Fremona
Fremona est une ancienne ville de la région de Tigray dans la partie septentrionale de l'Éthiopie. Sise entre Aksoum et Adwa elle fut édifiée et organisée par les catholiques portugais au XVIe siècle, et fut la résidence du patriarche latin d’Éthiopie, à la suite de son bannissement d’Aksoum. Lorsque les missionnaires furent expulsés (XVIIIe siècle), le bourg périclita. Il n’en reste que des ruines, à 10 km d’Adwa.
Histoire
À l’origine le village s'appelait « Maigoga », c’est-à -dire le village de l’eau, en raison des sources qui y surgissaient. Créée en 1566, la résidence des jésuites fut la plus ancienne d’Éthiopie, cœur battant de leur mission et ruche animée par la variété et les différences d’origines des habitants. Ils la nomment « Fremona », en mémoire de saint Frumence, apôtre de la région et premier évêque d’Aksoum. On y croisait en effet des centaines de Portugais descendants de ceux qui avaient accompagné Cristovao de Gama en 1541 quand il libéra l’Abyssinie des musulmans conduits par le Granhe. De leur fréquentation, de nombreux Abyssins étaient restés fidèles à cette communauté catholique et vivaient en harmonie avec les Portugais. Quant à la présence pastorale jésuite, elle attirait autour d’elle nombre de nouveaux fidèles et artisans de leur cause, comme de jeunes séminaristes qui y apprenaient le catéchisme, le latin et le portugais. Mais, sans conteste, le caractère exceptionnel de Fremona tenait au souvenir du père Andrés de Oviedo, évêque et second patriarche d’Éthiopie qui y avait fini sa vie en 1577 et y était enterré avec tous ceux qui l’avaient donnée à ses côtés et à son exemple. Sa sépulture faisait l’objet de toutes les dévotions et devint un lieu de pèlerinage pour les catholiques
Lorsqu’il fut au mieux de sa prospérité le bourg avait environ un kilomètre de circonférence et était flanqué de tours de défense. L'importante résidence jésuite et la communauté religieuse ajoutée à une population laïque en accroissement fit de ce village la base arrière des jésuites missionnaires en Éthiopie de la fin du XVIe au XVIIe siècles.
Le jésuite Manuel de Almeida qui visita les lieux en 1624, décrit Fremona comme un bourg entouré d’une enceinte « de hauts murs, avec sept ou huit bastions, deux patios dont un, entouré de maisons, où un solide puits de pierre a été creusé. Une belle église de pierre et de chaux y est encore en chantier. » Il ajoute qu'en raison de la rareté des armes à feu en Éthiopie « avec vingt ou trente fusils, un petit canon et la dextérité des descendants des portugais les maniant, l’endroit était considéré comme inexpugnable ».
Lorsque l’empereur Fasiladas cherche à extirper le catholicisme du royaume et rétablir officiellement toutes les croyances traditionnelles de l’Église orthodoxe copte éthiopienne, en 1634, les prêtres catholiques et leur patriarche, déjà en semi-exil à Fremona, doivent quitter le pays et retourner à Goa, dans les Indes portugaises. D’après un visiteur la ville ne comptait alors plus que 400 habitants. Aucun prêtre catholique n’est autorisé à entrer en Éthiopie. Fremona est finalement abandonnée. Il n’en reste plus que des ruines.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Philip Caraman, L'empire perdu. L'histoire des Jésuites en Éthiopie, Coll. « Christus », Desclée de Brouwer, 1988, 236 p..