Frank Glasgow Tinker
Frank Glasgow Tinker ( - ) est un pilote de chasse américain, qui a combattu (comme mercenaire) dans les rangs des Fuerzas Aéreas de la República Española en 1937, au début de la Guerre civile espagnole, et s'est particulièrement distingué[1].
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(à 29 ans) Little Rock |
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Débuts
Né à Kaplan, petite ville de Louisiane, Frank Salty Tinker grandit en Arkansas. Il s'engage dans l'Aéro-Navale, et en 1934 est pilote d'un hydravion à flotteurs affecté au croiseur USS San Francisco.
Il est renvoyé de l'armée pour alcoolisme et indiscipline, et en 1935 travaille sur un tanker de la Standard Oil.
Pendant la Guerre civile espagnole
En Espagne la guerre civile débute en , et Tinker affiche des sympathies pour les Républicains, apparemment par aversion envers Mussolini qui soutient les Nationalistes.
Il est recruté par contrat, au salaire élevé de 1 500 US $/mois, avec en sus une prime de 1 000 US $ par avion ennemi abattu.
Sous le nom de guerre de « Francisco Gómez Trejo », Tinker[2] arrive en Espagne via la France (la France aidait la république espagnole en sous-main) et dès le début il commence à voler sur des vieux bombardiers légers Breguet 19.
Fin janvier 37 il est affecté avec d'autres Américains à une escadrille de chasse, la 1a Escuadrilla; commandée par Andrés García La Calle (en), elle vole sur des Polikarpov I-15 achetés par la République Espagnole à l'URSS.
La première action de l'escadrille La Calle a lieu le , lors de la bataille de Guadalajara. Le Tinker descend son premier avion fasciste, un Fiat CR.32 du groupe de combat nationaliste "Aviación Legionaria". Il renouvelle son exploit (la maniabilité et les performances du Fiat CR.32 étaient reconnues dans toute l'Europe) le . Le , Tinker descend un chasseur allemand Heinkel He 51 de la Légion Condor au-dessus de Teruel.
Le , Tinker est assigné à la première Escadrille "Moscas"; commandée par le Russe Ivan Lakyeyev, elle vole sur les nouveaux monoplans Polikarpov I-16.
Le , alors qu'il défend l'infanterie républicaine mise à mal par l'aviation blanche sur les pentes de la sierra de Guadarrama lors de la fin de l'offensive de Ségovie, Tinker descend un Fiat CR.32[3], et un autre le .
Le , près de Madrid, il est le premier aviateur à descendre un des réputés chasseurs allemands Messerschmitt Bf 109A[4].
Tinker renouvelle son exploit sur un autre Bf 109 le . Il abat ensuite un Fiat CR.32, le .
Mais Tinker est épuisé par une vie privée désordonnée, par les missions trop fréquentes et par le stress : touché en vol, il a été par 2 fois obligé de faire un atterrissage en catastrophe (le ainsi que le à Brunete[5]). Par ailleurs son ami aviateur et camarade d'escadrille Chang Sellès Ogino (es) a été arrêté par le NKVD et longuement torturé puis envoyé en camp de concentration car on le soupçonne d'être un espion : né au Japon, il est eurasien et parle avec respect de l'empereur du Japon[6].
Tinker démissionne des F.A.R.E. après une dernière mission menée le .
Il faut dire que par ailleurs l'ambiance est particulièrement mauvaise à terre entre aviateurs américains et officiers (russes ou espagnols de gauche) des "Fuerzas Aéreas Republicanas". Les mercenaires américains du "Yankee Squadron" sont très mal vus : originaires d'un pays capitaliste (et payés très cher, à l'inverse des combattants des Brigades internationales) ils ne font d'ailleurs rien pour améliorer leur image, ils dénigrent leurs cadres et le matériel qui est mis à leur disposition (la seconde République Espagnole est très pauvre), se signalent par leurs beuveries, leurs absences immotivées et leur indiscipline en général, se retrouvent souvent aux arrêts, dégainent leur pistolet pour résister à la prévôté etc.[7]…
Pendant son séjour en Espagne, Tinker fait la connaissance de Ernest Hemingway, alors envoyé spécial de la NANA (North American Newspaper Alliance (en))[8] et partage ses séances d'alcoolisation intensive. Il fréquente aussi Robert Hale Merriman, le chef de la Brigade Abraham Lincoln, et Milton Wolff, commandant de la 15e Brigade Internationale pendant la Bataille de l'Èbre.
Officiellement, Tinker a (malgré une assistance logistique aléatoire due au manque de moyens chez les Républicains) abattu 8 avions fascistes : 3 He 51, 3 Fiat CR.32 et 2 Bf-109[5].
Mais dans son logbook personnel il avait compté 19 victoires, ainsi que quelques bombardiers allemands Ju 52 abattus en commun avec ses collègues de l'escadrille "Moscas". Il est possible que les autorités républicaines espagnoles aient diminué le nombre de ses victoires afin de lui payer moins de primes.
Retour à la vie civile et mort
Tinker, de retour aux États-Unis cherche à réintégrer l'armée, mais il est écarté. Le FBI le harcèle : depuis son engagement aux côtés des républicains espagnols, il est fiché comme « red ».
Comme les anciens « as » de l'aviation après 1918 (beaucoup étaient devenus acrobates aériens et barnstormers[9]), il cherche en vain du travail. Il participe à des causeries dans l'émission radio "We The People", rédige des articles pour le Saturday Evening Post.
Il réunit ses articles en un livre : Some Still Live (Certains sont encore en vie). Il y décrit ses expériences de guerre aérienne, et en particulier comment il devint le premier aviateur[10] à abattre un Messerschmitt Bf 109 : l'avion allemand dans sa 1re version était assez mauvais grimpeur, et Tinker, fort de la vivacité de son I-16, l'avait attaqué par derrière pendant que le fasciste essayait de reprendre de la hauteur après avoir plongé sur lui. Tinker décrit aussi le camp d'aviation de Campo Soto (près d'Algete, à 30 km au nord-est de Madrid), et le fameux "Campo X" secret d'où décollaient les avions russes.
Ernest Hemingway, qui aimait beaucoup le livre de Tinker (d'autant plus que le style de l'aviateur ressemblait à celui du romancier) l'avait recommandé à Maxwell Perkins, l' editor découvreur de talents de la maison Charles Scribner's Sons.
En Tinker est retrouvé mort par balle dans une chambre d'hôtel de Little Rock (Arkansas). Il avait à ses côtés une feuille d'engagement dans la Force aérienne de la République de Chine (Kuomintang) et une bouteille de whisky vide.
Sur sa pierre tombale est gravée en espagnol la question "¿Quién Sabe?", ("Qui sait ?")
Biographies
- Airmen Without Portfolio - US mercenaries in Civil War Spain, by John Craver Edwards, (ISBN 0-275-95742-X), USA, 1997 contient de larges extraits du livre de Tinker et de son logbook manuscrit.
Liens externes
- (en) F. G. Tinker, Some Still Live, , 313 p. (ISBN 978-0-8094-9633-4, lire en ligne).
Sources
- (en)/(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu des articles intitulés en anglais « Frank Glasgow Tinker » (voir la liste des auteurs), « Yankee Squadron » (voir la liste des auteurs) et en anglais « Some Still Live » (voir la liste des auteurs).
Notes et références
- Tinker 1938
- à propos du patronyme de Frank Tinker, notons au passage que son surnom (Salty) est l'équivalent de « gorge salée » en français - que le mot tinker a en anglais une signification, qui est passée de « rétameur » à « clochard ambulant » puis à « asocial » - et que son nom de guerre « Francisco Gómez Trejo » (avec un R roulé dans le prénom, et dans le nom de famille un accent tonique puis un R roulé précédant une jota) devait être à peu près imprononçable pour un Américain. Hemingway, dans Pour qui sonne le glas, milieu du premier chapitre, fait dire au général russe Golz : "Si j'avais su comment ils prononcent Golz en espagnol, je me choisissais un autre nom avant de venir à la guerre ici. Quand je pense que je viens pour commander une division, et je peux choisir n'importe quel nom, et je choisis Golz. "
- selon http://www.libs.uga.edu/flyers/tinker.html (référence fournie par "User : Clarityfiend"; thanks C.F.)
- selon l'article de Wp es "Boško Petrović", c'est un aviateur Rouge, Boško Petrović, qui est le premier à avoir descendu un Messerschmitt Bf 109, le 8 juillet 1937, peu de temps avant d'être lui-même tué en combat aérien
- voir le site de l'A.D.A.R. (Associacion de Aviadores Republicanos) : http://adar.es/index/index.php?option=com_content&task=view&id=68
- selon l'article de WP es "Chang Sellès Ogino"
- voir l'article de WP en "Yankee Squadron". Les aviateurs américains ont dû aussi être effrayés par la guerre sans pitié que se livraient les 2 camps : un américain a écrit qu'un aviateur républicain espagnol, contraint d'atterrir en zone contrôlée par les nationalistes, a été coupé en morceaux, et son corps jeté d'un avion fasciste dans la zone républicaine
- voir l'article de WP en "North American Newspaper Alliance"
- barnstormers : dans les années 1920, à l'issue de spectacles aéronautiques acrobatiques, des aviateurs casse-cou (souvent d'anciens as) lançaient leur avion à travers une grange (barn) devant un public avide de sensationnel
- voir note no 3