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Garde d'assaut

Le Corps de sécurité et d'assaut (Cuerpo de Seguridad y Asalto), appelé couramment la Garde d'assaut (Guardia de Asalto) fut un corps policier espagnol créé le par le gouvernement de la Seconde République espagnole. L'objectif était la création d'une force de police capable de maintenir l'ordre public et fidÚle à la république.

Histoire

Précédents corps de police (avant 1931)

La police espagnole fut crĂ©Ă©e en 1824 par une cĂ©dulle royale de Ferdinand VII. AprĂšs diffĂ©rents avatars et rĂ©organisations fut fondĂ©, en 1844, le « Corps de protection et de sĂ©curitĂ© Â» (Cuerpo de ProtecciĂłn y Seguridad), corps civil de police, distinct de la Garde civile qui Ă©tait d'essence militaire. En 1887 furent distinguĂ©s deux services diffĂ©rents : le service de la Surveillance et celui de la SĂ©curitĂ©, dĂ©pendant tous les deux du ministĂšre de l'IntĂ©rieur.

Le , un décret royal réorganisa la police. Elle était placée sous le commandement unique et direct du Directeur général de la Sécurité, dépendant toujours du ministÚre de l'Intérieur. La police se composait des deux Corps de Surveillance et de Sécurité, et avait un statut civil. Cependant, le corps de Sécurité avait une organisation militaire, et ses membres étaient soumis au Code de justice militaire. Ses fonctions comprenaient de faire respecter l'ordre public, la sécurité des personnes, la protection des propriétés et le respect des lois. La section de Gymnastique était plus spécifiquement affectée au maintien de l'ordre public.

RĂ©formes sous la Seconde RĂ©publique espagnole (1931-1932)

L'instabilité sociale se développa avec l'arrivée de la république. Une des raisons en était que la police ne bénéficiait pas de l'appui ni de la confiance des gouvernements républicains. Miguel Maura Gamazo, nommé ministre de l'Intérieur du gouvernement provisoire de la République s'attaqua à la tùche d'adapter l'ancien Corps de sécurité aux nouveaux besoins : une force capable de s'interposer dans les désordres qui gagnaient les rues, plus rapide et mieux armée, tandis que la Garde civile aurait la surveillance de la campagne. Ils furent dans ce but mieux équipés que la Garde civile.

La mĂȘme annĂ©e, le , fut rĂ©organisĂ© le Corps de sĂ©curitĂ©, auquel furent affectĂ©es les Compagnies d'avant-garde, plus tard renommĂ©es Section des Gardes d'assaut, en prenant exemple sur la section de Gymnastique. IntĂ©grĂ©e au Corps de sĂ©curitĂ©, la Section des Gardes d'assaut constituait une force de choc capable d'agir dans les villes Ă  l'occasion de fĂȘtes, de dĂ©filĂ©s, de manifestations, de combats de rue, etc.

Création et développement (1932-1936)

Finalement, le , une partie du corps de Sécurité fut transformé en Gardes d'assaut, et le corps fut renommé Corps de sécurité et d'assaut. Sous la direction du directeur général de la Sécurité José Valdivia, membre du gouvernement de Manuel Azaña, le fondateur et premier chef des Gardes d'assaut fut Agustín Muñoz Grandes[1]. Il obtint également le pouvoir de réorganiser les troupes réguliÚres du Maroc, ayant ainsi la haute main sur le maintien de l'ordre public dans toutes les grandes villes espagnoles, dans la péninsule et au Maroc.

À partir de 1932, les effectifs des Corps de sĂ©curitĂ© et d'assaut ne cessĂšrent de croĂźtre. Le , on comptait 3 896 gardes et caporaux, 302 sous-officiers et sergents, 177 lieutenants, 57 capitaines, 12 commandants, deux lieutenants-colonels et un colonel. En 1936, Ă  la veille de la guerre civile leur nombre atteignait 17660 membres des Corps de sĂ©curitĂ© et d'assaut : 16 667 gardes, 543 sous-officiers et 450 officiers. Les troupes Ă©taient divisĂ©es en section de SĂ©curitĂ© (8 000 hommes) et section d'Assaut (8 700 hommes). Le corps comptait 50 compagnies, distribuĂ©es en 16 groupes (3 Ă  Barcelone, 2 Ă  Valence, etc.).

La premiĂšre grande opĂ©ration de la Garde d'assaut se dĂ©roula en janvier 1933. Elle intervint conjointement Ă  la Garde civile dans la rĂ©pression de la rĂ©volte anarchiste de Casas Viejas, prĂšs de Cadix, oĂč plus de vingt habitants furent tuĂ©s. La brutalitĂ© de la rĂ©pression provoqua une grande Ă©motion populaire, qui amena la chute du gouvernement de Manuel Azaña. De mĂȘme, c'est l'assassinat de Calvo Sotelo, le 13 juillet 1936, qui fut utilisĂ© comme prĂ©texte au soulĂšvement militaire des 17 et 18 juillet. Ils furent Ă©galement impliquĂ©s dans les combats de rue Ă  Barcelone en 1937, afin de rĂ©primer les grĂšves gĂ©nĂ©rales et protestations sociales.

Durant la guerre civile espagnole (1936-1939)

Les troupes des Corps de sĂ©curitĂ© et d'assaut restĂšrent dans leur ensemble fidĂšles au gouvernement de la rĂ©publique - environ 70 % d'entre eux. C'est dans les villes de Saragosse, Oviedo et Valladolid qu'on compta le plus de dĂ©fection Ă  la rĂ©publique. De tous les corps policiers, les gardes d'assaut jouissaient cependant d'une relative meilleure image auprĂšs des populations civiles. Aussi un grand nombre des militaires restĂ©s fidĂšles au camp rĂ©publicain en rejoignirent les rangs, afin d'Ă©viter la suspicion qui entourait les militaires, au point que Francisco Largo Caballero, chef du gouvernement, dut se rĂ©soudre Ă  les en empĂȘcher.

Les Corps furent peu Ă  peu transformĂ©s, afin de coller aux nouvelles missions qui leur Ă©taient assignĂ©es. La Garde civile avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© transformĂ©e en « Garde nationale rĂ©publicaine Â» (Guardia Nacional Republicana ). Le , par dĂ©cret, les Corps de sĂ©curitĂ© et d'assaut y furent intĂ©grĂ©s dans le nouveau « Corps de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure Â» (Cuerpo de Seguridad Interior).

Finalement, aprĂšs la guerre, les gardes d'assaut furent supprimĂ©s et, par la loi du , intĂ©grĂ©s aux « gris Â» (los grises), c'est-Ă -dire le « Corps de police armĂ©e et de circulation » (Cuerpo de PolicĂ­a Armada y de TrĂĄfico).

Organisation

Le Corps de sĂ©curitĂ© et d'assaut Ă©tait directement sous la direction du ministre de l'IntĂ©rieur. Il Ă©tait organisĂ© de façon militaire, et selon le mĂȘme hiĂ©rarchie que dans l'armĂ©e, en :

  • escouade, composĂ©e de sept hommes, dirigĂ©e par un caporal ;
  • peloton, composĂ© de trois escadres, dirigĂ© par un sous-officier. Chaque peloton Ă©tait Ă©galement Ă©quipĂ© d'une mitrailleuse Hotchkiss M1914, d'un camion de 25 places et de grenades fumigĂšnes ;
  • section, composĂ©e de deux pelotons, dirigĂ©e par un officier ;
  • compagnie, composĂ©e de trois sections (soit environ 150 hommes), dirigĂ©e par un officier. Celles-ci Ă©taient distribuĂ©es dans les principales villes espagnoles, oĂč elles assuraient les responsabilitĂ©s jusque-lĂ  dĂ©volues Ă  la garde civile.

Sa fonction Ă©tait le maintien de l'ordre public et d'agir en cas de troubles. À la diffĂ©rence des autres corps de police, il n'Ă©tait pas chargĂ© de la poursuite des dĂ©linquants.

Notes et références

  1. Il resta Ă  la tĂȘte de la nouvelle police jusqu'en 1935.

Bibliographie

Ouvrages généraux

  • (fr) BEEVOR Antony, La guerre d'Espagne, Calmann-LĂ©vy, Paris, 2006 (ISBN 2-702-13719-9)
  • (fr) HERMET Guy, La Guerre d'Espagne, Seuil, Paris, 1989 (ISBN 2-02-010646-9)
  • (fr) THOMAS Hugh, La Guerre d'Espagne, Robert Laffont, Paris, 1997 (ISBN 2-221-08559-0)

Garde d'assaut

  • (es) VARGAS GONZÁLEZ Alejandro, La guardia de asalto. PolicĂ­a de la RepĂșblica, Cuadernos Republicanos, n° 53, automne 2003

Sources

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