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Incident Taminato

L'incident Taminato (japonais : 上海日本人水兵狙撃事件 (Shanhai Nihonjin Suihei Sogeki Jiken, "l'incident du marin japonais poignardé à Shanghai")) est le meurtre d'un marin japonais qui fut commis en Chine dans le district de Hongkou dans la concession internationale de Shanghai le [1]. Le gouvernement impérial japonais répliqua par l'occupation du quartier de Hankou avec une force militaire de 2 000 soldats, ce qui correspondit au plus gros contingent japonais présent à Shanghai depuis 1932. Mais la crainte d'une guerre ouverte entre les deux pays empêcha la Chine et le Japon de laisser cet incident dégénérer en un conflit généralisé.[2]

Le site de l'attaque, à l'intersection des routes Haining et Wusong, est marqué d'un "x"

Contexte

Le croiseur Izumo, navire amiral de la 3ème flotte japonaise, où servit le marin Taminato
Plan de Shanghai en 1932

En Chine à l'époque de l'incident, le sentiment anti-japonais était très exacerbé et entretenu par la propagande du Parti Communiste Chinois. La politique japonaise était par ailleurs très agressive envers la Chine et de nombreux incidents, interventions et humiliations avaient été infligés aux chinois depuis 1914 : Occupation du Shandong jusqu'en 1922 puis de 1927 à 1929 ; incident de Hankou (en) en 1927; incident de Jinan et incident de Huanggutun en 1928; incident de Wanpaoshan en 1931 ; incident de Mukden et invasion japonaise de la Mandchourie en 1931-1932. En 1935, les communistes chinois ont cherché à augmenter leur audience en proclamant un mouvement de résistance contre le Japon à travers tout le pays lors de la déclaration du [3]

Dès lors, les échauffourées et les bagarres s'intensifièrent contre les japonais présent dans le pays au point de provoquer de nombreux actes de terroristes comme l'assassinat dans le Shantou d'un policier japonais le . À Shanghai, il y eut le meurtre d'un homme d'affaires japonais le ; du meurtre du marin Hideo Nakayama le ; de l'assassinat d'un autre homme d'affaires Kosaku Kayao le . À Chengdu, on tua les journalistes Kozaburo Watanabe et Keiji Fukagawa le ; de Junzo Nakano au Beihai le , et le policier Niwajiro Yoshioka dans le Hankou le .[4][5]

L'assassinat de Taminato

Drapeau de la concession internationale de Shanghai
Vue de la concession internationale en 1930

Le , quatre membres d'équipage du croiseur Izumo débarquent à Shanghai et se baladent le long de la route Haining au cœur de la concession internationale. À 20h20[6], lorsqu'ils s'approchaient de l'intersection de leur voie avec la route Wusong, ils furent brutalement tirés en arrière par une bande de quatre à cinq Chinois munis de pistolets qui s'étaient dissimulés près d'un arrêt de bus. Les marins de première classe Tomomitsu Taminato et Yoshitane Yawata, ainsi que le deuxième classe Yoshimi Ideriha furent gravement blessés. Rapidement, les trois victimes furent transportés à l'abri dans la librairie Shiseido mais les blessures de Taminato étaient mortelles : il avait été touché par des balles au bras gauche et à la poitrine droite. Rapidement, il s'effondra sur le sol de la librairie après avoir tenté de s'appuyer sur une étagère et mourut immédiatement.[7]

La crise diplomatique

Aussitôt la nouvelle connue, à 20h30 environ, l'ensemble du district de Hongkou est mis sous la loi martiale et est quadrillé par deux mille soldats japonais envoyés pour protéger les ressortissants japonais de la ville et traquer les auteurs du crime[8]. Les rues sont barrées et verrouillées et chaque bâtiment fouillé. À 23h30, cent soldats japonais débarquent en renforts avec des chars et des véhicules blindés. [9][10]

Ainsi, dès minuit, l'ensemble du périmètre est occupé et fermé. Les japonais commencent même à étendre leur occupations en dehors des limites de Hongkou. Suivant l'avis de l'amiral commandant la troisième flotte du Japon, le gouvernement impérial nippon entend donner une réponse ferme et sévère, et celle-ci fut la plus sévère vis-à-vis des autres incidents précédents qui eurent lieu en Chine. Jamais il n'y eut un tel déploiement de troupes japonaises à Shanghai depuis 1932. La Chine, alarmée par ce déploiement, craint une escalade vers la guerre. Tchang Kaï-shek demanda immédiatement par un télégramme à son ministre de la Guerre He Yingqin de mettre les troupes en état de guerre. De nombreux civils chinois fuirent en masse le district de Hongkou. [11]

Au cours de l'état d'urgence décrété par les japonais, trois suspects furent arrêtés par les soldats puis remis à la police municipale de Shanghai [12] et le , la majeure partie des troupes japonaises se retirer. Mais les troupes maritimes n'évacuèrent pas Shanghai et réoccupèrent même brièvement Hongkou le 1er octobre, provoquant une nouvelle panique et exode de la population. [13][14][15]

Conséquences

Retour des cendres de Tomomitsu au Japon.

L'incident n'a pas entraîné une guerre et, dans son sillage, de nombreux autres cas similaires ont été résolus. Le , le tribunal de Shanghai a condamné deux Chinois à la peine de mort pour leur rôle dans le meurtre d'Hideo Nakayama en 1935 et le lendemain de ce jugement, le Japon a retiré ses troupes de Shanghai[16].

Ainsi, bon nombre de réfugiés Chinois ont commencé à revenir. le un autre verdict de la cour dans l'affaire Kosaku Kayao a condamné deux autres chinois à mort et cinq complices à des peines de prison. Ces deux jugements et l'affaire de Taminato révèlent le rôle de Wang Yaqiao (en), un riche chinois anticonformiste et anti-japonais connu comme le "roi des assassins", qui sera à son tour lui-même assassiné le .[17][18]

Le Ministère des Affaires Étrangères chinois s'est efforcé, par des négociations, de protéger les ressortissants japonais et de maintenir l'ordre et la justice pour que le pays ne sombre pas dans l'anarchie. Mais il ne put empêcher d'autres assassinats à Shanghai comme le marin japonais Yasuji Takase le . De ce fait, la marine japonaise développa un très fort sentiment de vengeance pour punir les chinois, ce qui se verra lors du déclenchement de la Seconde Guerre Sino-Japonaise. L'incident Oyama du joua un rôle important dans le déclenchement de la bataille de Shanghai quand le lieutenant japonais Isao Oyama, ayant pénétré illégalement dans l'aéroport de Hongqiao, fut abattu par les troupes chinoises de maintien de la paix.[19]

Liens internes

Références

  1. Noboru Kojima, 日中戦争2 (Tokyo: Bungeishunju, 1984)
  2. "Crisis in China: 24 Dramatic Hours As Japan Occupied Part of Shanghai," New York Times, October 25, 1936.
  3. Shoichi Watanabe, 日本とシナ:1500年の真実 (Tokyo: PHP Institute, 2006).
  4. Kumao Imoto, 支那事変作戦日誌 (Tokyo: Fuyo Shoten, 1998).
  5. Toshihiko Shimada, "Designs on North China, 1933-1937," in China Quagmire: Japan's Expansion on the Asian Continent, 1933-1941 , ed. James William Morley (New York: Columbia University Press, 1983).
  6. Japan Diplomatic Correspondence Digital Archive, Showa Period II Set 1 Book 5 Volume 1
  7. Noboru Kojima, 日中戦争2 (Tokyo: Bungeishunju, 1984)
  8. Hallett Abend, "Shanghai Area Occupied By Japanese Naval Force After Killing Of A Sailor," New York Times, September 24, 1936
  9. Japanese Declare Martial Law Over Big Shanghai Area," Christian Science Monitor, September 23, 1936.
  10. Hallett Abend, "Shanghai Tension Lessens," New York Times, September 25, 1936
  11. Hallett Abend, "Shanghai Chinese Fleeing Japanese," New York Times, October 2, 1936
  12. Settlement Police Authority Usurped By Japanese," Times of India, September 26, 1936.
  13. US Troops Take Up Arms As Shanghai's Fever Mounts," Washington Post, October 2, 1936.
  14. Japanese Display Force In Shanghai," New York Times, October 1, 1936.
  15. Hallett Abend, "Japanese Reduce Force In Shanghai," New York Times, September 26, 1936
  16. Japan's Sentences On Chinese Renew Shanghai Tension," Christian Science Monitor, October 3, 1936.
  17. Frederic Wakeman Jr., Spymaster: Dai Li and the Chinese Secret Service (Berkeley, California: University of California Press, 2003), 182-185, 460-461.
  18. Japan Diplomatic Correspondence Digital Archive, Showa Period II Set 1 Book 5 Volume 1 p.670
  19. David M. Gordon, "The China-Japan War, 1931-1945: Historiographical Essay," The Journal of Military History, January 2006, 147.


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