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Hormonosubstitution (dysphorie de genre)

L’hormonosubstitution, thérapie hormonale substitutive ou encore hormonothérapie est un traitement hormonal médical traitement médical destiné à entraîner une féminisation ou une masculinisation du corps d'une personne trans, en influençant l'aspect des caractères sexuels secondaires. Sa mise en place se fait généralement sous la surveillance d'un professionnel de santé.

Seringue, parfois utilisée pour l'hormonosubstitution dans le cadre d'injections intramusculaires.

Recommandations

La World Professional Association for Transgender Health édite des recommandations sur les thérapies hormonales des personnes transgenres à destination des personnes professionnelles de santé[1] - [2].

Accès et suivi médical

L'accès aux hormones dépend des pays. En France, la délivrance d'hormones peut se faire par un médecin généraliste, un endrocrinologue ou un psychiatre[3]. Au Québec, une évaluation psychosociale est nécessaire[4]. En pratique, en raison des barrières d'accès aux soins et des discriminations, environ 50 % des femmes trans débutent une thérapie hormonale le font sans supervision[1].

Un suivi est recommandé régulièrement aux personnes trans suivant une thérapie hormonale de substitution[5]. Plusieurs organisations médicales recommandent un suivi médical concernant les cancers associés à l'assignation de naissance.

Thérapie hormonale féminisante

Hormones

La féminisation passe par l'administration d’œstrogènes, souvent associés aux anti-androgènes[5] - [1] ou des agonistes de la GnRH[1], et parfois à de la progestérone[2]. La prise d’œstrogènes abaisse le taux de testostérone, mais dans la moyenne basse masculine[1]. L'addition d'anti-androgène permet d'abaisser encore le taux de testostérone en bloquant sa production, ce qui permet d'atteindre un taux de testostérone situé dans la moyenne féminine[1].

L'éthinyl-estradiol est déconseillé[2] tandis que l'administration de progestérone est controversée[2]. Son effet sur l'accroissement des seins n'est pas consensuel, tout comme son effet sur l'abaissement du taux de testostérone[2]. Le type de traitement dépend des pays[1] - [6].

Effets

Les premiers effets sont visibles dès les premiers mois du traitement[1]. Ils progressent pendant deux à trois ans, avant de se stabiliser[1]. Les hormones entraînent la croissance des seins[1], mais aussi un adoucissement de la peau, une augmentation de la masse grasse et une diminution de la masse musculaire, accompagnées d'une modification de la répartition des graisses[1]. La libido peut être diminuée et l'humeur peut être modifiée[1]. Des répercussions ont lieu sur le système génital : le testicules diminuent en taille, les érections spontanées deviennent moins fréquentes et des troubles sexuels peuvent survenir, de même qu'une diminution de la production de sperme[2].

Administration

Les œstrogènes peuvent être pris de manière orale, locale ou intramusculaire[1]. Les anti-androgènes peuvent être absorbés per os, en injection intramusculaire ou encore via un implant sous-cutané[1].

Suivi

Pendant les deux premières années, il est nécessaire de surveiller les concentrations en hormones tous les trois à six mois afin de vérifier que leur taux sont situés dans la moyenne et qu'il n'y a pas d'élévation trop importante du taux d’œstradiol[1]. Le dosage du potassium est recommandé dans le cas d'une prise de spironolactone[1].

Effets secondaires

Le progestérone est soupçonnée d'augmenter le risque de cancer du sein, et d'avoir d'autres effets indésirables comme la dépression et la prise de poids [2].

Thérapie hormonale masculinisante

Hormones

La masculinisation est opérée grâce à l'administration de testostérone[5].

Administration

La testostérone peut être administrée sous plusieurs formes : injections intramusculaires, méthodes locales (gels, patchs, solution au niveau des aisselles), par voie orale, buccale ou nasale, et par implant sous-cutané[7]. La disponibilité de chaque formulation dépend des pays[5].

Effets

Les effets de la testostérone débutent dans les mois suivant le début de la prise d'hormone[7]. Dès les trois premiers mois, la prise de testostérone a déjà pour effet d'augmenter la pilosité[7] - [5], de stopper les menstruations[7] - [5], diminuer la masse graisseuse[7] et d'augmenter la masse musculaire[5], la force physique[7] et le désir sexuel[7] - [5]. Par la suite, elle provoque également un abaissement de la voix[7] - [5], un allongement du clitoris[7] et une atrophie vaginale[5]. L'acné peut augmenter[5], et chez les individus prédisposés peut survenir de l'alopécie[7]. La prise de testostérone provoque une diminution de la dysphorie de genre, du stress, de l'anxiété et de la dépression, et une diminution du risque de cancer du sein[7].

Les taux de testostérone atteints sont équivalent à ceux des hommes cisgenres.

Il est observé dans certaines études une augmentation de la pression artérielle, uniquement systolique, de 4 à 12 mmHg des hommes transgenres sous traitement hormonal depuis un an. Les conséquences à long terme de cette augmentation sont inconnues à cause du manque d'études[7].

Effets indésirables

L'alopécie est à la fois un effet indésirable et une caractéristique qui peut être recherchée chez certains hommes transgenres[7]. L'effet des hormones peut également provoquer de l'acné[7].

Bénéfices

Les études qui ont porté sur le sujet montrent que la thérapie hormonale chez les personnes transgenres est associée à une meilleure qualité de vie, un taux plus faible de dépression et d'anxiété, quel que soit l'âge et le sexe des personnes[8]. Lorsque la thérapie hormonale est débutée à l'adolescence, les personnes trans présentent une meilleure santé mentale et sont moins susceptibles de s'engager dans des abus de substances que leurs pairs ayant débuté la thérapie hormonale à l'âge adulte[9].

Répercussions négatives et risques

La thérapie hormonale est considérée sûre lorsqu'elle est réalisée avec un suivi par rapport à certains points de surveillance[10]. Les principaux risques rapportés sont la polycythémie dans le cadre d'une thérapie hormonale masculinisante et les thromboembolies veineuses dans le cadre d'une thérapie hormonale féminisante[10]. Chez les personnes transféminines hormonées, des triglycérides augmentés sont également retrouvés[10]. En France, les résumé des caractéristiques du produit des hormones utilisées dans le cadre d'hormonosusbtitution mentionnent des risques de cancers, comme par exemple le risque de méningiome et de cancer du foie pour le cyprotéone ou le cancer du sein et le méningiome pour estrogènes[6]. Un risque de cancer accru n'est néanmoins pas retrouvé chez les personnes trans hormonées[10], même si elles doivent veiller aux cancers liés à leur genre de naissance (cancer de la prostate pour les femmes trans, cancer de l'utérus et du col chez les hommes trans)[10]. Les risques à long terme des thérapies hormonales sont cependant encore mal connus[4]. Le manque de considération des professionnels médicaux à l'égard des risques de cancer est cependant souligné, les médecins justifiant ce manque par l'absence d'études fiables montrant une corrélation entre hormonothérapie et cancer, tandis que les personnes transgenres s'attachent d'abord à la question de la transition[6].

Selon la Cochrane, il existe un écart entre la recherche scientifique sur l'efficacité et la tolérance des traitements hormonaux destinés aux femmes transgenres et les pratiques ayant cours[11].

Notes et références

  1. (en) Vin Tangpricha et Martin den Heijer, « Oestrogen and anti-androgen therapy for transgender women », The Lancet Diabetes & Endocrinology, vol. 5, no 4,‎ , p. 291–300 (PMID 27916515, PMCID PMC5366074, DOI 10.1016/S2213-8587(16)30319-9, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) World Professional Association for Transgender Health, Standards of Care for the Health of Transsexual, Transgender, and Gender Nonconforming People, 7e Ă©d.
  3. « Hormones et chirurgies », sur Association Nationale Transgenre (consulté le )
  4. « Les personnes transgenres », sur www.ameq.qc.ca (consulté le )
  5. Cécile A. Unger, « Hormone therapy for transgender patients », Translational Andrology and Urology, vol. 5, no 6,‎ , p. 877–884 (PMID 28078219, PMCID PMC5182227, DOI 10.21037/tau.2016.09.04, lire en ligne, consulté le )
  6. Anastasia Meidani et Arnaud Alessandrin, « Cancers et transidentités : une nouvelle « population à risques » ? », Sciences sociales et sante, vol. 35, no 1,‎ , p. 41–63 (ISSN 0294-0337, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Michael S Irwig, « Testosterone therapy for transgender men », The Lancet Diabetes & Endocrinology, vol. 5, no 4,‎ , p. 301–311 (DOI 10.1016/S2213-8587(16)00036-X, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Kellan E Baker, Lisa M Wilson, Ritu Sharma et Vadim Dukhanin, « Hormone Therapy, Mental Health, and Quality of Life Among Transgender People: A Systematic Review », Journal of the Endocrine Society, vol. 5, no 4,‎ , bvab011 (ISSN 2472-1972, PMID 33644622, PMCID PMC7894249, DOI 10.1210/jendso/bvab011, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) Erin Digitale, « Better mental health found among transgender people who started hormones as teens », sur News Center (consulté le )
  10. (en) Jamie D. Weinand et Joshua D. Safer, « Hormone therapy in transgender adults is safe with provider supervision; A review of hormone therapy sequelae for transgender individuals », Journal of Clinical & Translational Endocrinology, vol. 2, no 2,‎ , p. 55–60 (ISSN 2214-6237, DOI 10.1016/j.jcte.2015.02.003, lire en ligne, consulté le )
  11. Haupt C, Henke M, Kutschmar A, Hauser B, Baldinger S, Saenz SR, Schreiber G, « L'hormonothérapie aide-t-elle à la transition des femmes transgenres en cours de changement de sexe ? », sur www.cochrane.org, (consulté le )
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