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Frankisme

Le Frankisme était un mouvement religieux juif sabbatéen hérétique durant les XVIIIe et XIXe siècle[1], centré sur la direction du prétendant au Messie juif Jacob Frank, qui a vécu de 1726 à 1791. Frank rejeta les normes religieuses et déclara que ses partisans étaient dans l'obligation de transgresser autant que possible les limites morales. À son apogée, ce mouvement revendiquait près de 50 000 adeptes, composé principalement de Juifs vivant en Pologne, ainsi qu'en Europe centrale et Europe orientale[1] - [2] - [3].

The bust of a man with a hat and an ermine cloak.
Illustration de Jakob Frank dans ses dernières années.

Description

Contrairement au judaïsme traditionnel qui fournit un ensemble de normes et de lois sociales, culturelles et religieuses détaillées (Halakha) régissant de nombreux aspects de la vie des juifs pratiquants[4], Frank affirmait que "toutes les lois et tous les enseignements tomberont"[5] et affirmait selon le courant de l'antinomisme, que la plus importante obligation de chaque individu était la transgression de toutes les limites[6].

Le frankisme est associé aux Sabbatéens de Turquie, un mouvement religieux qui identifia Sabbatai Tsevi, rabbin juif du XVIIe siècle, comme le Messie[1] - [3]. Comme le frankisme, les premières formes de sabbataïsme croyaient qu'en certaines circonstances l'antinomisme était la bonne voie[7]. Tsevi aurait lui-même accompli des actions qui violèrent les tabous juifs traditionnels comme manger des aliments interdits par la cacheroute (lois alimentaires juives), ainsi que de célébrer les jours de jeûne prescrits comme jours de fête[8]. Après la mort de Tsevi, un certain nombre de branches du sabbataïsme évoluèrent les rendant divisées entre elles concernant les aspects du judaïsme traditionnel qui devaient être préservés ou abandonnés[9]. Dans le frankisme, les orgies prenaient une part importante du rituel[2].

Plusieurs autorités sur le sabbataïsme, telles que Heinrich Graetz et Aleksander Kraushar (pl), étaient sceptiques quant à l'existence d'une doctrine frankiste distincte. Selon Gershom Scholem, une autorité du XXe siècle sur le sabbataïsme et la Kabbale, Kraushar avait décrit les paroles de Frank comme "grotesques, comiques et incompréhensibles". Dans son essai classique "Redemption Through Sin", Scholem a défendu une position différente qui plaçait le frankisme comme une excroissance plus tardive et plus radicale du sabbataïsme[9]. En revanche, Jay Michaelson soutient que le frankisme était "une théologie originale innovante, bien que sinistre" et à bien des égards, un écart par rapport aux formulations antérieures du sabbataïsme. Dans la doctrine sabbatéenne traditionnelle, Tsevi (et souvent ses partisans) prétendait être capable de libérer les "étincelles de sainteté cachées" dans ce qui semblait être le mal. Selon Michaelson, la théologie de Frank affirmait que la tentative de libérer les "étincelles de sainteté" était le problème, pas la solution. Au contraire, Frank a affirmé que le "mélange" entre saint et impie était vertueux[6].

Netanel Lederberg prétend que Frank avait une philosophie gnostique dans laquelle il y aurait un "vrai Dieu" dont l'existence était cachée par un "faux Dieu". Ce "vrai Dieu" ne pourrait être révélé qu'à travers une destruction totale des structures sociales et religieuses créées par le "faux Dieu", conduisant ainsi à un antinomisme complet. Pour Frank, la distinction même entre le bien et le mal est le produit d'un monde gouverné par le "faux Dieu". Lederberg compare la position de Frank sur ce thème à celle de Friedrich Nietzsche[10].

L'après Jacob Frank

Après la mort de Jacob Frank en 1791, sa fille Eve, déclarée en 1770 comme l'incarnation de la Shekhinah et donc demeure de la présence divine, continua à diriger le mouvement avec ses frères.

Articles connexes

Références

  1. « Frankism », The YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe
  2. Jay Michaelson, « Heretic of the Month: Jacob Frank », GENCO Media (version du 12 octobre 2016 sur Internet Archive)
  3. « Jacob Frank », britannica.com (consulté le )
  4. « Halakhah: The Laws of Jewish Life », My Jewish Learning, My Jewish Learning (consulté le )
  5. "The Collection of the Words of the Lord" by Jacob Frank, translated by Harris Lenowitz. Saying 103.
  6. Michaelson, « Jacob Frank » [archive du ], Learn Kabbalah
  7. « Kabbalah », MyJewishLearning.com
  8. « Sabbatai Zevi », Jewish Encyclopedia
  9. Gershom Scholem, The Messianic Idea in Judaism and Other Essays, 78–141 p. (lire en ligne [archive du ]), « Redemption Through Sin »
  10. Netanel Lederberg, Sod HaDa'at: Rabbi Israel Ba'al Shem Tov, His Spiritual Character and Social Leadership, Jerusalem, Rubin Mass, (ISBN 978-965-09-0206-3)

Bibliographie

  • Yakov Frank, Sayings of Yakov Frank, Oakland, CA, Tzaddikim, (ISBN 0-917246-05-5)
  • Pawel Maciejko, The Mixed Multitude:Jacob Frank and the Frankist Movement, Philadelphia, PA, University of Pennsylvania Press, (ISBN 978-0-8122-4315-4)
  • Pawel Maciejko, The Frankist Movement in Poland, the Czech Lands, and Germany (1755–1816), University of Oxford,
  • Pawel Maciejko, « Frankism », dans Pawel Maciejko, The YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe, (lire en ligne [archive du ]) (consulté le )
  • Maciejko, Pawel (2005). "'Baruch Yavan and the Frankist movement : intercession in an age of upheaval", Jahrbuch des Simon-Dubnow-Instituts 4 (2005) pp. 333–354.
  • Maciejko, Pawel (2006). "'Christian elements in early Frankist doctrine", Gal-Ed 20 (2006) pp. 13–41.
  • Arthur Mandel, The Militant Messiah: The Story of Jacob Frank and the Frankists, Atlantic Highlands, NJ, Humanities Press, (ISBN 0-391-00973-7)
  • (pl) Mateusz Mieses, Polacy–Chrześcijanie pochodzenia żydowskiego, Warsaw, Wydawn,
  • Gershom Scholem, « 'Shabtai Zvi' and 'Jacob Frank and the Frankists' », dans Gershom Scholem, Encyclopaedia Judaica, CD-ROM éd. (lire en ligne [archive du ]) (consulté le )
  • Emeliantseva, Ekaterina, "Zwischen jüdischer Tradition und frankistischer Mystik. Zur Geschichte der Prager Frankistenfamilie Wehle: 1760–1800," Jewish History Quarterly/Kwartalnik Historii Żydów 4 (2001), pp. 549–565.
  • Emeliantseva Koller, Ekaterina, "Der fremde Nachbar: Warschauer Frankisten in der Pamphletliteratur des Vierjährigen Sejms: 1788–1792," in: A. Binnenkade, E. Emeliantseva, S. Pacholkiv (eds.), Vertraut und fremd zugleich. Jüdisch-christliche Nachbarschaften in Warschau – Lengnau – Lemberg (= Jüdische Moderne 8), Köln-Weimar: Böhlau 2009, pp. 21–94.
  • Emeliantseva Koller, Ekaterina, "Situative Religiosität – situative Identität: Neue Zugänge zur Geschichte des Frankismus in Prag (1750–1860)," in: P. Ernst, G. Lamprecht (eds.), Konzeptionen des Jüdischen – Kollektive Entwürfe im Wandel (= Schriften des Centrums für Jüdische Studien 11), Innsbruck 2009, pp. 38–62.

Liens externes

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