Gravisca
Gravisca ou Graviscae (connue aussi comme Porto Clementino[4]) est une zone archéologique située dans la commune de Tarquinia en province de Viterbe, dans le Latium.
Gravisca Graviscae, en Latin, Porto Clementino | |
Terrain d'investigations archéologiques de Gravisca | |
Localisation | |
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Pays | Italie |
Région | Latium |
Région augustéenne | Regio VII Etruria |
province | Viterbe |
Ville | |
Coordonnées | 42° 12′ 46″ nord, 11° 42′ 37″ est |
Histoire | |
Archaïque | Archaïque |
Internet | |
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Sources | |
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Gravisca a été le port de la ville étrusque de Tarquinia, situé à 8 km à l'ouest de son centre-ville.
Il est le lieu également de la découverte, à la fin des années 1970, du sanctuaire grec de l'emporion, en l'honneur d'Héra[5]. Les fouilles de Gravisca ont montré la présence des Grecs dans ce port au moins de 580 jusqu'au début du Ve siècle av. J.-C.
Sur le site et sur les ruines étrusques, une colonie romaine a été créée en 181 av. J.-C.[6]
Histoire
Gravisca est au VIe siècle av. J.-C. ce que les archéologues désignent par le terme grec d'emporion, une espèce de port-franc, où des groupes d'étrangers, principalement des Grecs ioniens, viennent s'installer et pratiquent le culte de divinités de leur pays d'origine.
Un premier sanctuaire, fort modeste (4,70 m x 3,13 m)[7], est construit vers 580. Il est consacré à Aphrodite, qui est non seulement la déesse de l'amour mais également la protectrice des navigateurs[8]. Les fouilleurs du site ont retrouvé un artefact dédié à la déesse étrusque Turan, indiquant que l'endroit est également fréquenté par des Étrusques, une cohabitation pacifique fort éloignée des relations conflictuelles que l'on décrit souvent entre les deux peuples. Héra, honorée par les Étrusques sous le nom de Uni, et Déméter assimilée à l'étrusque Vei, y sont également présentes[9]. À la fin du siècle, lorsque les Ioniens sont soumis à la pression perse, des marchands originaires d'Égine prennent leur place, comme en témoignent des inscriptions dans leur alphabet[10]. Apollon est également vénéré à Gravisca. Un des ex-voto les plus célèbres est une ancre en marbre portant l'inscription: «Je suis à l'Apollon d'Egine. C'est Sostratos qui m'a consacrée à lui». Ce Sostratos semble être le même individu mentionné par Hérodote à la fin du VIe siècle av. J.-C. comme le plus riche marchand de l'époque[11].
Au début du Ve siècle av. J.-C., les inscriptions en grec se raréfient. Une perturbation des circuits commerciaux par des conflits entre Grecs et Étrusques, notamment la bataille de Cumes en 474 av. J.-C., pourrait constituer l'explication[10]. Le sanctuaire, reconstruit et agrandi, n'est plus fréquenté que par des Étrusques, comme le montrent les inscriptions des dédicaces à Turan, Uni et Vei, uniquement en étrusque.
En 181 av. J.-C., les Romains fondent sur le site étrusque une colonie portant le nom, que, faute de mieux, on lui donne encore actuellement.
Bibliographie
- (en) Denise Demetriou, Negotiating Identity in the Ancient Mediterranean : The Archaic and classical Greek Multiethnic Emporia, Cambridge University Press,
- (en) Sybille Haynes, Etruscan Civilization : A Cultural History, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum,
- Jean-René Jannot, Devins, dieux et démons : Regards sur la religion de l'Etrurie antique, Picard, coll. « Antiqua »,
- Sabrina Boldrini e Concetta Masseria (a cura di), Gravisca. Le ceramiche attiche a figure rosse, Edipuglia, 1999 (ISBN 8872281458).
- (it) Luca Mercuri et Lucio Fiorini, Il mare che univa : Gravisca santuario mediterraneo, Gangemi,
- Lucio Fiorini, Gravisca. Scavi nel santuario greco. Topografia generale e storia del santuario, Edipuglia, 2005 (ISBN 8872284406).
- M. Moretti, M. Torelli, F. Boitani, « Gravisca. Scavi nellà città etrusca e romana », Notizie degli scavi, 1971, p. 195-299.
- Mario Torelli, « Il santuario di Hera a Gravisca », La Parola del Passato, 136, 1971, p. 44-67.
- (it) Francesca Boitani et Mario Torelli (dir.), « Un nuovo santuario dell'Emporion di Gravisca », dans Mario Torelli (direction d'ouvrage), Francesca Boitani et al., La colonisation grecque en Méditerranée occidentale. : Actes de la rencontre scientifique en hommage à Georges Vallet organisée par le Centre Jean-Bérard, l'École française de Rome, l'Istituto universitario orientale et l'Università degli studi di Napoli «Federico II» (Rome-Naples, 15-18 novembre 1995), vol. 251, Rome, École française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome », (lire en ligne), pages 93-102
- Stéphane Bourdin, « Fréquentation ou intégration : les présences allogènes dans les emporia étrusques et ligures (Ve-IVe siècles av. J.-C.) », dans François Clément, John Tolan et Jérôme Wilgaux, Espaces d'échanges en Méditerranée, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, (lire en ligne), pages 19 à 39.
- Magali Cabarrou, Christian Darles et Pierre Pisani, « Essai de description d’un bâtiment des eaux de Toscane : l’édifice mystérieux de Pietratonda », dans Magali Cabarrou, Christian Darles et Pierre Pisani, L'Antiquité en partage, vol. 90, Varia, coll. « Pallas », (lire en ligne), pages 389 à 403.
- Michel Bats, « Marseille archaïque : Étrusques et Phocéens en Méditerranée nord-occidentale », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, vol. tome 110, no 2,‎ , pages 626 à 633 (DOI 10.3406/mefr.1998.2045, lire en ligne, consulté le ).
- Pierre Rouillard, « Les emporia dans la Méditerranée occidentale aux époques archaïque et classique », dans Pierre Rouillard et al., Les Grecs et l'Occident : Actes du 2e colloque de la Villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer de l'automne 1991, vol. 2, Paris, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, coll. « Cahiers de la Villa Kérylos », (lire en ligne), pages 104 à 108.
- Jean-François Chemain, chap. 1 « L'Italie avant Rome : Cadre géographique et humain - l'Étrurie », dans Jean-François Chemain, L'économie romaine : en Italie à l'époque républicaine, vol. 17, Paris 6e, Éditions A. et J. Picard, coll. « Antiquités Synthèses », (ISBN 978-2-7084-1010-7, ISSN 1158-4173), pages 11 à 36.
- Jean-Marc Irollo, Histoire des Étrusques : l'antique civilisation toscane, VIIIe – Ier siècle av. J.-C., Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 313), , 212 p. (ISBN 978-2-262-02837-4).
Notes et références
- (en) Elizabeth Shuey, « Underwater Survey and Excavation at Gravisca : the Port of Tarquinia », Publications de l'école britannique de Rome, British School at Rome, vol. 49,‎ , pages 17-45 (lire en ligne, consulté le )
- (it) Mario Torelli et Francesca Boitani, « Gravisca : indagini in corso e prospettive di ricerca e valorizzi », dans Mario Torelli (direction d'ouvrage), Archeologia in Etruria meridionale : atti delle giornate di studio in ricordo di Mario Moretti : Civita Castellana, 14-15 novembre 2003, L'Erma di Breteicher, , 486 p. (lire en ligne), pages 288 à 312
- (en) Denise Demetriou, « 2 - Gravisca », dans Denise Demetriou, Negotiating Identity in the Ancient Mediterranean : The Archaic and Classical Greek Multiethnic Emporia, Cambridge University Press, , 292 p. (lire en ligne), pages 64 à 105
- « Tarquinia » in Clotilde Vesco, Città e necropoli dell'Etruria antica, p. 57.
- Cahiers de l'archéologie, no 322, p. 108-111
- Tite-Live, Ab Urbe condita libri, XL, 29.
- Mercuri et Fiorini 2014, p. 32
- Demetriou 2012, p. 91
- Haynes 2000, p. 173
- Demetriou 2012, p. 97
- Hérodote, Histoire, IV, 152
Sources
- Fouilles de Gravisca
- Mario Torelli, Gravisca, 1970.
- Mario Torelli Il sanctuario di Hera à Gravisca, La Parola del passato, p. 44-67, 1971.