Françoise de Foix
Françoise de Foix, comtesse de Châteaubriant, femme célèbre par sa beauté, née vers 1495, morte le , était fille de Jean de Foix et de Jeanne d'Aydie et sœur du vicomte de Lautrec et d'Odet de Foix, maréchal de Lautrec. Mariée très jeune en 1505 ou 1509 à Jean de Laval-Châteaubriant, seigneur de Châteaubriant.
Biographie
On connaît l'ancienneté et l'éclat de la maison de Foix ; on sait que la couronne de Navarre passa de cette maison à celle d'Albret, qui la transmit à la maison de Bourbon. Françoise de Foix fut mariée très jeune à Jean de Laval-Châteaubriant, seigneur de Châteaubriant. Jusqu'au règne de François Ier, on avait vu peu de femmes à la cour ; mais ce prince qui aimait le faste et la galanterie, prétendait qu'une cour sans dames « était une année sans printemps, et un printemps sans roses. » Il chercha donc à y attirer les femmes les plus séduisantes de France. La beauté de madame de Châteaubriant était connue à la cour. Le roi engagea son mari à l'y amener. On prétend que le comte différa d'obéir autant qu'il lui fut possible ; qu'il avait fait faire deux bagues parfaitement semblables que, laissant, l'une à la comtesse, il lui avait défendu de quitter sa retraite, si la lettre par laquelle il la mandait n'était point accompagnée de l'autre bague, et que pour plaire au monarque, on eût l'adresse de dérober la bague à l'époux soupçonneux, par le moyen d'un domestique auquel il avait confié son secret que la comtesse arriva à la cour malgré son mari.
Quoi qu'il en soit de cette anecdote, il paraît certain que madame de Châteaubriant vint à la cour, pour la première fois en 1518, lors du baptême du dauphin François et qu'après une assez longue résistance, elle céda à la passion qu'elle avait inspirée au roi. Devenue "la mye du roi" elle reçut moult cadeaux et son mari et ses frères ne furent pas en reste. Mais la mère du roi, Louise de Savoie, veillait et voyait d'un mauvais œil cette liaison, non par excès de moralité mais parce qu'elle détestait la famille de Foix. François Ier ayant été fait prisonnier devant Pavie, en 1525, madame de Châteaubriant resta exposée à la haine de la régente et à la vengeance de son mari.
On prétend encore, car tout est conjectural dans l'histoire de cette femme, que, forcée de se réfugier à Châteaubriant, le comte la fit enfermer dans une chambre tendue de noir, et qu'au bout de six mois il forma des projets contre sa vie.
Varillas, et Sauvai qui l'a copié, disent qu'il lui fit ouvrir les veines. C'est là , sans doute, un de ces contes dont les historiens romanciers ont rempli leurs ouvrages. Châteaubriant était jaloux, mais sa conduite pendant la faveur de sa femme prouve qu'il avait de l'honneur. Suivant Sauvai, il assassina sa femme aussitôt que François l'eût abandonnée pour se livrer à de nouvelles amours. Cependant, elle vivait encore en 1536. Elle revint à la cour après la délivrance de François Ier.
En 1526, lorsque François Ier revint de sa captivité en Espagne, on lui présenta une jeune fille blonde et jolie (Anne d'Heilly de Pisseleu) et il se laissa tenter. La lutte des favorites dura deux ans et Françoise dut finalement céder la place.
Brantôme donne des détails curieux sur cette rupture. Le roi ayant fait demander à madame de Chateaubriant les joyaux qu'il lui avait donnés, et sur lesquels on avait gravé des devises amoureuses composées par la reine de Navarre, la comtesse eut le temps de les faire fondre, et, s'adressant ensuite au gentilhomme chargé des ordres de François Ier, elle lui dit :
« Portez cela au roi, et dites-lui que, puisqu'il lui a plu me révoquer ce qu'il m'avait donné si libéralement, je le lui rends et je le lui renvoie en lingots d'or. Quant aux devises, je les ai si bien empreintes et colloquées en ma pensée, et les y tiens si chères, que je n'ai pu souffrir que personne en disposât, en jouît, et en eût du plaisir que moi-même. »
Le roi, qui ne voulait que les devises, lui renvoya les lingots. La comtesse lutta quelque temps contre la nouvelle favorite, et se servit de sa faveur mourante pour avancer et soutenir ses frères, dont l'un était le fameux maréchal de Lautrec, et l'autre le maréchal de Lescun.
Ces derniers firent, dans la campagne d'Italie, plusieurs fautes que madame de Châteaubriant sut faire pardonner. Elle mourut le 16 octobre 1537. Son mari, qui fut soupçonné d'avoir contribué à sa mort, lui fit néanmoins élever dans l'église des Mathurins de Châteaubriant un tombeau décoré de sa statue et d'une épitaphe qu'on trouve dans le recueil des poésies de Clément Marot, dont le comte était le protecteur. Il semble que les deux époux aient vécu longtemps côte à côte, malgré les rumeurs de mésentente entre eux.
Postérité
Françoise de Foix est à l'origine de la première traduction en français de l'une des Vies parallèles de Plutarque. En 1519, la première édition du texte grec parut en France ; elle requiert alors la traduction de la partie concernant la vie d'Antoine, l'amant de Cléopâtre[1] - [2]. L'ouvrage, publié entre 1519 et 1537, lui est dédié, mais son auteur reste inconnu[3].
On a cru devoir présenter sous la forme du doute la liaison de madame de Chateaubriant avec François Ier, parce que plusieurs auteurs l'ont niée. Varillas, Bayle, Moréri, Hévin ont beaucoup discuté ce point d'histoire, sans l'éclaircir.
Elle laissa une image de femme amoureuse et désintéressée ce qui ne fut pas le cas de sa remplaçante (Anne de Pisseleu) dans le lit du roi. On raconte sur elle des aventures fort romanesques. Cependant quelques-uns contestent même sa liaison avec François Ier, et attribuent à Louise de Crèvecœur, épouse de Bonnivet, toute l'histoire qu'on raconte d'elle.
Dans les arts
Au début du XIXe siècle, Françoise de Foix et sa légende ont inspiré les artistes du style troubadour. Au Salon de peinture et de sculpture de 1819, le peintre Auguste Desmoulins expose un tableau intitulé François Ier au tombeau de Françoise de Foix[4], tandis que sa collègue Thérèse-Victoire Duplessis-Bonjour, dite Madame Delanne, propose Françoise de Foix, comtesse de Châteaubriant[5].
En sculpture, Clémence-Jeanne Eymard de Lanchatres réalise en 1878 un Buste de Françoise de Foix en bronze. L'oeuvre, exposée au Salon en 1879[6], est acquise par l'État et attribuée au musée des beaux-arts d'Angoulême, où elle est manquante depuis 2005[7] - [8]. Donizetti a composé un opera sur elle en 1831 sur un livret italien (Francesca di Foix).
En gastronomie
La comtesse a laissé son nom une friandise, spécialité locale de Châteaubriant, la Françoise de Foix, un chocolat enrobant un praliné fourré de raisins macérés dans le rhum, créée en 1932 par un pâtissier castelbriantais Constant Lerochais[9]. La légende veut en effet que la longévité de la relation entre François 1er et sa favorite résidait dans le fait que celle-ci faisait macérer des petits raisins dans l’alcool et que le roi raffolait de cette confiserie[10].
Dans l'audiovisuel
L'actrice catalane Meritxell Calvo interprète le rôle de Françoise de Foix dans la série télévisée de TVE, Carlos, rey emperador[11].
Notes et références
- Jean Savant, Cléopâtre et Marc Antoine le Grand et l'Inimitable : leurs fatales amours et la prodigieuse destinée du sang de Marc Antoine, Paris, Académie d'histoire, , 96 p. (lire en ligne)
- René Sturel, Jacques Amyot : Traducteur des Vies parallèles de Plutarque, Paris, Honoré Champion, (lire en ligne), p. 14
- Marie Delcourt, « Jodelle et Plutarque », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, vol. 42, no 1,‎ , p. 51 (DOI 10.3406/bude.1934.5952, lire en ligne, consulté le )
- « François Ier au tombeau de Françoise de Foix », notice d'oeuvre, sur Salons [base de données], Musée d’Orsay (consulté le ).
- « Françoise de Foix, comtesse de Châteaubriant », notice d'oeuvre, sur Salons [base de données], Musée d’Orsay (consulté le ), description du catalogue : « Après avoir quitté la cour de François Ier, où elle avait été attirée contre le gré de son époux, Françoise de Foix fut contrainte de retourner à Châteaubriant. Là , par les ordres de son mari, elle fut, aussitôt son arrivée, enfermée dans une pièce où elle n’avait la liberté de recevoir que sa fille, à une certaine heure du jour, et pendant un certain tems [sic] ; mais la mort ayant surpris cet enfant chéri, qui semblait demander grâce pour sa mère, le comte ne garda plus aucun ménagement envers Françoise de Foix, et la fit périr elle-même, dit-on, peu de temps après. »
- « Françoise de Foix ; buste, bronze », notice d'oeuvre, sur Salons [base de données], Musée d’Orsay (consulté le ).
- Notice de l'oeuvre
- Notice no AR325360, Notice no AR301964, Notice no AR008497 et Notice no AR010465, base Arcade, ministère français de la Culture
- « Françoise de Foix - Confiseries - Tipikk », sur tipikk.com (consulté le )
- Keldelice com-Que de bonnes choses à partager- Copyright2008-2010 Tous droits réservés, « La françoise de Foix », sur Keldelice.com, gastronomie et terroir (consulté le )
- AlloCine, « Casting Carlos, Rey Emperador S01 » (consulté le )
Voir aussi
Sources et bibliographie
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Françoise de Foix » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
- « Françoise de Foix », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition]
- Pierre de Lesconvel a donné, sous le titre de la Comtesse de Chateaubriant ou les Effets de la jalousie, Paris, 1695, in-12, un roman qui a été quelquefois attribué faussement à Mme de Murat.
- Un autre roman historique intitulé : François Ier et madame de Chateaubriant, Paris, 1816, 2 vol. in-12, est l'ouvrage d'Augustine Gottis. Il a eu deux éditions successives.
- Georges-Gustave Toudouze, Françoise de Châteaubriant et François Ier, Paris, 1948.
- Mireille Lesage, La salamandre d'or, Corps 16 Eds, janvier 2006, coll. « Littera », (ISBN 2840576155)
- À propos du Chansonnier de Françoise de Foix, manuscrit conservé à la British Library de Londres (Harley 5242) voir la page que lui consacre Jean-Marie Poirier, qui en a réalisé une édition moderne : Le Chansonnier de Françoise de Foix (v. 1520)