Accueil🇫🇷Chercher

GĂ©nocide au Bangladesh

Le génocide au Bangladesh ou génocide du Pakistan oriental est la destruction en 1971, par l'État pakistanais, son armée et des milices islamistes, d'une grande partie des Bengalis qui peuplaient la partie est du Pakistan (devenue le Bangladesh). Il est une conséquence, assumée par le pouvoir central du Pakistan, de sa répression excessive et impitoyable de la rébellion bengalie durant la guerre de libération du Bangladesh.

Restes humains des massacres de 1971 du Musée de la guerre de libération de Dacca.

Aux origines du génocide

Grâce aux actions de non-violence de Gandhi, l'Union indienne devient indĂ©pendante en 1947[1]. Durant ces Ă©vĂ©nements, des dĂ©saccords entre les extrĂ©mistes religieux hindous et musulmans apparaissent. Les hindous dĂ©sirent crĂ©er un pays Ă  majoritĂ© hindoue, et les musulmans un pays Ă  majoritĂ© musulmane. C'est ainsi que, Ă  peine nĂ©e, l'Union indienne est dĂ©jĂ  divisĂ©e : l'Inde a toute la partie sud et centrale du sous-continent, et le Pakistan est crĂ©Ă©. Le Pakistan est alors un pays en deux parties sĂ©parĂ©es par 1 600 km : le Pakistan oriental (futur Bangladesh), et le Pakistan occidental (Pakistan). Le Pakistan oriental est alors composĂ© majoritairement de Bengalis. Cette partie du Pakistan est la plus pauvre mais la plus peuplĂ©e.

Subissant des discriminations de la part du Pakistan occidental, les Bengalis commencent Ă  former des mouvements autonomistes ou indĂ©pendantistes, très mobilisĂ©s lors du mouvement de 1968. Lors des Ă©lections de dĂ©cembre 1970, la Ligue Awami remporte 160 des 162 circonscriptions orientales - ce qui lui donne la majoritĂ© absolue Ă  l'AssemblĂ©e nationale, soit 160 sur 300 sièges. Le Pakistan occidental, qui voit cette victoire comme une menace Ă  son pouvoir, dĂ©cide de s'en prendre Ă  la population bengalie, voire, dans le fantasme du gĂ©nĂ©ral Yahya Khan, d'en « tuer trois millions, et le reste nous mangera dans la main ».

Le génocide

Alors que le Pakistan occidental commençait une rĂ©pression militaire dans le Bangladesh pour rĂ©primer les appels du Bengale en faveur du droit Ă  l'autodĂ©termination, les violences Ă  outrance dĂ©butent le avec le lancement de l'opĂ©ration Searchlight[2] et les attaques contre la classe Ă©duquĂ©e (massacres dans des universitĂ©s notamment, dont celle de Dacca). Les crimes de guerre prennent très vite de l'ampleur. Pendant les neuf mois de la guerre de libĂ©ration du Bangladesh, des membres de l'armĂ©e pakistanaise et des milices islamistes de Jamaat-e-Islami[3] tuent entre 300 000 et 3 000 000 de personnes[4] - [5]. Le Pakistan occidental crĂ©e Ă©galement des camps d'extermination[6], et effectue un gendercide (terme anglais dĂ©signant l'action de tuer un groupe d'individus en fonction de leur sexe), dans le but d'Ă©liminer au maximum les risques de reprĂ©sailles armĂ©es.

Une vaste campagne de viols systĂ©matiques devait dĂ©shonorer les femmes : 200 000 Ă  400 000 Bangladaises[5] - [7] en sont victimes, selon des sources bangladaises et indiennes[8]. Ces actions ont Ă©tĂ© soutenues par les chefs religieux jamaat-e-islamiens, qui ont dĂ©clarĂ© que les femmes bengalies Ă©taient un gonimoter maal (bengali pour « bien public »)[9]. Les enfants des femmes violĂ©es sont toujours discriminĂ©s[10], de la mĂŞme manière que les enfants nĂ©s des viols du gĂ©nocide en Bosnie.

Pendant et après le conflit, huit à dix millions de personnes, pour la plupart des hindous[11], ont fui le pays pour se réfugier en Inde voisine. On estime que jusqu'à trente millions de civils ont été déplacés à l'intérieur du pays[5].

Pendant la guerre, il y a eu aussi des violences ethniques entre les Bengalis et les Biharis de langue ourdou[12]. Les Biharis ont fait face Ă  des reprĂ©sailles de la part des foules et des milices bengalis[13]et de 1 000[14] Ă  150 000[15] - [16] ont Ă©tĂ© tuĂ©s. D'autres sources affirment qu'il y en a eu jusqu'Ă  500 000[17] - [18].

Références

  1. Voir l'article Histoire de l'Inde.
  2. Spencer 2012, p. 63.
  3. Samuel Totten et William S. Parsons, Centuries of Genocide : Essays and Eyewitness Accounts, Routledge, , 611 p. (ISBN 978-1-135-24550-4, lire en ligne)
  4. « Bangladesh sets up war crimes court – Central & South Asia » [archive du ], Al Jazeera, (consulté le )
  5. Margaret Alston, Women and Climate Change in Bangladesh, Routledge, , 208 p. (ISBN 978-1-317-68486-2, lire en ligne), p. 40
  6. Leo Kuper, The Prevention of Genocide, New Haven, CT, Yale University Press, 1985.
  7. « Birth of Bangladesh: When raped women and war babies paid the price of a new nation »,
  8. Richard Sisson et Leo E. Rose, War and Secession : Pakistan, India, and the Creation of Bangladesh, University of California Press, , 338 p. (ISBN 978-0-520-07665-5, lire en ligne), p. 306
  9. D'Costa 2011, p. 108.
  10. (en) Adam Jones, Genocide, A Comprehensive Introduction, Routledge, 2e Ă©d., 2011, p. 340-345.
  11. Hugh Russell Tinker, « History (from Bangladesh) », sur Encyclopædia Britannica (consulté le )
  12. Saikia 2011, p. 3.
  13. Borhan Uddin Khan et Muhammad Mahbubur Rahman, Minority Rights in South Asia, Peter Lang, , 222 p. (ISBN 978-3-631-60916-3, lire en ligne), p. 101
  14. « Chronology for Biharis in Bangladesh » [archive du ], sur The Minorities at Risk (MAR) Project (consulté le )
  15. George Fink, Stress of War, Conflict and Disaster, Academic Press, , 292 p. (ISBN 978-0-12-381382-4, lire en ligne)
  16. Encyclopedia of Violence, Peace and Conflict : Po – Z, index. 3, Academic Press, , 64 p. (ISBN 978-0-12-227010-9, lire en ligne)
  17. Christian Gerlach, Extremely Violent Societies : Mass Violence in the Twentieth-Century World, Cambridge University Press, , 148 p. (ISBN 978-1-139-49351-2, lire en ligne)
  18. R.J. Rummel, Death by Government, Transaction Publishers, , 334 p. (ISBN 978-1-56000-927-6, lire en ligne)
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.