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Georges Bruhat

Georges Bruhat, né le à Besançon et mort le à Sachsenhausen, est un physicien français, professeur à l'École normale supérieure et à la Faculté des sciences de Paris, dont les ouvrages ont rendu les plus grands services pendant plus d'un demi-siècle aux étudiants français[1].

Georges Bruhat
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  57 ans)
Sachsenhausen
Nationalité
Formation
Activité
Enfants
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Conflit
Lieu de détention
Distinction

Biographie

Georges Bruhat est né à Besançon, où son père était officier d'administration. Il fait de 1906 à 1909 des études supérieures à l'École normale supérieure (ENS), où il suit les conférences de physique de Henri Abraham, Marcel Brillouin et Aimé Cotton, et à la faculté des sciences de l'université de Paris, où il suit les cours de physique de Gabriel Lippmann et Edmond Bouty et obtient les licences ès sciences physiques et ès sciences mathématiques en 1908. Nommé professeur agrégé en 1909, il enseigne un an au lycée Buffon à Paris avant d'obtenir un poste de préparateur à l'ENS, ce qui lui permet de préparer une thèse pour le doctorat ès sciences au laboratoire de physique de l'École, sous la direction d'Aimé Cotton, sur La dispersion anormale du pouvoir rotatoire moléculaire. Il soutient celle-ci devant la faculté des sciences de l'université de Paris en 1914, avant que n'éclate la Première Guerre mondiale.

Georges Bruhat est mobilisé avec un peu de retard, en 1915 seulement, en raison d'un problème de santé. Il est chargé de former une nouvelle section de repérage par le son, et de la commander sur le front. Les progrès qu'il apporte à cette technique, constatés sur le terrain par son chef de corps, lui vaudront la croix de guerre.

La paix revenue, Bruhat est nommĂ© en maĂ®tre de confĂ©rences Ă  la facultĂ© des sciences de l'universitĂ© de Lille, puis professeur titulaire en 1921. En 1927, Bruhat succède Ă  Eugène Bloch Ă  la maĂ®trise de confĂ©rences de physique de la facultĂ© des sciences de l'universitĂ© de Paris dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  l'ENS. Marcel Pauthenier, avec qui il avait collaborĂ© dans ses travaux de recherche, lui succède Ă  Lille d'abord comme maĂ®tre de confĂ©rences puis comme professeur titulaire. Bruhat obtient peu après sa nomination Ă  Paris le titre de professeur sans chaire. Il s'occupe, en plus de son enseignement Ă  l'ENS, de la partie « physique cĂ©leste Â» du cours de la chaire de physique thĂ©orique et « physique cĂ©leste Â» de la facultĂ© dont est titulaire Bloch. En 1938, la chaire de physique dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  l'ENS est rendue vacante par le dĂ©part Ă  la retraite d'Henri Abraham, Bloch le remplace et, Bruhat succède Ă  Bloch Ă  la facultĂ©. En fait, ce sont Pierre Auger, puis Alfred Kastler, qui se chargeront de la partie « physique thĂ©orique Â» du cours enseignĂ© auparavant par Eugène Bloch. Pendant toutes ces annĂ©es, Bruhat publie une Ĺ“uvre d'enseignement exceptionnelle avec les quatre tomes de son Cours de physique gĂ©nĂ©rale : ÉlectricitĂ© en 1924, Thermodynamique en 1926, Optique en 1930 et MĂ©canique en 1934, dĂ©veloppement de son enseignement Ă  l'universitĂ© de Lille et en deuxième et troisième annĂ©e Ă  l'École normale supĂ©rieure de jeunes filles comme supplĂ©ant de Jean Perrin de 1928 Ă  1931.

En 1935, Georges Bruhat est nommé sous-directeur de l'ENS, où il est responsable de l'ensemble de la section des sciences, aux côtés du directeur Célestin Bouglé. C'est lui qui assure la liaison entre le ministère et les deux directeurs successifs du laboratoire de physique, Henri Abraham et Eugène Bloch, pour la construction en cours du nouveau bâtiment de physique rue Lhomond.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Georges Bruhat est nommé professeur titulaire de la chaire de physique déléguée à l'ENS le en remplacement d'Eugène Bloch, révoqué par Vichy, à la suite des lois anti juives du . Directeur adjoint de l'École, il assure également l'intérim de Jérôme Carcopino à la direction de l'établissement de 1941 à 1942 alors que celui-ci est ministre. Le , la Gestapo arrête Georges Bruhat et Jean Baillou, secrétaire général de l'École, les nazis leur reprochant de ne pas leur avoir communiqué les coordonnées d'un élève résistant qu'ils recherchaient. Emmenés à Fresnes, ils sont déportés au camp de Buchenwald le . Georges Bruhat meurt d'une broncho-pneumonie doublée d'une pleurésie purulente au camp de déportation de Sachsenhausen le . Yves Rocard lui succède comme professeur titulaire de la chaire de physique déléguée à l'ENS et directeur du laboratoire de physique.

Ĺ’uvre scientifique

Bien qu'il ait Ă©crit plusieurs articles de thermodynamique, Georges Bruhat Ă©tait essentiellement un opticien, spĂ©cialisĂ© dans le domaine des cristaux anisotropes, donnant lieu au phĂ©nomène de birĂ©fringence, et davantage encore dans celui des milieux appelĂ©s « optiquement actifs Â», prĂ©sentant un pouvoir rotatoire et parfois du dichroĂŻsme circulaire. On se reportera avec fruit aux trois articles sur ces phĂ©nomènes, ou bien aux 150 pages environ correspondantes dans le livre d'optique de Bruhat lui-mĂŞme.

Les premiers travaux de Bruhat sont consacrés à un phénomène alors récemment découvert par Aimé Cotton : le dichroïsme circulaire. On y observe une polarisation elliptique de la lumière, provoquée par une différence d'absorption entre les deux polarisations circulaires droite et gauche.

Dans la théorie électromagnétique, on représente la différence d'absorption par la différence des indices d'extinction et , qui sont les parties imaginaires des indices de réfraction complexes et . La théorie électromagnétique permet alors d'établir des relations mathématiques entre les variations en fréquence (ou en longueur d'onde) de la partie réelle et de la partie imaginaire de la même fonction complexe (et symétriquement avec la lettre G au lieu de D) ; on obtient ainsi les formules de Ketteler-Helmholtz. Bruhat mesure donc, sur le même matériau, les variations en longueur d'onde du pouvoir rotatoire (dépendant des indices réels ), et du dichroïsme circulaire (dépendant des indices imaginaires ) ; et il vérifie les formules théoriques.

Les variations de l'indice réel et de l'indice d'extinction (imaginaire) des matériaux optiques courants sont généralement beaucoup plus importantes dans la partie ultraviolette (UV) des longueurs d'onde, alors que les polarimètres d'usage courant ne fonctionnent qu'avec la lumière visible. Bruhat construit donc, dans son laboratoire, un nouveau polarimètre spécialisé pour la lumière UV, avec toutes les difficultés d'une époque où les détecteurs photoélectriques sont encore peu sensibles et les amplificateurs électroniques dans l'enfance. Les mesures réalisées avec cet appareil constituent une œuvre de pionnier dans le domaine de l'optique qu'il explore.

Publications

  • Georges Bruhat ; Cours de physique gĂ©nĂ©rale. Le cours comporte les quatre volumes suivants :
    • ÉlectricitĂ©, Masson (8e Ă©dition-1963), 912 pp; revue par G. Goudet.
    • Thermodynamique, Masson (6e Ă©dition-1968), 912 p. 6e Ă©dition revue et augmentĂ©e par Alfred Kastler, prix Nobel de physique 1966.
    • Optique, Masson (6e Ă©dition-1965), 1026 p. 6e Ă©dition revue et augmentĂ©e par Alfred Kastler. RĂ©Ă©ditĂ©e par Dunod (2004) : (ISBN 2-10-048856-2).
    • MĂ©canique, Masson (6e Ă©dition-1967), 726 p. d'après son cours donnĂ© Ă  l'École normale supĂ©rieure de jeunes filles, revue par A. Foch.
  • TraitĂ© de PolarimĂ©trie, Ă©ditions de la Revue d'Optique, 1930.
  • Le Soleil, librairie FĂ©lix Alcan, Nouvelle collection scientifique, 1931.
  • Les Etoiles, librairie FĂ©lix Alcan, Nouvelle collection scientifique, 1939.

Références

  1. Bernard Cagnac, Les trois physiciens : Henri Abraham, Eugène Bloch, Georges Bruhat, fondateurs du Laboratoire de physique de l’École normale supérieure, éditions Rue d'Ulm, (lire en ligne)

Liens externes

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