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Glacier Illecillewaet

Le glacier Illecillewaet (anglais : Illecillewaet Glacier), autrefois appelĂ© Great Glacier ou « Grand Glacier Â», est une Ă©tendue de glace et de neige compacte de dix kilomètres carrĂ©s sur un dĂ©nivelĂ© de plus de 1 100 mètres d'altitude, situĂ©e au sein du parc national des Glaciers dans la province de Colombie-Britannique au Canada.

Glacier Illecillewaet
Vue du glacier en 2012.
Vue du glacier en 2012.

Pays Drapeau du Canada Canada
Province Colombie-Britannique
District régional Columbia-Shuswap
Massif Chaînon Sir Donald (chaîne Columbia)
Cours d'eau Illecillewaet
Type Glacier de vallée
Longueur maximale 2,5 km
Superficie 8,83 km2 (2002)
Altitude du front glaciaire 2 000 m
CoordonnĂ©es 51° 14′ 12″ N, 117° 26′ 30″ O

GĂ©olocalisation sur la carte : Canada
(Voir situation sur carte : Canada)
Glacier Illecillewaet
GĂ©olocalisation sur la carte : Colombie-Britannique
(Voir situation sur carte : Colombie-Britannique)
Glacier Illecillewaet

L'Illecillewaet est l'un des plus remarquables parmi les glaciers du parc. Il constitue l'un des principaux points d'intérêt pour les visiteurs de la région depuis les années 1880. À l'époque, le front du glacier était proche du chemin de fer ; depuis un siècle, la glace a reculé de 1,5 kilomètre.

C'est l'un des glaciers du Canada pour lesquels on dispose du plus grand nombre d'éléments historiques sur l'évolution de sa taille. La peintre et naturaliste américaine Mary Vaux (1860–1940) remarqua dès sa seconde visite en 1894 que le front du glacier avait fortement reculé. Elle décida de revenir chaque été avec ses deux frères pour en prendre des photographies, ce qui permet aujourd'hui d'avoir une trace de son évolution historique.

Toponymie

Le nom du glacier provient de celui de la rivière Illecillewaet qui y prend sa source. Le nom Illecillewaet est sans doute une anglicisation du mot « selxe7itkw », qui signifie « grande eau » en okanagan, la langue parlée par les Sinixt, et désignait la rivière en aval du glacier[1] - [2]. Cette appellation a graduellement remplacé celle de Great Glacier (« grand glacier »), employée vers le début du XXe siècle par les promoteurs du Canadien Pacifique, pour finalement être adoptée officiellement par Parcs Canada durant les années 1960.

GĂ©ographie

Situation

Le glacier Illecillewaet est situĂ© dans le Sud-Ouest du Canada, au Sud-Est de la province de Colombie-Britannique, dans le district rĂ©gional de Columbia-Shuswap. Il fait partie du chaĂ®non montagneux Sir Donald, dans la chaĂ®ne Columbia. Il se trouve Ă  60 kilomètres au nord-est de Revelstoke et Ă  230 kilomètres Ă  l'ouest de Calgary. Il est nichĂ© au sud du mont Sir Donald, au sud-est du col Rogers, au sein du parc national des Glaciers qui comprend 400 glaciers[3]. Il s'Ă©panche vers le nord-ouest et son eau de fonte est la source de la rivière Illecillewaet, un affluent du fleuve Columbia. Il constitue l'une des langues glaciaires du nĂ©vĂ© Illecillewaet qui alimente aussi les glaciers Asulkan, Geikie et Deville[4].

Caractéristiques physiques

En 2002, la superficie totale du glacier est de 8,83 km2, comprenant ses zones d'accumulation de 4,92 km2 et d'ablation de 3,91 km2[5]. Son Ă©paisseur maximale est estimĂ©e Ă  100 m et son point le plus haut Ă  2 800 m[6]. Le roc exposĂ© dans la zone de recul prĂ©sente des signes d'excavation glaciaire.

  • Un front de glacier dans les nuages
    Vue du front glaciaire depuis l'ouest.
  • Le front glaciaire avec une montagne Ă  l'arrière
    Vue de la langue glaciaire depuis le sud.
  • Front glaciaire devant une Ă©tendue d'eau
    Vue du rebord septentrional du glacier.

Étude glaciologique et évolution

image du glacier en noir et blanc.
Le glacier Illecillewaet en 1909.

Le glacier Illecillewaet est le premier glacier à avoir été étudié et celui dont les données sont les plus anciennes au Canada[7]. Les premières études le concernant ont été réalisées par la famille Vaux entre 1887 et 1912[8]. George, William et Mary Vaux, avec l'aide d'A. O. Wheeler et C. E. Webb ont mesuré le front du glacier à l'aide de photos prises annuellement à partir de points fixes. Dès 1912, les observations ont été plus sporadiques, principalement en raison de la Première Guerre mondiale, la fermeture de l'hôtel Glacier House et la Grande Dépression[6]. Le Service des ressources et des forces hydrauliques a commencé à prendre des relevés du glacier en 1945 à partir de lignes de références. Les données ont été récoltées chaque année entre 1945 en 1950 et tous les deux ans entre 1950 et 1960[6]. En 1972, Parcs Canada reprend les relevés abandonnés en 1960. Une étude menée par Dan McCarthy de l'Université Brock a débuté en 1996 sur la croissance du lichen, dont le Rhizocarpon geographicum, pour calculer le temps d'exposition à l'air libre de la roche depuis le retrait des glaciers[8]. L'imagerie satellite a aussi été utilisée pour prendre des mesures du glacier[5].

Depuis les premières Ă©tudes prises Ă  la fin du XIXe siècle, le glacier a connu un recul presque continuel. En 1951, sa surface a diminuĂ© de 28 % sur une pĂ©riode d'environ un siècle. Entre 1887 et 1962, le front glaciaire a rĂ©gressĂ© de près de 1,5 km. Parcs Canada a toutefois observĂ© un gain de superficie de 1 % entre 1951 et 1986 et une avancĂ©e du front de 100 m entre 1972 et 1986[6]. Entre 1895 et 1995, le glacier avait perdu plus de 1 110 m de longueur. Si la taille des glaciers du Parc des Glaciers est globalement restĂ©e stable depuis 1978, celle des glaciers de basse altitude, comme le glacier Illecillewaet, a en revanche beaucoup dĂ©cru[9]. Lors du dernier inventaire rĂ©alisĂ© en 2011, le glacier avait reculĂ© de 31 m par rapport Ă  sa position de 2000[10].

Histoire

Le Canadien Pacifique et le Glacier House

un hĂ´tel devant une montagne.
Glacier House et glacier Illecillewaet en 1909.

Aucune trace de fréquentation n'a été trouvée dans le parc national des Glaciers[11], malgré la présence d'Amérindiens dans les vallées à l'ouest et à l'est. La première personne d'origine européenne à observer le glacier est l'arpenteur ferroviaire Albert Bowman Rogers, qui explora la région en 1882-1883 à la recherche d'un col pour le passage de la ligne de chemin de fer du Canadien Pacifique[7]. Le glacier et ses alentours deviennent une des premières destinations touristiques de l'Ouest canadien[11] dès l'achèvement du premier chemin de fer transcontinental canadien dans le col Rogers en 1885. En 1886, le gouvernement canadien crée deux petites réserves naturelles, une pour le glacier et l'autre pour le col Rogers. Elles sont agrandies et regroupées quelques années plus tard pour former le parc national des Glaciers[12]. L'hôtel Glacier House a été construit la même année[11]. Il a rapidement un grand succès, au point qu'un wagon-lit dût être stationné à proximité en attendant l'aménagement de chambres supplémentaires[13] par des travaux d'agrandissements réalisés en 1892 et en 1904[13]. En 1907, le glacier était le plus visité d'Amérique du Nord[7]. Le Glacier House a fortement contribué au développement du tourisme de montagne dans la région et a inspiré la construction de l'hôtel Château Lake Louise près du lac Louise[13].

Le site attire également des alpinistes et des glaciologues. La première ascension officielle du glacier est réalisée en 1901 par Arthur Oliver Wheeler (en) avec Edward Feuz et Charles Clarke, mais ce ne sont sans doute pas les premiers à l'avoir conquis[14]. Wheeler et le Club alpin du Canada ont construit un refuge de montagne près du Glacier House pour les besoins de l'alpinisme. Feuz est un des nombreux guides suisses, engagés par le Canadien Pacifique, pour accompagner les touristes sur le glacier et les monts environnants[11].

Famille Vaux

portrait d'une femme
Mary Vaux en 1914

En 1887, les Vaux, famille quaker bien connue de Pennsylvanie, séjournent au Glacier House et visitent le glacier Illecillewaet. Lors de leur visite suivante en 1894, le retrait du glacier attire leur attention. Les enfants, William, George fils et Mary, photographes amateurs, commencent à prendre des clichés du glacier à partir de points fixes. Leurs observations sont présentées à l'Académie nationale des sciences en 1897. Ces travaux sont alors considérés comme une innovation dans une science naissante : la glaciologie. Mary Vaux visite la région chaque été jusqu'en 1940, année de sa mort[15].

Les nombreuses photographies, prises avec soin, sont accompagnĂ©es de notes et d'observations. Les premières sont des plaques photographiques dĂ©veloppĂ©es Ă  Philadelphie. Leur Ĺ“uvre comprend 2 000 vues de glaciers, lacs et montagnes des parcs de Banff, Yoho et Glaciers. Le petit-fils de George Vaux Jr., Henry Vaux Jr., a notĂ© la nature statique du territoire, les deux seuls changements Ă©tant la prĂ©sence de la route Transcanadienne et le retrait du glacier[15].

Route Transcanadienne

La mise en service du tunnel Connaught en 1916 permet le passage d'une ligne de chemin de fer qui court-circuite l'hôtel Glacier House, lequel n'est pas accessible en automobile. La réputation de l'hôtel lui permet de se maintenir quelques années mais il ferme finalement le . Un incendie le détruit complètement au printemps suivant[16]. Durant la trentaine d'années suivante, le glacier reste peu visité. En 1962, la route Transcanadienne est complétée en suivant un tracé proche de l'ancien chemin de fer. Parcs Canada réaménage les infrastructures, ajoute le camping Illecillewaet et étend le réseau de sentiers du parc[11].

Protection du territoire et tourisme

Le glacier est entièrement compris dans le parc national des Glaciers, d'une superficie de 1 349 km2, crĂ©Ă© en 1886 pour protĂ©ger les « plus beaux paysages de la rĂ©gion » selon le dĂ©cret d'Ă©tablissement[12]. La frĂ©quentation du glacier n'est pas connue avec exactitude, mais chaque annĂ©e 60 000 personnes visitent l'arrière-pays et 2 000 y sĂ©journent une nuit. En moyenne, près de 15 000 skieurs et planchistes frĂ©quentent l'arrière-pays chaque annĂ©e[17].

Le camping Illecillewaet, situé au départ des sentiers de l'arrière-pays, propose soixante emplacements dont certains bénéficient d'une vue sur le glacier[18]. À l'extrémité sud du camping se trouve le refuge de montagne Arthur O. Wheeler, de quarante places, entretenu par le Club alpin du Canada[19].

Trois sentiers du parc permettent d'observer le glacier. Le premier est celui du Grand Glacier, long de 3,2 km avec un dĂ©nivelĂ© de 321 m. MalgrĂ© son nom, il se termine au niveau du front glaciaire de 1898 et la pente que forme la roche mère cache dĂ©sormais le glacier[8] - [20]. Le second est celui de la CrĂŞte des Glaciers, long de 5,7 km avec un dĂ©nivelĂ© de 958 m, situĂ© sur une crĂŞte Ă  l'ouest du glacier. Il offre un point de vue sur les glaciers Illecillewaet et Asulkan, Ă  l'ouest[21]. Le dernier est celui du rocher Perley, long de 5,4 km avec un dĂ©nivelĂ© de 1 143 m. Il passe par les fondations du Glacier House et dĂ©bute par une pente faible qui devient plus forte après la traversĂ©e du ruisseau Vaux. L'utilisation de piolet peut ĂŞtre nĂ©cessaire. Le sentier se termine sur un point de vue sur le glacier et le nĂ©vĂ© Illecillewaet[22]. Hors de ces sentiers, il est possible de traverser le glacier et le nĂ©vĂ©, jusqu'au refuge du Glacier Circle, au sud du nĂ©vĂ©. La traversĂ©e de 14 km avec un dĂ©nivelĂ© de 1 425 m, dure entre dix et douze heures de marche[23]. Ce trajet nĂ©cessite de l'expĂ©rience et un Ă©quipement d'alpinisme[24]. La zone est aussi accessible en hiver en ski de randonnĂ©e hors piste ; un permis d'accès hivernal est obligatoire pour avoir accès Ă  l'arrière-pays[25].

Notes et références

  1. [PDF] (en) Eileen Delehanty Pearkes, « The Language of Wild Love », Kootenay Mountain Culture Magazine,‎ hiver 2009-2010, p. 39
  2. (en) G.P.V. Akrigg et Helen Akrigg, British Columbia Place Names, Vancouver, BC, UBC Press, (ISBN 0774806370), p. 121
  3. Parcs Canada 2010, p. 6.
  4. (en) I.H. Ogilvie, « The Effect of Superglacial Débris on the Advance and Retreat of Some Canadian Glaciers », The Journal of Geology, vol. 2, no 8,‎ , p. 738.
  5. (en) C. Simon L. Ommanney, Roger D. Wheate, Robert W. Sidjak et Garnet Whyte, Glaciers of North America – Glaciers of Canada: Mapping Canada’s Glaciers in Satellite Image Atlas of Glaciers of the World. United States Geological Survey Professional Paper 1386-J-1, Washington, United States Geological Survey, (lire en ligne).
  6. (en) André Champoux et C.S.L. Ommanney, « Evolution of the Illecillewaet Glacier, Glacier National Park, B.C., Using Historical Data, Aerial Photography and Satellite Image Analysis », Annals of Glaciology, vol. 8,‎ , p. 31-33 (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) Daniel P. McCarthy, « Background », sur A researcher’s guide to the Illecillewaet Glacier, British Columbia, Canada (consulté le ).
  8. (en) Michael Morris, « Glaciers, lichens, and the history of the Earth », (consulté le ).
  9. Parcs Canada 2008, p. 12.
  10. « Étude du retrait glaciaire », Parc national des Glaciers, sur Parcs Canada (consulté le ).
  11. « Parc national des Glaciers - Histoire », sur Parcs Canada (consulté le ).
  12. Parcs Canada 2010, p. 4.
  13. « Parc national des Glaciers et Glacier House », sur Parcs Canada (consulté le ).
  14. (en) John Fox, The Columbia Mountains of Canada, New York, NY, American Alpine Club, (ISBN 0-930410-26-2, lire en ligne), p. 306
  15. (en) Alex Cooper, « Following glaciers’ progress a Vaux family tradition », Revelstoke Times-Review,‎ (lire en ligne)
  16. (en) Roger W. Patillo, The Canadian Rockies: Pioneers, Legends and True Tales, Trafford Publishing, (ISBN 1-4120-5627-6), p. 157.
  17. Parcs Canada 2010, p. 47
  18. « Camping pour tentes et véhicules de plaisance », Parc national des Glaciers, sur Parcs Canada (consulté le )
  19. « Les refuges et les chalets », Parc national des Glaciers, sur Parcs Canada (consulté le )
  20. « Sentier du Grand Glacier », Parc national des Glaciers, sur Parcs Canada (consulté le ).
  21. « Le sentier Crête des Glaciers », Parc national des Glaciers, sur Parcs Canada (consulté le ).
  22. « Le sentier rocher Perley », Parc national des Glaciers, sur Parcs Canada (consulté le ).
  23. (en) « Glacier Circle Cabin », Alpine Club of Canada Backountry Huts, sur Alpine Club of Canada (consulté le ), p. 3.
  24. « Les refuges et les chalets », Parc national des Glaciers (consulté le ).
  25. « Le ski de randonnée au col Rogers et le système de délivrance de permis d’accès hivernal », sur Parcs Canada (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Parcs Canada, Plan directeur de 2010 du parc national du Canada du Mont-Revelstoke, du parc national du Canada des Glaciers et du lieu historique national du Canada du Col-Rogers, Revelstoke, Parcs Canada, , 109 p. (ISBN 978-1-100-51570-0, lire en ligne)
  • Parcs Canada, Parc national du Canada du Mont-Revelstoke et du parc national du Canada des Glaciers : Rapport sur l’état des parcs, Revelstoke, Parcs Canada, , 53 p. (lire en ligne)
  • (en) George Vaux et William S., Jr. Vaux, « Observations made in 1900 on Glaciers in British Columbia », Proceedings of National Academy of Natural Sciences of Philadelphia,‎ , p. 214–215 (lire en ligne)
  • (en) George Vaux et William S., Jr. Vaux, « Observations Made in 1907 on Glaciers in Alberta and British Columbia », Proceedings of the Academy of Natural Sciences of Philadelphia, vol. 59, no 3,‎ , p. 560–563 (lire en ligne)
  • (en) AndrĂ© Champoux et C. Simon L. Ommanney, « Evolution of the Illecillewaet Glacier, Glacier National Park, B.C., Using Historical Data, Aerial Photography and Satellite Image Analysis », Annals of Glaciology, vol. 8,‎ , p. 31-33 (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

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