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GubazĂšs II

GubazĂšs II (en gĂ©orgien : გუბაზ II ; en grec: Î“ÎżÏ…ÎČÎŹÎ¶Î·Ï‚) est roi de Lazique (aujourd'hui l'ouest de la GĂ©orgie) d'environ 541 jusqu'Ă  son assassinat en 555, et l'une des personnalitĂ©s centrales de la guerre lazique (541-562). D'abord vassal de l'Empire byzantin, il se tourne vers la principale rivale de cette derniĂšre, la Perse sassanide, aprĂšs plusieurs mesures maladroites des autoritĂ©s byzantines. Les Byzantins sont expulsĂ©s de Lazique Ă  l'aide de l'armĂ©e persane en 541, mais l'occupation du pays par les Perses s'avĂšre mal acceptĂ©e. En 548, GubazĂšs demande l'aide de l'Empire byzantin, avec qui il reste alliĂ© pendant les quelques annĂ©es suivantes, alors que les deux empires se battent pour le contrĂŽle du Lazique, avec la forteresse de Petra comme point central de la lutte. GubazĂšs est finalement assassinĂ© par les gĂ©nĂ©raux byzantins aprĂšs une dispute sur la poursuite infructueuse de la guerre.

GubazĂšs II
გუბაზ II
Titre
Roi de Lazique
avant 541 –
PrĂ©dĂ©cesseur ? peut-ĂȘtre Tzath Ier
Successeur Tzath II
Biographie

Origine et succession

Le nom de son pĂšre n'est pas connu des annales anciennes. L'historien Cyrille Toumanoff, spĂ©cialiste de l'histoire du Caucase et de la gĂ©nĂ©alogie, propose que GubazĂšs soit en fait le fils et successeur direct de Tzath Ier, et que son oncle, le « roi » Opsites, n'ait en fait jamais rĂ©gnĂ©[1]. Sa mĂšre est quant Ă  elle d'origine byzantine : la coutume d'Ă©pouser des femmes byzantines, habituellement issues de l'aristocratie sĂ©natoriale, est commune parmi la famille royale de Lazique : son oncle est, par exemple, mariĂ© Ă  une noble byzantine nommĂ©e ThĂ©odora. GubazĂšs a un frĂšre plus jeune, Tzath, qui lui succĂšde au trĂŽne, et une sƓur dont le nom n'est pas connu. Il est Ă©galement mariĂ© et a plusieurs enfants, mais ni le nom de sa femme ni ceux des enfants ne sont connus[2] - [3].

La date exacte de son accession au trÎne n'est pas connue, mais elle doit avoir lieu bien avant 541, lorsqu'il est attesté pour la premiÚre fois comme roi des Lazes. Il vit trÚs probablement quelques années à la capitale de l'Empire byzantin, Constantinople avant son accession au trÎne, car il est qualifié de silentiarius, un poste influent au palais impérial. Il peut également, mais moins probablement, avoir obtenu ce titre de façon honorifique aprÚs son accession au trÎne[4].

DĂ©fection en faveur de la Perse

Le Lazique devient un état client de l'Empire byzantin depuis 522, lorsque son roi Tzath Ier rejette l'hégémonie perse. Cependant, sous le rÚgne de l'empereur Justinien Ier (r. 527-565), une série de mesures maladroites rend les Byzantins impopulaires au Lazique. L'établissement d'un monopole du commerce, régulé depuis la forteresse de Petra récemment construite, par le magister militum (général) Jean Tzibus conduit GubazÚs à chercher une nouvelle fois la protection du shah perse, Khosro Ier (r. 531-579)[5] - [6].

En 540, Khosro rompt la « Paix Éternelle » de 532 et envahit la province byzantine de MĂ©sopotamie[7]. Au printemps 541, Khosro et ses troupes, conduite par des guides Lazes, passent les cols qui mĂšnent au Lazique, oĂč GubazĂšs se soumet Ă  lui. Les byzantins commandĂ©s par Jean Tzibus rĂ©sistent vaillamment Ă  Petra, mais Tzibus est finalement tuĂ© et la forteresse tombe peu aprĂšs[8] - [9]. Khosro laisse une garnison Ă  Petra puis quitte le pays. Cependant, rapidement, les Lazes manifestent leur mĂ©contentement : en tant que chrĂ©tiens, le zoroastrisme des Perses leur dĂ©plait, et ils sont grandement affectĂ©s par l'arrĂȘt du commerce sur la mer Noire avec Byzance[10] - [11]. L'historien contemporain Procope de CĂ©sarĂ©e rapporte que Khosro, conscient de l'importance stratĂ©gique du Lazique, planifie de dĂ©porter l'ensemble des Lazes pour les remplacer par des Perses. PremiĂšre Ă©tape de ce plan, l'empereur perse prĂ©voit d'assassiner GubazĂšs. PrĂ©venu des intentions de Khosro, GubazĂšs change Ă  nouveau d'allĂ©geance et se tourne vers l'Empire byzantin[4] - [11] - [12].

Retour sous allégeance byzantine

Carte du Lazique

En 548, l'empereur Justinien envoie 8 000 hommes sous le commandement de Dagisthaeus. La force byzantine, alliĂ©e Ă  une force lazique, assiĂšgent la garnison perse Ă  Petra. Bien approvisionnĂ©e, celle-ci rĂ©siste et le siĂšge traĂźne en longueur. De plus, Dagisthaeus nĂ©glige de surveiller les cols qui mĂšnent au Lazique, et une importante force perse sous le commandement de Mihr-Mihroe atteint Petra et oblige les alliĂ©s Ă  lever le siĂšge[13] - [14] - [12]. Manquant de vivres pour ses troupes, Mihr-Mihroe quitte la rĂ©gion aprĂšs avoir renforcĂ© la garnison de Petra et laissĂ© 5 000 hommes sous le commandement de Phabrizus pour sĂ©curiser la route d'approvisionnement. Au printemps de l'annĂ©e suivante, GubazĂšs et Dagisthaeus combinent leurs forces et parviennent Ă  dĂ©truire les forces de Phabrizus lors d'une attaque surprise, et poursuivent les survivants en IbĂ©rie. L'Ă©tĂ© de la mĂȘme annĂ©e, ils remportent une nouvelle victoire contre une nouvelle armĂ©e perse conduite par Khorianes. Les alliĂ©s Ă©chouent cependant Ă  empĂȘcher une nouvelle armĂ©e perse de renforcer Petra, et Dagisthaeus est rappelĂ© puis remplacĂ© par Bessas[15] - [16] - [17].

En 550, une révolte pro-Perse éclate parmi les Abkhazes, un peuple voisin du Lazique, au nord. Tirant profit de la situation, un important noble lazique, Terdetes, qui s'est disputé avec GubazÚs, trahit le roi et livre aux Perses une importante forteresse dans les terres des Apsiles, une tribu vassale du royaume de Lazique. Les Apsiles parviennent à reprendre le fort, mais refusent d'accepter le contrÎle lazique jusqu'à la médiation du général byzantin Jean Guzes[18] - [19]. En 551, les Byzantins prennent finalement Petra et la rase, mais une nouvelle armée sous la direction de Mihr-Mihroe arrive à contrÎler la partie Est du Lazique. Les forces byzantines en Lazique se retirent alors à l'ouest, dans l'estuaire du Phase, alors que les Lazes, dont GubazÚs et sa famille, cherchent refuge dans les montagnes. Malgré des conditions difficiles lors de l'hiver 551/552, GubazÚs rejette la paix offerte par les envoyés de Mihr-Mihroe. En 552, les Perses reçoivent un renforcement substantiel, mais leurs attaques sur les forteresses tenus par les Byzantins et les Lazes sont repoussées[20] - [21].

Mort

Lors des deux annĂ©es suivantes, les Byzantins augmentent leurs forces en Lazique, mais Ă©chouent Ă  obtenir un succĂšs dĂ©finitif. GubazĂšs se dispute alors avec les gĂ©nĂ©raux byzantins et Ă©crit Ă  l'empereur Justinien les accusant d'incompĂ©tence, aprĂšs une dĂ©faite contre les Perses. Bessas est rappelĂ©, mais les deux autres, Martin et le sacellarius Rusticus, dĂ©cident de se dĂ©barrasser de GubazĂšs. Ils envoient un message Ă  Constantinople, accusant GubazĂšs d'arrangements avec les Perses. L'empereur Justinien, ayant l'intention d'interroger lui-mĂȘme GubazĂšs, autorise alors les deux gĂ©nĂ©raux Ă  l'arrĂȘter, en usant de la force si nĂ©cessaire. En septembre/octobre 555, les deux gĂ©nĂ©raux invitent GubazĂšs Ă  observer le siĂšge d'un fort tenu par les Perses, mais quand ils se rencontrent, Jean, le frĂšre de Rusticus, poignarde le roi avec sa dague. GubazĂšs tombe de son cheval, et l'un des servants de Rusticus lui assĂšne le coup de grĂące[22] - [23] - [24].

Le meurtre de GubazĂšs voit l'arrĂȘt de la participation des Lazes aux opĂ©rations militaires contre les Perses pendant un moment, conduisant Ă  l'Ă©chec de l'attaque byzantine contre le fort d'Onoguris. Une assemblĂ©e du peuple lazique informe l'empereur Justinien des Ă©vĂ©nements et demande qu'une enquĂȘte soit menĂ©e, ainsi que la confirmation de la montĂ©e sur le trĂŽne du jeune frĂšre de GubazĂšs, Tzath, rĂ©sidant alors Ă  Constantinople. L'empereur byzantin accĂšde Ă  leur demandes : un « important sĂ©nateur » nommĂ© Athanase (peut-ĂȘtre l'ancien prĂ©fet du prĂ©toire du mĂȘme nom) est envoyĂ© pour enquĂȘter sur le meurtre de GubazĂšs et Tzath est confirmĂ© comme successeur. L'enquĂȘte d'Athanase blanchit GubazĂšs des suspicions de traĂźtrise et reconnaĂźt Rusticus et son frĂšre Jean comme coupables. Les deux frĂšres sont exĂ©cutĂ©s Ă  l'automne 556. Martin quant Ă  lui est simplement dĂ©posĂ© de son poste[25] - [26] - [27].

Annexes

Références

  1. Toumanoff 1980, p. 78-85.
  2. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 559, 955, 1242.
  3. Bury 1958, p. 100.
  4. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 559
  5. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 638.
  6. Bury 1958, p. 100-101.
  7. Greatrex et Lieu 2002, p. 102ff.
  8. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 559, 639.
  9. Bury 1958, p. 101-102.
  10. Greatrex et Lieu 2002, p. 115–116.
  11. Bury 1958, p. 113
  12. Greatrex et Lieu 2002, p. 117
  13. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 380–381.
  14. Bury 1958, p. 113-114.
  15. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 381–382.
  16. Bury 1958, p. 114.
  17. Greatrex et Lieu 2002, p. 117-118.
  18. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 560, 1221.
  19. Greatrex et Lieu 2002, p. 118.
  20. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 560.
  21. Greatrex et Lieu 2002, p. 118-120.
  22. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 560, 841, 1103–1104.
  23. Bury 1958, p. 118.
  24. Greatrex et Lieu 2002, p. 120–121.
  25. Martindale, Jones et Morris 1992, p. 144, 560, 661, 847, 1104.
  26. Bury 1958, p. 118-119.
  27. Greatrex et Lieu 2002, p. 121.

Bibliographie

  • (en) John Bagnell Bury, History of the Later Roman Empire : From the Death of Theodosius I to the Death of Justinian, Volume 2, Courier Dover Publications, (ISBN 978-0-486-20399-7, lire en ligne)
  • (en) Geoffrey Greatrex et Samuel N. C. Lieu, The Roman Eastern Frontier and the Persian Wars (Part II, 363–630 AD), Routledge, (ISBN 0-415-14687-9)
  • (en) John R. Martindale, A.H.M. Jones et John Morris, The Prosopography of the Later Roman Empire, Volume III : AD 527–641, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-20160-5)
  • (en) Cyril Toumanoff, « How Many Kings Named Opsites? », dans John Insley Coddington, Neil D. Thompson et Robert Charles Anderson, A Tribute to John Insley Coddington on the Occasion of the Fortieth Anniversary of the American Society of Genealogists, Association for the Promotion of Scholarship in Genealogy, (lire en ligne)
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