Guerre du trait d'union
La « guerre du trait d'union » est le nom donné au conflit qui a opposé les représentants de la République slovaque à ceux de la République tchèque, au sein des instances fédérales de la République fédérale tchèque et slovaque au sujet du nom officiel et du nom courant du pays, la Tchécoslovaquie. Ce conflit s’est déroulé entre le mois de avec le début de la révolution de Velours et le avec le « divorce de Velours » et la dissolution des instances fédérales du pays.
Racines et déroulement
L’enjeu, caché dans un détail typographique, est celui de l’égalité de traitement des nations slovaque et tchèque. On pourrait dire qu’il commence dès la création de la Tchécoslovaquie, en 1918, et de la place secondaire réservée aux Slovaques dans les instances étatiques.
Les Slovaques veulent voir remplacer le mot TchĂ©coslovaquie (ÄŚeskoslovensko) par la TchĂ©co-Slovaquie (ÄŚesko-Slovensko) oĂą le nom de leur pays serait Ă Ă©galitĂ© au sein d'un mot composĂ©, solution linguistique qui n'est pas sans rappeler le nom de l'ancien occupant, l'Autriche-Hongrie (Rakousko-Uhersko en tchèque). Le , le Parlement tchĂ©coslovaque dĂ©clare que le nom est sans tiret en tchèque (ÄŚeskoslovenská federativnĂ republika) et avec un tiret en slovaque (ÄŚesko-slovenská federatĂvna republika)[1] - [2].
Le pays est rebaptisé en par une loi constitutionnelle. La République socialiste tchèque et la République socialiste slovaque, les deux États qui forment la fédération, deviennent respectivement la République tchèque et la République slovaque.
La vie politique en TchĂ©coslovaquie est marquĂ©e par une sĂ©paration de plus en plus nette entre Tchèques et Slovaques, les partis politiques de chaque moitiĂ© du pays ayant peu ou pas de prĂ©sence dans l'autre moitiĂ©. Tchèques et Slovaques ne s'accordent pas sur la forme de gouvernement du pays, Prague souhaitant un contrĂ´le renforcĂ©, tandis que les Slovaques dĂ©sirent davantage de dĂ©centralisation. Le , VladimĂr MeÄŤiar est Ă©lu chef du gouvernement slovaque et, le , Václav Klaus devient chef du gouvernement tchèque. La nomenclature toponymique concernant la TchĂ©coslovaquie/TchĂ©co-Slovaquie est une solution de courte durĂ©e qui s’éteint au avec la dissolution du pays fĂ©dĂ©ral.
Conséquences
La « guerre du trait d’union » continue au-delà du . Les Tchèques accusent les Slovaques de « révisionnisme historico-linguistique » en ayant imposé[3] la graphie tchéco-slovaque et Tchéco-Slovaquie, y compris pour la période « tchécoslovaque » (comprendre : entre 1918 et 1989) du pays où elle est anachronique.
Le « divorce de Velours » du a projeté sur le devant de la scène la première partie du composé Tchéco-Slovaquie, imposant l’usage du mot Česko, « Tchéquie ».
Notes et références
- [PDF] (cs) ÄŚeskoslovenská federativnĂ republika, SbĂrka zákonĹŻ, RoÄŤnĂk 1990, Částka 19, page 362, "ĂšstavnĂ zákon 81/1990 ze dne 29. bĹ™ezna 1990 o zmÄ›nÄ› názvu ÄŚeskoslovenskĂ© socialistickĂ© republiky", 29 mars 1990 (loi constitutionnelle sur le changement de nom de la RĂ©publique socialiste tchĂ©coslovaque)
- (sk) ÄŚesko-slovenská federatĂvna republika, Zbierka zákonov ÄŤ. 19/1990, , p. 362, "ĂšstavnĂ˝ zákon 81/1990 Zb. z 29. marca 1990 o zmene názvu ÄŚeskoslovenskej socialistickej republiky", 29 mars 1990 (loi constitutionnelle sur le changement de nom de la RĂ©publique tchĂ©coslovaque)
- RĂ©forme orthographique de 1991.