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Insurrection dans le sud-est du Nigeria

L'insurrection dans le sud-est du Nigeria, aussi appelĂ©e crise d'Orlu Ă  ses dĂ©buts, est un conflit armĂ© qui a Ă©clatĂ© dans la ville d'Orlu, dans l'État d'Imo, au Nigeria, le , lorsque l'armĂ©e nigĂ©riane a tentĂ© d'Ă©craser l'aile paramilitaire du Peuple indigĂšne du Biafra (IPOB), l'Eastern Security Network (ESN)[1]. Le conflit s'est intensifiĂ© aprĂšs que l'ESN a rĂ©ussi Ă  repousser la poussĂ©e initiale de l'armĂ©e nigĂ©riane[2], mais l'IPOB a mis fin Ă  la crise initiale en retirant unilatĂ©ralement l'ESN d'Orlu. AprĂšs quelques semaines de calme, le Nigeria a lancĂ© une offensive militaire dans la rĂ©gion pour dĂ©truire l'ESN. Le 19 fĂ©vrier 2021, l'IPOB dĂ©clare que depuis la veille, un Ă©tat de guerre existe entre le Nigeria et le Biafra[3]. Trois semaines plus tard, un autre groupe sĂ©paratiste dĂ©clare la formation d'un gouvernement intĂ©rimaire biafrais, qui est ensuite approuvĂ© par l'IPOB[4]. Depuis lors, les sĂ©paratistes biafrais ont commencĂ© Ă  former des alliances avec d'autres groupes sĂ©paratistes au Nigeria et au Cameroun. MalgrĂ© ces dĂ©veloppements, les sĂ©paratistes ont affirmĂ© que leurs opĂ©rations militantes visaient principalement Ă  dĂ©fendre les communautĂ©s locales contre les Ă©leveurs armĂ©s et les bandits plutĂŽt qu'Ă  combattre le gouvernement nigĂ©rian. Fin juin, le leader de l'IPOB, Nnamdi Kanu, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© par Interpol et remis aux autoritĂ©s nigĂ©rianes.

Insurrection dans le sud-est du Nigeria
Informations générales
Date - en cours
Lieu Ancienne rĂ©gion orientale du Nigeria, plus l'État du Delta et l'État de Benue (dĂ©bordement sur Bakassi, Cameroun)
Issue En cours

Crise dans le delta du Niger

Contexte

En 1967, des sĂ©paratistes du sud-est du Nigeria ont proclamĂ© la formation du Biafra. La guerre civile nigĂ©riane qui s'ensuivit dura deux ans et demi, fit plus d'un million de morts et se termina par la dĂ©faite du Biafra. Au cours des dĂ©cennies suivantes, le Nigeria a continuĂ© Ă  souffrir de l'instabilitĂ© et des rĂ©voltes rĂ©gionales, mais le sĂ©paratisme du Biafra est restĂ© pratiquement inactif jusqu'aux annĂ©es 2000[5] - [6]. Certaines communautĂ©s du delta du Niger, comme le peuple Ijaw, ont mĂȘme intĂ©grĂ© le sentiment anti-Biafra dans leurs propres rĂ©cits populaires, Ă©tant donnĂ© qu'elles s'Ă©taient pour la plupart rangĂ©es du cĂŽtĂ© du gouvernement central pendant la guerre civile nigĂ©riane.

À partir des annĂ©es 1990, un nombre croissant d'habitants du sud-est du Nigeria, tels que les Igbo et les natifs du delta du Niger, se sont sentis marginalisĂ©s par le gouvernement central nigĂ©rian, ce qui a donnĂ© lieu Ă  un violent conflit dans le delta du Niger. Cette situation a entraĂźnĂ© un violent conflit dans le delta du Niger, et des communautĂ©s auparavant hostiles au Biafra, comme les Ijaw, ont commencĂ© Ă  rĂ©Ă©valuer leur engagement envers le Nigeria, ce qui, conjuguĂ© Ă  la dĂ©saffection des jeunes due au chĂŽmage Ă©levĂ©, a contribuĂ© Ă  une rĂ©surgence du nationalisme biafrais dans tout le sud-est du pays. Alors que la plupart des dirigeants politiques locaux ont pris leurs distances avec le sĂ©paratisme, les nationalistes biafrais radicaux se sont organisĂ©s au sein du groupe sĂ©cessionniste IPOB[5] - [6]. Parmi les autres groupes biafrais intransigeants figurent le Mouvement pour l'actualisation de l'État souverain du Biafra (MASSOB), la Ligue des nations biafra (BNL ; initialement connue sous le nom de Ligue de la jeunesse des nations biafra / BNYL)[7], et la Garde nationale biafra (BNG). Cette derniĂšre a dĂ©jĂ  dĂ©clarĂ© la guerre Ă  l'armĂ©e nigĂ©riane en 2017[8].

Dans le mĂȘme temps, les NigĂ©rians sont devenus mĂ©contents car le gouvernement central n'a pas rĂ©ussi Ă  rĂ©primer l'insurrection destructrice de Boko Haram ni le banditisme dans le nord, tandis que les forces de sĂ©curitĂ© nigĂ©rianes ont Ă©tĂ© accusĂ©es de corruption, d'inefficacitĂ© et d'abus. Les journalistes Cai Nebe et Muhammad Bello ont affirmĂ© que "des pans entiers du NigĂ©ria restent quasiment ingouvernables" depuis la seconde prĂ©sidence de Muhammadu Buhari. Les tensions dans le sud-est ont continuĂ© Ă  augmenter aprĂšs que l'Ă©conomie locale, fortement dĂ©pendante de l'exportation de pĂ©trole, a souffert de la faiblesse des prix du pĂ©trole Ă  l'Ă©chelle mondiale. En 2020, l'IPOB a rĂ©ussi Ă  rallier de nombreux partisans Ă  sa cause, bien que les sondages aient montrĂ© que le sĂ©paratisme biafrais n'Ă©tait pas largement soutenu dans le sud-est[6] ; des groupes non membres de l'IPOB ont Ă©galement commencĂ© Ă  soutenir le sĂ©paratisme, comme la Niger Delta People's Salvation Force (Force de salut du peuple du delta du Niger) dirigĂ©e par le "seigneur de guerre" Asari-Dokubo. Toutefois, des tensions sont apparues au sein du mouvement sĂ©paratiste biafrais, Kanu ayant Ă©tĂ© accusĂ© d'intolĂ©rance Ă  l'Ă©gard des non-Juifs. Le leader de l'IPOB s'identifie comme juif et affirme que le judaĂŻsme est la religion traditionnelle des Igbo[9].

En aoĂ»t 2020, les forces de police nigĂ©rianes se sont rendues Ă  une rĂ©union de l'IPOB Ă  Enugu et ont exĂ©cutĂ© 21 membres de l'IPOB non armĂ©s, tuant deux policiers[10]. Les deux parties se sont accusĂ©es mutuellement d'avoir tirĂ© les premiers coups de feu[10]. À la suite de cet incident, l'IPOB a promis de riposter et a appelĂ© ses membres Ă  s'entraĂźner Ă  l'autodĂ©fense. Fin septembre, au moins deux soldats nigĂ©rians ont Ă©tĂ© tuĂ©s lors d'affrontements avec des hommes armĂ©s non identifiĂ©s Ă  Enugu ; toutefois, l'IPOB a niĂ© toute implication, annonçant que "nous ne sommes pas armĂ©s et n'avons pas l'intention de prendre les armes".

Le 12 dĂ©cembre 2020, Kanu annonce la formation de l'ESN pour protĂ©ger les Igbos contre les pillards peuls. Peu enclin Ă  tolĂ©rer la formation d'une organisation paramilitaire non sanctionnĂ©e par l'État sur son territoire, le gouvernement nigĂ©rian a dĂ©ployĂ© l'armĂ©e pour localiser les camps de l'ESN deux semaines plus tard[11].

La crise d'Orlu (22-28 janvier 2021)

Le 22 janvier 2021, des soldats nigĂ©rians ont envahi Orlu Ă  la recherche d'agents de l'ESN. Huit bĂątiments ont Ă©tĂ© incendiĂ©s et une personne a Ă©tĂ© tuĂ©e au cours des Ă©vĂ©nements qui ont suiv. Les forces de sĂ©curitĂ© ont rĂ©investi la zone trois jours plus tard, affrontant l'ESN et tuant au moins cinq personnes[39] avant d'ĂȘtre repoussĂ©es par l'ESN[2]. Quatre soldats nigĂ©rians ont Ă©tĂ© tuĂ©s au cours des combats. L'armĂ©e nigĂ©riane s'est retirĂ©e et, dans les jours qui ont suivi, des avions et des hĂ©licoptĂšres de l'armĂ©e de l'air nigĂ©riane ont Ă©tĂ© dĂ©ployĂ©s pour rechercher les agents de l'ESN Ă  Orlu et dans ses environs[2].

Le 28 janvier, plus de 400 soldats nigĂ©rians sont dĂ©ployĂ©s pour chasser l'ESN[12] et les autoritĂ©s dĂ©crĂštent un couvre-feu qui est brutalement appliquĂ©. Plus tard, le mĂȘme jour, Nnamdi Kanu dĂ©clare un cessez-le-feu unilatĂ©ral et ordonne Ă  l'ESN de se retirer d'Orlu[13] pour se concentrer sur les raiders peuls. Kanu affirme que cette dĂ©cision est fondĂ©e sur des renseignements qui rĂ©vĂšlent que l'armĂ©e et la police ont acceptĂ© de se retirer Ă©galement d'Orlu[14].

Interlude

Pendant les combats, des policiers de l'État d'Imo ont Ă©tĂ© filmĂ©s en train de fouetter des civils, peut-ĂȘtre pour les punir d'avoir violĂ© le couvre-feu. AprĂšs le cessez-le-feu, au moins dix policiers ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s et le commissaire de police Nasiru Mohammed a condamnĂ© leur comportement[15].

Quelques jours aprĂšs la crise d'Orlu, l'IPOB a donnĂ© Ă  tous les gouverneurs du sud-est du Nigeria 14 jours pour interdire le pĂąturage en plein air, menaçant de dĂ©ployer l'ESN pour faire respecter l'interdiction si les autoritĂ©s ne le faisaient pas. L'ESN n'a toutefois pas attendu 14 jours ; quelques jours plus tard, ses agents ont attaquĂ© un campement peul Ă  Isuikwuato, dans l'État d'Abia, tuant le bĂ©tail et brĂ»lant les maisons[16]. À la suite de ce raid, certains gouverneurs ont rĂ©pondu Ă  l'appel de l'ESN en interdisant le pĂąturage.

Notes et références

  1. « Orlu ESN clash wit soldiers - Wetin we know so far », BBC News Pidgin, {{Article}} : paramÚtre « date » manquant (lire en ligne, consulté le )
  2. « Military Jet Combs Orlu Communities For ESN Operatives After Failed Land Combat | Sahara Reporters », sur saharareporters.com (consulté le )
  3. « Second Nigeria/Biafra War Has Just Started But We Will Defend Our Land — IPOB | Sahara Reporters », sur saharareporters.com (consultĂ© le )
  4. (en-US) « ‘Nobody can stop us’ -- Asari Dokubo declares Biafra government », sur TheCable, (consultĂ© le )
  5. (en-GB) « Letter from Africa: Should new calls for Biafra worry Nigerians? », BBC News,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  6. (en) « Nigerian military reshuffle belies security concerns – DW – 01/27/2021 », sur dw.com (consultĂ© le )
  7. (en-US) John Owen Nwachukwu, « Rivers killings: Biafra group attacks Nnamdi Kanu for demanding Gov Wike's capture », sur Daily Post Nigeria, (consulté le )
  8. (en-US) Wale Odunsi, « Biafra National Guard blasts Buhari, charges Igbos to fight Nigerian Army », sur Daily Post Nigeria, (consulté le )
  9. « Biafra Struggle: How Nnamdi Kanu, Asari Dokubo Fell Out | Sahara Reporters », sur saharareporters.com (consulté le )
  10. (en) https://www.facebook.com/FRANCE24.Observers, « Nigeria: New clashes after security forces break up meeting of Biafran separatists », sur The Observers - France 24, (consulté le )
  11. « Nigerian Soldiers Resigned To Join Kanu’s Eastern Network – Military Sources | Sahara Reporters », sur saharareporters.com (consultĂ© le )
  12. (en-US) Adindu Obialor, « Tension heightens in Orlu as Nigerian govt deploys over 400 soldiers », sur Daily Post Nigeria, (consulté le )
  13. « Imo Clash: Nnamdi Kanu Orders ESN Operatives To Cease Fire, Return To Forests | Sahara Reporters », sur saharareporters.com (consulté le )
  14. (en-US) Seun Opejobi, « Orlu: Nnamdi Kanu orders ESN to ceasefire against Army, watchful of Fulani herdsmen », sur Daily Post Nigeria, (consulté le )
  15. (en-US) Guardian Nigeria, « Imo police arrest 10 officers for abusing Orlu residents », sur The Guardian Nigeria News - Nigeria and World News, (consulté le )
  16. « Herdsmen Flee As IPOB’s Eastern Security Network Invades Fulani Camp In Abia, Kills Many Cows | Sahara Reporters », sur saharareporters.com (consultĂ© le )
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