Golliwog
Un golliwog (prononcé en anglais : /ˈɡɒliwɒɡ/[1]), aussi appelé golliwogg ou golly, est une poupée de chiffon ou d'étoffe représentant une personne noire aux cheveux crépus, généralement de sexe masculin[2].
Les poupées sont ainsi désignées d'après Golliwogg, le nom propre d'une poupée apparue en 1895 dans le livre pour enfants The Adventures of Two Dutch Dolls [« Les Aventures de deux poupées néerlandaises »] de Bertha et Florence Kate Upton (en)[3]. Inspiré des personnages des minstrel shows, le golliwog est par la suite commercialisé sous forme de poupées et de produits dérivés[4] et connaît une forte popularité en Angleterre dans la première moitié du XXe siècle et pendant l'après-guerre[4]. Il a également été utilisé à des fins publicitaires[5], notamment par le fabricant de confiture James Robertson & Sons[6], et repris par d'autres auteurs de livres pour enfants, dont Enid Blyton[7]. Il a par ailleurs inspiré le titre de la pièce pour piano Golliwog's Cakewalk de Claude Debussy, dans sa suite Children's corner[4].
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les golliwogs commencent à faire l'objet d'une controverse : on les accuse en effet de véhiculer un stéréotype raciste[8]. La polémique autour de ces jouets donne lieu à un certain nombre de faits divers, dont notamment une remarque de Carol Thatcher — comparant Jo-Wilfried Tsonga à un golliwog — qui lui a valu d'être écartée d'une émission de la BBC[9].
Le nom du personnage serait en outre à l'origine du mot wog (prononcé en anglais : /wɒɡ/[10]), terme péjoratif utilisé pour désigner les Noirs et d'autres groupes ethniques[2]. Le sociologue américain David Pilgrim désigne cette représentation comme « la moins connue des grandes caricatures anti-noires aux États-Unis. »[2].
Dans la fiction
Le quinzième épisode La Mort en marche (The Girl Who Was Death, 1967), de la série anglaise Le Prisonnier, présente une scène où une pièce, dans laquelle se trouve le héros racontant une histoire à trois enfants, est pleine de jouets dont une poupée golliwog.
Notes et références
- golliwog (lire en ligne sur oxforddictionaries.com, consulté le 28 septembre 2015)
- (en) David Pilgrim, « The Golliwog Caricature », sur ferris.edu, Ferris State University, (consulté le ).
- (en) « golliwog », sur oxforddictionaries.com (consulté le )
- Johnson, p. 3.
- (en) James Sturcke, « Golliwog began as beloved children's character », The Guardian, (consulté le ).
- (en) John Sutherland, « Robertson's Golly racist, offensive and gone », The Guardian, (consulté le ).
- Varga et Zuk 2013, p. 17.
- (en) Marcus Dunk, « How the golliwog went from innocent children's hero to symbol of bitter controversy », Daily Mail Online, (consulté le ).
- (en) Anita Singh, « Carol Thatcher 'golliwog' jibe referred to black tennis player Jo-Wilfried Tsonga », The Telegraph, (consulté le ).
- (en) Entrée « wog », sur oxforddictionaries.com (consulté le )
Bibliographie
- (en) Robin Bernstein, Racial innocence : performing American childhood from slavery to civil rights, New York, New York University Press, , 307 p. (ISBN 978-0-8147-8707-6, lire en ligne).
- (en) Olga Buttigieg, Recognising the Spirituality of the Golliwogg : An Analysis of Upton’s Golliwogg Picture Books, Australian Catholic University (thèse de doctorat), , 323 p. (lire en ligne)
- (en) Norma S. Davis, A Lark Ascends : Florence Kate Upton, Artist and Illustrator, Metuchen, Scarecrow Press, , 196 p. (ISBN 978-0-8108-2511-6).
- (en) Clinton Derricks-Carroll, Buy Golly! : The History of the Golliwog, Londres, New Cavendish, , 208 p. (ISBN 978-1-872727-28-8).
- (en) Millsom S Henry-Waring, « The Persistent Popularity of the Golliwog is Symbolic of Australia’s Unease with Blackness », The University of Melbourne (consulté le ).
- (en) Dee Hockenberry, Collecting Golliwoggs : Teddy Bear's Best Friends, Atglen, Schiffer Pub., coll. « A Schiffer book for collectors. », , 160 p. (ISBN 978-0-7643-1802-3).
- (en) D. Barton Johnson, « Nabokov's Golliwoggs: Lodi Reads English 1899-1909 », Pennsylvania State University (consulté le ).
- (en) Francis Joseph et Lynne Godding, The Golly Collectors Handbook, Londres, Francis Joseph Publishers, (ISBN 1-870703-89-8).
- (en) Edith Lyttelton, Florence Upton, Painter, Londres, Longmans, Green and Co., , 126 p..
- (en) Robert MacGregor, « The Golliwog: Innocent Doll to Symbol of Racism », dans Sammy Richard Danna, Advertising and Popular Culture: Studies in Variety and Versatility, Bowling Green, Bowling Green State University Popular Press, (ISBN 9780879725280, présentation en ligne), p. 124-131.
- (en) Marilynn Olson, « Turn-of-the-Century Grotesque: The Uptons' Golliwogg and Dolls in Context », Children's Literature, vol. 28, no 1, , p. 73–94 (DOI 10.1353/chl.0.0521, résumé).
- (en) Jan Nederveen Pieterse (trad. du néerlandais), White on Black : Images of Africa and Blacks in Western Popular Culture [« Wit over zwart: Beelden van Afrika en zwarten in de westerse populaire cultuur »], Yale University Press, , 259 p. (ISBN 0-300-06311-3, lire en ligne), p. 156-158.
- (en) Susanne Reichl, « Articulating Cultural Meanings: The Example of the Golliwog(g) », dans Marie Hologa, Christian Lenz, Cyprian Piskure, Stefan Schlensag, Cases of Intervention: The Great Variety of British Cultural Studies, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, (ISBN 9781443848565, présentation en ligne), p. 165-181
- (en) David Rudd, « Golliwog: Genealogy of a Non-PC Icon », dans Celia Keenan, Mary Shine Thompson, Studies in Children's Literature 1500-2000, Dublin, Four Courts Press, (ISBN 1-85182-853-2), p. 70-78.
- (en) Donna Varga et Rhoda Zuk, « Golliwogs and Teddy Bears: Embodied Racism in Children's Popular Culture », The Journal of Popular Culture, vol. 46, no 3, , p. 647-671 (ISSN 1540-5931, lire en ligne).