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Hen (suédois)

Hen est un pronom personnel de la troisième personne singulier, proposé pour désigner une personne de manière non genrée en suédois[1]. Néologisme créé dans les années 1960 et promu par des groupes féministes, il est entré en 2015 dans le dictionnaire de l'Académie suédoise — dictionnaire historique mis à jour tous les dix ans.

Histoire

Ce néologisme a été introduit dans la langue suédoise en 1966, sur une proposition du journaliste du quotidien Upsala Nya Tidning (en) Rolf Dunås, qui avait remarqué l'usage du pronom sans genre hän dans la langue finnoise[2]. Dès les années 1960, il est promu par des groupes féministes[3] - [4]. D'abord d'usage très marginal, il s'est progressivement répandu, surtout depuis les années 2000. Il est employé jusque dans les textes officiels, et dans des contextes si divers qu'il a cessé d'évoquer la connotation militante qui était la sienne initialement[3].

L'Académie suédoise annonce en que hen fera son entrée dans la quatorzième édition du Svenska Akademiens ordlista (en), qui doit paraître en 2015[5].

Contexte linguistique

Traditionnellement, la langue suédoise connait les pronoms personnels de la troisième personne singulier suivants : « den » (genre commun) et « det » (genre neutre) pour des choses ou des concepts abstraits, « hon » (elle) et « han » (il) pour des personnes. En effet, les formes du masculin et du féminin ont fusionné pour ne plus former qu'un seul genre grammatical, le genre commun, à côté duquel subsiste le genre neutre (cf. l'article sur la grammaire suédoise). Le pronom personnel de la troisième personne singulier suit cette logique pour les choses et les concepts abstraits, en présentant les formes « den » et « det ». Pour les personnes, des pronoms distincts sont cependant utilisés qui ne suivent pas le genre grammatical, à savoir « hon » (elle) et « han » (il). Le pronom « hen » a également une valeur de critique des usages normatifs et des stéréotypes de genre.

Usages sociaux

Un pronom porteur d'un message Ă©galitaire

L'usage du pronom « hen » véhicule en quelque sorte un message politique. Revendiqué par les partisans de la prise en compte des problématiques de genre à l'école et de la lutte contre la construction des stéréotypes, ce pronom a beaucoup attiré l'attention, qu'il s'agisse de critiques positives ou négatives[6].

Quelques écoles maternelles en Suède intègrent fortement la pratique du « hen » dans leur programme éducatif[7].

Autre usage parfois sujet à controverse, les personnes non binaires en ont fait « leur » pronom, dont l'indétermination correspond à la situation de personnes ne revendiquant aucun sexe en particulier[8] - [9].

Diffusion dans toutes les sphères sociales

« Hen » s'utilise lorsque l'orateur ne connaît pas le sexe de la personne à laquelle il se réfère ou tient à éviter une référence sexuée, notamment en cas d'usage générique. L'usage de ce pronom évite d'utiliser des locutions sexuées ou plus complexes comme « vederbörande » ou « han eller hon », respectivement en français « (la personne) concernée » et « il ou elle ».

Effets produits par l'utilisation de ce pronom

Une étude de 2019 publiée dans la revue Proceedings de la National Academy of Sciences par Efren O. Perez, professeur de science politique à l'Université de Californie, suggère que l'emploi de ce pronom neutre réduit les biais exclusivement favorables aux hommes : « l'utilisation individuelle de pronoms non sexistes réduit la saillance des hommes dans l'esprit des personnes parlant le suédois et les biais en faveur des rôles de genre traditionnels[10]».

Notes et références

  1. (sv) « Hen », sur www.ne.se, Nationalencyklopedin (consulté le ).
  2. (sv) Rolf Dunås, « Han eller hon », Upsala Nya Tidning,‎ (lire en ligne).
  3. « Le pronom neutre fait son entrée dans le dictionnaire suédois », sur RTBF Culture, (consulté le )
  4. « Il ne faut pas occulter les premières réflexions et actions des milieux féministes » dans la promotion du pronom hen, même si le terme ne commence à se diffuser réellement que dès les années 2000, Nathalie Le Bouteillec, « Hen et la quête de l’égalité en Suède », Cahiers du Genre, 2020/2 (n° 69), p. 205-229. DOI : 10.3917/cdge.069.0205, lire en ligne
  5. (sv) Hanna Fahl, « "Hen" med i ordlista », sur Dagens Nyheter, (consulté le ).
  6. (sv) Karl Dalén, « Starka reaktioner efter intervjuer om ”hen” », Dagens Nyheter (en ligne),‎ (lire en ligne).
  7. [vidéo] Il, elle, Hen, de Arte, 2013, HD 16/9 [présentation en ligne]
  8. (sv) Hanna Hannes, « Transbloggen: En kan använda pronomenet hen! », sur www.transformering.se, RFSL ungdom, (consulté le ).
  9. (en) Luca Greco, « Langage et pratiques transgenres », Langues et cité n° 24. Délégation générale à la langue française et aux langues de France. Observatoire des pratiques linguistiques. Ministère de la Culture et de la Communication,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Margit Tavits et Efrén O. Pérez, « Language influences mass opinion toward gender and LGBT equality », Proceedings of the National Academy of Sciences, vol. 116, no 34,‎ , p. 16781–16786 (ISSN 0027-8424 et 1091-6490, PMID 31383757, DOI 10.1073/pnas.1908156116, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Nathalie Le Bouteillec, « Hen et la quĂŞte de l’égalitĂ© en Suède », Cahiers du Genre, 2020/2 (n° 69), p. 205-229. DOI : 10.3917/cdge.069.0205, lire en ligne
  • Luca Greco, « Langage et pratiques transgenres », Langues et citĂ© n° 24. DĂ©lĂ©gation gĂ©nĂ©rale Ă  la langue française et aux langues de France. Observatoire des pratiques linguistiques. Ministère de la Culture et de la Communication,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )

Articles connexes

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