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HVDC Inter-Island

HVDC Inter-Island est une ligne haute tension à courant continu bipolaire reliant l'Île du Nord et l'Île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Elle est parfois également appelé Cook Strait cable, appellation trompeuse, la majorité de la ligne étant aérienne. Elle appartient et est gérée par le gestionnaire de réseau public néo-zélandais Transpower New Zealand.

Longue de 610 km, elle relie les postes de Benmore et Hayward. Le premier est situĂ© Ă  cĂ´tĂ© du barrage Ă©ponyme sur la rivière Waitaki dans la rĂ©gion de Canterbury ; le second est situĂ© Ă  Lower Hutt. La ligne traverse les rĂ©gions de Canterbury et Malborough de manière aĂ©rienne jusqu'Ă  la Fighting bay, puis emprunte un câble sous-marin sur 40 km pour enjamber le dĂ©troit de Cook avant d'arriver dans la Oteranga Bay, près de Wellington, elle redevient aĂ©rienne sur les 37 derniers kilomètres jusqu'Ă  Hayward.

La ligne a Ă©tĂ© mise en service en afin de transporter l'Ă©lectricitĂ© depuis l'ĂŽle du Sud, riche en capacitĂ© de gĂ©nĂ©ration Ă©lectrique, vers l'ĂŽle du Nord, oĂą se trouve la consommation Ă©lectrique. Sa puissance Ă©tait Ă  l'origine de 600 MW. La configuration des postes de conversion Ă©tait le bipĂ´le, les valves Ă©taient constituĂ©es de diodes Ă  vapeur de mercure. En 1992, ces deux pĂ´les ont Ă©tĂ© rassemblĂ©s et un nouveau pĂ´le, dit pĂ´le 2, avec des valves Ă  base de thyristors, a Ă©tĂ© construit. Finalement le , le pĂ´le 1 est mis hors-service puis remplacĂ© le par un second pĂ´le Ă  thyristors, dit pĂ´le 3.

Sa puissance totale est de 1 000 MW, sa tension nominale de ±350 kV.

Hall de conversion d'Haywards

Contexte

Carte du réseau néo-zélandais, avec les points de fortes consommations et les principales centrales électriques. Inter-Island est représenté par le trait pointillé

La ligne Inter-Island a une fonction stratégique dans le réseau néo-zélandais : elle permet d'interconnecter les réseaux des deux îles, et d'échanger l'énergie entre les deux, assurant ainsi l'équilibre production-consommation.

Sur le plan gĂ©ographique, les deux Ă®les ont des profils diffĂ©rents : alors que l'ĂŽle du Sud est 33 % plus grande que la Nord, la population y est trois fois moins nombreuse. La consommation Ă©lectrique de l'ĂŽle du Nord est donc supĂ©rieure en moyenne avec un taux de 62,9 % en 2011, cependant les habitants de l'ĂŽle du Sud utilisent plus d'Ă©lectricitĂ© par habitant en raison du climat plus froid[1] et de la prĂ©sence la fonderie d'aluminium de Tiwai Point qui a une consommation de pointe de 640 MW, ce qui en fait le premier consommateur unique du pays et la seconde charge après la ville d'Auckland[2]. Au niveau de la gĂ©nĂ©ration, l'ĂŽle du Sud dispose de 40,9 % des capacitĂ©s en 2011, et la quasi-totalitĂ© de la puissance hydroĂ©lectrique[3].

Si toutes les capacités de génération sont disponibles, la liaison n'est pas nécessaire pour que chaque île puisse couvrir sa consommation de pointe[4]. Elle permet par contre de faire de l'optimisation :

  • Quand les rĂ©serves hydrauliques sont faibles, l'ĂŽle du Sud peut acheminer de l'Ă©lectricitĂ© d'origine fossile du nord.
  • Ă€ l'inverse l'ĂŽle du Nord peuvent utiliser les barrages du sud pour couvrir son pic de consommation.

Autrement dit, la liaison permet de mettre en concurrence les différents moyens de production d'électricité[2].

Le choix du courant continu s'est fait à cause de la longue distance à franchir, et en particulier à cause du détroit, malgré le coût supérieur des postes de conversion. Les pertes sont ainsi réduites et aucune compensation électrique n'est nécessaire pour le câble sous-marin.

La région de Wellington est particulièrement dépendante de la ligne pour son approvisionnement électrique.

Itinéraire

Longue de 610 km, elle relie les postes de Benmore et Hayward. Le premier est situĂ© Ă  cĂ´tĂ© du barrage Ă©ponyme sur la rivière Waitaki dans la rĂ©gion de Canterbury. La seconde est situĂ©e a Lower Hutt. La ligne traverse de manière aĂ©rienne les rĂ©gions de Canterbury et Malborough de manière aĂ©rienne jusqu'Ă  la fighting bay, puis emprunte un câble sous-marin sur 40 km pour enjamber le dĂ©troit de Cook avant d'arriver dans la Oteranga Bay, près de Wellington, elle redevient aĂ©rienne sur les 37 derniers kilomètres jusqu'Ă  Hayward.

Histoire

Valve Ă  vapeur de mercure de l'ancien pĂ´le 1 Ă  Hayward.

Planification

L'idée originale de construire une liaison électrique entre les deux îles afin de parer à la croissance de la consommation électrique vient de l'ingénieur en chef de State Hydro-electric Department Bill Latta. En 1950, il fait paraître une publication où il attire l'attention sur le potentiel limité de l'Île du Nord pour la production électrique, alors que celle du sud présente encore des capacités de développement en matière d'hydroélectricité. Une ligne pour alimenter l'Île du Nord à partir de celle du sud devient alors nécessaire[5].

En 1951, le fabricant de câble British Insulated Callender's Cables (BICC) explique au State Hydro-electric Department que la traversée du détroit de Cook à l'aide d'une liaison sous-marine est possible, mais difficile, aucun précédent n'existant pour de telles conditions marines[6].

Les progrès dans la production des valves à vapeur de mercure dans les années 1950 ont conduit à la construction de plusieurs lignes HVDC dans d'autres pays : par exemple HVDC Gotland. Cette nouvelle technologie montre sa capacité à transporter de grandes puissances sur de longues distances, qu'elles soient sous-marines ou aériennes.

En 1956, le gouvernement demande à BICC de préparer un devis pour connaître la faisabilité et les coûts d'un franchissement du détroit de Cook. BICC confirme en décembre la faisabilité[7]. En parallèle, le ministre responsable de l'énergie électrique met en place une commission afin d'étudier les différentes possibilités qui s'offrent à la Nouvelle-Zélande pour augmenter ses capacités de production électrique. En 1957, ce comité recommande la construction d'un barrage sur la rivière Waitakir à Benmore. Le projet impliquant la construction d'une liaison électrique entre les deux îles. Des contacts sont également pris avec la compagnie ASEA qui a construit les premières lignes HVDC.

Les plans de l'heure prévoient que[5]:

  • Le gĂ©nĂ©rateur de la centrale de Benmore doit ĂŞtre capable d'absorber les courants harmoniques crĂ©Ă©s par le poste de conversion HVDC.
  • Ce mĂŞme gĂ©nĂ©rateur doit avoir une tension de 16 kV, ce qui est plus haut que les gĂ©nĂ©rateurs dĂ©jĂ  construits en Nouvelle-ZĂ©lande Ă  l'Ă©poque.
  • Les disjoncteurs de 16 kV seraient Ă  la pointe du progrès.
  • Les valves Ă  vapeur de mercure seraient les plus grosses du genre et nĂ©cessiteraient une refroidissement Ă  eau de la cathode.
  • La ligne serait une des plus longues du pays et une des plus complexes techniquement.
  • Le câble sous-marin serait dimensionnĂ© pour les typhons que connaĂ®t le dĂ©troit de Cook. Il nĂ©cessiterait Ă©galement une gaine spĂ©ciale pour l'Oteranga Bay.

En 1958, BICC installe 800 m de câble afin d'expĂ©rimenter leur rĂ©sistance aux conditions de la Oteranga Bay, en particulier en ce qui concerne l'abrasion, le pliage et les vibrations causĂ©s par le fond marin. Les essais sont clos en 1960, en octobre BICC annonce leur rĂ©ussite, le prototype semble apte Ă  affronter les conditions du dĂ©troit[5].

Dans la pĂ©riode allant de 1958 Ă  1960, des dĂ©bats apparaissent quant Ă  savoir quel est le plan le plus propice pour le dĂ©veloppement de la gĂ©nĂ©ration Ă©lectrique du pays. Les risques que comporte le projet de franchissement du dĂ©troit sont critiquĂ©s[6]. En 1961, le gouvernement approuve toutefois le projet afin de rĂ©pondre Ă  la hausse de la consommation Ă©lectrique. ASEA remporte un contrat de 6,5 millions de livres nĂ©o-zĂ©landaises pour concevoir, fabriquer, installer et mettre en service les postes de conversion de Benmore et Haywards, BICC obtient lui un contrat de 2,75 millions de livres pour les mĂŞmes services appliquĂ©s au câble[5].

Construction de la première installation

Schéma d'un bipôle HVDC

La conception et la construction ont lieu de 1961 Ă  1965 pour le New Zealand Electricity Department. Le câble est mis en place par le navire Photinia en 1964[8]. Lors de sa mise en service en 1965, la ligne est la plus longue et la plus puissante au monde dans sa catĂ©gorie. Le câble bat Ă©galement le record en matière de puissance. La puissance nominale Ă©tait de 600 MW, la tension continue de ±250 kV. Initialement, la ligne est conçue pour transporter la puissance du sud vers le nord. En 1976, le schĂ©ma de commande est adaptĂ© afin de permettre l'inversion du flux de puissance[5].

La conception de la centrale hydroĂ©lectrique ayant eu lieu en mĂŞme temps que celle de la liaison, les transformateurs permettant de faire la connexion entre les gĂ©nĂ©rateurs 16 kV et le rĂ©seau en courant alternatif ont Ă©tĂ© sous-dimensionnĂ©s par rapport Ă  la puissance maximale de la centrale. Une partie de la puissance devant se diriger vers la liaison DC.

Première rénovation

Valves Ă  base de thyristors du pĂ´le 2 Ă  Haywards.

En 1987, Electricity Corporation of New Zealand commence à étudier la possibilité d'amélioration des performances de la ligne. Pour des raisons économiques, une rénovation est préférée à un remplacement total. Le projet prévoit d'augmenter à la fois la tension et le courant de la ligne, tout en conservant les valves à vapeur de mercure. En parallèle, un nouveau pôle est construit utilisant des valves à thyristors. L'étendue des modifications à réaliser est la suivante [7]:

  • Mise en place de trois nouveaux câbles sous-marin HVDC en remplacement du câble original. Chacun doit avoir une tension nominale de 350 kV et un courant nominal de 1 430 A, soit une puissance maximale de 500 MW par câble. Ils sont installĂ©s en 1991 par le navire Skagerrak de Nexans[9].
  • Les postes de transition câble/ligne aĂ©rienne de Fighting Bay et Oteranga Bay doivent ĂŞtre reconstruits.
  • Les valves Ă  vapeur de mercure qui formaient les 2 pĂ´les de chaque poste, doivent ĂŞtre mises en parallèle pour ne former qu'un unique pĂ´le ayant donc une ampacitĂ© doublĂ©e. Ce nouveau pĂ´le porte le numĂ©ro 1.
  • La tension des valves Ă  vapeur de mercure est Ă©levĂ©e de 250 Ă  270 kV.
  • Chaque poste reçoit donc un nouveau pĂ´le, portant le numĂ©ro 2, Ă  valves Ă  thyristor de tension 350 kV.
  • La ligne aĂ©rienne et les postes doivent ĂŞtre adaptĂ©s au nouveau niveau de tension : 350 kV, et au courant. Les lignes conducteurs sont adaptĂ©es pour atteindre une ampacitĂ© de 2 000 A.

Les pĂ´les 2 et le nouveau câble sont mis en service en . La puissance maximale atteint alors 1 348 MW, soit 648+700. Toutefois, la limitation en tension de la ligne connectĂ©e au pĂ´le 1 limite sa capacitĂ© Ă  540 MW, d'oĂą un total de 1 240. Après le retrait de l'ancien câble, la puissance est rĂ©duite une nouvelle fois Ă  1 040 MW, le pĂ´le 2 ne disposant plus que d'un câble pour franchir le dĂ©troit de Cook[5].

Mise hors-service du pĂ´le 1

Le , le pĂ´le 1 des deux postes est arrĂŞtĂ© « indĂ©finiment ». En , Transpower annonce nĂ©anmoins qu'il sera redĂ©marrĂ© avec seulement la moitiĂ© de ses valves, en veille, avant l'hiver 2008, afin de pouvoir couvrir les besoins de puissance de l'ĂŽle du Nord. Le reste du pĂ´le 1 doit ĂŞtre mis hors-service[10]. Un mois auparavant, la sociĂ©tĂ© avait dĂ©jĂ  annoncĂ© que la puissance du pĂ´le 2 allait ĂŞtre portĂ©e de 500 Ă  700 MW lors des pics de demande, grâce Ă  l'utilisation d'un des deux câbles du pĂ´le 1 pour le pĂ´le 2[11].

Le , Transpower annonce que les travaux visant Ă  restaurer la moitiĂ© des capacitĂ©s du pĂ´le 1 ont Ă©tĂ© effectuĂ©s[11]. Certaines valves Ă  vapeur de mercure ont Ă©tĂ© rĂ©cupĂ©rĂ©es de la ligne HVDC Konti-Skan entre le Danemark et la Suède pour procĂ©der Ă  cette rĂ©paration. Le pĂ´le ne fonctionne alors que dans la direction sud - nord afin de limiter son usure. En , Transpower utilise le pĂ´le 1 avec une puissance de 200 MW, afin de pallier la perte d'une partie des capacitĂ©s du pĂ´le 2.

En pratique, la mise hors-service de la moitié du pôle combinée à ses restrictions d'usage font que la liaison fonctionne quasiment uniquement en monopôle. En 2010, Transpower rapporte qu'à cause de cette configuration la liaison fonctionne comme une cellule galvanique avec la terre. L'électrode de Benmore, a fonction d'anode, et s'érode rapidement, tandis que celle de Haywards, cathode, accumule un dépôt de magnésium et d'hydroxyde de calcium. Des opérations de maintenances supplémentaires sont donc requises[12].

Finalement le , les pôles 1 des deux postes sont totalement mis hors-service après 47 ans de fonctionnement[13]. Il s'agissait de la dernière installation HVDC à utiliser encore des valves à vapeur de mercure.

PĂ´le 3

Installation du toit du hall de conversion du pĂ´le 3.

En , Transpower présente à la commission électrique néo-zélandaise un projet de remplacement des valves à vapeur de mercure du pôle 1 par des thyristors. En , cette dernière approuve le projet[14].

Le projet porte le nom de « pĂ´le 3 ». Un nouveau poste doit ĂŞtre construit, sa tension est de +350 kV, sa puissance de 700 MW, soit autant que le pĂ´le 2. Il coĂ»te environ 672 millions de dollars nĂ©o-zĂ©landais. Les travaux de construction dĂ©butent le , quand le ministre de l'Ă©nergie, Gerry Brownlee, pose la première pierre. La mise en service est initialement prĂ©vue en , mais en , Transpower annonce que des retards sont Ă  prĂ©voir Ă  cause des difficultĂ©s rencontrĂ©es par le fabricant. Elle est donc reportĂ©e Ă  [15] - [16].

Le projet prévoit de remplacer le pôle 1 par le pôle 3. Son périmètre est le suivant [2]:

  • Construction de nouveaux convertisseurs Ă  base de thyristors Ă  Benmore et Haywards.
  • Livraison de nouveaux transformateurs, nouveaux filtres sur le rĂ©seau 220 kV dans les deux postes.
  • Livraison de nouveaux transformateurs pour connecter les condensateurs synchrones C7 et C10, Ă  une tension de 110 kV, de Haywards.
  • Livraison de nouveaux filtres Ă  Hayward pour le rĂ©seau 110 kV.
  • Connexion du pĂ´le 3 aux lignes Ă©lectriques et Ă©lectrodes existantes.
  • Reconnecter le câble 5 du pĂ´le 2 au pĂ´le 3.
  • Mise hors-service des valves Ă  vapeur de mercure et des transformateurs du pĂ´le 1.
  • Mise hors-service des transformateurs connectĂ©s aux condensateurs synchrones Ă  Haywards.
Dispositif anti-sismique du pĂ´le 3 Ă  Haywards

La mise hors-service du pĂ´le 1 a eu lieu en , Ă  un moment de faible consommation Ă©lectrique, ce qui a permis de connecter les lignes existantes au pĂ´le 3 et de le tester. Si le pĂ´le 3 a une puissance nominale de 700 MW, le pĂ´le 2 et 3 combinĂ©s sont bridĂ©s dans un premier temps Ă  1 000 MW au total Ă  cause de la faiblesse du rĂ©seau AC Ă  Haywards. La construction d'un STATCOM Ă  Haywards en doit mettre fin Ă  cette situation[17].

Afin de permettre la bonne coordination du système, le système de commande du pôle 2, datant des années 1980, est remplacé à la fin de l'année 2013 par un système identique à celui commandant le pôle 3. Les anciens équipements étaient par ailleurs devenus vétustes et obsolètes. Le pôle 2 doit être mis hors-service pendant une durée de quatre semaines pour permettre le remplacement. Pendant cet espace de temps un nouveau système de commande du poste est également mis en place. Le pôle 3 peut continuer son fonctionnement pendant tout ce temps.

Les travaux sur le pôle 1 ont été également l'occasion de rénover la ligne de transmission. Ainsi 100 pylônes ont été remplacés sur l'Île du Sud, afin d'augmenter la distance d'isolement dans l'air, de nouveaux conducteurs ont été installés sur l'Île du Nord et des pylônes sur la même île ont été renforcés[17].

Les transformateurs d'Ă©vacuation d'Ă©nergie de Benmore ont Ă©tĂ© remplacĂ©s Ă  la mĂŞme pĂ©riode. Les nouveaux sont triphasĂ©s, ont une tension de 220/16/16 kV, ils sont en effet connectĂ©s Ă  deux gĂ©nĂ©rateurs, et ont une puissance de 225 MVA[18].

Nouveau câble

Des projets sont Ă  l'Ă©tude pour mettre en place un quatrième câble dans le dĂ©troit de Cook. Il porterait alors le numĂ©ro 7 et serait connectĂ© au pĂ´le 2, permettant Ă  la transmission d'atteindre les 1 400 MW. Des filtres supplĂ©mentaires devraient alors ĂŞtre installĂ©s Ă  Benmore et Haywards.

Multi-terminaux

Afin d'amĂ©liorer l'alimentation Ă©lectrique de la rĂ©gion autour de Christchurch, Ashburton et Timaru-Temuka, il a Ă©tĂ© proposĂ© de construire un poste de conversion supplĂ©mentaire sur la ligne près de Waipara, afin d'extraire du courant Ă  ce niveau pour l'envoyer dans le rĂ©seau AC 220 kV. Cela amĂ©liorerait la sĂ©curitĂ© Ă©lectrique autour de Christchurch en proposant un itinĂ©raire alternatif pour l'Ă©lectricitĂ©. Cette solution est cependant coĂ»teuse et concerne le long terme[19].

Pannes et défauts subis par la liaison

La liaison Inter-Island, comme toute ligne électrique, est sujette aux défauts électriques. Son importance dans le maintien production-consommation en Nouvelle-Zélande a pour conséquence que tout déclenchement peut mettre en péril la stabilité fréquentielle de l'ensemble. L'île recevant l'électricité connaît alors une sous-fréquence, celle émettrice une surfréquence. Le marché d'échange de l'électricité s'en trouve également perturbé. Si le défaut survient, alors que la production est très faible sur l'île réceptrice, il y a un risque que les réserves ne suffisent pas à compenser la perte de la ligne. Une coupure généralisée n'est donc pas à exclure dans l'île réceptrice[20].

Afin d'assurer la sécurité du câble sous-marin, une zone de km de large est définie autour de lui, où il est interdit pour les bateaux de poser l'ancre ou de pêcher. Des patrouilles maritimes et aériennes veillent au respect de la législation[21].

Comme pour tous les ouvrages électriques stratégiques, les maintenances sont programmées à l'avance afin de les effectuer à un moment où le système n'est pas essentiel au bon fonctionnement du réseau. Le fonctionnement en monopole permet également d'opérer la maintenance en conservant la moitié des capacités de transmission.

Les défauts majeurs qu'a connus Inter-Island HVDC sont:

  • En 1973 : l'extrĂ©mitĂ© du câble 1 Ă  fighting Bay connait un dĂ©faut interne[7].
  • En : une tempĂŞte provoque la destruction de sept pylĂ´nes Ă©lectriques, endommageant au passage la ligne. La rĂ©paration dure cinq jours[7].
  • En 1976 : une jonction sous-marine du câble 1 subit un dĂ©faut interne Ă  15,5 km de l'ĂŽle du Sud et Ă  une profondeur de 120 m. Elle est rĂ©parĂ©e en 1977[7].
  • En 1980 : l'extrĂ©mitĂ© du câble 3 Ă  fighting Bay connait un dĂ©faut interne[7].
  • En 1981 : une fuite de gaz apparaĂ®t sur le câble 1 Ă  Oteranga Bay. Elle est rĂ©parĂ©e durant les Ă©tĂ©s de 1982 et 1983[7].
  • En 1988 : l'extrĂ©mitĂ© du câble 2 explose Ă  Oteranga Bay et rĂ©pand de l'huile dans le poste[7].
  • En 2004 : en janvier trois pylĂ´nes tombent Ă  la suite d'une tempĂŞte, en aoĂ»t la pollution marine sur une ligne cause des arcs Ă©lectriques Ă  la station d'Oteranga Bay et oblige Ă  une rĂ©duction du niveau de tension. En octobre, un des câbles sous-marins connait un dĂ©faut, cela rĂ©duit la puissance du pĂ´le 1 de 540 Ă  386 MW pour une durĂ©e de six mois[22].
  • Le : la liaison dĂ©faille peu avant le pic de consommation d'un des jours les plus froids de l'annĂ©e. MalgrĂ© la mise en route de la centrale Ă©lectrique de rĂ©serve de Whirinaki et quatre postes Ă©lectriques hors-service, des dĂ©lestages doivent ĂŞtre effectuĂ©s sur l'ĂŽle du Nord. Transpower dĂ©clenche officiellement l'alerte sur la fourniture d'Ă©lectricitĂ© Ă  17h34. La liaison est rĂ©tablie peu après[7].
  • Le : un pylĂ´ne dans le Marlborough Sounds est trouvĂ© penchĂ© après que ses fondations se soit dĂ©robĂ©es. Il est renforcĂ© jusqu'Ă  son remplacement. Celui-ci ne pouvant avoir lieu qu'Ă  un moment oĂą la ligne Ă©lectrique n'est pas aussi cruciale[23].

Installation actuelle

Schéma électrique simplifié de la liaison HVDC Inter-Island

Inter-Island est une liaison HVDC en bipôle, dont les postes de conversion utilisent des thyristors commutés par les lignes. Ils sont montés en pont à 12 impulsions comme cela est usuel sur les HVDC. En cas de défaut d'un des pôles, l'installation peut fonctionner en mode monopolaire. Le courant s'écoule alors entre les deux électrodes.

Postes de conversion

Les thyristors d'Inter-Island sont regroupés en trois tours, dites quadrivalves

Les postes de conversion comprennent :

  • Les halls de conversion, Ă©quipĂ©s de leur système de refroidissement et leur salle de commande.
  • Les transformateurs de conversion.
  • Leurs jeux de barres et aiguillages AC Ă  une tension de 220 kV.
  • Les filtres AC Ă  une tension de 220 kV.
  • Les Ă©quipements DC, comprenant un aiguillage et des bobines de lissage. Le tout Ă  une tension continue de 350 kV.

Les valves sont montées pour former un pont à 12 impulsions, elles sont regroupées en trois quadrivalves refroidies à eau. Les valves sont dans les deux pôles suspendus au plafond, cette configuration ayant une meilleure résistance aux séismes par rapport aux valves montées au sol[24]. Les conditions sismiques difficiles en Nouvelle-Zélande sont particulièrement contraignantes.

Les transformateurs de puissance sont monophasés et possèdent chacun deux enroulements connectés aux valves : un couplé en étoile, un en triangle.

Principales caractéristiques des postes de conversion
PĂ´lePĂ´le 2PĂ´le 3
Mise en service1991
FabricantAsea Brown BoveriSiemens
Tension nominale-350 kV+350 kV
Puissance nominale560 MW700 MW
Puissance en surcharge continue700 MW735 MW
Puissance en surcharge brève840 MW for s1 000 MW for 30 min
Type de thyristors4" (100 mm) de diamètre, amorcĂ©s Ă©lectriquement, refroidis Ă  eau5" (125 mm) de diamètre, amorcĂ©s optiquement, refroidis Ă  eau
Courant maximum admissible2 000 A2 860 A
Tension de claquage nĂ©gative des thyristors5,5 kV>7,5 kV
Nombre de thyristors par valve6652
Nombre de thyristors par quadrivalve264208
Nombre de thyristors par poste792624
Masse des quadrivalves20 tonnes17 tonnes
Nombre de transformateurs de conversion8 au total: 3 + 1 de secours Ă  chaque poste8 au total: 3 + 1 de secours Ă  chaque poste
Masse des transformateurs de conversion324 tonnes, huile comprise330 tonnes, huile comprise
Volume d'huile par transformateur85 000 l91 000 l

Câbles sous-marins

Section du câble utilisĂ© par Inter-Island. Son diamètre est de 13 cm.

Les trois câbles sous-marin installĂ©s en 1991, ont un courant admissible maximum de 1 430 A pour une tension nominale de 350 kV. En cas de surchage, ils peuvent conduire 1 600 A pendant 30 minutes. Son conducteur en cuivre est un câble compactĂ©. Son isolation est Ă  papier imprĂ©gnĂ© de masse. Son Ă©cran mĂ©tallique est fait en plomb. Pour sa protection mĂ©canique, deux couches d'acier galvanisĂ© l'entourent. Le tout est enrobĂ© de polypropylène. Son diamètre extĂ©rieur est d'environ 13 cm[24].

Ligne aérienne

Conducteur de la ligne aérienne
Étiquette d'un Ă©chantillon de conducteur, ayant au dĂ©part une tension nominale de ±250 kV

La ligne aĂ©rienne est conçue et construite par le New Zealand Electricity Department et est terminĂ©e en . 1 623 pylĂ´nes en acier en treillis sont construits. Sur l'ĂŽle du Sud, elle culmine Ă  1 280 m d'altitude. La plus longue portĂ©e fait 1 119 m de long, proche de Port Underwood, non loin du poste de Fighting Bay.

Au dĂ©part sa tension nominale Ă©tait de ±250 kV. En 1992, elle reçoit de nouveaux isolateurs en porcelaine spĂ©cialement conçus pour une tension continue qui permettent d'isoler ±350 kV. Ă€ l'intĂ©rieur des terres, ils ont chacun 15 assiettes, alors que proche de la cĂ´te ils en ont 33 afin de mieux rĂ©sister au dĂ©pĂ´t salin. Dans ce dernier cas, les isolateurs ont une longueur de m[24].

Chaque pylĂ´ne porte une paire de conducteurs en aluminium Ă  âme d'acier de chaque cĂ´tĂ©. Ils ont un diamètre de 39,4 mm et sont espacĂ©s de 432 mm[5]. En 1992, ils ont Ă©tĂ© requalifiĂ©s pour un courant admissible de 2 000 A.

Un câble de garde protège la ligne contre la foudre sur toute sa longueur, si on excepte une section de 21 km proche du poste d'Haywards, oĂą le câble de l'Ă©lectrode remplit ce rĂ´le. Par ailleurs, une fibre optique est installĂ©e dans le câble de garde, sur une longueur de 13 km sur l'ĂŽle du Nord et de 169 km sur celle du Sud[24].

20 nouveaux pylĂ´nes ont Ă©tĂ© construits en 1992 pour contourner une zone rĂ©sidentielle au nord de Johnsonville[25]. En 2010, 92,5 % des pylĂ´nes, soit 1 503, Ă©taient d'origine.

Électrodes

L'Ă©lectrode du poste de Hayward est marine et se trouve dans la Oteranga Bay Ă  25 km de lĂ . Le poste s'appelle Te Hikowhenua. Elle est actuellement constituĂ©e de 40 cellules connectĂ©es en parallèle qui sont alignĂ©es Ă  800 m de la plage. Ces dernières sont constituĂ©es d'un acier riche en silicium et en chrome et sont placĂ©es dans des cylindres de bĂ©ton poreux. Ces cellules sont enrobĂ©es dans de la roche spĂ©cialement sĂ©lectionnĂ©e, puis dans un gĂ©otextile, l'objectif est de permettre le passage de l'eau de mer mais d'Ă©viter la formation de vase. Sa rĂ©sistance est de 0,122 Ohm, son courant permanent admissible de 2 400 A[24].

Elle a Ă©tĂ© rĂ©novĂ©e, au dĂ©part elle n'en possĂ©dait que 25. Sa rĂ©sistance Ă©tait alors comprise entre 0,23 et 0,3 Ohm en fonction des conditions marines[26].

Celle de Benmore est terrestre et est situĂ©e au poste de Bog Roy distant de 7,6 km du premier. Elle est constituĂ©e de diffĂ©rentes branches connectĂ©es en Ă©toile qui sont rĂ©parties sur une surface d'km2. Ces branches sont faites de barres d'acier Ă  faible teneur en carbone de 40 mm de long. Elles sont enterrĂ©es dans un lit de charbon d'une section de 0,26 m2 sur une profondeur de 1,5 m. Sa rĂ©sistance est d'environ 0,35 Ohm[24].

Coordonnées des différents postes

  • Poste d'Haywards : 41° 09′ 05″ S, 174° 58′ 54″ E
  • Poste de Te Hikowhenua, pour la dĂ©rivation de la ligne : 41° 14′ 03″ S, 174° 45′ 31″ E
  • Poste de Te Hikowhenua pour l'Ă©lectrode marine : 41° 12′ 28″ S, 174° 43′ 11″ E
  • ExtrĂ©mitĂ© du câble Ă  Oteranga Bay : 41° 17′ 37″ S, 174° 37′ 48″ E
  • ExtrĂ©mitĂ© du câble Ă  Fighting Bay : 41° 18′ 35″ S, 174° 12′ 07″ E
  • Électrode Bog Roy : 44° 34′ 26″ S, 170° 05′ 56″ E
  • Poste de Benmore : 44° 33′ 55″ S, 170° 11′ 24″ E

Références

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Bibliographie

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Liens externes

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