Gradient alvéolo-artériel
Le gradient alvéolo-artériel en oxygène (A-aO2[1], ou gradient A-a), est la différence entre la pression partielle de l'oxygène alvéolaire et celle de l'oxygène artériel. Il est utilisé dans le diagnostic de la source de l'hypoxémie[2].
Son estimation permet d'évaluer l'intégrité des capillaires alvéolaires. Par exemple, en haute altitude, l'oxygène artériel PaO2 est faible, mais seulement à cause du fait que l'oxygène alvéolaire (PAO2) est également faible. Cependant, dans les états d'anomalies du rapport ventilation perfusion, telles que l'embolie pulmonaire ou les shunts droit-gauches, l'oxygène est mal transféré à partir des alvéoles vers le sang, il en résulte donc une augmentation du gradient alvéolo-artériel.
Équation
L'équation pour le calcul du gradient A-a est :
Où :
- PAO2 = PO2 alvéolaire (calculé à partir de l'équation des gaz alvéolaires)
- PaO2 = PO2 artérielle (mesuré dans le sang artériel)
Dans sa forme étendue, l'équation devient :
À l'air ambiant ( FiO2 = 0.21, ou 21 % ), au niveau de la mer ( Patm = 760 mm hg )
En supposant que d'humidité est de 100 % dans les alvéoles, une version simplifiée de l'équation est:
Valeurs et interprétation
Le gradient alvéolo-artériel est utile dans la détermination de la source de l'hypoxémie. La mesure permet de localiser l'anomalie, qu'elle soit intra-pulmonaire ou extra-pulmonaire. Un gradient normal pour un jeune adulte non-fumeur, respirant de l'air est comprise entre 5 et 10 mmHg. Il augmente naturellement avec l'âge de 1 mmHg chaque décennie.Une estimation prudente de la normale est inférieure à [l'âge en années + 10]/4. Ainsi, une personne de 40 ans devrait avoir un gradient alvéolo-artériel inférieur à 12,5 mmHg. un gradient anormalement augmenté suggère un défaut dans la diffusion, une anomalie du rapport ventilation-perfusion V/Q ou un shunt droit-gauche[4].
Puisque le gradient A-a est estimé comme suit : (150 − 5/4(PaCO2)) – PaO2 au niveau de la mer et à l'air ambiant (0,21 x(760-47) = 149.7 mmHg pour la pression partielle d'oxygène alvéolaire, en prenant en compte la vapeur d'eau), il est mathématiquement clair qu'une grande valeur du gradient, indique que le sang a un faible PO2, une faible PCO2, ou les deux.
Le CO2 est très facilement échangé dans les poumons, une faible PaCO2 est donc directement corrélée avec une hyperventilation. Par conséquent, une faible PCO2 artérielle indique un effort respiratoire augmenté pour oxygéner le sang. Une faible PaO2 indique que la ventilation actuelle du patient (qu'elle soit augmentée ou normale) n'est pas suffisante pour permettre une bonne diffusion de l'oxygène dans le sang. Par conséquent, le gradient A-a indique un effort respiratoire augmentée (PCO2 artérielle faible) relativement à l'oxygénation artérielle atteinte (PaO2). Un gradient A-a haut pourrait donc indiquer un patient hyperventilant pour arriver à une oxygénation normale, un patient respirant normalement avec une mauvaise oxygénation ou un patient hyperventilant mais n'arrivant quand même pas encore à une bonne oxygénation.
Si le manque d'oxygénation est dû à un faible effort respiratoire, le gradient A-a n'est pas augmenté; une personne en bonne santé qui hypoventile aurait une hypoxie, mais un gradient A-a normal. À l’extrême, une hypercapnie due à une hypoventilation pourrait masquer un gradient augmenté. Il s'agit d'un artefact mathématique qui fait que la mesure de ce gradient est cliniquement plus utile dans un tableau d'hyperventilation.
Voir aussi
Notes et références
- (en) Logan, Carolynn M. et Rice, M. Katherine, Logan's Medical and Scientific Abbreviations, Philadelphia, J. B. Lippincott Company, (ISBN 0-397-54589-4), p. 4
- (en) « iROCKET Learning Module: Intro to Arterial Blood Gases, Pt. 1 » (consulté le )
- « Alveolar-arterial Gradient » (consulté le )
- (en) Linda Costanzo, BRS Physiology, Hagerstown, Lippincott Williams & Wilkins, , 334 p. (ISBN 0-7817-7311-3)