Hypogée de Ħal Saflieni
L’hypogée de Ħal Saflieni, situé à Malte, est une grande structure creusée dans le sol et comportant de multiples chambres ou salles. Il s'agit d'un cas unique de cimetière préhistorique souterrain[1], construit entre 4 100 et 2 500 av. J.-C.[2]
Hypogée de Hal Safliéni *
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Coordonnées | 35° 52′ 16,8″ nord, 14° 30′ 26,6″ est | |
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Pays | Malte | |
Subdivision | Paola | |
Type | Culturel | |
Critères | (iii) | |
Numéro d’identification |
130 | |
Zone géographique | Europe et Amérique du Nord ** | |
Année d’inscription | 1980 (4e session) | |
Plan de l'hypogée de Ħal Saflieni (4100-2500 av. J.-C.) | ||
Géolocalisation sur la carte : Malte
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* Descriptif officiel UNESCO ** Classification UNESCO |
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À la fin du XIXe siècle, le développement des chantiers navals militaires attire dans la région de Paola, près de Marsa, nombre de cultivateurs qui veulent devenir ouvriers. Les constructions se multiplient dans une zone appelée alors Tal-Għerien (« les grottes », en maltais), ce qui laisse supposer une connaissance populaire ancienne.
Histoire
En 1902, en creusant une citerne à Paola, des ouvriers découvrent une cavité qu'ils s'empressent de consolider pour éviter tout effondrement (ces travaux sont encore visibles aujourd'hui). Mais cette cavité n'a pas les apparences d'une grotte ordinaire. Rapidement, le comité directeur du Museum mandate le père jésuite Manwel P. Magri, qui décide d'excaver le deuxième niveau (le niveau supérieur étant à ce moment-là en propriété privée). Les équipes d'ouvriers qui déblaient le site en dispersent les ossements, rendant impossible toute interprétation des éventuels rites d'inhumation[3].
Les travaux ne sont pas terminés lorsque, en 1907, le père Manwel Magri est envoyé en mission à Sfax, où il décède sans avoir rédigé le rapport de ses fouilles[4]. C'est un professeur en médecine, Themistocles Zammit, qui travaillait avec Magri depuis 1905, qui prend sa succession et continue les fouilles jusqu'en 1911.
La découverte fortuite de l'hypogée est comme le coup d'envoi de l'archéologie dans l'archipel, grâce à Themistocles Zammit. Si Magri est le pionnier, Themistocles Zammit sera considéré comme le père de l'archéologie maltaise[5]. La décision d'ouvrir le site au public est prise en 1908.
En 1952, les fouilles sont reprises par John Davies Evans. En 1980, l'Unesco classe l'hypogée de Ħal Saflieni au patrimoine mondial de l'humanité[6]. En 1990, Anthony Pace, Nathaniel Cutajar et Reuben Grima constatent une dégradation du site, et en 1991 le site est fermé au public jusqu'en 2000, période pendant laquelle il est complètement réaménagé et placé sous atmosphère contrôlée[7].
Description
Le site comporte une cinquantaine de salles sur environ 2 500 m2 réparties sur quatre niveaux[8]. Le niveau du sol primitif, avec la restauration de l'entrée de l'hypogée, le premier niveau, à environ – 3 m, comprend les premières chambres, datées de la phase Żebbuġ (4 100-3 800 av. J.-C.), et les agrandissements de la phase Ġgantija (3 600-3 000 av. J.-C.). Le deuxième niveau, à environ – 6 m, qui comprend les plus belles salles, puis le troisième niveau, à un peu plus de – 10 m, datent de la phase Tarxien (3 000-2 500 av. J.-C.)[2].
Sol primitif
La restauration du site à la fin du XXe siècle a permis la mise en valeur du niveau initial. L'entrée du site se fait désormais par ce niveau et non plus directement au deuxième niveau. De plus, il est maintenant possible de voir les portails trilithes marquant l'entrée de l'hypogée, ainsi qu'un premier puits à offrandes, lieu de découverte d'une statuette de femme stéatopyge sans tête ainsi que deux têtes sans corps[9].
Premier niveau
Le premier niveau comporte, directement sur la droite mais aussi dans la première salle à gauche, les lieux où fut découverte la très grande majorité des ossements. Zammit a estimé à environ sept mille le nombre total de squelettes que l'hypogée a abrités. Il ne subsiste aujourd'hui que six crânes dolichocéphales[10] entreposés dans deux boîtes au musée national d'Archéologie de Malte. Au bout de la salle de gauche, un grand espace relativement profond est interprété par les spécialistes comme pouvant être une citerne datant de 4 000 av. J.-C. Toujours sur la gauche, un trilithe laisse supposer une partition de cet espace[11].
Deuxième niveau
Le deuxième niveau est le plus vaste ; son plan est le plus complexe et le plus remarquable. Tout de suite sur la gauche se trouve une salle qui semble être inachevée (la surface des parois ne comporte pas partout le même aspect de finition) mais qui est pourtant décorée. Son plafond comporte quatorze disques d'ocre rouge. Les petites alcôves de cette salle ont fait dire aux archéologues que cet endroit était réservé à des inhumations plus ou moins individuelles. En avançant dans l'hypogée, sur la droite se situe une salle dite chambre de l'Oracle au plafond décoré de spirales ocre dans l'esprit des bas-reliefs découverts au temple de Tarxien[12]. Une petite ouverture en hauteur dans le mur donne sur une niche, elle-même décorée, dite niche de l'Oracle en raison de l'écho qui résonne dans le temple si l'on parle dans l'ouverture. Aujourd'hui les spécialistes pensent plutôt à l'emplacement d'une statue ou d'un objet cultuel.
En avançant toujours vers le fond de l'hypogée, on entre dans une nouvelle salle, au plafond décoré de volutes inscrites dans des pentagones[12]. C'est là que se trouve le deuxième puits à offrandes où les archéologues ont découvert des amulettes, des bijoux et la célèbre Sleeping Lady (voir illustration)[13].
Derrière le puits à offrandes se trouvent les trois pièces les plus remarquables de l'hypogée : la chambre principale (supposée être un lieu de culte), le « saint des saints » (supposé réservé aux officiants) et le « trésor » (supposé être un lieu d'inhumation)[4]. Ces salles ont pour particularité, jamais retrouvée dans aucun autre hypogée, que leurs parois représentent, sculptées dans le calcaire à globigérine, toutes les apparences extérieures et intérieures des temples de surface, avec leurs entrées trilithes, leurs orthostates, leurs autels, leurs voûtes en encorbellement, leurs banquettes, etc. Le traitement de la pierre, particulièrement soigné, donne à l'ensemble un véritable aspect monumental[14] - [15].
Troisième niveau
Un escalier en partie tournant, composé de sept marches dont la dernière, sur deux pierres dressées, est assez haute par rapport au sol, donne accès au troisième niveau. Ici les salles, situées en grande partie sous celles du niveau supérieur, sont disposées de telle façon qu'elles laissent subsister des pilastres supportant la charge du niveau supérieur. Des traces d'ocre rouge laissent supposer une riche décoration. La fonction de ces salles est controversée, certains voulant y voir des réserves protégées par un escalier dangereux dans l'obscurité[4].
Références
- « Près de la Femme endormie », sur Le Journal des Arts, .
- A. Pace (2004), p. 23-24.
- N. Cauwe et al. (2007), p. 189.
- A. Bonanno (1993), p. 18.
- A. Pace (2004), p. 6-8.
- « Fiche officielle de classement no 130 » (consulté le ).
- A. Pace (2004), p. 5-9.
- B. Sedlaczek (2000), p. 35.
- A. Pace (2004), p. 22.
- Graham Hancock, Civilisations englouties, tome 2.
- A. Blondy (1991), p. 126.
- M. Ridley (1976), p. 56-63.
- A. Blondy (1991), p. 128.
- A. Pace (2004), p. 29-36.
- J. S. Tagliaferro (2000), p. 29.
Bibliographie
- (fr) Alain Blondy (1991), Malte, Paris, éd. Arthaud, rééd. 2007
- (fr) Anthony Bonanno (1993), Malte, un paradis archéologique, La Valette, éd. M.J. Publications Ltd, réed. 1995
- (fr) Nicolas Cauwe, Pavel Dolukhanav, Janusz Kozłowski et Paul-Louis van Berg (2007), Le néolithique en Europe, Paris, éd. Armand Colin, coll. « U Histoire »
- (en) Anthony Pace (2004), The Hal Saflieni Hypogeum, Paola, Santa Venera (Malte), éd. Midsea Books Ltd, coll. « Heritage Books »
- (en) Michael Ridley (1976), The Megalithic Art of the Maltese Islands, Poole, éd. Dolphin Press
- (fr) Brigitte Sedlaczek (2000), Archéologie des îles maltaises, Rome, MP Graphic Formula, La Valette, éd. Progress Press Co. Ltd
- (fr) John Samut Tagliaferro (2000), Malte, Archéologie et Histoire, Sesto Fiorentino, éd. Casa Editrice Perseus, coll. « Plurigraf », Luqa (Malte), éd. Miller Distributors Ltd