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Graphe médial

En thĂ©orie des graphes, le graphe mĂ©dial du graphe planaire G est un graphe M(G) qui reprĂ©sente les adjacences entre les cĂŽtĂ©s des faces de G. Les graphes mĂ©diaux ont Ă©tĂ© introduits en 1922 par Ernst Steinitz dans l'Ă©tude des propriĂ©tĂ©s combinatoires des polyĂšdres convexes[1], bien que la construction inverse ait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© utilisĂ©e par Peter Tait en 1877, dans son Ă©tude fondamentale des nƓuds et entrelacs [2] - [3] - [4].

Un graphe planaire (en bleu) et son graphe médial (en rouge).

La définition formelle

Étant donnĂ© un graphe planaire G, son graphe mĂ©dial M(G) est le graphe dont les sommets sont les arĂȘtes de G, deux sommets Ă©tant reliĂ©s si les arĂȘtes de G correspondantes sont consĂ©cutives dans une de ses faces. Le graphe mĂ©dial est donc un sous-graphe du line graph L(G).

La notion de graphe médial s'étend aux graphes plongés dans des surfaces de genre quelconque.

Propriétés

Les deux graphes rouges sont tous les deux graphes médiaux du graphe bleu, mais ils ne sont pas isomorphe.
  • Le graphe mĂ©dial d'un graphe planaire est lui aussi planaire, et de plus ses sommets sont d'ordre 4 (il est 4-rĂ©gulier).
  • Le graphe mĂ©dial de G et celui de son dual sont isomorphes. Inversement, pour tout graphe planaire 4-rĂ©gulier H, il existe exactement deux graphes planaires ayant H pour graphe mĂ©dial et ces deux graphes sont duaux l'un de l'autre[5].
  • Comme le graphe mĂ©dial est associĂ© Ă  un plongement particulier du graphe G, deux plongements diffĂ©rents peuvent donner naissance Ă  des graphes mĂ©diaux non isomorphes. Dans la reprĂ©sentation ci-contre, les deux graphes mĂ©diaux rouges ne sont pas isomorphes car les deux sommets Ă  boucles sont reliĂ©s par une arĂȘte dans l'un, et pas dans l'autre.
  • Pour obtenir l'un des deux graphes G dont H est le mĂ©dial, colorier les faces de H avec deux couleurs, ce qui est possible puisque H est eulĂ©rien (et donc le graphe dual de H est biparti). Les sommets de G correspondent aux faces d'une couleur donnĂ©e. Ces sommets sont reliĂ©s par une arĂȘte si les faces correspondantes ont un sommet en commun dans H. Notons que l'exĂ©cution de cette construction Ă  l'aide des faces de l'autre couleur que la couleur choisie produit le graphe dual de G.

Applications

Pour un graphe planaire G, le double de la valeur du polynĂŽme de Tutte au point (3,3) est Ă©gal Ă  la somme des orientations eulĂ©riennes pondĂ©rĂ©es dans le graphe mĂ©dial de G, oĂč le poids d'une orientation est entre 2 et le nombre de sommets de l'orientation (c'est-Ă -dire le nombre de sommets dont les arĂȘtes incidentes sont cycliquement ordonnĂ©es «in, out, in out»)[6]. Puisque le polynĂŽme de Tutte est invariant par plongement, ce rĂ©sultat montre que chaque graphe mĂ©dial a la mĂȘme somme des orientations eulĂ©riennes pondĂ©rĂ©es.

Graphe médial orienté

Un graphe planaire (en bleu) et son graphe médial orienté (en rouge).

La dĂ©finition du graphe mĂ©dial peut ĂȘtre Ă©tendue de sorte Ă  inclure une orientation. Tout d'abord, on colorie les faces du graphe mĂ©dial en noir si elles contiennent un sommet du graphe originel et en blanc sinon. Cette coloration fait que chaque arĂȘte du graphe mĂ©dial est bordĂ©e par une face noire et une face blanche. Ensuite, chaque arĂȘte est orientĂ©e de telle sorte que la face noire soit sur sa gauche.

Un graphe planaire et son dual n'ont pas le mĂȘme graphe mĂ©dial orientĂ© ; ils sont transposĂ©s l'un de l'autre.

En utilisant le graphe mĂ©dial orientĂ©, on peut gĂ©nĂ©raliser le rĂ©sultat sur l'Ă©valuation du polynĂŽme de Tutte en (3,3). Pour un graphe planaire G , la valeur du polynĂŽme de Tutte au point ( n + 1, n + 1) multipliĂ©e par n donne la somme pondĂ©rĂ©e sur toutes les colorations d'arĂȘtes en utilisant n couleurs dans le graphe mĂ©dial orientĂ© de G, de sorte que chaque ensemble (Ă©ventuellement vide) d'arĂȘtes monochromatiques forme un graphe orientĂ© eulĂ©rien, oĂč le poids d'une orientation d'Euler est entre 2 et le nombre de sommets monochromatiques[7].

Voir aussi

Références

  1. Ernst Steinitz, « Polyeder und Raumeinteilungen », EnzyklopĂ€die der mathematischen Wissenschaften, vol. 3 (Geometries),‎ , p. 1–139.
  2. Peter Guthrie Tait, « On Knots », Proceedings of the Royal Society of Edinburgh, vol. 9,‎ , p. 306–317 (DOI 10.1017/S0370164600032338).
  3. Peter Guthrie Tait, « On Links », Proceedings of the Royal Society of Edinburgh, vol. 9,‎ , p. 321–332 (DOI 10.1017/S0370164600032363).
  4. Peter Guthrie Tait, « Additional Remarks on Knots », Proceedings of the Royal Society of Edinburgh, vol. 9,‎ , p. 405 (DOI 10.1017/S0370164600032703).
  5. Jonathan L. Gross et Jay Yellen (Ă©diteurs), Handbook of Graph Theory, CRC Press, (ISBN 978-1-58488-090-5, lire en ligne), p. 724.
  6. Michel Las Vergnas, « On the evaluation at (3, 3) of the Tutte polynomial of a graph », Journal of Combinatorial Theory, Series B, vol. 45, no 3,‎ , p. 367-372 (DOI 10.1016/0095-8956(88)90079-2, lire en ligne).
  7. Joanna A. Ellis-Monaghan, « Identities for circuit partition polynomials, with applications to the Tutte polynomial », Advances in Applied Mathematics, vol. 32, nos 1-2,‎ , p. 188-197 (DOI 10.1016/S0196-8858(03)00079-4, lire en ligne).
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