Frank Christol
Frank Henri Christol, né le à Hermon, Colonie du Cap, mort le dans le 12e arrondissement de Paris[1], est un pasteur et aumônier militaire protestant français.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ă 95 ans) 12e arrondissement de Paris |
Nom de naissance |
Franck Henri Christol |
Nationalité | |
Activités |
Biographie
Frank Christol passe deux années au front lors de la Première Guerre mondiale. Il est pasteur à Vabre (Tarn), puis au Zambèze durant trois ans et au Cameroun pendant douze ans. De 1928 à 1952, il est le pasteur de l'Église protestante française de Londres.
Les années de guerre
Le 7 juin 1940, le gouvernement de la Troisième République le nomme aumônier protestant des militaires français en Angleterre. Il œuvre auprès des soldats rescapés de Dunkerque et de ceux qui reviennent de Narvik. Dès l'armistice, Christol et le consistoire de son Église se rallient à la poursuite de la lutte militaire autour de Charles de Gaulle. Les Forces françaises libres (FFL) déclinent la première offre de service de Christol. Un aumônier catholique romain affirme même qu'il n'y a pas de protestants dans les FFL. Le pasteur revient à la charge et rencontre le général pour la première fois le 27 décembre 1940. De Gaulle le nomme aumônier-capitaine dans les FFL le 5 mai 1941[2].
Maurice Schumann demande à Frank Christol de faire une première intervention radiophonique le 21 octobre 1940. Pendant la guerre, plusieurs émissions L'aumônier protestant des Forces françaises libres s'adresse à ses coreligionnaires sont diffusées. (Durant l'une d'elles, le présentateur annonce distraitement « le pasteur Christol vous parle », ce qui provoque une enquête des Allemands auprès des membres de sa famille restés en France[3].)
Frank Christol créé le badge Résistez pour les protestants français de Londres et des FFL. Cet insigne mêle sur fond de drapeau français la Tour de Constance et la croix huguenote à la croix de Lorraine[4].
Pendant la guerre, l'Église protestante française de Londres transforme son mensuel, Le Lien, en une publication pour les protestants engagés dans les FFL. Le badge créé par le pasteur est utilisé en en-tête. Un sous-titre Organe protestant de la France combattante et la devise de Théodore de Bèze, Plus à me frapper on s'amuse, tant plus de marteaux on y use, sont ajoutés. Frank Christol y relate ses activités et celles des autres protestants de Londres, diffuse des prédications et exhorte les membres des FFL[5]. Dans Le Lien sont notamment publiées les thèses de Pomeyrol, un poème de Théodore Monod et des prédications par André Philip et Roland de Pury[6].
Le pasteur prend part aux échanges avec les églises protestantes anglophones et leurs membres. Dès l'été 1941 est créée une Association chrétienne anglo-française (Anglo-French Christian Fellowship) basée au temple de l'Église protestante française de Londres à Soho Square et qui comprend des membres britanniques, français, belges et suisses. Cette association demeure active jusque dans les années 1970[7]. En 1942 Frank Christol est invité à s'adresser aux réformés écossais lors de l'assemblée générale de l'Église d'Écosse à Édimbourg[8].
En été 1943 est fondé le Comité protestant français, également basé au temple de Soho Square et dont Christol a eu l'idée plusieurs mois auparavant « pour s'occuper de l'aide à apporter aux Églises de France au moment de la libération du territoire »[9]. Il en prend la vice-présidence tandis qu'André Philip et André Jaulmes sont respectivement président et trésorier. Parmi les membres figurent le professeur Edmond Vermeil et plusieurs officiers, dont le commandant Jacques-Henri Schloesing[10].
Son fils Jean-Claude, sergent-maquisard des Forces françaises de l'intérieur (FFI), est tué le 18 juin 1944 dans l'Yonne[11].
Publications
- 1935 : A l'ombre d'un wagon à bœufs: quelques souvenirs d'enfance.
- 1946 : Comme au temps de nos pères (comme éditeur ; recueil de souvenirs de protestants de la France libre).
- 1977 : Quelques souvenirs de guerre, 1939-1946.
Distinctions
- Médaille commémorative des services volontaires dans la France libre, remise à Frank Christol par le général Edgard de Larminat.
Notes et références
- Archives en ligne de Paris, 12e arrondissement, année 1979, acte de décès no 2630, cote 12D 550, vue 4/28
- Henri Dubief, p. 605-606. Christol fait le récit suivant en 1977 : « Après avoir mûrement réfléchi à la chose et m'être assuré de l'appui des membres du Conseil presbytéral [du Consistoire, en fait] de l'Église protestante française de Londres, j'obtins un rendez-vous avec le chef d'état-major du général de Gaulle, à Carlton Gardens. Celui-ci me reçut fort aimablement, en présence d'un aumônier catholique qui, devant moi, lui assura qu'il n'y avait pas de protestants dans les FFL. Ainsi donc ma demande était sans objet. Comme j'avais déjà rencontré des coreligionnaires dans les FFL, il me fallait tenir bon. Enfin, le 27 décembre 1940 à 16 heures, j'eus une entrevue avec le général de Gaulle lui-même. Elle ne dura pas moins de 25 minutes. Il y fut question de l'aumônerie protestante. Le général s'enquit des sentiments des protestants français à Londres. Je pus lui assurer que nous étions, nous fils de huguenots, tous ou presque avec lui dans son combat pour la liberté. Hélas, il n'en était pas de même à Notre-Dame de France, à tel point que le général n'y mit, à ma connaissance, jamais les pieds, car on y était pour le maréchal. »
- Henri Dubief, p. 610.
- Le 27 novembre 1941, la filiale londonienne de la maison Cartier envoie à Frank Christol une facture de 50 livres pour la création de 500 badges. (Voir la reproduction dans Henri Dubief, p. 608.) Une réédition du modèle 1942 de ce badge est en vente dans le temple de l'Église protestante française de Londres.
- Le style de Christol frappe le lecteur contemporain. Par exemple, une phrase du Lien affiché dans le petit musée sur la guerre que l'Église protestante française de Londres a installé dans son temple commence par « La guerre atroce déclenchée par les maniaques d'Outre-Rhin... ». En 1977, le pasteur admet : « Pour ma part, je dois avouer que j'ai hurlé ces paroles qui, en temps de paix, paraissent quelque peu outrées : qu'un sang impur abreuve nos sillons. Les camps d’extermination ! Les SS, la Gestapo... les arrestations au petit matin. »
- Henri Dubief, p. 606. André Philip contribue également à la publication du Lien par une donation mensuelle de 25 livres, une somme non négligeable quand on sait que le consistoire de l'Église protestante française de Londres envoie une lettre de remerciement au général de Gaulle pour une donation de 10 livres. (Église protestante française de Londres, procès-verbaux du Consistoire, séance du 31 janvier 1943, p. 323.)
- Yves Jaulmes, pages 13 et 15.
- Henri Dubief, p. 610.
- « Enfin le pasteur expose un projet qu'il a formé de fonder à Londres un Comité protestant français qui serait composé de membres du Consistoire de l'Église et de certaines personnalités du mouvement de la France Libre (dont M. André Philip) ainsi que d'officiers et soldats des Forces françaises, pour s'occuper de l'aide à apporter aux églises de France au moment de la libération du territoire, et en particulier pour collecter des fonds dans ce but. Après discussion, ce projet est approuvé en principe par le Consistoire. » (Église protestante française de Londres, procès-verbaux du Consistoire, séance du 31 janvier 1943, p. 324.)
- Henri Dubief, p. 607. Les souvenirs des protestants français évoquent parfois un Comité d'action et d'entraide. Cette appellation erronée semble provenir d'une confusion avec le sous-titre Action et entraide inscrit sur le papier à en-tête du Comité.
- Christol 1977, p. 141 et SHPF 1994, p. 671. La plaque A nos morts de la guerre dans le temple de l'Église protestante française de Londres, 8-9 Soho Square, mentionne aussi sa fille Antoinette, qui vivait en France, parmi les victimes civiles. Son père ne parle pas de son décès.
Voir aussi
Bibliographie
- Hugh R. Boudin, «Some Aspects of the History of French-Speaking Protestantism in the United Kingddom», dans Allan P.F. Sell & Anthony R. Cross (éd.), Protestant Nonconformity and Christian Missions (Studies in Christian History and Thought), Milton Keynes, 2003, chapter 11.
- Henri Dubief, «Londres», dans Jacques Poujol et André Encrevé (éd.), Les Protestants français pendant la Seconde Guerre mondiale, actes du colloque de la Société de l'histoire du protestantisme français, 19-21 novembre 1992, Paris, 1994, p. 605-614. (ISBN 2856280005)
- Yves Jaulmes, The French Protestant Church of London and the Huguenots: from the Church's foundation to the present day, publié par l'Église protestante française de Londres, 1993, 59 p. (ISBN 0952120607).