĂłmez eut Ă bord des navires, oĂč elle Ă©tait du reste lâunique femme, une activitĂ© exemplaire.
Biographie
Origines et travail Ă lâhospice des enfants trouvĂ©s
Il nâexiste pas moins de 35 versions diffĂ©rentes de son nom, situation Ă laquelle Balmis lui-mĂȘme nâest pas Ă©tranger[1] - [2] ; dâautre part, il a Ă©tĂ© suggĂ©rĂ©[3] quâelle Ă©tait nĂ©e au Pays basque ou en Irlande, ou avait des ancĂȘtres irlandais. En rĂ©alitĂ©, elle naquit en Galice, Ă©tait lâaĂźnĂ©e dâune fratrie de trois enfants, et eut pour pĂšre Jacobo Zendal, originaire de la paroisse galicienne de Santa Cruz de Montaos (Ordes), et pour mĂšre MarĂa GĂłmez, de la paroisse (Ă©galement galicienne) de Parada[4], tous deux des paysans pauvres. Isabel apprit Ă lire et Ă Ă©crire dans lâĂ©cole paroissiale, oĂč elle Ă©tait alors la seule fille Ă assister aux cours. Elle avait 13 ans quand sa mĂšre succomba Ă la variole, ce qui lâobligea Ă se rendre Ă la Corogne pour y trouver un emploi de servante.
Le , elle mit au monde son fils Benito ; peut-ĂȘtre Ă©tait-elle veuve, et non mĂšre cĂ©libataire (le qualificatif de femme de probitĂ©, c'est-Ă -dire de femme honorable, appliquĂ© Ă sa personne dans un document de l'expĂ©dition Balmis, semble lâindiquer). Ă lâĂąge de 20 ans, elle commença Ă travailler Ă lâhĂŽpital de la CharitĂ© de la Corogne (fondĂ© par Teresa Herrera), dâabord comme aide-soignante, puis comme intendante (en esp. rectora, rĂ©gisseuse). Le , elle percevait un salaire mensuel de 50 reales, auquel sâajoutait une rĂ©munĂ©ration quotidienne en nature dâune livre de pain fait de « farine fine de premiĂšre mouture ». Ă partir de , elle reçut une demi-livre de pain par jour pour son fils et, Ă partir dâaoĂ»t, une demi-livre de viande par jour.
Le rĂšglement du Grand HĂŽpital de Santiago et de lâHospice des enfants trouvĂ©s (Casa de ExpĂłsitos, litt. maison des enfants dĂ©posĂ©s au tour) dĂ©finit comme suit les fonctions de lâintendante de la Casa de ExpĂłsitos :
« Elle surveillera constamment le dĂ©partement dont elle a la charge, veillant Ă ce que rĂšgne en celui-ci le plus grand ordre, ainsi quâĂ la bonne tenue et Ă la propretĂ© des chambres et des enfants, et examinera ces derniers pour vĂ©rifier sâils sont propres et bien emmaillotĂ©s. Elle maniera les vĂȘtements des enfants qui lui seront remis par le Directeur avec lâestampille correspondante, et aura soin de leur lessivage et repassage. »
Parmi les conditions dâembauche du personnel, on relĂšve en particulier :
« Les infirmiĂšres ou filles de salle devront justifier devant le Directeur de leur bonne vie et mĆurs, ĂȘtre ĂągĂ©es de moins de 40 ans et ĂȘtre de constitution robuste. Lâon donnera la prĂ©fĂ©rence aux femmes cĂ©libataires ou veuves[5]. »
Recrutement dans lâexpĂ©dition Balmis
Le , la corvette MarĂa Pita, destinĂ©e Ă faire traverser lâAtlantique Ă lâexpĂ©dition Balmis, mit Ă la voile au dĂ©part de la Corogne avec 37 personnes Ă bord, avec mission dâapporter la vaccination jennĂ©rienne en AmĂ©rique et aux Philippines. Isabel Zendal GĂłmez avait renoncĂ© Ă son poste dans lâhospice pour prendre en charge les 22 enfants vaccinifĂšres, câest-Ă -dire appelĂ©s Ă transporter le fluide vaccinal dans leur propre corps et Ă servir ainsi de rĂ©servoir vivant du vaccin. Il sâagissait de 6 enfants venus de la Casa de Desamparados de Madrid, de 11 enfants de lâhĂŽpital de la CharitĂ© de la Corogne, et de 5 enfants venus de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pour se conserver intact sur une aussi longue distance et garder toutes ses vertus immunogĂšnes, la vaccine devait impĂ©rativement ĂȘtre vĂ©hiculĂ©e par des enfants nâayant pas auparavant contractĂ© la variole, et se transmettre de lâun Ă lâautre â bras-Ă -bras â en une chaĂźne ininterrompue, tous les 9 ou 10 jours[6].
LâenrĂŽlement de Isabel Zendal GĂłmez dans lâexpĂ©dition Balmis fut dĂ©cidĂ©e alors que les expĂ©ditionnaires se trouvaient dĂ©jĂ Ă la Corogne et mettaient la derniĂšre main Ă leurs prĂ©paratifs de voyage. Le , Balmis, se trouvant encore Ă Madrid, prĂ©senta une liste des membres de son expĂ©dition, dĂ©taillant les dotations octroyĂ©es Ă ceux-ci et Ă leurs familles, mais dans laquelle ne figurait pas lâintendante. ArrivĂ© Ă la Corogne vers la mi- septembre, Balmis sâoccupa dâaffrĂ©ter le navire et de recruter les enfants vaccinifĂšres ; câest alors quâil entra en contact avec lâintendante de la Casa de ExpĂłsitos et que sans doute il rĂ©solut de lâintĂ©grer dans lâexpĂ©dition. Lâon ignore si lâinitiative de cet enrĂŽlement Ă©mana de Balmis lui-mĂȘme, de lâinstitut ou de Isabel Zendal GĂłmez, mais eu Ă©gard aux attributions dont Ă©tait investi Balmis, en particulier celle en vertu de laquelle le « choix des enfants Ă©tait une tĂąche privative du Directeur de lâexpĂ©dition », et compte tenu du fait que peu de jours avant le dĂ©part il nâhĂ©sita pas Ă rayer de la liste initiale des expĂ©ditionnaires le nom de lâaide RamĂłn FernĂĄndez Ochoa pour avoir observĂ© chez lui un mauvais comportement, cela nâaurait rien dâĂ©tonnant que la dĂ©cision remontĂąt directement Ă Balmis. Au cours du difficile processus de recrutement dâenfants â qui devaient avoir entre 8 et 10 ans, ĂȘtre en bonne santĂ© et nâavoir pas auparavant contractĂ© la variole naturelle â, Balmis sâĂ©tait persuadĂ© sans doute de lâopportunitĂ© dâemmener une figure fĂ©minine pour prendre soin dâeux durant le voyage, ou peut-ĂȘtre, ayant fait la connaissance de lâintendante, eut-il lâintuition quâune femme dotĂ©e d'une telle expĂ©rience serait le garant dâune prise en charge optimale des enfants[7].
Aussi, le , sur proposition de Balmis et dâIgnacio Carrillo, prĂ©sident de lâhĂŽpital de la CharitĂ©, Isabel Zendal GĂłmez fut-elle nommĂ©e au titre dâinfirmiĂšre de lâexpĂ©dition, avec pour mission dâ« insuffler la confiance et de prodiguer de lâaffection maternelle aux enfants » :
« Acceptant la proposition faite par vous et par le Directeur de lâexpĂ©dition destinĂ©e Ă propager aux Indes lâinoculation de la vaccine, S. M. accorde sa permission Ă ce que lâintendante de lâHospice des enfants trouvĂ©s de cette ville soit comprise dans ladite expĂ©dition au rang dâInfirmiĂšre, avec la solde et les indemnitĂ©s tels que fixĂ©s pour les infirmiers, pour quâelle prenne en charge durant la navigation lâassistance et les soins aux enfants devant ĂȘtre embarquĂ©s, et pour que cesse la rĂ©pugnance, constatĂ©e chez quelques parents, Ă lâidĂ©e de confier leurs enfants sans le soulagement dâune femme de probitĂ©. Ă la prĂ©sente date, je fais parvenir au ministĂšre des Finances lâavis correspondant tendant Ă ce que lâintendante perçoive dans cette ville les indemnitĂ©s Ă hauteur de trois mille reales affectables Ă son Ă©quipement, ainsi que le versement aux Indes de la solde de cinq cents pesetas annuelles, Ă compter du jour de son embarcation, et la moitiĂ© Ă son retour, qui devra ĂȘtre imputĂ© au TrĂ©sor ; il incombe Ă Votre Excellence en exĂ©cution des Ordres du Roi dâen aviser la Commission de CharitĂ©, de laquelle vous ĂȘtes PrĂ©sident, et dâen informer lâintĂ©ressĂ©e[8]. »
Dans plusieurs documents il est affirmĂ© quâun des enfants vaccinifĂšres est son propre fils. Quand lâexpĂ©dition mit les voiles en direction des Philippines, « des 22 enfants partis de la Corogne, il en restait 21 Ă la charge du Vice-roi, car le dernier enfant restant demeura temporairement avec sa mĂšre, lâintendante de la Casa de ExpĂłsitos de la Corogne »[9].
RĂŽle dans lâexpĂ©dition
Le rĂšglement de lâexpĂ©dition prescrivait explicitement quels soins devaient ĂȘtre donnĂ©s aux enfants. Du reste, aucun des petits Galiciens ne revint dans sa rĂ©gion natale.
« ... ils seront bien traitĂ©s, entretenus et Ă©duquĂ©s, jusquâĂ ce quâils aient un emploi ou une situation qui leur permette de vivre, conformĂ©ment Ă leur classe ; seront ramenĂ©s dans leur village dâorigine tous ceux qui en auraient Ă©tĂ© enlevĂ©s sous cette condition. »
â RĂšglement de la Royale ExpĂ©dition
Chaque enfant reçut un baluchon contenant : deux paires de souliers, six chemises, un chapeau, trois pantalons avec leur jaquette respective de lin, plus un autre en toile pour les jours plus froids. Quant aux objets personnels, on leur remit à chacun : trois piÚces de linge pour mettre autour du cou, plus trois autres pour le nez, et un peigne ; et pour les repas : un gobelet, une assiette et un jeu complet de couverts[10].
Les missions des infirmiers, différentes de celles des autres expéditionnaires (médecins, stagiaires), consistaient à dispenser les soins réglementaires aux enfants, conformément au rÚglement mis au point par Balmis, qui disposait en effet :
« Pour le bon accomplissement de cette charge, il convient quâelle soit confiĂ©e Ă des personnes de jugement et de prudence, qui veillent au bon ordre des enfants, dont ils doivent, en mer comme sur terre, maintenir la propretĂ© et la tenue, lesquelles importent tant Ă la conservation de la santĂ©, et doivent les assister avec amour et charitĂ©. Ils ne devront pas se sĂ©parer des enfants lorsquâils sautent Ă terre ou quand ils sâen iront dans la campagne, afin dâĂ©viter tout Ă©cart de conduite, et leur faire garder la modĂ©ration et le bon ordre qui sont requis dans une expĂ©dition aussi respectable. »
Les infirmiers, qui nâavaient pas eu de formation universitaire mais Ă©taient, par lâexpĂ©rience acquise durant lâexpĂ©dition, de prĂ©cieux collaborateurs, avaient aussi pour devoir de faciliter le travail des chirurgiens en les aidant Ă rĂ©soudre les difficultĂ©s qui se prĂ©senteraient.
Apporter des soins aux enfants comportait des aspects trĂšs divers, en premier lieu ceux liĂ©s au voyage en lui-mĂȘme : mal de mer, vomissements, gastro-entĂ©rites, parasitoses etc., accidents ordinaires lors dâune navigation. Les conditions climatiques Ă©galement n'Ă©taient pas sans affecter leur santĂ©, p. ex. lorsquâon passait, comme en lâespĂšce, de lâhiver tempĂ©rĂ© et humide de la Galice Ă la chaleur extrĂȘme des zones tropicales[11]. Ă cela sâajoutait la grande vigilance quâexigeaient les vaccinations successives de bras Ă bras qui Ă©taient pratiquĂ©es sans interruption pendant tout le parcours ; il fallait prendre garde que les dĂ©jĂ vaccinĂ©s ne pussent pas contaminer les enfants non encore vaccinĂ©s, et empĂȘcher que les enfants touchent aux incommodantes pustules vaccinales contenant la vaccine fraĂźche et puissent de la sorte compromettre la bonne transmission du fluide vaccinal et la chaĂźne de vaccination.
LâexpĂ©dition fit escale Ă Santa Cruz de Tenerife, oĂč les expĂ©ditionnaires passĂšrent un mois Ă vacciner la population, aprĂšs quoi elle leva lâancre le , traversa l'Atlantique, et atteignit Porto Rico le . Au Venezuela, lâexpĂ©dition se scinda en deux sous-expĂ©ditions, lâune, dirigĂ©e par le Dr Salvany, parcourant lâAmĂ©rique du Sud, lâautre, avec Ă sa tĂȘte Balmis, desservant la Nouvelle-Espagne et lâAmĂ©rique centrale. Isabel Zendal GĂłmez fera partie de cette derniĂšre.
Le , la partie de lâexpĂ©dition dirigĂ©e par Balmis, emmenant un groupe de 26 enfants mexicains, en plus du propre fils dâIsabel Zendal GĂłmez, appareilla du Mexique et, ayant mis le cap sur les Philippines, jeta lâancre Ă Manille le . La mission de lâexpĂ©dition accomplie, Isabel Zendal GĂłmez sâen retourna, avec quelque retard, Ă Acapulco le et sâĂ©tablit avec son fils dans ce qui est aujourdâhui lâĂtat mexicain de Puebla, sans doute Ă Puebla de los Ăngeles, pour ne plus jamais ensuite revenir en Espagne, rompant dĂ©finitivement ses liens avec la PĂ©ninsule et disparaissant ainsi des Ă©crans de la science espagnole[12]. Isabel Zendal GĂłmez avait donc eu soin dâabord des « petits Galiciens » (galleguitos), de la Corogne jusquâĂ la capitale de Nouvelle-Espagne, puis des enfants mexicains qui partirent du port dâAcapulco Ă destination des Philippines.
La participation de lâintendante de la Casa de ExpĂłsitos Ă lâexpĂ©dition Balmis fut exemplaire et lui valut les plus grands Ă©loges non seulement de la part des autoritĂ©s coloniales locales, mais aussi de la part de Balmis lui-mĂȘme, lequel notoirement nâĂ©tait pas prodigue de compliments. Sâoccupant de tout ce qui avait trait aux enfants, elle contribua significativement Ă lâheureux dĂ©roulement de lâexpĂ©dition[13]. Balmis Ă©crivit Ă son sujet :
« La malheureuse Intendante, qui par un travail excessif et par la rigueur des différents climats que nous avons parcourus, perdit entiÚrement sa santé ; infatigable, elle prodigua nuit et jour toutes les tendresses de la plus sensible des mÚres aux 26 angelots dont elle avait la garde ; elle agit de la sorte depuis la Corogne et pendant tous les voyages, et elle les a soignés intégralement lors de leurs continuelles maladies »
â Francisco Javier Balmis, Macao 1806[14].
Durant lâexpĂ©dition sâaffirmĂšrent non seulement sa sollicitude maternelle et sa constance, mais aussi ses compĂ©tences dâinfirmiĂšre, Ă telle enseigne quâaucun des enfants confiĂ©s Ă ses soins (ou un seul parmi eux, selon les sources) ne pĂ©rit durant le pĂ©riple. Un auteur la qualifiera dâ« infirmiĂšre dĂ©vouĂ©e et patriote »[15].
Hommages et postérité
- En 1950, lâOrganisation mondiale de la santĂ© (OMS) reconnut Isabel Zendal GĂłmez comme la premiĂšre infirmiĂšre de lâhistoire en mission internationale.
- Depuis 1974, le gouvernement du Mexique octroie un prix national dâinfirmerie nommĂ© en son honneur Cendala GĂłmez.
- LâĂ©cole dâinfirmiĂšres San MartĂn de Texmelucan Ă Puebla au Mexique porte son nom.
- La municipalitĂ© de la Corogne nomma dâaprĂšs son nom (ou lâun de ses avatars) une rue de la ville, la calle Isabel LĂłpez Gandalia.
- Ă lâoccasion du bicentenaire de lâexpĂ©dition, le musĂ©e d'anthropologie Casa del Hombre de la Corogne lui dĂ©dia un monument comportant 22 stĂšles disposĂ©es en cercle et portant chacune le nom dâun des 22 enfants de lâexpĂ©dition.
- Une sculpture dâAcisclo Manzano, inaugurĂ©e Ă la Corogne le , commĂ©more le depart de lâexpĂ©dition.
- Isabel Zendal GĂłmez fut proposĂ©e hija predilecta (fille prĂ©cellente) de la mairie dâOrdes.
Isabel Zendal GĂłmez comme personnage de fiction
La figure dâIsabel Zendal GĂłmez est au centre de plusieurs Ă©vocations romancĂ©es de lâexpĂ©dition Balmis, dont trois sont Ă relever :
- Dans le premier en date, intitulĂ© ...Y llegĂł la vida. Estampas de descubrimiento y difusiĂłn de la vacuna antivariĂłlica, de lâĂ©crivain Enrique Alfonso Barcones[16], ouvrage assez bien documentĂ©, la figure dâIsabel Zendal GĂłmez est Ă©voquĂ©e sous les traits dâune collaboratrice attentive de lâexpĂ©dition, remplissant son rĂŽle dâinfirmiĂšre en exĂ©cutant mĂ©ticuleusement les consignes de Balmis, mais ne recueillant un compliment de la part de celui-ci quâĂ une seule occasion, lorsquâil lui lance : « Je ne sais pas Ă quoi donc pensent les jeunes hommes ! ».
- Le roman dâEnrique V. GarcĂa, La soledad de Balmis, publiĂ© en 2005[17], nous prĂ©sente un Balmis bricoleur de romances dans ses jeunes annĂ©es, vivant ensuite des fiançailles de jeunesse, connaissant diverses dĂ©ceptions sentimentales au Mexique, contractant un mariage tardif mais Ă©phĂ©mĂšre avec une femme dâAlicante, et pour finir, concevant un grand amour secret pour Isabel de Cendala y GĂłmez. Balmis, qui apparaĂźt comme narrateur Ă la premiĂšre personne du roman, dĂ©peint Isabel Zendal comme « grande, celtique, aux lĂšvres minces, au nez effilĂ©, le geste sobre, la peau jaune roussĂątre, ni belle ni laide », dont le rĂŽle ira croissant au fur et Ă mesure quâelle donnera, au long du voyage, des preuves de sa professionnalitĂ© et de ses capacitĂ©s de mĂ©diation entre lâintransigeant directeur de lâexpĂ©dition et les autres personnages. Balmis du reste commence Ă sâaviser de sa « beautĂ© mĂ»re et sereine, de facture douce, souriante, qui recĂšle un secret ». AprĂšs quâil lui a Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ© quâun des enfants de lâexpĂ©dition est le fils dâIsabel, Balmis, qui le prend dâabord trĂšs mal mais finit par comprendre, voit ensuite ses sentiments sâintensifier et prendre une teinte dâĂ©rotisme sous les touffeurs de La Havane. Ă la fin de sa vie, Balmis reçoit une longue lettre dans laquelle Isabel, dĂ©cĂ©dĂ©e entre-temps, lui avoue quâil a Ă©tĂ© le grand amour de sa vie. Balmis, Ă©mu et sachant ses sentiments partagĂ©s, peut dĂ©sormais reposer sereinement.
- Enfin, le roman de lâĂ©crivaine amĂ©ricaine dâorigine dominicaine Julia Alvarez, Ćuvre qui bĂ©nĂ©ficia dâun important lancement publicitaire et eut mĂȘme les honneurs dâun commentaire dans la revue mĂ©dicale JAMA, apporte une autre version encore de la vie dâIsabel Sendales y GĂłmez, Ă travers le rĂ©cit de deux femmes, Alma et Isabel, la premiĂšre Ă©tant un auteur contemporain, qui, au milieu dâune crise dans sa vie personnelle, dĂ©couvre dans la seconde, sur qui elle dĂ©cide dâĂ©crire un livre, une source dâinspiration. Isabel est ici prĂ©sentĂ©e comme ayant souffert de la variole, Ă©vĂ©nement qui marqua sa vie et qui la dĂ©termina, aprĂšs un prĂ©coce veuvage, Ă se faire employer Ă lâhospice des enfants trouvĂ©s. EnrĂŽlĂ©e dans lâexpĂ©dition, et devenant ainsi tĂ©moin dâune grande aventure, elle rĂ©dige un carnet, consignant comment elle raconte des contes aux enfants pour les dĂ©livrer de leurs peurs, et apprend la technique de lâinoculation. DĂ©vouĂ©e et une excellente professionnelle, femme exemplaire, elle se consacre au soin des enfants et, lâexpĂ©dition une fois terminĂ©e, continue de suivre leur parcours. Elle entretient avec Balmis, de qui elle sait quâil a une Ă©pouse Ă Madrid, des rapports de collaboration professionnelle empreinte de respect mutuel. Ils se retrouveront plusieurs fois ensuite au Mexique, oĂč elle travaille comme soignante et oĂč Balmis retourne quelques annĂ©es aprĂšs lâexpĂ©dition. Le noyau du roman est la subjectivitĂ© et la vitalitĂ© de lâunivers fĂ©minin, en effet, comme lâindique la narratrice, « nos vies nâappartiennent pas seulement Ă nous-mĂȘmes, mais aussi Ă ceux qui nous aiment »[7].
- à signaler encore les romans historiques La Aventura ultramarina de Isabel Sendales, de Maria Teresa Arias Bautista (éd. Arcibel, 2011), et plus récemment A flor de piel, de Javier Moro (éd. Seix Barral, Barcelone 2015).
Notes et références
- La calle Isabel LĂłpez Gandalia recoge una de las 30 versiones que hay de los apellidos de esta mujer, La Voz de Galicia, 11 septembre 2009.
- S. M. RamĂrez MartĂn dresse une liste (non exhaustive) de ces noms, voir La salud del Imperio. La Real ExpediciĂłn filantrĂłpica de la Vacuna, thĂšse, p. 278.
- Notamment par lâhistorienne S. M. RamĂrez MartĂn, dans un article de 2007, entre-temps invalidĂ© sur ce point prĂ©cis.
- "La rectora Isabel, al descubierto", article dans le journal La OpiniĂłn de la Corogne.
- S. M. RamĂrez MartĂn, Ănica mujer participante en la Real ExpediciĂłn FilantrĂłpica de la Vacuna: Dña. Isabel Sendales y GĂłmez, actes du IXe Congreso Internacional de Historia de AmĂ©rica, tome II, Editora Regional de Extremadura, Badajoz 2000: 271-6.
- La liste de ces enfants est connue ; y figurent â outre le propre fils dâIsabel Zendal, Benito VĂ©lez, 9 ans â AndrĂ©s Naya (8 ans), Antonio Veredia (7 ans), CĂĄndido (7 ans), Clemente (6 ans), Domingo Naya (6 ans), Francisco Antonio (9 ans), Francisco Florencio (5 ans), GerĂłnimo MarĂa (7 ans), Jacinto (6 ans), JosĂ© (3 ans), Juan Antonio (5 ans), Juan Francisco (9 ans), JosĂ© Jorge NicolĂĄs de los Dolores (3 ans), JosĂ© Manuel MarĂa (6 ans), Manuel MarĂa (3 ans), MartĂn (3 ans), Pascual Aniceto (3 ans), TomĂĄs MelitĂłn (3 ans), Vicente Ferrer (7 ans), Vicente MarĂa Sale y Bellido (3 ans), et un autre enfant encore, qui mourut pendant le pĂ©riple.
- S. M. RamĂrez MartĂn et J. Tuells, Doña Isabel, la enfermera de la Real ExpediciĂłn FilantrĂłpica de la Vacuna.
- CitĂ© par S. M. RamĂrez MartĂn, Ănica mujer participante en la Real ExpediciĂłn FilantrĂłpica de la Vacuna: Dña. Isabel Sendales y GĂłmez, actes du IXe Congreso Internacional de Historia de AmĂ©rica, tome II, Editora Regional de Extremadura, Badajoz 2000: 271-6.
- S. M. RamĂrez MartĂn, Ănica mujer participante en la Real ExpediciĂłn FilantrĂłpica de la Vacuna: Dña. Isabel Sendales y GĂłmez, actes du IXe Congreso Internacional de Historia de AmĂ©rica, tome II, Editora Regional de Extremadura, Badajoz 2000: 271-6.
- Isabel Cendala y GĂłmez. Primera Enfermera de Salud PĂșblica de MĂ©xico., blog.
- S. M. RamĂrez MartĂn, La mayor hazaña mĂ©dica de la Colonia. La Real ExpediciĂłn FilantrĂłpica de la Vacuna en la Real Audiencia de Quito, Ă©d. Abya-Yala, Quito.
- Smith MM. The âReal ExpediciĂłn MarĂtima de la Vacunaâ in the New Spain and Guatemala, Transactions of the American Philosophical Society, Philadelphia, 1974; 64 (1): 5-74.
- S. M. RamĂrez MartĂn, La salud del Imperio. La Real ExpediciĂłn filantrĂłpica de la Vacuna, thĂšse, p. 280.
- Rapport de Balmis Ă JosĂ© Antonio Caballero, datĂ© de Macao 30 janvier 1806. f. 4-4v. Archivo General de Indias. SecciĂłn: Indiferente General. Legajo 1558-A, passage citĂ© par S. M. RamĂrez MartĂn, La salud del Imperio. La Real ExpediciĂłn filantrĂłpica de la Vacuna, thĂšse, p. 279.
- Abnegada y patriota, cf. JosĂ© Riquelme Salar, MĂ©dicos. FarmacĂ©uticos y Veterinarios en la Conquista y ColonizaciĂłn de AmĂ©rica, Imp. Pablo LĂłpez. Madrid 1950, p. 148. CitĂ© par S. M. RamĂrez MartĂn, La salud del Imperio. La Real ExpediciĂłn filantrĂłpica de la Vacuna, thĂšse, p. 279.
- Ăd. Espasa Calpe Argentina, Buenos Aires 1950.
- Ăd. Biblioteca Nueva, Madrid 2005.
Bibliographie
- (es) Susana MarĂa RamĂrez MartĂn, La salud del Imperio. La Real ExpediciĂłn filantrĂłpica de la Vacuna, thĂšse de doctorat, couronnĂ©e en 2001 du prix international Jorge Juan, dirigĂ©e par JosĂ© Luis Peset et dĂ©fendue Ă la facultĂ© de gĂ©ographie et d'histoire de l'universitĂ© Complutense de Madrid (UCM), Madrid 1998. ThĂšse (plus de six centaines de pages) intĂ©gralement consultable en ligne. La figure dâIsabel Zendal est Ă©voquĂ©e p. 278-280.
- (es) Susana MarĂa RamĂrez MartĂn, Ănica mujer participante en la Real ExpediciĂłn FilantrĂłpica de la vacuna: Dña. Isabel Sendales y GĂłmez, exposĂ© prĂ©sentĂ© devant le 9e congrĂšs de lâAsociaciĂłn Española de Americanistas, qui s'est tenu Ă Badajoz en 2000, actes parus en 2002, p. 271-276.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- (es) Susana MarĂa RamĂrez MartĂn et JosĂ© Tuells, « Doña Isabel, la enfermera de la Real ExpediciĂłn FilantrĂłpica de la Vacuna »(Archive.org âą Wikiwix âą Archive.is âą Google âą Que faire ?), article paru dans la revue Vacunas, annĂ©e 2007, n° 8 (3), p. 160-6.