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GĂ©rald Marie

Gérald Marie, né Gérald Marie de Castellac en 1950, est un homme d'affaires spécialisé dans le monde du mannequinat. Il est directeur « Europe » d'Elite Model Management de 1986 à 2011. AprÚs des décennies de rumeurs, fin 2020, des accusations de viol et agression sexuelle sont émises contre lui.

GĂ©rald Marie
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Biographie
Naissance
Nom de naissance
GĂ©rald Marie de Castellac
Nationalité
Activité
Conjoint
Linda Evangelista (de Ă  )
Autres informations
A travaillé pour

Biographie

Il affirme avoir dĂ©butĂ© comme go-go dancer Ă  Marseille[1]. Par la suite, il est agent de mannequins Ă  New York dans les annĂ©es 1970. Il rentre Ă  Paris en 1975 et fonde son agence Paris Planning[2] ; il a alors gardĂ© la rĂ©putation d'ĂȘtre intraitable aussi bien avec les mannequins qu'avec ses clients[3]. MalgrĂ© les rĂ©ticences de John Casablancas sur le comportement de GĂ©rald Marie[3], Paris Planning fusionne avec Elite Model Management en 1986[2]. GĂ©rald Marie va alors redresser la branche parisienne et europĂ©enne d'Elite qui dĂ©clinait ces derniĂšres annĂ©es[4]. CrĂ©Ă© en 1983 par John Casablancas, Elite Model Look devient l'un des plus prestigieux concours de mannequins au monde sous l'impulsion de GĂ©rald Marie[2]. Ce dernier est alors une personne influente du domaine du mannequinat[3].

Gérald Marie est en couple avec l'australienne Lisa Rutledge[3], puis, durant six ans avec le mannequin américain Christine Bolster[1] ; il la quitte pour Linda Evangelista avec qui il se marie en 1987[5]. Le couple se sépare six ans plus tard.

Au début des années 2010, il devient le dirigeant de l'agence Oui Management à Paris, appartenant à Steve Dellar[2], puis le propriétaire[3].

Préambule

Dans les annĂ©es 1990, Katie Ford (en) affirme, sans ĂȘtre Ă©coutĂ©e, que John Casablancas et GĂ©rald Marie « n'ont pas d'Ă©thique, ils couchent avec leurs modĂšles[1]. » Au milieu de cette dĂ©cennie, le journaliste Michael Gross (en) reçoit le rĂ©cit de Christine Bolster, l'ancienne compagne de GĂ©rald Marie, qui s'est fait violer Ă  quinze ans, au milieu des annĂ©es 1980, et pourquoi elle accepte alors le fait jusqu'Ă  accepter de vivre avec lui[6].

Quelques annĂ©es plus tard, la journaliste britannique Linda Brinkworth vient d'infiltrer Elite comme mannequin, durant un an. Le , la BBC diffuse son reportage : dans celui-ci, GĂ©rald Marie propose Ă  l'enquĂȘtrice de faire des fellations Ă  d'autres hommes, ou encore la somme de 500 euros pour coucher avec elle. En parallĂšle, durant son investigation, Linda Brinkworth dit subir une agression sexuelle de la part de GĂ©rald Marie et elle enregistre son propre tĂ©moignage le soir mĂȘme, avec l'aide de Donal MacIntyre (en) ; cet enregistrement, non intĂ©grĂ© au reportage, est archivĂ© par la BBC. AprĂšs un accord entre la chaĂźne anglaise et l'agence de mannequinat, le reportage, ni mĂȘme aucun extrait, ne sont rediffusĂ©s[7]. La chaĂźne met fin au contrat de la journaliste et GĂ©rald Marie se voit suspendu durant un an et demi de son poste chez Elite[8] - [6] - [n 1], sa carriĂšre vacille[9] - [3]. Quelques mois aprĂšs ce reportage, mĂȘme si rumeurs et rĂ©vĂ©lations enflent, le bien fondĂ© du reportage est contestĂ© par le journaliste Renaud Revel[10].

Plainte

Vingt et un ans aprĂšs la diffusion, une plainte est dĂ©posĂ©e Ă  Paris par la journaliste. Dans la foulĂ©e, CarrĂ© Otis, Ebba Karlsson et Jill Dodd, trois anciens mannequins des annĂ©es 1980, dĂ©noncent des agressions sexuelles qui dateraient de cette Ă©poque. Cette derniĂšre explique qu'Ă  l'Ă©poque : « Je ne m'attendais pas Ă  ce qu'il [GĂ©rald Marie] se jette sur moi par-derriĂšre. AprĂšs cela, j'ai pris mes distances et je n'ai plus eu de casting[11]. » Ebba Karlsson dĂ©crit aussi en dĂ©tail Ă  la presse les avances de GĂ©rald Marie. « J’aurais dĂ» aussitĂŽt porter plainte mais j’avais peur » prĂ©cise-t-elle[9]. CarrĂ© Otis, de son cĂŽtĂ©, a dĂ©jĂ  racontĂ© le viol par GĂ©rald Marie Ă  l'Ăąge de 17 ans, dans son autobiographie datant de 2011[11].

L'avocat des plaignantes estime que si la prescription agit sur les trois derniĂšres rĂ©vĂ©lations des mannequins, la rĂ©tention des archives par la BBC jusqu'en 2018 a empĂȘchĂ© le moindre dĂ©pĂŽt de plainte par Linda Brinkworth : selon l'avocat, l'action en justice reste donc recevable quelle que soit la date des faits, sans prescription[1]. Le parquet de Paris ouvre une enquĂȘte prĂ©liminaire le pour « viols et agressions sexuelles »[7]. D'autres tĂ©moignages arrivent alors, pour un total de huit mannequins[n 2] « qui ne se connaissaient pas et qui, pourtant, dĂ©crivent des faits similaires », avec le mĂȘme mode opĂ©ratoire, prĂ©cise l'avocate Anne-Claire Lejeune[1] - [12]. Par la suite, le nombre de tĂ©moins monte Ă  seize[13].

Dans le Sunday Times, Gérald Marie dément[3] - [n 3] tandis que son ex-femme Linda Evangelista soutient les plaignantes[12] - [14].

AprĂšs l'affaire Brunel de l'agence Karin Models et les rĂ©vĂ©lations sur Claude Haddad de l'agence parisienne Prestige, avec le recul, il semble que « c’était la culture de l’époque, tout le monde savait. On se disait que la seule chose Ă  faire Ă©tait de prĂ©venir les filles » affirme l'ancienne vice-prĂ©sidente d’Elite Chicago, qui dĂ©jĂ  dans les annĂ©es 1980 met en garde les mannequins contre GĂ©rald Marie[9]. Les dirigeants de ces agences Ă©tablissent alors que des « comportements sexuellement prĂ©dateurs » sont en conformitĂ© avec leur travail[15]. En 2020, la journaliste Sabrina Champenois parle dans LibĂ©ration d'« un serpent de mer qui a tout du secret de polichinelle » et de « l’impunitĂ© de ceux qui sont en mesure de faire et dĂ©faire des carriĂšres »[16].

Notes et références

Notes

  1. Ainsi que Xavier Moreau, président du concours Elite Model Look.
  2. Huit mannequins, dont, en plus des trois citées et de la journaliste, Wendy Walsh, Ann Maguire, EJ Moran et Shawna Lee qui donnent une interview dans The Guardian.
  3. « It would not be appropriate for me to comment at this time on the allegations of historic wrongdoing being made against me, other than to make it clear that I categorically deny them. » - « Il ne serait pas approprié pour moi de commenter pour le moment les allégations d'actes répréhensibles historiques portés contre moi, sauf pour préciser que je les nie catégoriquement. »

Références

  1. Aguirre, p. 47.
  2. « Interview de GĂ©rald Marie, chairman de l’agence de mannequinat Oui Management », sur blog-lifestyle.com, (consultĂ© le )
  3. Philippe Berry et Vincent Vantighem, « Portrait : Qui est GĂ©rald Marie, l’ancien patron d’Elite Europe accusĂ© de viols par d’anciens mannequins ? », sur 20minutes.fr, (consultĂ© le )
  4. Axel Gyldén, « Le top des Tops », Le Point, (consulté le )
  5. Harriet Quick (trad. de l'anglais), DĂ©filĂ©s de mode : Une histoire du mannequin [« Catwalking - A History of the Fashion Model »], Courbevoie, Éditions Soline, , 174 p. (ISBN 2-87677-280-9), « Les top models », p. 156.
  6. Aguirre, p. 49.
  7. Aguirre, p. 46.
  8. (en) « Elite Model Agency Execs Resign », sur apnews.com, (consulté le )
  9. Philippe Berry, « Affaire Brunel : « Tout le monde savait »  Des mannequins dĂ©noncent les abus prĂ©sumĂ©s de leurs agents depuis les annĂ©es 1980 », sur 20minutes.fr, (consultĂ© le )
  10. Revel Renaud, « Qui veut la peau d'Elite ? », sur lexpress.fr, (consulté le )
  11. Aguirre, p. 48.
  12. Anaïs Guillon, « Affaire Gérald Marie : Linda Evangelista soutient publiquement les femmes qui accusent son ex-mari de viol », sur elle.fr, (consulté le )
  13. (en) Anushka Asthana, « Is former Elite boss Gérald Marie the Harvey Weinstein of the fashion industry? », sur the-guardian.digital, (consulté le )
  14. (en) Sabrina Barr, « Model Linda Evangelista commends ‘courage and strength’ of women accusing ex-husband GĂ©rald Marie of sexual assault », sur independent.co.uk, (consultĂ© le )
  15. Long article décrivant en 2018 les comportements du milieu du mannequinat, photographes et agents, dont ceux de Gérald Marie parmi d'autres, in : (en) Angelina Chapin, « Modeling Agencies Enabled Sexual Predators For Years, Former Agent Says », sur huffpost.com, (consulté le )
  16. Sabrina Champenois, « L'industrie de la mode enfin rattrapée par #MeToo ? », sur next.liberation.fr, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Michael Gross (en) (trad. de l'anglais), Top Model : Les secrets d'un sale business [« Model:The Ugly Business of Beautiful Women »], Paris, A Contrario, (rĂ©impr. 2003, 2011), 469 p. (ISBN 2-910863-02-6)
  • Caroline Michel-Aguirre, « Elite, le scandale et les silences », L'Obs, no 2920,‎ , p. 46 Ă  49 (ISSN 0029-4713). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article

Articles connexes

Liens externes

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