Insurrection de Hambourg
L'insurrection de Hambourg (en allemand Hamburger Aufstand) est une rĂ©volte armĂ©e lancĂ©e le par la section de Hambourg du Parti communiste d'Allemagne (KPD). Ce soulĂšvement fait partie de l'opĂ©ration dite de l'octobre allemand, par lequel l'Internationale communiste escompte dĂ©clencher une rĂ©volution dans l'ensemble de l'Allemagne, sur le modĂšle de la rĂ©volution dâOctobre de 1917 en Russie. L'insurrection nationale est cependant annulĂ©e au dernier moment par la direction du KPD ; l'Ă©pisode de Hambourg est ainsi la seule partie de l'opĂ©ration Ă ĂȘtre dĂ©clenchĂ©e comme prĂ©vu, car les communistes locaux n'ont pas Ă©tĂ© informĂ©s Ă temps que l'« octobre allemand » n'aurait pas lieu.
Date | - |
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Lieu | Hambourg |
Issue | Victoire gouvernementale |
RĂ©publique de Weimar | Parti communiste d'Allemagne |
Ernst ThÀlmann |
6 000 hommes | 5 000 hommes |
17 morts 69 blessés | 21 morts 175 blessés 102 prisonniers |
61 morts
L'insurrection, sans espoir du fait de son isolement, est écrasée dans la soirée du 23 au . 24 postes de polices (17 à Hambourg, 7 dans la province du Schleswig-Holstein) sont pris d'assaut et 100 personnes trouvent la mort.
Contexte
Au début des années 1920, la République de Weimar. Durant l'année 1923, la situation économique se détériore rapidement, surtout du fait de l'hyperinflation. L'Occupation de la Ruhr radicalise les débats politiques. En août, une grÚve entraßne la chute du gouvernement de Wilhelm Cuno. Le contexte politique allemand amÚne l'Internationale communiste à croire possible qu'une révolution en Allemagne est possible. Des plans d'insurrection sont élaborés à Moscou au cours de réunions entre des dirigeants soviétiques et des représentants du KPD. L'entrée des communistes dans les gouvernements sociaux-démocrates de Saxe et de Thuringe sera l'occasion de lancer une grÚve générale qui débouchera sur une insurrection nationale et une prise du pouvoir.
DĂ©roulement
La conférence des conseils d'entreprise, qui se tient à Chemnitz le 21 octobre, et qui devait décider du lancement de la grÚve générale, ne se déroule cependant pas comme l'avaient prévu les communistes : les sociaux-démocrates de gauche, dont ils espéraient le soutien, refusent de s'associer à l'action. Décontenancée, la direction du KPD décide d'annuler l'« octobre allemand »[1].
Une erreur dans la chaßne de transmission de l'information aboutit à ce que les communistes de Hambourg, dirigés par Ernst ThÀlmann, reçoivent au contraire, dans la nuit du 22 au , l'ordre de lancer le soulÚvement[1]. à 5 heures du matin, des émeutiers s'en prennent aux commissariats de police, afin de récupérer des armes qui manquent aux insurgés. Alors que le KPD à Hambourg comprend 14 000 membres, seuls 300 jouent un rÎle actif dans le soulÚvement. Ils s'emparent de 250 fusils.
AprĂšs Hambourg, Altona et l'arrondissement de Stormarn se lancent dans l'insurrection. Les postes de police Ă Bramfeld et Billstedt (de) sont attaquĂ©s et vidĂ©s. Ă Bad Oldesloe, Ahrensburg et Rahlstedt (de), des barricades empĂȘchent la circulation routiĂšre et ferroviaire. Ă Bargteheide, le maire est enlevĂ© et une « RĂ©publique soviĂ©tique de Stormarn » est proclamĂ©e.
Ă Barmbek-SĂŒd (de), EimsbĂŒttel et dans le quartier de Schiffbek (de), la rĂ©volte est matĂ©e au bout de quelques heures. Les insurgĂ©s ne reçoivent le soutien de la population qu'Ă Barmbek, oĂč le KPD avait obtenu 20 % des voix lors des prĂ©cĂ©dentes Ă©lections, et oĂč des habitants aident Ă monter des barricades et apportent de la nourriture aux communistes. Ils maintiennent leurs positions toute la journĂ©e, avant de se retirer dans la nuit.
Conséquences
Le soulĂšvement fait plus de cent victimes 100 morts et plus de 300 blessĂ©s : on compte parmi les victimes 17 policiers, 24 insurgĂ©s et 61 civils. 1 400 personnes sont arrĂȘtĂ©es. Le principal procĂšs, visant 191 insurgĂ©s, a lieu en au tribunal d'Altona. Ernst ThĂ€lmann reste plusieurs mois dans la clandestinitĂ©.
Ă long terme, l'insurrection contribue Ă empoisonner les relations entre le KPD et le SPD. Les sociaux-dĂ©mocrates refusent de collaborer avec les communistes. Les chefs du KPD, Heinrich Brandler et August Thalheimer, sont dĂ©mis de leurs fonctions du fait de la dĂ©bĂącle de l'« octobre allemand ». L'insurrection de Hambourg, seule partie du soulĂšvement Ă avoir effectivement eu lieu, entretient au contraire la rĂ©putation de Ernst ThĂ€lmann qui, soutenu par le Komintern, prend la tĂȘte du KPD en 1925[1]. L'insurrection contribue Ă lui donner une aura hĂ©roĂŻque au sein du parti. Il se montre ensuite stalinien dĂ©vouĂ©, et participe activement Ă la « bolchevisation » du parti, soit Ă son Ă©troite surveillance par l'Internationale communiste.
Bibliographie
- Louis Biester : Der Kommunistenputsch 1923. In: Jahrbuch fĂŒr den Kreis Stormarn (1985), S. 73 - 76
- Wulf D. Hund: Der Aufstand der KPD. In: Jahrbuch fĂŒr Sozialökonomie und Gesellschaftstheorie. Hamburg-Studien. Opladen 1983, S. 32 - 61.
- Serge Tretiakov: Hörst Du, Moskau. Drame sur l'Insurrection de Hambourg. Moscou, 1923.
Filmographie
- Ernst ThĂ€lmann â Sohn seiner Klasse, film est-allemand de Kurt Maetzig sorti en 1954.
- Der Hamburger Aufstand Oktober 1923, documentaire TV ouest-allemand de Klaus Wildenhahn en trois parties diffusé en 1971.
Voir aussi
- RĂ©volution allemande de 1918-1919
- Die Rote Fahne (Le Drapeau rouge, 1918-1933, puis occasionnellement et clandestinement)
- SoulĂšvement de la Ruhr (1920)
- Action de Mars (1921)
- Communisme
- Histoire du communisme
- Karl Radek (1885-1939), alors responsable de l'Internationale Communiste en Allemagne
- Internationale communiste (Komintern)
- Executive Committee of the Communist International (en) (ECCI, Comité Exécutif de l'Internationale Communiste)
- DĂ©partement de Liaison Internationale (Komintern) (en) (0MS/OMC, 1921-1939)) : DÄvids Beika, Ossip Piatnitski, Alexandre Abramov-Mirov, Berta Zimmermann...
Source, notes et références
- Jacques Droz, Le Socialisme en Allemagne, in Histoire générale du socialisme, tome 3 : de 1918 à 1945, Presses universitaires de France, 1977, pages 223-225
- (de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Hamburger Aufstand » (voir la liste des auteurs).