Accueil🇫🇷Chercher

Graphothérapie clinique

La graphothĂ©rapie clinique est une approche thĂ©rapeutique Ă  mĂ©diation corporelle Ă©laborĂ©e pour des patients  (enfants, adolescents ou adultes) dont les difficultĂ©s se rĂ©vèlent, en partie, dans un trouble de l’inscription de l’écriture.

L’acte d’écrire s’accompagne chaque fois, chez eux, d’un malaise corporel fait de tensions et de crispations qui désorganisent l’écriture, la rendent dysharmonieuse, confuse, difficile à lire et souvent trop lente.

Ces difficultés s’associent à des degrés divers à des troubles comportementaux, relationnels et émotionnels.

L'efficacité thérapeutique de la graphothérapie n'a pas fait l'objet d'études scientifiques.

Histoire

L’histoire de la graphothérapie clinique a commencé à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris dans les années 1940 avec Julian de Ajuriaguerra pédopsychiatre, neurologue, psychanalyste et chercheur à l’INSERM. Julian de Ajuriaguerra créa en 1947, avec le professeur René Diatkine une «consultation pour les troubles du langage et de la motricité». Ses recherches portaient sur les dysfonctionnements de l’évolution maturative du sujet dans leurs acceptions à la fois biologiques, physiologiques, neurologiques et psychologiques, toujours en lien avec l’environnement extérieur, humain et social. Il élabora les notions de dyspraxies, dystonies, dyslexies, dysorthographies…, avec leurs effets, entre autres, sur les apprentissages scolaires. Il développa avec Suzanne Borel-Maisonny l’école d’orthophonie et fut l’initiateur de la première école de psychomotricité avec Giselle Soubiran. Julian de Ajuriaguerra s’était toujours intéressé à l’écriture, ce langage tracé par l’action de la main et impliquant, dans sa réalisation, l’organisation symbolique du corps et de la pensée. Il initia une recherche sur l’évolution de l’écriture de l’enfant et les troubles qui pouvaient y apparaître, avec l'équipe de l’INSERM dirigée par Marguerite Auzias. La découverte de la relaxation, l’amena à conceptualiser une approche thérapeutique d’inspiration psychanalytique qui devint la « Relaxation Ajuriaguerra ». Cette approche thérapeutique fut à l’origine de ce qui est devenu la « graphothérapie clinique ». C’est le Pr René Diatkine qui proposa l’appellation de Graphothérapie pour la distinguer de pratiques rééducatives d’inspiration plus instrumentale.

Données théorico-cliniques

L'écriture est un langage, tout comme le langage oral, mais elle s'en différencie car elle introduit l'action de la main qui trace, et le regard. Ecrire nécessite de lier le corporel et le visuel de la trace avec le symbolique du langage; c'est cette liaison qui met certains en difficulté.

Ecrire c'est ainsi inscrire le langage mais cette inscription se fait toujours en l'absence de l'autre à qui le sujet s'adresse. Il existe, en effet, toujours un écart temporel entre l'acte d'écrire et la lecture que l'autre en fait, à la différence du langage oral qui nécessite la présence immédiate de l'autre. L'écriture renvoie donc particulièrement à la problématique psychique de la séparation et de l'absence, étape fondamentale dans la structuration du psychisme humain et l'élaboration des représentations. Les embarras avec l'inscription de l'écriture ne sont jamais isolés; le mal-être de ces patients se révèle toujours dans d'autres manifestations, parfois discrètes, parfois plus bruyantes. Il peut s'agir d'une agitation ou d’une inhibition, de désordres du comportement, de problèmes relationnels, éventuellement de somatisations. Ces patients sont confus dans la perception de leurs éprouvés corporels, de leurs émotions et de leurs affects qui s’expriment alors dans le registre corporel. Ce mode d'être apparaît comme révélateur d'un défaut de capacité de représentation psychique qui les laisse particulièrement démunis pour élaborer un vécu de continuité et de sécurité interne. Ce fonctionnement renvoie à des achoppements plus ou moins importants dans le processus de symbolisation primaire.

Pratique

Le cadre de la graphothérapie clinique a été élaboré pour prendre en compte les particularités du fonctionnement de ces patients. Dans un dispositif de face à face avec le thérapeute, le processus thérapeutique s’étaye sur un travail de relaxation spécifique concernant le corps engagé dans la réalisation de tracés qui se déploient sur une feuille. Il ne s’agit pas de dessiner, il ne s’agit pas d’écrire ; ces tracés sont appréhendés comme la projection du vécu corporel tel qu’il se visualise sur la feuille. Il ne s’agit pas de dessiner, il ne s’agit pas d’écrire ; ces tracés sont appréhendés comme la projection du vécu corporel tel qu’il se visualise sur la feuille. La relation transférentielle tente de dynamiser l’intégration psyché-soma qui se révèle à travers le lien entre la trace, le corps et le regard. Ce cadre tente de mobiliser un processus de symbolisation à partir de la perception des éprouvés corporels, de leur différenciation et de leur mise en mots favorisant des liens avec des contenus psychiques. C’est en effet ce trouble originaire de la symbolisation, dans ses implications corporelles et psychiques, qui est à l’origine des difficultés des sujets avec l’inscription manuelle de l’écriture.

A la différence de la relaxation qui en reste le socle conceptuel, mais qui utilise le divan dans une recherche de passivation, le travail de la graphothérapie clinique s’étaye sur la recherche par le patient des sensations mobilisées dans le mouvement de son bras qui inscrit des traces sur une feuille. On pourrait dire que la graphothérapie clinique est en quelque sorte une relaxation agie.

Formation

La formation à la graphothérapie clinique est organisée dans le cadre de l’Association pour l’Enseignement de la Graphothérapie Clinique (AEGC) (références).

Elle s’adresse à des candidats déjà engagés dans une activité clinique (psychologue, psychomotricien, orthophoniste, psychanalyste, psychiatre….).

La participation à la formation requiert une expérience personnelle de la psychanalyse ; un travail de relaxation est également nécessaire ; il peut avoir lieu en cours de formation.

Le cursus comporte :

  • un sĂ©minaire mensuel d’enseignement thĂ©orico-clinique ;
  • la prise en charge d’une cure de graphothĂ©rapie clinique sous la conduite d’un superviseur ;
  • la participation aux sĂ©minaires, journĂ©es d’étude et groupes de travail organisĂ©s par l’AEGC ;
  • rĂ©daction d’un mĂ©moire portant sur une cure de graphothĂ©rapie clinique.

Au terme de ce cursus, le titre de membre de l’AEGC, authentifiant la formation, est remis au candidat.              

L’Association ne délivre aucun diplôme, elle est régie par la loi 1901. Les candidats à cette formation doivent posséder les diplômes qui leur permettent de trouver des débouchés professionnels.

Notes et références

    Annexes

    Bibliographie

    • J. de Ajuriaguerra, M. Auzias et al., L’écriture de l’enfant : L’évolution de l’écriture et ses difficultĂ©s., Neuchâtel, Delachaux et NiestlĂ©, .
    • M.-A. Du Pasquier-Grall, « L'Ă©volution de l'Ă©criture de l'enfant : point de vue clinique, Actes du colloque international du CNRS, Collège de France, Paris, mai 1988 », Biblioologia, Turnhout, BrĂ©pols, no 10,‎ , p. 249-273.
    • Marie-Alice Du Pasquier, L’Écriture entre langage et trace, Psychologie MĂ©dicale, .
    • M.-A. Du Pasquier, «  Ă‰crire, de la trace Ă  la lettre et de la lettre au mot », dans Danielle Rapoport (dir.) et Jean-Pierre Farriaux (dir.), Troubles de l'apprentissage scolaire, Paris, Doin Ă©diteurs, coll. « Progrès en PĂ©diatries », .
    • Marie-Alice Du Pasquier, Les Dyspraxiques et l’écriture : Lire, Ă©crire et compter aujourd’hui, ESF, coll. « La Vie de l’enfant », .
    • Marie-Alice Du Pasquier, Serge Lebovici, RenĂ© Diatkine et Michel SoulĂ©, Les Troubles de l’écriture : Nouveau TraitĂ© de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, .
    • M.-A. Du Pasquier-Grall, Gauchers, ne soyez plus contrariĂ©s, Hachette-Psycho, .
    • M.-A. Du Pasquier-Grall, Les Gauchers, Paris, Ă©ditions Le Cavalier bleu, coll. « IdĂ©es reçues », (ISBN 2846700176).
    • Marie-Alice Du Pasquier, « L’Enfant qui Ă©crit mal ou la difficultĂ© d’accès au symbolique interrogĂ©e Ă  travers l’écriture », La Psychiatrie de l’enfant, vol. 45, no 2,‎ (lire en ligne).
    • Marie-Alice Du Pasquier et Michèle Schnaidt, « Mal Ă©crire, une affaire d’apprentissage ? », dans Jean Bergès (dir.), Que nous apprennent les enfants qui n’apprennent pas ?, Toulouse, Erès, coll. « Les Dossiers du JFP », , 223-233 p. (DOI 10.3917/eres.calme.2004.01.0223., lire en ligne).
    • Marie-Alice Du Pasquier et Monique Dechaud-Ferbus, La Trace d’un sujet inabouti : La PsychothĂ©rapie psychanalytique corporelle, L’Harmattan, .
    • Marie Laurent et Michèle Schnaidt, « La GraphothĂ©rapie clinique », dans Evelyne Lenoble, Dominique Durazzi, Troubles d’apprentissage chez l’enfant, Lavoisier, coll. « Cahiers de Sainte-Anne », .
    • S. Freud, Essais de psychanalyse, .
    • R. Misès, Les Pathologies limites de l’enfant, .
    • R. Roussillon, Agonie, clivage et symbolisation, Paris, PUF, .
    • D.W.W. Winnicott, De la pĂ©diatrie Ă  la psychanalyse, Paris, Payot, .
    • D.W.W. Winnicott, Jeu et RĂ©alitĂ©, Gallimard, .

    Articles connexes

    Liens externes

    • www.AEGC.org
    • www.SPP.org
    • www.ch-sainte-anne.fr/Etablissement/Bibliotheque-medicale-Henri-Ey/Bibliotheque-historique#Archives (Archives Julian de Ajuriaguerra - Marguerite Auzias. Films d'observation et de recherche)
    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.