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Guillaume-Louis de Nassau-Dillenbourg

Guillaume-Louis, comte de Nassau-Dillenburg (né le à Dillenburg, en comté de Nassau-Dillenbourg – mort le à Leeuwarden) fut stadhouder de Frise, de Groningue et de Drenthe. Avec son cousin (et beau-frère) Maurice de Nassau, il commanda par la suite l’armée de la République des Provinces-Unies et participa à l'élaboration de la stratégie militaire contre l’Espagne entre 1588 et 1609.

Guillaume-Louis de Nassau-Dillenbourg
Illustration.
Guillaume-Louis de Nassau-Dillenbourg.
Titre
Stathouder de Frise
–
(36 ans et 3 jours)
Prédécesseur Guillaume Ier d'Orange-Nassau
Successeur Ernest-Casimir de Nassau-Dietz
Stathouder de Drenthe et de Groningue
–
(13 ans, 9 mois et 5 jours)
Prédécesseur Jean VI de Nassau-Dillenbourg
Successeur Maurice de Nassau
Biographie
Dynastie Maison d'Orange-Nassau
Date de naissance
Lieu de naissance Dillenburg (Blason du comté de Nassau-Dillenbourg Comté de Nassau-Dillenbourg)
Date de décès
Lieu de décès Leeuwarden (Drapeau des Provinces-Unies Provinces-Unies)
Père Jean VI de Nassau-Dillenbourg
Mère Élisabeth de Leuchtenberg
Conjoint Anne d'Orange-Nassau

Guillaume-Louis de Nassau-Dillenbourg
Stathouder de Frise

Biographie

Guillaume-Louis était le fils aîné de Jean VI de Nassau-Dillenbourg et de la comtesse Élisabeth de Leuchtenberg. Le , il épousa sa cousine, Anne de Nassau (alias Anne d’Orange-Nassau), fille de Guillaume le Taciturne et d’Anne de Saxe, et sœur aînée de Maurice de Nassau ; mais Anne mourut moins de six mois plus tard (), et Guillaume-Louis ne se remaria jamais.

L'homme de guerre

Son père ayant obtenu la charge de stathouder de Gueldre, il se vit confier dès 1578 un régiment de lansquenets, qu'il mena au combat dans le nord et l'est des Pays-Bas. Il servit en tant qu'officier de cavalerie sous les ordres de Guillaume le Taciturne.

Calviniste convaincu, il gagna très tôt la confiance de son oncle et des régents. Son tempérament à la fois posé et énergique, son dévouement à la République et la force qu'il inspirait, contrastaient avec l'individualisme des Philippe von Hohenlohe, Diederik Sonoy et autres Bartold Entens : aussi Guillaume d'Orange en fit-il le gouverneur militaire de Frise. Il affronta des situations désespérées aux confins de la Frise contre les assauts de Francisco Verdugo, supporta avec patience les exigences du comte de Leicester, tout en s'opposant aux menées des intégristes gomaristes, partisans de livrer la Frise à la reine d'Angleterre. Les régents de cette province en firent leur champion, et ils lui apportèrent leur appui lorsque Karl Roorda voulut faire de la Frise une république autonome, même si ce fut au prix d'abandon d'une partie de ses prérogatives.

Il ne mit pas moins de soin que son cousin Maurice d'Orange à étudier l'art militaire, et même il introduisit une nouvelle tactique inspirée de la légion romaine, qu'il mit en pratique avec ses propres soldats à Leeuwarden, dans les intervalles de trêve. Les batailles des années 1590, malgré leur manque de brio, portèrent les fruits de ces innovations : sans l'aide de Guillaume-Louis, le stathouder Maurice n'aurait pu relever le défi de libérer en si peu de combats les sept provinces du Nord. Après la restitution de Groningue et la réorganisation du territoire, les États lui confièrent le gouvernement de la Drenthe ; il ne parvint toutefois à réunir Groningue et les Ommelanden en une seule province, comme Johan van Oldenbarnevelt le souhaitait, ce qui aurait rendu plus facile la défense de cette marche nord-est.

Guillaume-Louis occupe une place importante dans la Révolution militaire des XVIe - XVIIe siècles : dans une lettre à son cousin Maurice de Nassau datée du , il présente une idée relative à l’emploi de rangées de soldats, inspirée de la lecture des Tactica d’Élien. L’auteur grec y envisage le recours à la contre-marche comme meilleure combinaison des effets de l'épée courte romaine (gladius) et du javelot (pilum). Guillaume-Louis, par une transposition audacieuse, comprit que cette même technique pouvait s’appliquer aux armes à feu[1].

« J’ai découvert que par les evolutionibus les mousquetaires et les autres soldats équipés d’arme à feu pouvaient non seulement faire feu mais même continuer à le faire en conservant un ordre de bataille très efficace (c’est-à-dire qu’ils ne tirent plus à volonté ou en se retranchant derrière des fascines...) : une fois que le premier rang a tiré, par ce mouvement ils passent au rang immédiatement précédent ; alors le second rang, qu’il marche en avant ou qu’il conserve sa position, ouvre le feu comme l’avait fait le premier ; puis le troisième rang et les rangs suivants font de même. Une fois que le dernier rang a fait feu, le premier a eu le temps de recharger, comme le montre le diagramme suivant... »

— Geoffrey Parker (2008), note 4 p. 21, référence

Ses soldats le surnommaient Us Heit (ouest-frison signifiant « notre père »), surnom qui lui reste acquis dans la population frisonne actuelle et qui est aussi celui de sa statue, qui fait face à l'hôtel de ville de Leeuwarden.

L'homme politique

La comtesse Anne de Nassau (alias Anne d’Orange-Nassau).

Chef de file des calvinistes

Guillaume-Louis semble avoir longtemps entretenu des rapports courtois avec le pensionnaire Johan van Oldenbarnevelt. Sa nature posée, son pragmatisme convenaient mieux à ce dernier que le comportement impérieux, mais prompt à s’apaiser, de son oncle : malgré son engagement en faveur du calvinisme, il laissait toujours une marge aux négociations politiques. Mais il est tout aussi probable que Guillaume-Louis n’a pas épousé de bon cœur les vues du grand-pensionnaire de conclure une trêve de durée indéterminée avec l’Espagne, même s'il prit part en tant que premier émissaire des États de Hollande aux pourparlers engagés dès 1607, et qu'il ratifia l'accord de la Trêve de douze ans : car déjà les tensions religieuses qui allaient faire de la Trêve de douze ans, l’une des périodes les plus sombres de l'histoire des Pays-Bas, s'exacerbaient.

Fondation de l'université de Franeker

Guillaume-Louis apporta un appui indéfectible aux calvinistes, dans leur combats contre les remonstrants, majoritaires parmi les parlementaires frisons et groninguois. Cela joua pour beaucoup lors de la fondation en 1585 de l'université de Franeker, même si les Frisons, loin de vouloir prendre leur autonomie de la Hollande, désiraient au contraire s'en rapprocher. Même dans les premières années suivant le cessez-le-feu et la fondation en 1614 de l’université de Groningue, son intention était clairement d'opposer aux libertins de l'université de Leyde une université au protestantisme orthodoxe, afin que la formation des jeunes prédicateurs soit, au moins dans les provinces du nord, préservée de l'influence des arminiens, même si le particularisme groninguois, empreint de la haine des voisins frisons et de la jalousie envers les riches Hollandais, affecta l'entreprise.

Guillaume-Louis se consacra activement à ce chantier et choisit avec soin des professeurs calvinistes. Il supporta de moins en moins les refus puis les manœuvres dilatoires de son cousin à cet égard : ses lettres témoignent, au fil des années, qu'il ne cessa jamais d'exhorter Maurice à s'en prendre ouvertement au grand-pensionnaire et à ses conseillers libertins et remonstrants ; pourtant, quoique désireux d'abattre le crédit du grand-pensionnaire et de ses coreligionnaires, il dédaignait l'esprit de vengeance qui poussa les adversaires d'Oldenbarnevelt à l'arrêter. Guillaume-Louis de Nassau était un homme mesuré et raisonnable, préoccupé par la pureté du dogme religieux : contrairement à tant d'ennemis de van Oldenbarnevelt, il n'avait que faire de la puissance politique et des charges d'un adversaire à terre. Le stathouder de Frise ne survécut d'ailleurs guère à son triomphe politico-religieux : il mourut le dans son palais, le Stadhouderlijk hof de Leeuwarden, ville qui l'avait honoré d'une statue place du gouvernement. Ses cendres reposent dans l'église des jacobins. Ses titres et charges échurent à son frère Ernest-Casimir, fondateur de la branche frisonne de la Maison de Nassau.

Ascendance

16. Jan IV de Nassau
8. Jean V de Nassau-Dillenbourg
17. Marie de Loon-Heinsberg
4. Guillaume de Nassau-Dillenbourg
18. Henri III de Haute-Hesse
9. Élisabeth de Hesse-Marbourg
19. Anne de Katzenelnbogen
2. Jean VI de Nassau-Dillenbourg
20. Henri IX de Stolberg
10. Bodon VIII de Stolberg-Wernigerode
21. Mathilde de Mansfeld
5. Juliana de Stolberg
22. Philippe Ier d'Eppstein-Königstein
11. Anne d'Eppstein-Königstein
23. Louise de la Marck
1. Guillaume-Louis de Nassau-Dillenbourg
24. Frédéric V de Leuchtenberg
12. Jean IV de Leuchtenberg
25. Dorothée de Rieneck
6. Georges III de Leuchtenberg
26. GĂĽnther de Schwarzburg
13. Marguerite de Schwarzburg
27. Catherine de Querfurt
3. Élisabeth von Leuchtenberg
28. Albert III de Brandebourg
14. Frédéric Ier de Brandebourg-Ansbach
29. Anne de Saxe
7. Barbara de Brandebourg-Ansbach-Kulmbach
30. Casimir IV Jagellon
15. Sophie Jagellon
31. Élisabeth d’Autriche

Notes et références

Notes

  1. D’après Geoffrey Parker et Donald A. Yerxa (dir.), Military Revolutions, Past and Present, Recent Themes in Military History, University of South Carolina Press, , p. 13

Bibliographie

  • Werner Hahlweg, « Wilhelm Ludwig von Nassau und das Cannae-Problem », Nassauische Annalen, no 71,‎ , p. 237–242.
  • (de) Pieter Lodewijk Muller, « Wilhelm Ludwig (Graf von Nassau-Dillenburg) », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 43, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 134-136.
  • Uwe Schögl (dir.), Oranien. 500 Jahre Bildnisse einer Dynastie aus der Porträtsammlung der Ă–sterreichischen Nationalbibliothek, Wien und der Niederländischen Königlichen Sammlung Den Haag, Vienne, Bibliothèque nationale autrichienne, , catalogue de l'exposition du 1er fĂ©vrier au 19 mars 2002 au Camineum de la Bibliothèque nationale autrichienne (ISBN 3-01-000028-6), p. 121.

Lien externe

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