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François Bel (dessinateur)

François Bel est un dessinateur de bande dessinĂ©e. Ce dessinateur français, actif dans la deuxième moitiĂ© du XXe siècle, naĂ®t le [1] Ă  Toulouse et meurt le . Il a travaillĂ© pour les Éditions Fleurus, en participant Ă  Pat et Moune et Les Aventures du Pompon Rouge, notamment.

François Bel
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Naissance
Décès
(Ă  82 ans)
Toulouse
Nationalité
Activité

Biographie

Jeunesse proche du dessin

François Bel s'intéresse au dessin depuis l’enfance, en particulier Bécassine. Ce personnage paraissait dans La Semaine de Suzette[alpha 1]. Il en créé une version masculine : Pinsonnet. Au collège, étudiant le grec, il lance le Courrier de Marathon, petit journal réalisé avec une ancienne technique : la pierre à graver. Le tirage de ce journal scolaire s’élève en moyenne à cinq ou six exemplaires qu’il distribue gratuitement. Pour le Courrier de Marathon, il réalise les dessins et rédige l’intégralité des textes.

Dans son enfance, il lit notamment la revue Pierrot[alpha 2] et CĹ“urs Vaillants, journaux offerts par sa grand-mère. C’est notamment dans CĹ“urs Vaillants[alpha 3] qu’il dĂ©couvre Tintin, Jo et Zette d’HergĂ© ainsi que Jim Boum de Marijac.

François Bel n’avait pas comme objectif dans sa jeunesse de devenir dessinateur de bandes dessinées. Son rêve d’enfance était d’intégrer l’École de Saint-Cyr pour aller défendre les couleurs de la France en Afrique. La religion et la moralité voulues par sa grand-mère l'ont beaucoup marqué. Il passe ses vacances chez les religieux où il côtoie des personnes différentes comme des missionnaires. Il envisage d'embrasser cette carrière pour partir dans le monde entier pour voir des pays exotiques et nouveaux. Cette envie se manifeste dans un extrait de Pat et Moune tiré d’Âmes vaillantes (no 52 du 25 décembre 1955).

Son enfance est aussi marquĂ©e par une longue maladie qui ne lui permet pas de vivre pleinement. Il passe deux ans dans un sanatorium pour se soigner. Il reste Ă  Font Romeu avec très peu d’activitĂ© et une jambe infirme ; ses rĂŞves de voyages prennent fin et il se plonge dans le dessin. C’est après avoir Ă©crit Ă  HergĂ©, grand dessinateur de l’époque, que François Bel continue dans cette voie.

Les années Fleurus

En tant que lecteur de Cœurs Vaillants, il envoie sa candidature à la maison d’édition du journal, les Éditions Fleurus[alpha 4]. L'entreprise l'engage comme dessinateur[alpha 5]. Après son recrutement, les responsables des éditions lui demandent de réaliser une histoire à suivre en première page d’Âmes Vaillantes, ce qui représente une mission importante pour un si jeune dessinateur. Cette demande de Fleurus lui permet de gagner rapidement et bien sa vie. François Bel dit de cette période : cela m’a « rendu un très mauvais service car j’ai jugé qu’il était inutile d’avoir d’énormes qualités, des connaissances, des relations pour réussir sa vie. Au cours de mes deux premières années, la situation s’est stabilisée, de bons dessinateurs sont revenus et avaient plus de pratique que moi qui débutait sans même avoir appris à dessiner »[2]. Il dit aussi qu’il faisait illusion pour ses patrons mais qu’il manquait énormément d’imagination. C’est en 1948 que paraît sa première histoire à suivre : Pat et Moune. Cette histoire se passe dans le Nord de la Norvège, en Laponie plus exactement. Franbel prépare cette histoire pendant plus d’un an. Ensuite, il poursuit avec ses deux personnages mais les fait voyager notamment en Argentine avec le Toucan Rouge. Néanmoins, son absence d’investissement dans le travail cause la perte de son emploi chez les Fleurus. En effet, François Bel ne leur propose pas beaucoup de bandes dessinées donc l’investissement pour Fleurus est trop faible.

Une période noire

Après ce renvoi de chez Fleurus, il passe une pĂ©riode noire oĂą il retourne vivre chez son père Ă  Toulouse. Il rĂ©alise quelques travaux, notamment des illustrations, pour les Éditions de l’Apostolat de la Prière qui publient notamment les revues Le CroisĂ©e et L’Almanach du CroisĂ©e. Quand il est Ă  Toulouse, il suit des cours du soir Ă  l’École des Beaux-arts de Toulouse. Cette formation lui permet d’avoir une meilleure culture du dessin, ce qui l’aide beaucoup dans son futur parcours professionnel. En plus du dessin, ces cours du soir lui permettent de maĂ®triser d’autres domaines de l’art comme la cĂ©ramique et la sculpture. En travaillant pour les Éditions de l’Apostolat de la Prière, le rĂ©dacteur en chef du CroisĂ© parle, lors d’un voyage Ă  Paris, au père Pihan qui est Ă  la tĂŞte des Éditions Fleurus. Bel rĂ©intègre Fleurus en 1955.

Le retour chez Fleurus

Pendant son absence, les deux personnages de ses dĂ©buts, Pat et Moune, ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s. C'est pourquoi en 1955, il les reprend dans Le Bracelet de Satni. Il entre dans les codes de l’époque en supprimant les parents de Pat et Moune et en laissant Ă  l’oncle le soin de leur Ă©ducation. Cela a pour objectif de ne pas tourner en ridicule la figure parentale qui mène Ă  bien l’éducation. Mais il garde les fondamentaux en les envoyant dans l’Égypte ancienne. Il veut montrer une nouvelle reprĂ©sentation diffĂ©rente des grands faits historiques de l’Égypte ancienne ; en fait, il se documente largement pour reprĂ©senter la vie quotidienne de l’époque. La recherche de vĂ©racitĂ© historique est quelque chose d’important pour lui. Dans la plupart de ses rĂ©cits, le voyage est omniprĂ©sent et cette volontĂ© demande de grandes connaissances. 

Face Ă  un renouveau de sa technique, Fleurus lui demande de crĂ©er l’illustration de nombreux personnages de CĹ“urs Vaillants. Bel rĂ©alise Phil et Jordi et plus tard après modification, Jordi qui devient le Pompon Rouge. Il ajoute Ă  cette histoire des personnages nouveaux et abandonne Phil et son chat Biniou pour permettre au personnage de Jordi de voyager dans le monde entier. NĂ©anmoins, François Bel avait Ă  cette pĂ©riode deux sĂ©ries hebdomadaires, l'une dans CĹ“urs Vaillants, Le Coffret noir, l'autre dans Ă‚mes Vaillantes, Roc de la Morisque. Les tirages des deux titres sont importants pour l’époque, permettant Ă  l’auteur d’avoir un revenu fixe. 

Pas seulement actif dans la bande dessinée et dans les Éditions Fleurus ?

François Bel rĂ©alise aussi  des rĂ©cits humoristiques comme Sidonie Fleurdepois et Miss Justine. Sidonie Fleurdepois se place dans un contexte complètement diffĂ©rent de Pat et Moune ou des autres bandes dessinĂ©es qu’il a rĂ©alisĂ©es. En effet, cette histoire comique raconte la vie et les alĂ©as d’une servante Ă  la Cour de Louis XIV. Quant Ă  Miss Justine, il la reprĂ©sente Ă  l’opposĂ© de l’idĂ©e originale de Claire Godet, la scĂ©nariste ; elle devait ĂŞtre petite et maigre et finalement François Bel dĂ©cide qu’elle sera grosse et grande pour accentuer le cĂ´tĂ© comique de cette histoire. 

François Bel crĂ©Ă© Ă©galement des sĂ©ries animalières oĂą il a la possibilitĂ© de laisser libre court Ă  son imagination. Il veut montrer avec prĂ©cision la vie et les interactions des animaux. Il veut absolument Ă©viter de les singer. Il veut faire sous forme dessinĂ©e un documentaire très fourni en informations. Il publie ces histoires animalières dans la revue Franc-Jeux[alpha 6] comme La Tortue[alpha 7], la Chèvre[alpha 8]  ou encore le Chien[alpha 9]. Il collabore une seule fois avec le journal Lisette[alpha 10] dans lequel il illustre, en 1967, Tante Zaza. Mais cette incursion dans une nouvelle revue est de courte durĂ©e car les conditions de crĂ©ation ont Ă©tĂ© très mauvaises. 

Un artiste complet

François Bel est un auteur, qui pour ses récits à suivre, réalise le dessin et le scénario sans jamais déléguer. Il n’a jamais réussi cette action qui était pour lui très compliquée. Néanmoins, il essaie avec Guy Hempay. Ils travaillent sur Les chevaliers de Saint Gerbex. C'est là sa première et dernière collaboration avec un scénariste. Mais à l’inverse, pour les récits courts, il n’hésite pas à faire appel à différents scénaristes.

François Bel est Ă  la fois dessinateur et scĂ©nariste. Il rĂ©dige lui-mĂŞme le synopsis de ses bandes dessinĂ©es. il n'entreprend la crĂ©ation d’une bande dessinĂ©e qu’après avoir imaginĂ© son histoire complète. Il a une trame gĂ©nĂ©rale de l’histoire lors du commencement, mais pas tous les dĂ©tails qui vont composer son rĂ©cit. Il crĂ©e son histoire et ses illustrations au fur et Ă  mesure. NĂ©anmoins, la structure des bandes dessinĂ©es se modifie pendant sa carrière. Les lecteurs ne veulent plus d’un long rĂ©cit. François Bel modifie, dans une moindre mesure, ses techniques de crĂ©ation. Il continue de faire des bandes dessinĂ©es longues mais il les divise en deux et les publie sĂ©parĂ©ment dans deux Ă©pisodes diffĂ©rents. Parmi les autres exemples de rĂ©cits en deux Ă©pisodes, il y a Roc de la Morisque et petit homme au chapeau rond. Ce sont souvent des Ă©pisodes qui comptent entre une et deux pages et la suite de l’épisode est publiĂ©e rapidement pour que le lecteur n’oublie pas le dĂ©but du rĂ©cit. 

Une période de crise

La pĂ©riode des annĂ©es 1960 est compliquĂ©e pour la bande dessinĂ©e, qui est marquĂ©e par un grand changement tant dans le contenu que dans le nom des revues. En effet, CĹ“urs Vaillants devient J2 Jeunes et Ă‚mes Vaillantes devient J2 Magazine. Cette rĂ©organisation provoque d'importants changements pour François Bel. Sa sĂ©rie Le Pompon Rouge est transfĂ©rĂ©e de CĹ“urs Vaillants Ă  Fripounet car il ne correspond plus Ă  la tranche d’âge ciblĂ©e par  la revue. Mais cette histoire ne trouve pas son public, donc l'auteur publie Ă  nouveau dans J2 Jeunes avant de repartir chez Fripounet.

Cette pĂ©riode est incertaine pour la maison d’édition Fleurus ainsi que pour les dessinateurs et scĂ©naristes de ces journaux. Les ventes ne sont plus aussi bonnes et les artistes sont moins rĂ©munĂ©rĂ©s. L’absence de François Bel Ă  Paris n'aide guère Ă  la conservation de ses rĂ©cits comme Pat et Moune qui vivote pendant quelque temps. Fleurus, qui rĂ©duit ses commandes, finit par mettre Bel Ă  la retraite forcĂ©e.

Parallèle avec Hergé

François Bel n’accepte pas d’être comparĂ© Ă  HergĂ©[alpha 11], comme il le dit : « mon travail portait l’empreinte d’HergĂ©, la mentalitĂ©, le mouvement, je ne sais pas… la preuve, c’est qu’au journal ils ont dit « on a trouvĂ© un nouvel HergĂ© ! Â». Cette rĂ©flexion m’a surpris parce que c’était absolument faux, jamais je n’ai jamais voulu imiter HergĂ©, d’ailleurs j’en aurais Ă©tĂ© incapable »[3]. NĂ©anmoins, le parallèle entre les deux artistes est très frĂ©quent car leurs graphismes sont comparables. En outre, un des personnages du Jaguar de Taxapulca, l'explorateur Oreste Picotin, a une très grande ressemblance avec le Capitaine Haddock et Pat et Moune ont un petit chien blanc. François Bel a toujours vouĂ© une admiration sans faille Ă  HergĂ©. Il admire le niveau Ă©levĂ© de crĂ©ation de l’intrigue. Mais il a surtout appris la vision qu’avait HergĂ© du monde qui l’entoure : il lui a permis de comprendre la guerre en Palestine et ses enjeux mais aussi la question de Shanghai. Pour François Bel, HergĂ© tient un rĂ´le de mentor Ă  distance. 

Passion de la bande dessinée

François Bel est un paradoxe dans l’univers de la bande dessinée. En effet, il aime le dessin, ce qui lui a donné envie de travailler dans la bande dessinée. Mais il est néanmoins loin d’être passionné par le 9e art. Il lisait les revues des Éditions Fleurus comme Cœurs Vaillants, mais il n’est pas un inconditionnel de la bande dessinée. Enfant, il ne lit que très peu de bandes dessinées, se limitant presque exclusivement à Cœurs Vaillants et Pierrot. Mais la lecture de bandes dessinées représente alors peut-être simplement un moyen de faire plaisir à sa grand-mère qui les lui offrait. Il n’éprouve pas une très grande attirance pour cet art.

Fin

Lorsque François Bel est renvoyé par les Éditions Fleurus, il connaît une grande période de doute. Il ne trouve plus de maison d’édition, mais réussit finalement à obtenir un contrat avec les Éditions Loubatières[alpha 12], basées à Toulouse. Il leur propose de faire une histoire fantastique sur les cathares. Mais c’est une période noire pour le dessinateur car il sombre dans l’alcoolisme. Après, il passe une période dans une institution pour sortir de l’alcool. Mais les Éditions Loubatières, perdant patience, annulent le projet. Néanmoins, Bel parvient à surmonter son addiction pour l’alcool.

Après cette vie remplie par la bande dessinée, il commente, en 2007 : « aujourd’hui, je vis dans un modeste studio toulousain, ma santé ne me permet pas de grands déplacements et je me contente d’observer quelques arbres et quelques oiseaux par ma fenêtre. Mon désir de découverte est toujours très grand et je consulte beaucoup de revues et d’ouvrages traitant de la nature, de ses attraits et de ses secrets »[4]. Finalement, c’est deux ans après ces paroles, en 2009, que François Bel décède.

Ĺ’uvres

Notes et références

Notes

  1. La Semaine de Suzette est une revue pour enfants spécialisée pour les filles. Elle fut publiée en France de 1905 à 1960. Cette revue fut éditée par les Éditions Gauthier-Languereau. Beaucoup d’illustres dessinateurs ont travaillé pour cette revue.
  2. Pierrot est une revue publiée par les Éditions de Montsouris (anciennement les Éditions du Petit Écho de la Mode) de 1925 à 1957. Les jeunes garçons sont le cœur de cible de Pierrot. C’est le pendant de Lisette.
  3. Cœurs Vaillants est une revue hebdomadaire catholique pour les jeunes garçons. Elle fut publiée de 1929 à 1963. Marijac et Hergé sont des artistes qui ont travaillé pour Cœurs Vaillants.
  4. Les Éditions Fleurus furent relancées en 1946 et s’adressent en majorité à un lectorat chrétien. Les numéros des revues des Éditions de Fleurus sont distribués à la sortie des messes et des églises en France. Parmi les revues publiés par les Éditions Fleurus, il y a Âmes Vaillantes, Cœurs Vaillants ou encore J2 Magazine ou Fripounet mais les revues ne se limitent pas qu’à ces titres.
  5. Le métier de dessinateur consiste à cette période à faire les dessins mais pas de mettre la couleur ou encore de faire les scénarios. Les étapes de fabrication d’une bande dessinée se font bien distinctement ; ce sont des métiers bien différents.
  6. Francs-Jeux est une revue illustrée pour les enfants. Il contient des histoires dessinées, de la lecture simple pour aider les enfants. Mais comme son nom l’indique, il y a aussi beaucoup de jeux.
  7. Publié dans Francs-Jeux le 15 janvier 1973
  8. Publié dans Francs-Jeux le 10 octobre 1974
  9. Publié dans Francs-Jeux le 15 février 1974 et republié le 15 mars 1974
  10. Le journal de Lisette est un périodique des Éditions Montsouris. Ce journal est destiné aux jeunes filles de 7 à 15 ans environ. Il commence à paraitre en 1921 et cesse en 1973, avec une interruption de parution entre 1942 et 1946. De ce périodique, les jeunes filles pouvaient trouver des jeux, de la lecture et des patrons à découper pour faire des habits pour les poupons.
  11. Georges Remi, dit Hergé, est un dessinateur de bandes dessinées belge. Il est né le et mort le . Certains le considèrent comme le maître du 9e Art. Il est le créateur et le dessinateur de Tintin
  12. Les Éditions Loubatières ont été créées par Francis Loubatières à Toulouse.

Références

  1. « Hop ! », n°115,‎ 3ème trimestre 2007, Page 6, Rubrique Inteview
  2. Tiré de l’interview de François Bel pour la revue Hop ! de septembre 2007. Une interview réalisée par Jean-Paul TIBERI et Louis CANCE (Page 7)
  3. TirĂ© de l’interview de François Bel pour la revue Hop ! de septembre 2007. Une interview rĂ©alisĂ©e par Jean-Paul TIBERI et Louis CANCE (Page 9)
  4. TirĂ© de l’interview de François Bel pour la revue Hop ! de septembre 2007. Une interview rĂ©alisĂ©e par Jean-Paul TIBERI et Louis CANCE (Page 11)

Annexes

Dictionnaires

Revue

  • Hop ! no 115, 3e trimestre 2007, pages 5-17 : Rubrique InvitĂ©.

Liens externes

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