Houille blanche
La houille blanche désigne l’utilisation de l’énergie hydroélectrique produite par les chutes d’eau, par analogie avec le charbon qui était, au XIXe siècle, la principale source d'énergie connue et exploitée.
Origine
XIXe siècle
En 1854, Camillo Cavour aurait vanté les mérites de la Savoie à Napoléon III en parlant de « Carbone Bianco », par opposition à la houille noire, le charbon[1] ; il désignait la glace des Alpes qui était cédée par les montagnes de la Savoie. Aristide Bergès, faisant allusion au glacier, utilisa lui-même l'expression, dont il fit glisser le sens dans le champ sémantique de la production d'énergie hydroélectrique[2].
La formule de « houille blanche », développée à Grenoble à partir de 1878 au cours de réunions locales, puis à la foire de Lyon en 1887 par Aristide Bergès, est définitivement popularisée lors de l’Exposition universelle de Paris de 1889, où il en fait l’expression populaire pour caractériser la puissance hydraulique sous toutes ses formes :
« Les glaciers des montagnes peuvent, étant exploités en forces motrices, être pour leur région et pour l’État des richesses aussi précieuses que la houille des profondeurs. Lorsqu’on regarde la source des milliers de chevaux ainsi obtenus et leur puissant service, les glaciers ne sont plus des glaciers ; c’est la mine de la houille blanche à laquelle on puise, et combien préférable à l'autre[1]. »
XXe siècle
En , l'expression devient le nom de l'association des anciens élèves de l'Institut électrotechnique, appelé Institut polytechnique de Grenoble dix ans plus tard[3].
Du au , se déroule l’exposition internationale de la houille blanche et du tourisme à Grenoble afin de consacrer la ville, capitale de la houille blanche.
Économie
Dès les années 1900, les progrès technologiques de l'hydroélectricité suisse sont à l'origine d'intenses spéculations boursières sur les sociétés hydroélectriques.
Dans les années 1920, une rapide expansion de l'électricité voit le jour en France, avec une multiplication par huit de la production d'électricité hydraulique.
La houille blanche dans l'art
- Allégorie de la houille blanche, statue d'Auguste Davin, Maison Bergès à Villard-Bonnot - Lancey.
- Allégorie de la houille blanche, peinture de Pierre-Maurice Dubois[4], musée d'Orsay.
- La Houille blanche, peinture de Gaston Bussière, 1902, coll. Maison Bergès à Villard-Bonnot - Lancey
- La Vision d'Aristide Bergès, pastel d'Alfons Mucha, 1902, coll. Maison Bergès à Villard-Bonnot - Lancey
- Aristide Bergès et la Houille blanche, peinture d'Alfons Mucha, vers 1905, coll. Maison Bergès à Villard-Bonnot - Lancey
- La Houille blanche en deuil d'Aristide Bergès, marbre de Giuseppe Chiattone, 1910, coll. Maison Bergès à Villard-Bonnot - Lancey
Notes et références
- « La Houille blanche ou la révolution des montagnes », sur jaimemonpatrimoine.fr, 22 mars 2018 (consulté le 3 mai 2019).
- A. Audebrand, « Signification de l'expression : houille blanche », La Houille blanche, no 7, 1905, p. 255 [PDF].
- Grenoble INP Alumni est l’association des diplômés et des élèves de l’Institut polytechnique de Grenoble, sur grenoble-inp.fr
- Allégorie de la houille blanche sur l’Agence photo de la Réunion des Musées nationaux et du Grand Palais
Voir aussi
Bibliographie
- Henri Cavaillès, La Houille blanche, Paris, Librairie Armand Colin, coll. « Section de géographie » (no 23), , 1re éd., VI–216 p., (BNF 31918080). — Réédition de 1929 : (BNF 31918081).
- Charles Gide, article « La Houille Blanche », dans La Semaine littéraire, Genève, 13/12/1902, publié dans Charles Gide, propos d'actualité et d'inactualité, 1887-1931, présenté par Marc Pénin, éd. l'Harmattan, 2008, p. 59-66 [lire en ligne].
- Jean Billet, La houille blanche : Aristide Bergès et le Grésivaudan, berceau du développement régional moderne, Lancey, Musée de la Houille Blanche, coll. « Patrimoine en Isère », , 88 p. (ISBN 9782905375353).