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Histoire de la faculté de théologie protestante de Paris

La faculté de théologie protestante de Paris est fondée en 1877 par transfert de la faculté de théologie protestante de Strasbourg à Paris. Créée comme une composante de l'université de Paris, elle devient une faculté libre après la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905.

Fondation de la faculté de Paris

Après la signature du traité de Francfort, le , entraînant la perte de l'Alsace-Lorraine, il faut remplacer la faculté de théologie protestante de Strasbourg. L'État, qui a autorité puisqu'il s'agit d'une faculté d'État, souhaite transférer la faculté de Strasbourg à Paris. La faculté de théologie protestante de Paris n'ouvre pourtant officiellement que six ans plus tard, le , alors que les différentes facultés qui composaient l'université de Strasbourg ont été réinstallées dès 1872[1]. Cette volonté s'étant concrétisée par le décret du qui prévoit que « la faculté mixte de théologie protestante dont le siège était à Strasbourg est transférée à Paris »[1].

Deux professeurs de l'université de Strasbourg, Frédéric Lichtenberger et Auguste Sabatier, qui ont quitté l'Alsace après son rattachement à l'Allemagne, toujours titulaires de chaires de théologie, sont sans postes. Les discussions sont longues avant l'aboutissement qui permet l'ouverture d'une faculté à Paris. Un certain nombre de questions doivent être préalablement résolues :

  • La faculté de théologie protestante de Strasbourg comptait six chaires d'enseignement, cinq chaires luthériennes et une chaire réformée. Or les luthériens, majoritaires en Alsace, sont minoritaires dans le protestantisme français, et la nouvelle faculté, si elle veut attirer des étudiants réformés, doit laisser une part plus importante à l'enseignement réformé ;
  • Durant les années 1870, deux tendances théologiques coexistent en France : une tendance « orthodoxe » (parfois dite « évangélique »), orientation majoritaire à la faculté de théologie de Montauban et une tendance « libérale », majoritaire à la faculté de théologie de Strasbourg.

Pour mener à bien la recomposition nécessaire à l'ouverture d'une faculté, des alliances entre ces quatre parties : luthérienne, réformée, libérale et orthodoxe, sont nécessaires. Une faculté majoritairement luthérienne, avec une seule chaire réformée, dissuaderait les réformés d'y étudier[1]. Les orthodoxes craignent qu'une faculté à Paris ne menace la faculté de Montauban[1]. Les libéraux souhaitent l'ouverture d'une faculté à tendance libérale à Paris, mais le mode de désignation des professeurs prévu par la législation - ce sont les consistoires qui proposent des candidats - leur est défavorable car ils sont minoritaires dans l'église réformée[1]. La situation est bloquée jusqu'en 1876 : les républicains ont gagné les élections et sont renforcés en légitimité. William Henry Waddington est brièvement ministre de l'Instruction publique du Gouvernement Jules Simon en 1877, et fait signer par Mac Mahon, président de la république, le décret du , qui transfère la faculté de Strasbourg à Paris[1].

Ouverture en 1877

La faculté ouvre en , avec les deux professeurs de Strasbourg, Frédéric Lichtenberger, qui devient doyen, et Auguste Sabatier. Ils sont rejoints par quatre maîtres de conférences à la rentrée universitaire. En 1879, Jules Ferry devient ministre de l'Instruction publique, dans le gouvernement Waddington, et nomme deux professeurs réformés, dont l'un est libéral[1], sans consulter les consistoires : Ariste Viguié et Gaston Bonet-Maury.

Durant deux années académiques, la faculté a occupé les locaux de l'ancien collège Rollin, rue Lhomond. En 1878, le Ministère de l'instruction publique acquiert un ensemble immobilier à l'angle du boulevard Arago et de la rue du Faubourg-Saint-Jacques afin d'y loger la nouvelle faculté et y fait aménager un amphithéâtre. Les nouveaux bâtiments sont inaugurés le par Jules Ferry[2]. Elle accueille 22 étudiants en 1877 et 30 étudiants en 1882[1].

Un épisode des conflits entre protestants libéraux et protestants évangéliques concerne la démission de Maurice Vernes[3] - [4].

Jusqu'en 1905, la faculté de théologie de Paris fait partie de l'université de Paris[5]. Après la séparation des Églises et de l'État, en 1905, elle passe sous la direction des Églises protestantes[6] et prend l'intitulé de « faculté libre de théologie protestante ».

En 1973, les facultés de théologie protestantes de Paris et de Montpellier se regroupent en une structure unique, l'Institut protestant de théologie[7].

Notes et références

Notes

    Références

    1. André Encrevé, « La fondation et les premières années de la Faculté de théologie protestante de Paris (1877-1882) », Études théologiques et religieuses, vol. 86, no 3, , p. 321-333 (lire en ligne, consulté le ).
    2. Cadier-Rey 2007, p. 18.
    3. Encrevé 2001.
      • François Laplanche, « Maurice Vernes », dans André Encrevé (dir.), Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine. 5 Les Protestants, Paris, Beauchesne, (ISBN 2701012619), p. 488-490.
    4. Cadier-Rey 2007, p. 17.
    5. Cadier-Rey 2007, p. 20.
    6. « L’Institut protestant de théologie », sur museeprotestant.org, Musée protestant (consulté le ).

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Gabrielle Cadier-Rey, « L'impact de la loi de séparation sur la faculté de théologie protestante de Paris », Études théologiques et religieuses, vol. 82, no 1, , p. 17-25 (lire en ligne, consulté le ).
    • André Encrevé, « La fondation et les premières années de la Faculté de théologie protestante de Paris (1877-1882) », Études théologiques et religieuses, vol. 86, no 3, , p. 321-333 (lire en ligne, consulté le ). Document utilisé pour la rédaction de l’article
    • André Encrevé, « La crise du milieu du siècle », dans L'Expérience et la foi. Pensée et vie religieuse des huguenots au XIXe siècle, Genève, Labor et Fides, , particulièrement « La première crise de la Faculté de théologie de Paris: la démission de Maurice Vernes en 1882 », p.261-283.
    • « L’Institut protestant de théologie », sur museeprotestant.org, Musée protestant (consulté le ).

    Articles connexes

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